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Posted by Voyer on September
03, 2000 at 04:59:04 PM EDT:
La
négation de Dieu est le préalable à la critique de la religion.
La
négation de l'économie est le préalable à la critique de l'économie politique.
L'économie est à l'économie politique ce que Dieu est à la religion. De
même que Dieu n'existe pas tandis que la religion existe et comporte de
nombreux prêtres et dévots, l'économie n'existe pas tandis que l'économie
politique existe et comporte de nombreux prêtres et dévots. De même que la
religion est ce mensonge qui dit: Dieu existe, l'économie politique est
ce mensonge qui dit l'économie existe. De même que l'on ne peut
critiquer la religion si l'on n'a pas d'abord nié l'existence de Dieu, on ne
peut critiquer l'économie politique si l'on n'a pas d'abord nié que l'économie
existe. De même que d'autres nièrent que Dieu existât, je nie que l'économie
existe. Ni Marx ni Debord ne le firent bien qu'ils prétendirent critiquer
l'économie politique.
Marx était donc dans la situation de quelqu'un qui voudrait critiquer
la religion tout en croyant à l'existence de Dieu. Il critiquerait la religion
parce qu'il ne la trouverait pas à son goût. Cela s'appelle un réformateur et
ce genre de critique, qui peut devenir violemment pratique, se nomme réforme.
Comme je l'ai écrit ailleurs, le réformateur Marx a porté l'économie politique
à son plus haut point de perfection. Il a rendu le mensonge cohérent et de
cette manière il a préparé sa dénonciation, un peu comme Hegel proclamant que
Dieu était un résultat, ce qui est quand même une manière de mettre en cause
l'existence de Dieu.
C'est injuste pour Marx de le rapprocher de Debord, car Marx entendait
critiquer (entre autres choses évidemment) seulement l'économie politique
contrairement à l'homme à la théorie exacte qui prétendait rien moins que
critiquer l'économie. Debord a prétendu critiquer Dieu, et ce Titan fut
précipité dans l'abîme par sa vanité, car il est vain de vouloir critiquer
Dieu, c'est encore lui rendre hommage. Il ne s'agit pas de nier l'existence de
la religion mais celle de Dieu, il ne s'agit pas de nier l'existence de
l'économie politique et de ses dévots mais celle de l'économie. Il ne s'agit
pas non plus de critiquer Dieu ou l'économie.
Je pensais évidemment en 1978 que l'économie politique existe et je le pense
toujours. Mais je pensais déjà en 1978 que l'économie n'existait pas et je le
pense toujours. De même, l'emploi du terme "économie" page 118 de mon Rapport sur l'état des illusions ne
laisse aucun doute possible: il s'agit de l'économie politique et non de
l'économie comme le prouve le reste du paragraphe et notamment la phrase
"L'économie est la théorie utilitariste générale de ce monde..." Je
n'ai donc jamais écrit que l'économie pouvait être une religion mais seulement
que l'économie politique pouvait l'être (dans un sens purement métaphorique
d'ailleurs). Contrairement à l'usage anglo-saxon, l'usage en français est
d'employer le même mot pour économie politique et pour économie le contexte
faisant le sens (en français, en effet, il y a "économie ET
économie"). C'est usage est fâcheux, c'est vrai, mais cela n'empêche pas
de comprendre ceux qui veulent comprendre tel cet anonyme (message non signé)
qui le prouve en écrivant le 17 juin
« 1. Voyer soutient que l'économie n'existe pas. C'est son droit absolu.
2. Marx n'a pas critiqué l'économie politique malgré
son effort. C'est une autre question
Aucune liaison directe entre les deux termes. »
Quant aux autres, il n'est pire mal-entendant que celui qui ne veut pas
entendre. Donc toute discussion avec ce genre de sourd est totalement inutile.
On y perdrait son temps que l'on peut employer de plus agréable manière.
J-P Voyer