Réponse à M. Bourriaud


Posted by Jean-Pierre Voyer sur le Debord off on February 10, 1999

In Reply to: le smog littéraire posted by nbourriaud on January 12, 1999

Le smog littéraire

 

Posted by nbourriaud on January 12, 1999

Cher voyer,

je viens de lire votre lettre à Michel Houellebecq, bravo pour vos précisions scientifiques. Mais je n'aime pas être traité d'imbécile sans savoir pourquoi, on a le droit de savoir, après tout, merde... Quand vous employez l'expression "les imbéciles de Perpendiculaire", pouvez-vous étayer? Je voudrais savoir si vous vous rangez aux arguments:

a. du Figaro Magazine dans son numéro de fin décembre

b. du Fregoli bordelais, qui emploie l'expression dans le Nouvel Obscurateur

c. de Flammarion, qui a rompu notre accord de co-édition parce qu'on lu a fait rater le hochet Goncourt

d. des médias en général, pudding idéologique à votre convenance.

Amitiés à Guy,

Nicolas Bourriaud

Réponse à M. Bourriaud

 

Je doute, monsieur, que vous ayez le droit de savoir. A ma connaissance, les esclaves n’ont d’autre droit que celui d’obéir quoique la mode soit à l’esclave revendicatif. Cependant, puisque vous me le demandez poliment, la politesse veut que je vous réponde. Si je dénie que vous puissiez invoquer le droit, j’admets que vous puissiez invoquer la politesse.

Je n’ai pas lu le Figaro Magazine de fin décembre, ni le Frégoli bordelais dans le Nouvel Observateur. J’ignore tout des arguments de Flammarion. Je n’ai lu, au sujet de ce qui nous occupe, que les deux romans de Houellebecq, son recueil Interventions, chez Flammarion et l’entretien dans le n° 11 de votre revue et de vous une page consternante dans le Monde du 10 octobre.

Avant de vous répondre, j’ai donc relu l’entretien. Page 13, dans un paragraphe que je cite in extenso :

" NB –  Pourquoi crois-tu que la religion est essentielle à la société alors qu’il reste encore à expérimenter tant de modes d’association ou de contrats sociaux laïques, autogérés, libertaires, qui me semblent plus satisfaisant. "

J’ai pu constater que j’avais souligné au crayon les mots suivants : de contrats sociaux laïques, autogérés, libertaires. Dans l’intervalle situé sous le paragraphe j’avais noté " Les libertaires sont des imbéciles ! " Cette annotation se référait à une phrase des Interventions, page 13 : " Sur le plan philosophique et politique, Jacques Prévert est avant tout un libertaire ; c’est à dire, fondamentalement, un imbécile ". Voilà tout monsieur. Vous savez maintenant. Je dois reconnaître que je fus choqué quand je lus cette phrase de Houellebecq comme je fus choqué quand je lus de Wittgenstein : "La causalité est une superstition".

Avant d’aller plus loin, je vous demanderai, monsieur, où vous cachez votre stock (le quantificateur tant me permet de supposer un tel stock) de modes d’association ou de contrats sociaux laïques, autogérés et libertaires, ou, sinon le stock, du moins le catalogue illustré afin que je puisse passer commande immédiatement ainsi que de six douzaines de petites culottes en vichy pour Mme Lévy.

Page 9 de l’Entretien on peut lire cette question posée à Houellebecq :

 " JYJ – Tes personnages expriment des idées qui posent problème et peuvent scandaliser, qu’il s’agisse de point de vue politiques, de racisme, d’exclusion… Jusqu’où partages-tu ces positions ? "

 Et Houellebecq vous répond. Il est vraiment de bonne composition. La seule réponse qu’appelle une telle question à un romancier est " Cela ne vous regarde pas " ou, mieux encore, " Qu’est-ce que cela peut bien vous faire ? " Ou bien vous jugez l’œuvre. Ou bien vous jugez l’homme. Voulant faire les deux vous ne faites ni l’un ni l’autre mais vous rendez seulement odieux et ridicule comme Sainte-Beuve qui trouvait toujours quelque chose à redire aux mœurs des auteurs.

