L'idéologie Américaine

le 31/07/2006 20:30:19, Gwendi a écrit :

Je pense que le libéralisme est une religion qui pousse le rationalisme (Rousseau, Montesquieu) à l'extrême. Pour vous voici deux textes de Yockey :

 

L'idéologie américaine

Francis Parker Yockey

Cet individualisme organique fut formulé dans des constitutions écrites et dans une littérature littéraire-politique. La Déclaration d’Indépendance est typique de l’esprit de cette littérature. Comme œuvre de Realpolitik, ce manifeste de 1776 est magistral : il indique le Futur, et incarne l’Esprit de l’Age du Rationalisme, qui était alors dominant dans la Culture Occidentale. Mais au 20ème siècle, la partie idéologique de cette Déclaration est simplement fantastique : « Nous tenons ces vérités pour être évidentes par elles-mêmes : que tous les hommes sont créés égaux ; qu’ils sont dotés par leur créateur de droits inhérents et inaliénables ; que parmi ceux-ci se trouvent la vie, la liberté et la recherche du bonheur ; que pour assurer ces droits, les gouvernements sont institués parmi les hommes, tirant leurs justes pouvoirs du consentement des gouvernés. Que dès qu’une forme de gouvernement devient destructrice de ces fins, c’est le droit du peuple de la modifier ou de l’abolir, et d’instituer un nouveau gouvernement, ayant sa fondation sur des principes tels et organisant ses pouvoirs sous une forme telle, qu’il leur semblera être le plus à même d’assurer sa sécurité et son bonheur ». En 1863, le charlatan Lincoln prononça un discours dans lequel il parla de l’Amérique comme d’» une nation, conçue dans la liberté, et dédiée à la proposition que tous les hommes sont créés égaux ». Il continua ensuite en disant, parlant de la Guerre de Sécession, alors en cours : « …nous sommes engagés dans une grande guerre civile, testant si cette nation, ou une nation conçue ainsi et dédiée ainsi, peut durer longtemps ».

Cette idéologie continua jusqu’au milieu du 20ème siècle, et fut même, après les Première et Seconde guerres mondiales, lorsqu’une vision totalement différente et complètement incompatible eut l’ascendant, offerte au foyer de la Civilisation Occidentale comme un modèle à imiter d’une manière ou d’une autre. Ce fut seulement le succès matériel entièrement fortuit qui accompagna les armes américaines qui permit à cette idéologie de survivre tard dans un siècle qui l’avait dépassée, et cette idéologie archaïque doit être examinée ici, pas parce qu’elle est importante en tant que vision politique, mais seulement parce qu’elle est une technique efficace pour diviser et désintégrer l’Europe.

La Déclaration d’Indépendance est saturée de la pensée de Rousseau et Montesquieu. L’idée de base, comme dans tout le Rationalisme, est l’identification de ce qui devrait être avec ce qui sera. Le Rationalisme commence par confondre le rationnel avec le réel, et finit par confondre le réel avec le rationnel. Cet arsenal de « vérités » sur l’égalité et sur les droits inaliénables et inhérents reflète l’esprit critique émancipé, dépourvu de respect pour les faits et la tradition. L’idée que les gouvernements sont « institués » pour un but utilitaire, pour satisfaire une demande d’hommes « égaux », et que ces hommes « égaux » donnent leur « consentement » à une certaine « forme » de « gouvernement », et qu’ensuite ils l’abolissent lorsqu’elle ne sert plus le but – est de la pure poésie rationaliste, et ne correspond à aucun fait qui soit jamais survenu quelque part. La source du gouvernement est l’inégalité des hommes – voilà le fait.

La nature du gouvernement est un reflet de la Culture, de la Nation, et de leur stade de développement. Ainsi une nation peut avoir deux formes de gouvernement, un gouvernement efficace ou un inefficace. Un gouvernement efficace accomplit l’Idée de la nation – pas la « volonté des masses », car celle-ci n’existe pas si les gouvernants sont capables. Le gouvernement tombe, non quand « le peuple » décide rationnellement de l’abolir, mais quand ce gouvernement devient décadent au point de se saper lui-même. Aucun gouvernement n’est jamais « fondé » sur des « principes ». Les gouvernements sont l’expression d’instincts politiques, et la différence entre les instincts des diverses populations est la source des différences dans leur pratique de gouvernement. Les « principes » écrits n’affectent pas le moins du monde la pratique de gouvernement, et le seul effet qu’ils ont est de fournir le vocabulaire des luttes politiques.

