Opération Sarkozy : comment la CIA a placé un
de ses agents à la présidence de la République française Nicolas Sarkozy doit être
jugé à son action et non pas d’après sa personnalité. Mais lorsque son action
surprend jusqu’à ses propres électeurs, il est légitime de se pencher en
détail sur sa biographie et de s’interroger sur les alliances qui l’ont conduit
au pouvoir. Thierry Meyssan a décidé d’écrire la vérité sur les origines du
président de la République française. Toutes les informations contenues dans
cet article sont vérifiables, à l’exception de deux imputations, signalées
par l’auteur qui en assume seul la responsabilité. |
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Les Français, lassés des trop
longues présidences de François Mitterrand et de Jacques Chirac, ont élu
Nicolas Sarkozy en comptant sur son énergie pour revitaliser leur pays. Ils
espéraient une rupture avec des années d’immobilisme et des idéologies
surannées. Ils ont eu une rupture avec les principes qui fondent la nation
française. Ils ont été stupéfaits par cet « hyper-président », se
saisissant chaque jour d’un nouveau dossier, aspirant à lui la droite et la
gauche, bousculant tous les repères jusqu’à créer une complète confusion. Comme des enfants qui viennent
de faire une grosse bêtise, les Français sont trop occupés à se trouver des
excuses pour admettre l’ampleur des dégâts et leur naïveté. Ils refusent
d’autant plus de voir qui est vraiment Nicolas Sarkozy, qu’ils auraient dû
s’en rendre compte depuis longtemps. C’est que l’homme est habile.
Comme un illusionniste, il a détourné leur attention en offrant sa vie privée
en spectacle et en posant dans les magazines people, jusqu’à leur faire
oublier son parcours politique. Que l’on comprenne bien le sens
de cet article : il ne s’agit pas de reprocher à M. Sarkozy ses
liens familiaux, amicaux et professionnels, mais de lui reprocher d’avoir
caché ses attaches aux Français qui ont cru, à tort, élire un homme libre. Pour comprendre comment un
homme en qui tous s’accordent aujourd’hui à voir l’agent des États-Unis et
d’Israël a pu devenir le chef du parti gaulliste, puis le président de la
République française, il nous faut revenir en arrière. Très en arrière. Il
nous faut emprunter une longue digression au cours de laquelle nous
présenterons les protagonistes qui trouvent aujourd’hui leur revanche. Secrets de famille
À la fin de la Seconde Guerre
mondiale, les services secrets états-uniens s’appuient sur le parrain
italo-US Lucky Luciano pour contrôler la sécurité des ports américains et
pour préparer le débarquement allié en Sicile. Les contacts de Luciano avec
les services US passent notamment par Frank Wisner Sr. puis, lorsque le
« parrain » est libéré et s’exile en Italie, par son
« ambassadeur » corse, Étienne Léandri. En 1958, les États-Unis,
inquiets d’une possible victoire du FLN en Algérie qui ouvrirait l’Afrique du
Nord à l’influence soviétique, décident de susciter un coup d’État militaire
en France. L’opération est organisée conjointement par la Direction de la
planification de la CIA —théoriquement dirigée par Frank Wisner Sr.— et par
l’OTAN. Mais Wisner a déjà sombré dans la démence de sorte que c’est son
successeur, Allan Dulles, qui supervise le coup. Depuis Alger, des généraux
français créent un Comité de salut public qui exerce une pression sur le
pouvoir civil parisien et le contraint à voter les pleins pouvoirs au général
De Gaulle sans avoir besoin de recourir la force [1]. Or, Charles De Gaulle n’est pas
le pion que les Anglo-Saxons croient pouvoir manipuler. Dans un premier
temps, il tente de sortir de la contradiction coloniale en accordant une
large autonomie aux territoires d’outre-mer au sein d’une Union française.