 Ensuite, un auteur de roman peut très bien être incapable de théoriser ce qu’il écrit, de même que les explications théoriques des peintres sont souvent du plus haut comique involontaire, ainsi la phrase : "Grâce à la vitesse nous avançons plus rapidement" n’est pas d’Alphonse Allais mais de Malévitch. Ne dit-on pas, d’ailleurs, bête comme un peintre. Je m’élève contre Wittgenstein qui dit : " Ce qu’on ne peut dire, il faut le taire. " Non, il faut le peindre. Houellebecq pense mal mais il peint très bien, avec une grande netteté, l’infecte vie de deux esclaves instruits. Wittgenstein a une excuse, il était logicien et il traitait de logique. Effectivement, la confusion est déplorable en logique. Ceci dit, où voyez-vous de la confusion dans les toiles de Cézanne ou de Malévitch ? Pour sa part, Houellebecq a brossé deux magnifiques portraits d’esclaves, moyens supérieurs, donc de gauche comme il le dit lui-même, page 10 de l’Entretien. C’est parfait. " Dénoncer des gens que l’on ne connaît pas n’est pas une affaire de romancier. " En effet, c’est une affaire de gauche intellectuelle. Houellebecq n’est pas un plaisantin, il est très sérieux. Ce n’est pas le genre à passer trois jours à Cloye pour écrire un roman sur la Beauce ou à gloser sur la pensée de Mao-Tsé-Toung : " Je ne me permets de parler que de ce que je connais. " Ça se voit. Il règle en une courte phrase, en passant, les prétentions des pédés revendicatifs : " Les pédés ont l’air d’avoir une vie passionnante. " (Je cite de mémoire.) Ainsi donc, ces pédés revendicatifs sont des employés de bureau qui prétendent avoir une vie passionnante. Houellebecq semble strictement insensible face à ce spectacle. Tel César lors de la reddition de Vercingétorix, il demeure impavide. Je ne vois qu’une chose scandaleuse dans les romans de Houellebecq, c’est la manière dont vivent les esclaves qu’il peint si bien. Et je n’en vois qu’une qui soit encore plus scandaleuse, c’est que, rien qu’en France, il y en ait cinquante millions qui vivent ainsi en comptant les enfants au berceau puisque cette vie passionnante leur est promise dès le berceau. Imaginez la France peuplée de cinquante millions de madame Bovary, nombre duquel il faut retrancher celui des Homais qui prétendent avoir une vie passionnante et contrôler les mœurs et les idées des auteurs.

Vous êtes une parfaite illustration de cette remarque de Houellebecq : " politiquement, les gens pensent en gros la même chose que leur milieu … En gros, ils ont tendance à penser ce qui dérange le moins leur micro-groupe social. " Votre milieu est la gauche intellectuelle pour laquelle vous prenez fait et cause (dans la page du Monde), les journalistes, les professeurs, les instituteurs, les artistes, " les gens qui ont accès à l’information " (page 10 de l’entretien) ces gens qui ont toujours dit oui à tout et qui prétendent donner des leçons de non ; toutes choses que ne fut pas Houellebecq justement. Il n’a jamais prostitué son esprit pour survivre que je sache. Nulle tache de sang intellectuel.

 Votre voisin de colonne dans le Monde, le robot réactif di Folco, ne s’y trompe pas et ne peut empêcher de laisser éclater sa rage envieuse de minable journaliste à Nova-Magazine (ainsi que l’indique obligeamment un renvoi en bas de page), revue de la vie passionnante et d’une haute tenue morale, contre " ces ex-employés, ces ex-petits cadres propulsés du jour au lendemain dans un giga-loft " sans devoir être jamais professeur, instituteur, journaliste. C’est bien ce qui le choque, que la collaboration intellectuelle soit si mal récompensée tandis que de tels parvenus se prélassent dans des giga-loft. On voit ce qui fait rêver le bonhomme : un giga-loft. Quel brevet de moralité pour Houellebecq. Le robot pose d’ailleurs une question pertinente (les machines sont donc sensibles à la jalousie !) : " depuis quand ce qui se vend en littérature française ou étrangère fait-il figure d’événement littéraire majeur ? " Notamment, pour la littérature française, depuis Madame Bovary qui connut un succès immédiat. Les petites lettres de Pascal et les pamphlets de Courier se tiraient par dix mille. La question pour un auteur n’est pas de vendre ou non, pas même de ne pas vendre son âme ; mais d’en avoir une ce qui n’est pas le cas des robots qui sont programmés.