Cela est aussi vrai pour l’Amérique que cela l’est pour n’importe quelle autre unité politique qui ait jamais existé en cinq millénaires de l’histoire des Hautes Cultures. Contrairement à un certain sentiment messianique en Amérique, celle-ci n’est pas complètement unique. Sa morphologie et sa destinée sont lisibles dans l’histoire d’autres colonies, dans la nôtre, et dans des Cultures antérieures.

Dans la Déclaration d’Indépendance, la référence au gouvernement qui aurait pour but de réaliser la « sécurité » et le « bonheur » de la population est une stupidité rationaliste de plus. Le gouvernement est le processus de maintenir la population en forme pour une tâche politique, l’expression de l’Idée de la Nation.

La citation de Lincoln reflète encore l’Age du Rationalisme, et son Europe contemporaine pouvait sentir et comprendre une telle idéologie, bien que, puisque l’Etat, la Nation et la Tradition existaient encore en Europe, même en étant affaiblis, il y eut toujours une résistance aux idéologies rationalistes, qu’elles soient de la variété de Rousseau, de Lincoln, ou de Marx. Aucune nation ne fut jamais « conçue dans la liberté », et aucune nation ne fut jamais « dédiée à une proposition ». Les Nations sont les créations d’une Haute Culture, et dans leur essence ultime sont des Idées mystiques. Leur naissance, leur individualité, leur forme, leur existence, sont toutes des reflets de développements culturels supérieurs. Dire qu’une nation est « dédiée à une proposition », c’est la réduire à une abstraction qui peut être mise sur un tableau de classe pour un cours de logique. C’est une caricature rationaliste de la Nation-Idée. Parler ainsi d’une Nation, c’est l’insulter et la dégrader : personne ne voudrait jamais mourir pour une proposition logique. Si une telle proposition – qui est aussi prétendument « évidente en elle-même » – n’est pas convaincante, la force armée ne la rendra pas plus convaincante.

Le numen [= abstraction divine] « liberté » est l’un des principaux foyers de l’idéologie américaine. Le mot ne peut être défini que négativement, en tant que liberté contre une contrainte quelconque. Même les idéologues américains les plus enragés ne défendent pas la liberté totale contre toute forme d’ordre, et de même la tyrannie la plus stricte n’a jamais souhaité tout interdire. Dans un pays « dédié » à la « liberté », des hommes furent arrachés à leur foyer, sous menace de prison, déclarés soldats, et envoyés aux antipodes comme mesure de « défense » de la part d’un gouvernement qui ne demandait pas le « consentement » de ses masses, sachant parfaitement bien qu’un tel « consentement » serait refusé.

Au sens pratique, la liberté américaine signifie liberté par rapport à l’Etat, mais il est évident que ceci est de la simple littérature, puisqu’il n’y a jamais eu d’Etat en Amérique, ni aucune nécessité d’en avoir un. Le mot liberté est ainsi un simple concept dans une religion matérialiste, et ne décrit rien dans le monde des faits américains.

Egalement importante pour l’idéologie américaine est la constitution écrite adoptée en 1789, en résultat des travaux de Hamilton et Franklin. Leur intérêt en cela était pratique, leur idée étant d’unir les treize colonies en une unité. Comme l’union n’aurait jamais pu être réalisée à cette époque sur une quelconque sorte de base centrale, le plus qu’ils pouvaient réaliser était une fédération faible, avec un gouvernement central qui pouvait difficilement être décrit comme un gouvernement, mais seulement comme une formule d’anarchie. Les idées de la constitution furent surtout inspirées des écrits de Montesquieu. L’idée de « séparation des pouvoirs » en particulier vient de ce théoricien français. D’après cette théorie, les pouvoirs de gouvernement sont trois : législatif, exécutif, et judiciaire. Comme toute la pensée rationaliste claire comme de l’eau de roche, cette théorie est vaseuse et confuse dès qu’elle est appliquée à la Vie. Ces pouvoirs ne peuvent être séparés que sur le papier, dans la Vie ils ne peuvent pas l’être. Ils ne furent jamais réellement séparés en Amérique, bien qu’on conserva la théorie selon laquelle ils l’étaient. Avec le début d’une crise interne dans les années 30 du 20ème siècle, le pouvoir entier du gouvernement central fut ouvertement concentré dans l’exécutif, et on trouva des théories pour appuyer ce fait, en l’appelant toujours « séparation ».