Mais il est déjà trop tard pour sauver l’Empire français car les peuples
colonisés ne croient plus aux promesses de la métropole et exigent leur
indépendance. Après avoir conduit victorieusement de féroces campagnes de
répression contre les indépendantistes, De Gaulle se rend à l’évidence.
Faisant preuve d’une rare sagesse politique, il décide d’accorder à chaque
colonie son indépendance. Cette volte-face est vécue
comme une trahison par la plupart de ceux qui l’ont porté au pouvoir. La CIA
et l’OTAN soutiennent alors toutes sortes de complots pour l’éliminer, dont
un putsch manqué et une quarantaine de tentatives d’assassinat [2]. Toutefois, certains de ses partisans approuvent son évolution
politique. Autour de Charles Pasqua, ils créent le SAC, une milice pour le
protéger. Pasqua
est à la fois un truand corse et un ancien résistant. Il a épousé la fille
d’un bootlegger canadien qui fit fortune durant la prohibition. Il dirige la
société Ricard qui, après avoir commercialisé de l’absinthe, un alcool
prohibé, se respectabilise en vendant de l’anisette. Cependant, la société
continue à servir de couverture pour toutes sortes de trafics en relation
avec la famille italo-new-yorkaise des Genovese, celle de Lucky Luciano. Il
n’est donc pas étonnant que Pasqua fasse appel à Étienne Léandri
(« l’ambassadeur » de Luciano) pour recruter des gros bras et
constituer la milice gaulliste [3].
Un troisième homme joue un grand rôle dans la formation du SAC, l’ancien
garde du corps de De Gaulle, Achille Peretti —un Corse lui aussi—. Ainsi défendu, De Gaulle
dessine avec panache une politique d’indépendance nationale. Tout en affirmant
son appartenance au camp atlantique, il remet en cause le leadership
anglo-saxon. Il s’oppose à l’entrée du Royaume-Uni dans le Marché commun
européen (1961 et 1967) ; Il refuse le déploiement des casques de l’ONU
au Congo (1961) ; il encourage les États latino-américains à
s’affranchir de l’impérialisme US (discours de Mexico, 1964) ; Il
expulse l’OTAN de France et se retire du Commandement intégré de l’Alliance
atlantique (1966) ; Il dénonce la Guerre du Viêt-nam (discours de Phnon
Penh, 1966) ; Il condamne l’expansionnisme israélien lors de la Guerre
des Six jours (1967) ; Il soutient l’indépendance du Québec (discours de
Montréal 1967) ; etc. Simultanément, De Gaulle
consolide la puissance de la France en la dotant d’un complexe
militaro-industriel incluant la force de dissuasion nucléaire, et en
garantissant son approvisionnement énergétique. Il éloigne utilement les
encombrants Corses de son entourage en leur confiant des missions à étranger.
Ainsi Étienne Léandri devient-il le trader du groupe Elf (aujourd’hui
Total) [4], tandis que Charles Pasqua devient l’homme de confiance des
chefs d’États d’Afrique francophone. Conscient qu’il ne peut défier
les Anglo-Saxons sur tous les terrains à la fois, De Gaulle s’allie à la
famille Rothschild. Il choisit comme Premier ministre le fondé de pouvoir de
la Banque, Georges Pompidou. Les deux hommes forment un tandem efficace.