 Vous voulez juger l’homme, jugez l’homme. Les idées développées dans le roman vous déplaisent, critiquez les et laissez l’homme tranquille. Quelle importance qu’il partage ou ne partage pas ces idées ? Leur contenu en est-il changé pour autant ? Il est vrai que depuis que la mécanique quantique existe, on n’est plus sûr de rien quant aux influences à distance. Flaubert a d’ailleurs déjà répondu pour Houellebecq : madame Bovary, c’est lui.

 Cela fait quarante ans que la gauche intellectuelle lutte contre le fascisme. C’était en 1930 qu’il fallait le faire. Un vieux lion borgne vient enfin meubler son attente. C’est le désert des Tartarins. Qu’est-ce qu’être de gauche aujourd’hui ? C’est proclamer haut et fort que l’on aime les nègres, les pédés, les juifs. C’est proclamer que l’on combat le fascisme de toutes ses forces. Ce qui pourrait être une inoffensive monomanie, telle celle d’un héros houellebecquien , ne s’arrête cependant pas là. Permettez-moi une blague suisse : on dit que dans tout Suisse, il y a un flic qui sommeille. Chez les Vaudois, il est réveillé. C’est la même chose pour la gauche intellectuelle, chez elle, le flic ne dort jamais. Dzerjinski, quand tu nous tiens ! Léniniste un jour, léniniste toujours. Vous n’avez pas la carte bleue, cela cache quelque chose. De même, si vous ne proclamez pas que vous aimez les nègres, les juifs, les pédés, cela cache quelque chose. C’est que vous les haïssez. Vous êtes pour le moins un fasciste, un raciste, un antisémite. Vous n’avez pas, contrairement à Mlle Béart, l’âme assez propre.

 Ma position sur cette question est très nette : M. Le Pen est un détail. M. Le Pen est infime. La gauche intellectuelle est infâme. Il faut écraser l’infâme.

Votre page dans le Monde du 10 octobre est accablante. Vous commencez par assimiler la marine et la littérature et à confondre Houellebecq et le capitaine Haddock, mille sabords. Il est un navigateur célèbre dans la littérature mondiale, c’est Ulysse, et je gage que ce dernier ne connut sans doute jamais sa latitude ni sa longitude. Traduit en français de tous les jours cela veut dire que vous cherchez des poux dans la tête à Houellebecq. Vous me faites penser à Léautaud et au faux-cul Duhamel nouveau directeur du Mercure de France délibérant trois heures pour savoir si Léautaud aurait le droit d’écrire sperme et convenant enfin d’un compromis : Léautaud écrirait sp… ce qui faisait regretter à Léautaud l’heureuse époque de l’ajusteur mécanicien Valette qui ne considérait, lui, que des motifs commerciaux mais ne se mêlait pas de ce qu’écrivaient ses auteurs. A vous en croire, un acteur de la vie intellectuelle (pauvre Houellebecq, vous l’insultez bien salement, le voici devenu acteur de la vie intellectuelle. D’ailleurs, où voyez-vous de la vie intellectuelle ?) comme vous dites en votre délicat jargon de gauche intellectuelle, devrait passer sont temps à manier le compas et le sextant et non la plume. Beethoven répondit au violoniste Schupanzig qui se plaignait que tel trait était injouable " Croyez-vous que je me soucie des cordes de votre petit violon quand l’esprit me parle ", alors pensez donc, un compas, un sextant !