Les diverses colonies conservèrent la plupart des pouvoirs qui comptaient pour elles – le pouvoir de faire leurs propres lois, de garder une milice, et de se conduire en indépendance économique par rapport aux autres colonies. Le mot « Etat » fut choisi pour décrire les composantes de l’union, et cela conduisit à une autre pensée idéologique confuse, puisque les formes d’Etat européennes, où l’Etat était une Idée, furent considérées comme équivalentes aux « Etats » américains, qui étaient essentiellement des unités territoriales-légales-économiques, sans souveraineté, dessein, destinée, ou but.

Dans l’union, il n’y avait pas de souveraineté, c’est-à-dire, pas même la contrepartie légale de l’Etat-Idée. Le gouvernement central n’était pas souverain, ni aucun gouvernement d’Etat. La souveraineté était représentée par l’accord des deux tiers des Etats et du législatif central, ou en d’autres mots, par une abstraction complète. S’il y avait eu cinquante ou cent millions d’esclaves, ou même d’Indiens, sur les frontières de l’Amérique, il y aurait eu une notion différente de ces choses. Toute l’idéologie américaine présupposait la situation géopolitique américaine. Il n’y avait pas de puissances, pas de populations hostiles fortes, nombreuses ou organisées, pas de dangers politiques – seulement un vaste paysage vide, à peine peuplé de sauvages.

Egalement important pour l’idéologie américaine fut le sentiment – exprimé plus haut dans le discours de Lincoln – de l’universalité. Bien que la Guerre de Sécession n’avait absolument rien à voir avec une idéologie quelconque – et en tous cas, la motivation légale sudiste de la guerre était plus conséquente que l’idée yankee –, Lincoln se sentit obligé d’injecter la question de l’idéologie dans la guerre. L’adversaire ne pouvait pas être un simple rival politique, tendant vers la même puissance que le Yankee – il devait être un ennemi total, ayant l’intention d’anéantir l’idéologie américaine. Ce sentiment inspira toutes les guerres américaines à partir de ce moment – tout ennemi politique fut considéré ipso facto comme un adversaire idéologique, même si l’ennemi n’avait aucun intérêt pour l’idéologie américaine.

A l’Age des Guerres Mondiales, cette idéologisation de la politique fut étendue à une échelle mondiale. La puissance que l’Amérique choisissait pour ennemi était forcément contre la « liberté », la « démocratie », et contre tous les autres mots magiques, mais sans signification, de cette catégorie. Cela conduisit à des résultats étranges – toute puissance combattant la puissance que l’Amérique avait gratuitement choisie pour ennemi devint ipso facto une puissance de la « liberté ». Ainsi la Russie des Romanov et la Russie bolchevique furent toutes deux des puissances de la « liberté ».

L’idéologie américaine conduisit l’Amérique à proclamer comme alliés des pays qui ne retournèrent pas le compliment, mais l’ardeur américaine n’en fut pas refroidie. Ce type de politique ne peut être considéré par l’Europe que comme adolescent, et en vérité toute tentative de décrire les formes et les problèmes du 20ème siècle selon une idéologie rationaliste du 19ème siècle est immature, ou pour être plus franc, stupide.