L’audace politique du premier ne perd jamais de vue le réalisme économique du
second. Lorsque De Gaulle démissionne,
en 1969, Georges Pompidou lui succède brièvement à la présidence avant d’être
emporté par un cancer. Les gaullistes historiques n’admettent pas son
leadership et s’inquiètent de son tropisme anglophile. Ils hurlent à la
trahison lorsque Pompidou, secondé par le secrétaire général de l’Élysée
Edouard Balladur, fait entrer « la perfide Albion » dans le Marché
commun européen. La fabrication de Nicolas Sarkozy
Ce décor étant planté,
revenons-en à notre personnage principal, Nicolas Sarkozy. Né en 1955, il est
le fils d’un noble catholique hongrois, Pal Sarkösy de Nagy-Bocsa, réfugié en
France après avoir fuit l’Armée rouge, et d’Andrée Mallah, une roturière
juive originaire de Thessalonique. Après avoir eu trois enfants (Guillaume,
Nicolas et François), le couple divorce. Pal Sarkosy de Nagy-Bocsa se remarie
avec une aristocrate, Christine de Ganay, dont il aura deux enfants (Pierre-Olivier
et Caroline). Nicolas ne sera pas élevé par ses seuls parents, mais balloté
dans cette famille recomposée. Sa mère est devenue la
secrétaire d’Achille Peretti. Après avoir co-fondé le SAC, le garde du corps
de De Gaulle avait poursuivi une brillante carrière politique. Il avait été
élu député et maire de Neuilly-sur-Seine, la plus riche banlieue
résidentielle de la capitale, puis président de l’Assemblée nationale. Malheureusement, en 1972,
Achille Peretti est gravement mis en cause. Aux États-Unis, le magazine Time
révèle l’existence d’une organisation criminelle secrète « l’Union
corse » qui contrôlerait une grande partie du trafic de stupéfiants
entre l’Europe et l’Amérique, la fameuse « French connexion »
qu’Hollywwod devait porter à l’écran. S’appuyant sur des auditions
parlementaires et sur ses propres investigations, Time cite le nom
d’un chef mafieux, Jean Venturi, arrêté quelques années plus tôt au Canada,
et qui n’est autre que le délégué commercial de Charles Pasqua pour la
société d’alcool Ricard. On évoque le nom de plusieurs familles qui
dirigeraient « l’Union corse », dont les Peretti. Achille nie, mais
doit renoncer à la présidence de l’Assemblée nationale et échappe même à un
« suicide ». En 1977, Pal Sarkozy se sépare
de sa seconde épouse, Christine de Ganay, laquelle se lie alors avec le n°2
de l’administration centrale du département d’État des États-Unis. Elle
l’épouse et s’installe avec lui en Amérique. Le monde étant petit, c’est bien
connu, son mari n’est autre que Frank Wisner Jr., fils du précédent. Les
fonctions de Junior à la CIA ne sont pas connues, mais il clair qu’il y joue
un rôle important. Nicolas, qui reste proche de sa belle-mère, de son
demi-frère et de sa demi-sœur, commence à se tourner vers les États-Unis où il
« bénéficie » des programmes de formation du département d’État. À la même période, Nicolas
Sarkozy adhère au parti gaulliste. Il y fréquente d’autant plus rapidement
Charles Pasqua que celui-ci n’est pas seulement un leader national, mais
aussi le responsable de la section départementale des Hauts-de-Seine. En 1982, Nicolas Sarkozy, ayant
terminé ses études de droit et s’étant inscrit au barreau, épouse la nièce
d’Achille Peretti. Son témoin de mariage est Charles Pasqua. En tant
qu’avocat, Me Sarkozy défend les intérêts des amis corses de ses mentors. Il
acquiert une propriété sur l’île de beauté, à Vico, et imagine de corsiser
son nom en remplaçant le « y » par un « i » :
Sarkozi. L’année suivante, il est élu
maire de Neuilly-sur-Seine en remplacement de son bel-oncle, Achille Peretti,
terrassé par une crise cardiaque. Cependant, Nicolas ne tarde pas
à trahir sa femme et, dès 1984, il poursuit une liaison cachée avec Cécilia,
l’épouse du plus célèbre animateur de télévision français de l’époque,
Jacques Martin, dont il a fait la connaissance en célébrant leur mariage en
qualité de maire de Neuilly. Cette double vie dure cinq ans, avant que les
amants ne quittent leurs conjoints respectifs pour construire un nouveau
foyer. Nicolas est le témoin de
mariage, en 1992, de la fille de Jacques Chirac, Claude, avec un
éditorialiste du Figaro. Il ne peut s’empêcher de séduire Claude et de
mener une brève relation avec elle, tandis qu’il vit officiellement avec
Cécilia. Le mari trompé se suicide en absorbant des drogues. La rupture est
brutale et sans retour entre les Chirac et Nicolas Sarkozy. En 1993, la gauche perd les
élections législatives. Le président François Mitterrand refuse de
démissionner et entre en cohabitation avec un Premier ministre de droite.
