L’anti-bloc-notes de Louis-Henri Brulard
(n° 16)
À Monsieur Bernard-Henri Lévy
Paris, 18 février 1997.
Cher Monsieur et Lévy,
L’histoire, c’est Harlequin, les décors c’est le Figaro magazine avec son célèbre bleu, la poupée, c’est Barbie. Vous jouez enfin, comme je vous l’ai recommandé, à la poupée Barbie, vous l’habillez, vous la déshabillez, ce pour quoi est faite une poupée Barbie. C’est mignon, c’est charmant, hélas, c’est trop peu. Seulement deux baisser de petite culotte pendant une heure et cinquante-deux minutes ; mais des montgolfières en veux-tu en voilà. Je me réjouis que vous ayez suivi mes conseils. Permettez m’en encore un : plus de petites culottes et moins de montgolfières. Voilà le secret du succès.
Vous vous posez l’angoissante question " Qu’ai-je donc fait pour déchaîner tant de haine depuis vingt ans ? " Les grands mots, tout de suite, comme si vous étiez capable de susciter la haine. La risée certainement. Vous avez fait tout ce qu’il faut pour cela, avec un acharnement extraordinaire. Vous êtes un effronté imbécile ce qui n’est pas original, hélas, mais extrêmement répandu. Seulement, vous avez tout fait pour que cela se sache. Supportez-en les conséquences avec bonne grâce je vous prie. Vous avez des couilles mais pas de style. Faites-vous les couper et vous serez tranquille (le bistouri n’est plus nécessaire : 50 milligrammes de Dogmatil par jour suffisent). Il faut assumer ses cojones mon cher monsieur. Déplaire est un privilège aristocratique que vous êtes incapable d’apprécier à sa juste valeur. D’autres s’en réjouiraient.
Vous définissez parfaitement ce que sont vos nombreux amis et vous : un syndicat de nantis, occupé de ses seuls intérêts. Je m’en voudrais de vous reprocher d’avoir des amis, je constate simplement qu’ils sont des nantis ou des canailles, voire des nantis et des canailles. Chacun ne sait pas nécessairement, comme vous le prétendez, qui sont messieurs Le Pen ou Mégret, mais chacun sait bien qui vous êtes et qui sont vos amis. C’est eux, c’est vous, qui avez désespéré Vitrolles à défaut de Billancourt. Vous avez ce que vous méritez. C’est la lutte des classes mon bon monsieur. Et la lutte des classes, qu’elle soit rouge ou noire, n’est jamais du goût des bourgeois de votre espèce. Vous dites cependant une vérité : les électeurs de Vitrolles, de même que les Serbes révoltés, ont toujours fait fi de vos prescriptions et je gage qu’ils continueront de le faire. Je ne sais comment le Front national traite les femmes; mais je sais comment vous traitez les poules, vous les épousez.
J’ai entrevu Vacherin-fripé à la télévision. Il est de plus en plus fait. C’est une infection. Il a cependant l’air toujours aussi content de lui. Seul le vigneron ne sait pas que son vin est piqué et seul le fromage n’est pas incommodé par sa puanteur.
N’oubliez pas que lorsque les taux d’intérêt montent d’un demi-point, le singe Minc grimpe sur la table.
Hegelsturmführer Voyer.