Au 20ème siècle, alors que le type rationaliste d’idéologie avait été rejeté par la Civilisation Occidentale en progrès, l’universalisation américaine de l’idéologie se transforma en messianisme – l’idée que l’Amérique doit sauver le monde. Le véhicule du salut consiste en une religion matérialiste avec la « démocratie » prenant la place de Dieu, la « Constitution » à la place de l’Eglise, les « principes de gouvernement » à la place des dogmes religieux, et l’idée de la liberté économique à la place de la Grâce de Dieu. La technique du salut est d’embrasser le dollar, ou sans cela de se soumettre aux explosifs et aux baïonnettes de l’Amérique.

L’idéologie américaine est une religion, tout comme l’étaient le Rationalisme de la Terreur française, celui du jacobinisme, celui du napoléonisme. L’idéologie américaine en est contemporaine, et ils sont complètement morts. De même que l’idéologie américaine est intérieurement morte. Son principal usage à l’époque actuelle – 1948 – est de diviser l’Europe. Le Michel [1] européen se vautre dans n’importe quelle idéologie qui promet le « bonheur » et une vie sans effort ni dureté. L’idéologie américaine sert ainsi un but négatif, et seulement cela. L’Esprit d’un Âge disparu ne peut donner aucun message à un Âge ultérieur, mais ne peut que nier l’Âge nouveau, et tenter de le retarder, de le déformer et de le détourner de son chemin de vie. L’idéologie américaine n’est pas un instinct, car elle n’inspire personne. C’est un système inorganique, et quand l’un de ses principes lui barre la route, il est promptement écarté. Ainsi la doctrine religieuse de la « séparation des pouvoirs » fut rayée de la liste des dogmes sacrés en 1933. Avant cela, le saint principe de l’Isolation avait été mis de coté en 1917, lorsque l’Amérique entra dans une guerre occidentale qui ne la concernait en aucune manière. Ressuscité après la Première Guerre Mondiale, il fut à nouveau écarté durant la Seconde Guerre Mondiale. Une religion politique qui change sans cesse de doctrine surnaturelle n’est convaincante ni politiquement ni religieusement. La « doctrine » de Monroe, par exemple, annonça au début du 19ème siècle que tout l’hémisphère occidental était une sphère d’influence impérialiste américaine. Au 20ème siècle, cette doctrine reçut le statut spécial d’une doctrine ésotérique, étant conservée pour l’usage intérieur, alors que le dogme externe était appelé la « politique du bon voisin ».

L’idéologie d’un peuple est un simple vêtement intellectuel. Elle peut ou pas correspondre à l’instinct de ce peuple. Une idéologie peut être changée au jour le jour, mais pas le caractère du peuple. Dès que ce caractère est formé, il est déterminé et influence les événements bien plus que ceux-ci ne peuvent l’influencer. Le caractère du Peuple Américain fut formé pendant la Guerre de Sécession.

 

Propagande

Francis Parker Yockey

Si on croyait vraiment à l’idéologie d’» égalité » du 18ème siècle, la propagande n’existerait pas, puisque chaque homme penserait de manière tout à fait indépendante, et s’indignerait de toute tentative d’influencer leur esprit. Cependant c’est précisément par l’exemple de l’Amérique, le pays dans lequel elle fut adoptée avec une ferveur religieuse, que cette idéologie apparut comme n’ayant aucun rapport avec la réalité. L’égalité spirituelle a pu être plus ou moins obtenue dans les salons des aristocrates et des intellectuels rationalistes, en France, en Allemagne, en Angleterre ou en Amérique, au 18ème siècle, mais au milieu du 19ème siècle, quand les masses avaient été mobilisées, il n’y avait aucune possibilité d’égalité, car ces masses avaient besoin d’être dirigées, par leur existence même. Plus la mobilisation des masses progressait, plus était fort le sentiment de besoin d’une direction forte. Comme l’a dit Nietzsche : « Finalement l’insécurité devient si grande que les hommes tombent dans la poussière devant une forte volonté de puissance ».