Jacques Chirac, qui ambitionne la présidence et pense alors former avec
Edouard Balladur un tandem comparable à celui de De Gaulle et Pompidou,
refuse d’être à nouveau Premier ministre et laisse la place à son « ami
de trente ans », Edouard Balladur. Malgré son passé sulfureux, Charles
Pasqua devient ministre de l’Intérieur. S’il conserve la haute main sur la
marijuana marocaine, il profite de sa situation pour légaliser ses autres
activités en prenant le contrôle des casinos, jeux et courses en Afrique
francophone. Il tisse aussi des liens en Arabie saoudite et en Israël et
devient officier d’honneur du Mossad. Nicolas Sarkozy, quant à lui, est
ministre du Budget et porte-parole du gouvernement. À Washington, Frank Wisner Jr.
a pris la succession de Paul Wolfowitz comme responsable de la planification
politique au département de la Défense. Personne ne remarque les liens qui
l’unissent au porte-parole du gouvernement français. C’est alors que reprend au sein
du parti gaulliste la tension que l’on avait connu trente ans plus tôt entre
les gaullistes historiques et la droite financière, incarnée par Balladur. La
nouveauté, c’est que Charles Pasqua et avec lui le jeune Nicolas Sarkozy
trahissent Jacques Chirac pour se rapprocher du courant Rothschild. Tout
dérape. Le conflit atteindra son apogée en 1995 lorsque Édouard Balladur se
présentera contre son ex-ami Jacques Chirac à l’élection présidentielle, et
sera battu. Surtout, suivant les instructions de Londres et de Washington, le
gouvernement Balladur ouvre les négociations d’adhésion à l’Union européenne
et à l’OTAN des États d’Europe centrale et orientale, affranchis de la
tutelle soviétique. Rien ne va plus dans le parti
gaulliste où les amis d’hier sont près de s’entre-tuer. Pour financer sa
campagne électorale, Edouard Balladur tente de faire main basse sur la caisse
noire du parti gaulliste, cachée dans la double comptabilité du pétrolier
Elf. À peine le vieux Étienne Léandri mort, les juges perquisitionnent la
société et ses dirigeants sont incarcérés. Mais Balladur, Pasqua et Sarkozy
ne parviendront jamais à récupérer le magot. La traversée du désert
Tout au long de son premier
mandat, Jacques Chirac tient Nicolas Sarkozy à distance. L’homme se fait
discret durant cette longue traversée du désert. Discrètement, il continue à
nouer des relations dans les cercles financiers. En 1996, Nicolas Sarkozy ayant
enfin réussi à clore une procédure de divorce qui n’en finissait pas se marie
avec Cécilia. Ils ont pour témoins les deux milliardaires Martin Bouygues et
Bernard Arnaud (l’homme le plus riche du pays). Dernier acte
Bien avant la crise irakienne,
Frank Wisner Jr. et ses collègues de la CIA planifient la destruction du
courant gaulliste et la montée en puissance de Nicolas Sarkozy. Ils agissent
en trois temps : d’abord l’élimination de la direction du parti
gaulliste et la prise de contrôle de cet appareil, puis l’élimination du
principal rival de droite et l’investiture du parti gaulliste à l’élection
présidentielle, enfin l’élimination de tout challenger sérieux à gauche de
manière à être certain d’emporter l’élection présidentielle. Pendant des années, les médias
sont tenus en haleine par les révélations posthumes d’un promoteur
immobilier. Avant de décéder d’une grave maladie, il a enregistré pour une
raison jamais élucidée une confession en vidéo. Pour une raison encore plus
obscure, la « cassette » échoue dans les mains d’un hiérarque du
Parti socialiste, Dominique Strauss-Khan, qui la fait parvenir indirectement
à la presse. Si les aveux du promoteur ne
débouchent sur aucune sanction judiciaire, ils ouvrent une boîte de Pandore.
