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Voyer on February 25, 1997
Paris, 25 février 1997
Je reçois à l'instant un opuscule d'un dénommé
Bounan, « L'art de Céline et son temps ».
J'ouvre l'opuscule du dénommé Bounan.
Je lis la première phrase de l'opuscule du dénommé
Bounan: « Le secret de la domination est, depuis plus d'un siècle,
largement éventé. »
J'arrêterai donc là la lecture de l'opuscule du
dénommé Bounan et j'adresse aussitôt l'opuscule du dénommé Bounan (espère-t-il
hériter celui-là,) à Marc-Edouard Nabe*, auteur de Lucette (Gallimard),
célinien es qualités, pour son information. Lui saura y répondre mieux que moi
s'il le juge bon.
Voilà donc un siècle que le secret de la domination
est largement éventé et cependant il y a toujours cinquante millions d'esclaves
en France. A quoi bon, donc, en savoir plus.
Le dénommé Bounan est donc bien comme ce Debord qui
a fait la théorie exacte (avec combien de décimales après la virgule ?) de
cette société. Le seul effet tangible de cette théorie exacte fut d'engendrer une
pullulation de petites ordures dans les rédactions des journaux branchés.
Quand les physiciens nucléaires posaient une
équation, elle ne restait pas cent ans sans effet comme l'ont appris les
malheureux Japonais. Pas même dix ans. La stagnation de la métaphysique et les
succès cumulatifs de la physique étaient bien ce qui scandalisait ce pauvre
Kant qui ne put rien y faire malgré ses efforts méritoires.
*. Nabe ne l’a pas fait, mais Muray
l’a fait.