Il y a deux techniques pour diriger, toutes deux étant indispensables : la discipline, et la persuasion. La première est basée sur la confiance, la foi, la loyauté, le sens du devoir, les bons instincts. La seconde s’adresse au coté intellectuel, et s’ajuste aux caractéristiques de la personne ou de la population à laquelle elle est destinée. Les deux techniques utilisent les sanctions, qu’elles soient pénales, morales, économiques, ou sociales. Dans une période où la réorganisation et la formation de vastes masses est le principal problème d’action, la persuasion, ou la propagande, est également nécessaire, car seule une élite est capable de la plus haute discipline, et les masses doivent être continuellement re-convaincues.

Ainsi, en Amérique, le pays où la pensée de masse, les idéaux de masse, et la vie de masse dominent la vie collective, la propagande est la principale forme de dissémination et d’information. En Amérique il n’y a pas de publications adressées seulement à l’intellect, un régime déformeur de Culture repose sur son invisibilité, et la pensée indépendante venant d’individus forts est ipso facto hostile à un tel régime. Il n’y pas non plus de publications qui fournissent seulement des faits. Tous les faits, et tous les points de vue, sont coordonnés, avec leur présentation, dans l’image dominante de la propagande.

Les techniques de la propagande américaine comprennent toutes les formes de communication. Le principal instrument est le cinéma. Chaque semaine, quelque 80.000.000. de gens vont au cinéma en Amérique, pour absorber ici le message de la propagande. Durant la période de préparation de la guerre, 1933-1939, les cinémas produisirent une succession ininterrompue d’images de haine dirigées contre la Révolution Européenne de 1933, sa vision du 20ème siècle et ses réalisations.

Le second instrument par l’efficacité est la radio. Chaque Américain possède à la maison au moins un récepteur, et à travers celui-ci, l’image de masse des événements lui est à nouveau apportée. Il a déjà lu le même point de vue obligatoire dans la presse, l’a vu au cinéma, et maintenant il l’entend. La presse, les journaux comme les périodiques, vient au troisième rang pour l’efficacité. On devrait dire qu’en Amérique, l’efficacité de la propagande est mesurée seulement par le nombre qu’elle atteint, puisque l’idéal de la pensée de masse a triomphé de l’individualité, de la qualité, et de la stratification intellectuelle de la population.

Au quatrième rang vient la presse du livre. Seuls les livres qui représentent ou qui cadrent avec le cadre plus général de la propagande seront publiés. Ainsi une édition pour enfants des Mille et une Nuits fut récemment retirée de la vente en Amérique parce qu’on pensait qu’une partie du contenu pouvait pousser les lecteurs à avoir des préjugés contre les Juifs, et une insupportable illustration montrait un marchand sans scrupules avec les traits d’un Juif, dans l’histoire d’Aladin et de sa lampe. Durant les années 1933-1939, la politique générale du déformeur ne fut jamais contestée dans aucun journal, livre ou magazine de grande diffusion.

Ensuite viennent les universités et les collèges. L’idée de masse, appliquée à l’éducation, signifie que « l’instruction supérieure » est généralisée avec une ampleur que les hauts standards académiques de l’Europe rendent impossible. L’Amérique, avec seulement la moitié de la population de la patrie occidentale, a plus de dix fois plus d’institutions accordant des diplômes universitaires. En fait ce qui est distribué dans ces institutions est principalement une version légèrement plus ésotérique de la vision du monde idéologique et de propagande dominante du régime déformeur de Culture.

Enfin il y a le théâtre. En-dehors de New York City, la capitale spirituelle du régime en place, cela existe à peine, mais à New York, la pièce journalistique est une importante technique de propagande. C’est particulièrement durant la période 1933-1939 que le théâtre joua un rôle important. Un flot constant de pièces de haine fut produit et dirigé contre la vision du monde du 20ème siècle et ses représentants européens. Beaucoup de ces pièces étaient en langue yiddish, puisque les dirigeants de l’Amérique désirent aussi l’uniformité dans leur propre peuple.