La principale victime des affaires successives sera le Premier ministre Alain
Juppé. Pour protéger Chirac, il assume seul toutes les infractions pénales.
La mise à l’écart de Juppé laisse la voie libre à Nicolas Sarkozy pour
prendre la direction du parti gaulliste. Sarkozy exploite alors sa
position pour contraindre Jacques Chirac à le reprendre au gouvernement,
malgré leur haine réciproque. Il sera en définitive, ministre de l’Intérieur.
Erreur ! À ce poste, il contrôle les préfets et de le renseignement
intérieur qu’il utilise pour noyauter les grandes administrations. Il s’occupe aussi des affaires
corses. Le préfet Claude Érignac a été assassiné. Bien qu’il n’ait pas été
revendiqué, le meurtre a immédiatement été interprété comme un défi lancé par
les indépendantistes à la République. Après une longue traque, la police
parvient à arrêter un suspect en fuite, Yvan Colonna, fils d’un député
socialiste. Faisant fi de la présomption d’innocence, Nicolas Sarkozy annonce
cette interpellation en accusant le suspect d’être l’assassin. C’est que la
nouvelle est trop belle à deux jours du référendum que le ministre de
l’Intérieur organise en Corse pour modifier le statut de l’île. Quoi qu’il en
soit, les électeurs rejettent le projet Sarkozy qui, selon certains, favorise
les intérêts mafieux. Une nouvelle affaire
éclate : de faux listings circulent qui accusent mensongèrement
plusieurs personnalités de cacher des comptes bancaires au Luxembourg, chez
Clearstream. Parmi les personnalités diffamées : Nicolas Sarkozy. Il
porte plainte et sous-entend que son rival de droite à l’élection
présidentielle, le Premier ministre Dominique de Villepin, a organisé cette
machination. Il ne cache pas son intention de le faire jeter en prison. Reste à neutraliser les
candidatures d’opposition. Les cotisations d’adhésion au parti socialistes
sont réduites à un niveau symbolique pour attirer de nouveaux militants.
Soudainement des milliers de jeunes prennent leur carte. Parmi eux, au moins
dix mille nouveaux adhérents sont en réalité des militants du Parti
trotskiste « lambertiste » (du nom de son fondateur Pierre
Lambert). Cette petite formation d’extrême gauche s’est historiquement mise
au service de la CIA contre les communistes staliniens durant la Guerre
froide (Elle est l’équivalent du SD/USA de Max Shatchman, qui a formé les
néoconservateurs aux USA [6]). Ce n’est pas la première fois que les
« lambertistes » infiltrent le Parti socialiste. Ils y ont
notamment placé deux célèbres agents de la CIA : Lionel Jospin (qui est
devenu Premier ministre) et Jean-Christophe Cambadélis, le principal
conseiller de Dominique Strauss-Kahn [7]. Des primaires sont organisées
au sein du Parti socialiste pour désigner son candidat à l’élection
présidentielle. Deux personnalités sont en concurrence : Laurent Fabius
et Ségolène Royal. Seul le premier représente un danger pour Sarkozy.
