A la rescousse du professeur Bourdieu


Posted by Jean-Pierre Voyer sur le Debord off on September 18, 1998


La tête à claque Finkielprout (bajoues, coupe de cheveux à la « les Visiteurs » et petits yeux méchants à la Lévy ou à la Minc) déplore qu'après vingt ans de « désaccord civilisé » (c'est à dire de causeries mondaines entre enculés mondains sur les ondes de France-Culture) le temps des paires de claques soit revenu. Ce retour est d'autant plus étonnant que c'est un professeur du Collège de France qui distribue lesdites paires de claques.

Contrairement aux intellectuels engagés Sartre ou Foucault qui prétendaient se mêler de choses où, d'une part, ils étaient incompétents et, d'autre part, totalement impuissants, le professeur Bourdieu s'attaque à ce qu'il connaît bien  et sur lequel il a un réel pouvoir : ses pairs et leur activité telle qu'on peut la constater, non pas en Russie, en Chine, en Iran ou sur la Lune mais ici même en France. J'ai écrit que le professeur Bourdieu qui prétendit avoir délégué des pouvoirs au gouvernement n'avait comme réel pouvoir que celui de terroriser une poignée d'étudiants. Il prouve qu'il possède également celui de terroriser une poignée d'enculés intellectuels. Je l'en félicite.

La professoresse Verdès-Leroux (est-elle entravée par sa jupe, celle-là ? Il ne faut pas perdre de vue qu'Alcibiade ne vécut jamais qu'en minijupe, heureux encore les jours où il en portait une. La tradition nous dit qu'il mourut sans, avec un poignard pour tout vêtement.) qui n'a jamais ressenti la « blessure » de l'école républicaine fait un éloge inattendu du professeur Bourdieu : il peut séduire des gens indécis, mal à l'aise, jeunes, effrayés par le chômage et, pour certains, incapables de déchiffrer ce monde ; mais pas des historiens ou des sociologues. On arrive à ce paradoxe que cet universitaire, qui occupe toutes les positions les plus hautes, est finalement le représentant de semi-intellectuels plutôt que d'intellectuels. (Excrément du J 27-08-98)

On ne sait ce qu'il y a de plus admirable dans cet éloge involontaire. Quoi de plus élogieux, pour un mandarin contestataire qui vitupère ses pairs que d'être taxé de représentant non d'intellectuels, mais de semi-intellectuels. Sartre n'atteignit jamais que vipère lubrique, hyène dactylographe, agité du bocal et le ridicule, sur son tonneau. Quoi de plus admirable que ce « pour certains » ? Seuls certains de ces semi-intellectuels indécis, mal à l'aise, jeunes, effrayés par le chômage (toutes choses que Mme Verdès-Leroux n'est pas) sont incapables de déchiffrer le monde, les autres, aussi indécis, mal à l'aise, jeunes et effrayés soient-ils en sont parfaitement capables, tout comme Mme Verdès-Leroux et ses amis historiens et sociologues. Le monde n'a pas de secrets pour ces gens là non plus que pour les élèves des écoles d'administration.

Un seul cri s'exhale des poitrines des soumis intellectuels tandis que la sueur de l'inquiétude perle sur leurs fronts de penseurs appointés. Quoi donc, il y aurait toujours des dominés, comme en 1840, alors que cela fait dix ans que le mur de Berlin est tombé. Seraient-ils donc des dominés, eux qui se croyaient libres ?

Le seul tort du professeur Bourdieu est de ramener sa science plus qu'incertaine alors que tous ses arguments sont de simple bon sens et suffisent amplement (ce qui explique les chiffres de vente de ses opuscules). Ce n'est pas la science du professeur Bourdieu qui dérange les gens qu'il apostrophe, mais ses invectives et sa position. Ces gens d'ailleurs, ne se privent pas de l'attaquer sur cette science supposée, d'une part parce qu'ils sont bien placés pour en connaître intimement la faiblesse et la prétention, d'autre part parce que cela leur évite de répondre sur la justesse de ses invectives. Ce n'est pas la science du professeur Bourdieu qui fait la différence avec Finkielprout et la professoresse mais ses invectives. Le professeur Bourdieu occupe une place qui ne se distingue guère de celle qu'occupent la professoresse ou Finkielprout. La différence est qu'il en fait usage pour les insulter. Qu'un tenancier de chaire ou de rubrique fasse du prêchi-prêcha, qu'il admoneste le bon peuple, ou qu'il insulte la mémoire du maréchal Pétain, c'est monnaie courante. Qu'un professeur du collège de France insulte la canaille intellectuelle, cela ne s'était jamais vu.

M. Ripley s'amuse