L’image de propagande a deux aspects, le domestique, et l’étranger. La propagande domestique est révolutionnaire, soutenant la Révolution Américaine de 1933. Toutes les révolutions idéologiques, depuis la Révolution Française de 1789, en passant par celles du 19ème siècle en Europe, jusqu’à la Révolution Bolchevik de 1918, ont tendance à prendre la forme d’un culte. En France, le culte de la Raison fut le centre de la frénésie religieuse ; en Russie, ce fut le culte de la machine, en accord avec le Dieu Marx. La Révolution Américaine de 1933 ne fait pas exception. Le motif central du nouveau culte est la « démocratie ». Dans l’image de la propagande, ce concept prend la place de Dieu, en tant que centre et réalité ultime. Ainsi, une Cour Suprême de Justice, parlant aux diplômés d’un collège juif, dit en 1939 : « Dans un sens plus large, il y a quelque chose de plus important que la religion, et c’est la réalisation des idéaux de la démocratie ».

Le mot a été doté d’une force religieuse, et a en fait atteint le statut d’une religion. Il est devenu un numen [abstraction divine] et ne peut être sujet d’un jugement critique. L’apostasie ou l’hérésie s’attirent une réponse immédiate sous la forme d’une poursuite criminelle pour sédition, trahison, fraude fiscale, ou autre allégation. Les saints de ce culte sont les « Pères fondateurs » de la Guerre d’Indépendance, en particulier Jefferson – en dépit du fait qu’ils détestaient uniformément l’idée de démocratie, et étaient presque tous propriétaires d’esclaves – et aussi Lincoln, Wilson, Roosevelt. Ses prophètes sont les journalistes, les propagandistes, les stars de cinéma, les dirigeants des syndicats, et les politiciens. Le fait que le mot « démocratie » ne puisse pas être défini est la plus sûre preuve qu’il a cessé d’être descriptif, et qu’il est devenu l’objet d’une croyance de masse. Toutes les autres idées et dogmes de l’image de la propagande se réfèrent à la « démocratie » pour leur justification ultime.

Immédiatement après la « démocratie » en importance, vient la « tolérance ». Cela est évidemment fondamental pour un régime culturellement étranger. Tolérance signifie principalement tolérance envers les Juifs et les Nègres, mais elle peut signifier la plus brutale persécution des Européens ou d’autres personnes ayant un point de vue différant fondamentalement de l’idée de masse prédominante. Cette persécution est sociale, économique, et si nécessaire, pénale.

Pour poursuivre l’atomisation du peuple-hôte, la lutte des classes est un principe de base de la vision globale. Elle est prêchée comme le « droit du travail à s’organiser », le « droit de grève », et des slogans similaires. Mais le « capital » aussi a ses droits, puisque aucun camp ne doit remporter de victoire décisive, dans aucun conflit. La division est ici, comme toujours, un moyen de régner.

Le féminisme est prêché, poursuivant l’idée de l’uniformité de masse dans le domaine des sexes. A la place de la polarité des sexes, est promulgué l’idéal de la confusion des sexes. Les femmes sont encouragées à être les « égales » des hommes, et la reconnaissance occidentale de la polarité sexuelle est dénoncée comme un « abaissement » et une « persécution » des femmes.

Le pacifisme est prêché comme un article de propagande. Ce n’est bien sûr pas un vrai pacifisme, car celui-ci survient sans que personne ne le prêche, et souvent sans que personne ne le connaisse, et toujours sans que quelqu’un puisse y faire quelque chose. En pratique, le pacifisme doctrinaire est toujours une forme de propagande de guerre. Ainsi, en Amérique, Europe signifie guerre, et Amérique signifie paix. L’impérialisme américain est toujours une croisade pour la paix. Un important membre du régime a récemment parlé du « devoir [de l’Amérique] d’imposer la paix dans le monde ».

La « tolérance religieuse » fait aussi partie de la propagande, et elle est interprétée de manière à signifier indifférence religieuse. Les dogmes et les doctrines religieuses sont traitées comme étant tout à fait secondaires. Les Eglises sont souvent fusionnées ou séparées pour des considérations purement économiques. Quand la religion n’est pas simplement un amusement social hebdomadaire obligatoire, c’est une conférence politique. La coopération entre les Eglises est constamment organisée, et toujours pour quelque but unitaire, n’ayant rien à voir avec la religion. Ce que cela signifie, c’est la soumission de la religion au programme de déformation de la Culture.

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Extrait du livre de Francis P. Yockey, « Imperium » (1948)