 " Exposer clairement ses principes et ses opinions " n’a rien de stalinien ; mais le faire dans le but d’informer le public sur le contenu idéologique d’une œuvre d’art l’est typiquement. " Informer le public sur le contenu idéologique d’une œuvre d’art " n’est certes pas abusif. C’est simplement prendre les gens pour des imbéciles, c’est penser que le public, privé de l’avis autorisé de la gauche intellectuelle est trop bête et trop populaire pour se faire une opinion. En vérité c’est surtout l’occasion d’infliger au dit public vos marottes de gauche intellectuelle : est-il ou n’est-il pas de gauche, est-il ou n’est-il pas fasciste, écrit-il ou n’écrit-il pas dans des revues fascistes, entretient-t-il, telle Brigitte Bardot, des relations sexuelles avec un membre du FN (entendez membre dans le sens qu’il vous plaira), partage-t-il ou non les idées qu’il prête à ses personnages, quelle est sa longitude morale, quelle est sa latitude esthétique ? En un mot la seule chose qui vous importe est : est-il des nôtres ? Heureusement pour Houellebecq il n’est pas des vôtres. Comment peut-on être Persan ? Comment peut-on oser l’être ?

 La musique de Wagner transpire, la prose de Houellebecq pue. Elle offense vos délicates narines de gauche intellectuelle.

 Vous prétendez " avoir un avis articulé sur une œuvre ", vous prétendez juger une œuvre ; mais vous ne le faites " qu’après que " l’auteur vous a " fermement exposé ses positions ". Du temps de Flaubert, vous n’auriez osé avoir un avis articulé sur son œuvre qu’après qu’il vous eût fermement exposé ses positions. Vous n’avez un avis articulé sur une œuvre que pour informer le public de son contenu idéologique ce qui est bien la preuve que vous vous moquez totalement de cette œuvre mais que vous ne vous souciez que de la dénonciation de son auteur et du rôle de police des idées qui est celui de la gauche intellectuelle depuis soixante-dix ans. Il faut faire une rétrospective des aquarelles de Hitler, car il faut voir comment le diable peint quand il ne paraît pas sous l’espèce d’un chien noir. N’est-ce pas là le rôle exact de la police que de prévenir le public sur les dangers que lui fait courir la littérature et le diable ? N’est-ce pas le rôle de la police que d’assurer l’ordre public ?

 Je lis plus loin qu’il n’est pas normal que des journaux de gauche défendent un écrivain qui pense ceci ou cela. Que vient faire ici ce que pense l’auteur. Pour prendre le cas de Céline, bien malin celui qui pourrait dire ce qu’il pensait. A-t-il jamais pensé d’ailleurs ? Je m’empresse de préciser, à l’intention du lecteur distrait, que je ne suis pas en train d’écrire que je tiens Céline pour un imbécile. Penser ou non n’est pas le critère de l’imbécillité. Sartre, malgré son intelligence et sa pensée originale, n’en fut pas moins, partout ailleurs, un parfait imbécile et un parfait salaud.) Quand Céline pense, cela donne Mea culpa qui est de la bouillie pour ses nombreux chats et chiens. Et on ne peut nommer pensée ses éructations sur les juifs (contrairement à la pensée de Hitler et consort, qui était parfaitement claire et cohérente).

Qu’importe ce que pensait Flaubert pour juger l’œuvre de Flaubert ? Quant à Balzac, c’était monarchie, famille, religion, droit d’aînesse. Il était aussi d’accord avec le pape. Il écrivait : " Il n’y a plus de famille, il n’y a plus que des individus. " (Déjà ! Il ne manquait que les pédés.) Stendhal pensait lui aussi que la démocratie était un messianisme pour épiciers au point que, par réaction, les bourgeois qu’il nous peint sont des aristocrates cyniques. Il est préférable d’être d’accord avec le pape que de l’être avec Séguéla ou Mitterand.