Dominique Strauss-Kahn entre dans la course avec pour mission d’éliminer
Fabius au dernier moment. Ce qu’il sera en mesure de faire grâce aux votes
des militants « lambertistes » infiltrés, qui portent leur
suffrages non pas sur son nom, mais sur celui de Royal. Premiers jours à l’Élysée
Le soir du second tour de
l’élection présidentielle, lorsque les instituts de sondages annoncent sa
victoire probable, Nicolas Sarkozy prononce un bref discours à la nation
depuis son QG de campagne. Puis, contrairement à tous les usages, il ne va
pas faire la fête avec les militants de son parti, mais il se rend au
Fouquet’s. La célèbre brasserie des Champs-Élysées, qui était jadis le
rendez-vous de « l’Union corse » est aujourd’hui la propriété du
casinotier Dominique Desseigne. Il a été mis à disposition du président élu
pour y recevoir ses amis et les principaux donateurs de sa campagne. Une
centaine d’invités s’y bousculent, les hommes les plus riches de France y
côtoient les patrons de casinos. Puis le président élu s’offre
quelques jours de repos bien mérités. Conduit en Falcon-900 privé à Malte, il
s’y repose sur le Paloma, le yacht de 65 mètres de son ami Vincent Bolloré,
un milliardaire formé à la Banque Rothschild. Enfin, Nicolas Sarkozy est
investi président de la République française. Le premier décret qu’il signe
n’est pas pour proclamer une amnistie, mais pour autoriser les casinos de ses
amis Desseigne et Partouche à multiplier les machines à sous. Il forme son équipe de travail
et son gouvernement. Sans surprise, on y retrouve un bien trouble
propriétaire de casinos (le ministre de la Jeunesse et des Sports) et le
lobbyiste des casinos de l’ami Desseigne (qui devient porte-parole du parti
« gaulliste »). Nicolas Sarkozy s’appuie avant
tout sur quatre hommes : Frank Wisner Jr., qui a été
nommé entre temps envoyé spécial du président Bush pour l’indépendance du
Kosovo, insiste pour que Bernard Kouchner soit nommé ministre des Affaires
étrangères avec une double mission prioritaire : l’indépendance du
Kosovo et la liquidation de la politique arabe de la France. Kouchner a débuté sa carrière
en participant à la création d’une ONG humanitaire. Grâce aux financements de
la National Endowment for Democracy, il a participé aux opérations de
Zbigniew Brzezinski en Afghanistan, aux côtés d’Oussama Ben Laden et des
frères Karzaï contre les Soviétiques. On le retrouve dans les années 90
auprès d’Alija Izetbegoviç en Bosnie-Herzégovine. De 1999 à 2001, il a été
Haut représentant de l’ONU au Kosovo. Sous le contrôle du frère cadet
du président Hamid Karzaï, l’Afghanistan est devenu le premier producteur
mondial de pavot. Le suc est transformé sur place en héroïne et transporté
par l’US Air Force à Camp Bondsteed (Kosovo). Là, la drogue est prise en
charge par les hommes d’Haçim Thaçi qui l’écoulent principalement en Europe
et accessoirement aux États-Unis [10]. Les bénéfices sont utilisés pour financer les opérations
illégales de la CIA. Pour complèter son
gouvernement, Nicolas Sarkozy nomme Christine Lagarde, ministre de l’Économie
et des Finances. Elle a fait toute sa carrière aux États-Unis où elle a
dirigé le prestigieux cabinet de juristes Baker & McKenzie. Au sein du
Center for International & Strategic Studies de Dick Cheney, elle a
co-présidé avec Zbigniew Brzezinski un groupe de travail qui a supervisé les
privatisations en Pologne. Elle a organisé un intense lobbying pour le compte
de Lockheed Martin contre les l’avionneur français Dassault [11]. Nouvelle escapade durant l’été.
Nicolas, Cécilia, leur maîtresse commune et leurs enfants se font offrir des
vacances états-uniennes à Wolfenboroo, non loin de la propriété du président
Bush. La facture, cette fois, est payée par Robert F. Agostinelli, un
banquier d’affaires italo-new-yorkais, sioniste et néo-conservateur pur sucre
qui s’exprime dans Commentary, la revue de l’American Jewish
Committee. La réussite de Nicolas
rejaillit sur son demi-frère Pierre-Olivier. Sous le nom américanisé
« d’Oliver », il est nommé par Frank Carlucci (qui fut le n°2 de la
CIA après avoir été recruté par Frank Wisner Sr.) [12] directeur d’un nouveau fonds de placement du Carlyle Group
(la société commune de gestion de portefeuille des Bush et des Ben
Laden) [13]. Sans qualité personnelle particulière, il est devenu le 5e
noueur de deals dans le monde et gère les principaux avoirs des fonds
souverains du Koweit et de Singapour. La côte de popularité du
président est en chute libre dans les sondages. L’un de ses conseillers en
communication, Jacques Séguéla, préconise de détourner l’attention du public
avec de nouvelles « people stories ». L’annonce du divorce
avec Cécilia est publiée par Libération, le journal de son ami Edouard
de Rothschild, pour couvrir les slogans des manifestants un jour de grève
générale. Plus fort encore, le communiquant organise une rencontre avec
l’artiste et ex-mannequin, Carla Bruni. Quelques jours plus tard, sa liaison
avec le président est officialisée et le battage médiatique couvre à nouveau
les critiques politiques. Quelques semaines encore et c’est le troisième
mariage de Nicolas. Cette fois, il choisit comme témoins Mathilde Agostinelli
(l’épouse de Robert) et Nicolas Bazire, ancien directeur de cabinet d’Edouard
Balladur devenu associé-gérant chez Rothschild. Quand les Français auront-ils
des yeux pour voir à qui ils ont à faire ?
Les informations contenues dans
cet article ont été présentées par Thierry Meyssan lors de la table ronde de
clôture de l’Eurasian Media Forum
(Kazakhstan, 25 avril 2008) consacrée à la peopolisation et au glamour en
politique. L’intérêt suscite par ces
informations a conduit l’auteur à rédiger le présent article qui a été publié
par Profile, le principal news magazine russe actuel. Plusieurs versions et
traductions non autorisées de cet article ont été diffusées alors que le site
du Réseau Voltaire était hors service. Nous vous prions de considérer le
présent article comme le seul valide. [1]
Quand le stay-behind
portait De Gaulle au pouvoir, par Thierry Meyssan, Réseau Voltaire,
27 août 2001 [2]
Quand le stay-behind
voulait remplacer De Gaulle, par Thierry Meyssan, Réseau Voltaire,
10 septembre 2001 [3]
L’Énigme Pasqua, par Thierry Meyssan, Golias ed, 2000. [4]
Les requins. Un réseau au cœur des affaires, par Julien Caumer,
Flammarion, 1999. [5]
Un relais des
États-Unis en France : la French American Foundation , par Pierre
Hillard, Réseau Voltaire, 19 avril 2007. [6]
Les New York
Intellectuals et l’invention du néo-conservatisme, par Denis Boneau, Réseau
Voltaire, 26 novembre 2004. [7]
Éminences grises, Roger Faligot et Rémi Kauffer, Fayard, 1992 ;
« The Origin of CIA Financing of AFL Programs » in Covert Action
Quaterly, n° 76, 1999. [8]
Dominique
Strauss-Kahn, l’homme de « Condi » au FMI, par Thierry Meyssan,
Réseau Voltaire, 5 octobre 2007. [9]
Alain Bauer, de la SAIC
au GOdF, Note d’information du Réseau Voltaire, 1er octobre 2000. [10] Le gouvernement kosovar
et le crime organisé, par Jürgen Roth, Horizons et débats, 8 avril
2008. [11] Avec Christine Lagarde,
l’industrie US entre au gouvernement français, Réseau Voltaire, 22
juin 2005. [12] L’honorable Frank
Carlucci, par Thierry Meyssan, Réseau Voltaire, 11 février 2004. [13] Les liens financiers
occultes des Bush et des Ben Laden et Le Carlyle Group, une
affaire d’initiés, Réseau Voltaire, 16 octobre 2001 et 9 février
2004. |