Peindre ce qu’on ne peut penser est une définition possible de la littérature. Que vient donc faire la pensée de l’auteur puisque s’il est un auteur littéraire, contrairement à Buffon ou Turing, c’est précisément parce qu’il ne peut penser ce qu’il voit. Avec une exception pour Musil qui pense à chaque ligne (nulle ligne sans ironie) ou pour Sartre (piètre littérateur) puisque pratiquement tous les thèmes développés dans l’Etre et le néant sont abordés dans la Nausée d’une manière fort plaisante et élégante.

J’aime assez la manière dont vous qualifiez de " petits riens " l’esclavage et la souffrance de cinquante millions d’hommes que Houellebecq peint de façon minutieuse à travers quelques personnages. Qu’est-ce que de tels petits riens à côté de " lendemains qui chantent ". Houellebecq a raison. Les libertaires et leurs lendemains qui chantent sont des imbéciles quand ils ne sont pas des salauds. (Soixante-dix ans d’apostolat léniniste et stalinien, cinquante ans de lutte à retardement contre le fascisme, l’imbécile Sartre notamment, et maintenant collaboration ouverte, éhontée, avec le capitalisme. Soixante-dix ans de répression intellectuelle et de tartuferie, soixante-dix ans d’infamie. De Staline à Milton Friedman. Voilà qui est très net.) Houellebecq se contente des aujourd’hui qui souffrent.

D’ailleurs les grandes idées ne font pas la bonne littérature, pour les raisons susdites. Si les auteurs avaient un avis articulé, ils ne seraient pas littérateurs. C’est la force de leur vision du monde (c’est à dire leur souffrance) qui assure leur opiniâtreté et non l’avis qu’ils peuvent en avoir, et non la colonne vertébrale de leur conception.

Houellebecq a raison : ce n’est pas le racisme qui est un problème. C’est le capitalisme. Il fait une peinture étonnante de ce problème. J’admire la manière dont vous reprochez à Houellebecq que ses " idées " fassent problème. La peinture d’un problème est problématique. C’est la moindre des choses.

Vous voulez étendre le domaine de la démocratie. Merci bien. Houellebecq a raison. Ceux qui veulent étendre le domaine de cette démocratie là sont des imbéciles quand ils ne sont pas des salauds. Surtout, cette démocratie là va s’étendre toute seule et sans vous demander votre avis ni en tenir aucun compte. Faites-lui confiance, surtout depuis que M. Cohn-Bendit a pris les choses en main. Houellebecq fait une peinture saisissante de cette extension de la démocratie commerciale qu’il nomme fort justement extension du domaine de la lutte. Le domaine de la démocratie n’est pas à étendre, il est à créer.

Enfin, il n’est pas nécessaire que vos qualifiiez la pensée de Houellebecq de réactionnaire, puisqu’il a pris la précaution de le faire lui-même. Il réagit à l’extension de la démocratie commerciale et de sa gauche intellectuelle. Donc, il est réactionnaire. Et alors ? Dénoncez le à la Gestapo.

Une chose est certaine. Aujourd’hui, (hier déjà d’ailleurs) toute réflexion est nécessairement hors de la gauche intellectuelle et nécessairement contre, donc réactionnaire puisque ladite gauche intellectuelle, poussée par l’esclave revendicatif, prétend s’identifier avec le progrès, l’humanité et dernièrement, la justice (elle n’ose plus s’identifier avec la révolution). Le rôle de la gauche intellectuelle est précisément d’empêcher de penser, non par lettre de cachet ; mais en occupant le terrain avec son épaisse prétention moralisatrice (Homais, Hommasse, messianisme pour pucerons, pharmaciens, marchands de bois et épiciers révolutionnaires). Je ne pense pas que Houellebecq éprouve une haine morbide de ce monde mais seulement la haine de sa gauche intellectuelle et je trouve ça très réjouissant. Il aurait du mal d’ailleurs à haïr ou à aimer la droite intellectuelle puisqu’il n’y en a pas, puisqu’il n’y en a plus. J’apprécie la manière dont il vous fait enrager. Il faut reconnaître que ce n’est pas difficile.



M. Ripley s'amuse