Panzerfaust


Posted by Dr Weltfaust sur le Debord off on November 21, 1999

A propos de l'ex-Bibliothèque des Eunuques
relookée Téléologie.Orgue et de J.-P. Voyer.

Actuellement, personne sur Terre ne peut répondre à la question - en partie d'ordre cosmologique - de la fin de tout et d'ailleurs tout le monde s'en tamponne. Il est par contre possible de répondre aux tartuffes de la néo-téléologie et de montrer ainsi que toute imposture, aussi minable soit-elle, a une fin.

1) Une étourderie méthodique.
Pour éviter de noircir inutilement des centaines de pages comme l'ont fait ces messieurs de l'Observatoire de Téléologie à propos de leur marotte, on pourrait faire usage de la distinction, héritéee de la scolastique, entre infinitum secundum quid et infinitum absolutum mais pourquoi aller chercher si loin quand il suffit tout bêtement de décliner cet infini - auquel ils ne "croient" pas, on ne la leur fait pas - soit du point de vue de la quantité, soit du point de vue de la qualité.
La notion d'infinité quantitative est à la portée de tous les enfants. Elle les passionne et les intrigue quelques temps. On peut imaginer un espace vide infini ou tout aussi bien une suite infinie de galaxies. On peut de la même façon se représenter une suite infinie de jours et de nuits, l'éternité devant et derrière nous. La suite infinie des entiers positifs ou négatifs est un autre exemple charmant. C'est de cette infinité quantitative que l'excellent Hegel parlait dans sa "Logique" et ailleurs comme "mauvais infini", dans sa tentative de mettre en avant l'infinité qualitative.
La notion d'infinité qualitative n'est certes pas à la portée de tout le monde. Une "chose" est qualitativement infinie quand rien d'autre qu'elle-même ne peut constituer une limite, un obstacle à son effectuation, à son accomplissement, à son expansion, à tout ce que l'on voudra. Cette notion d'infinité qualitative est une façon indirecte de poser la question centrale de l'aliénation. La seule "chose", quand on y réfléchit sérieusement, à quoi puisse être attribuée cette potentialité est la substance universelle. Cette potentialité n'implique en rien que le processus d'auto-accomplisement de la substance universelle doive durer éternellement, bien au contraire. Elle n'implique en rien non plus l'incommensurabilité du Cosmos. Elle implique par contre la critique totale et le rejet définitif de toute forme de dualisme. Nous précisons pour d'éventuels mal comprenants et pour les "intellos" de l'Observatoire qu'il n'est pas fait référence ici à Dieu, l'Esprit hégélien, la Substance spinoziste, la Matière, l'énergie d'orgone, la Nature, l'Univers ni non plus à l'argent. Il est seulement question de la substance universelle dont toute chose existante est une forme transitoire, dont toute individualisation est un moment déterminé dans le devenir de son prodigieux processus d'auto-engendrement et d'auto-déploiement interne.
Malgré la lacune découlant de son dualisme avoué ( "Revue de Préhistoire" / page 144 ), Voyer est parfaitement capable de formuler l'infinité qualitative de la communication. Nous citons : " C'est parce qu'il a lieu sur lui-même, qu'il s'applique à lui-même, qu'il est interne comme le voulait Hegel, que ce mouvement ne connaît aucune limite externe mais qu'il est au contraire infini ou que s'il doit avoir une fin, ce sera aussi celle de son existence." / page 133 de "Révélations sur le principe du monde".
Mais à cause précisément de son dualisme, il ne se soucie pas de faire la distinction entre infinité qualitative et quantitative. Plus loin, à la page 153, on peut lire : " Le seul but de l'homme est que tout existe selon son concept, c'est à dire qu'existe le concept de tout ; poursuite infinie de ce concept infini ; le concept est ce qui est libre". Là, il semble que Voyer parle d'une poursuite infinie dans le temps, donc quantitative. Il a été emporté par son élan. C'est sans doute un effet de sa fougue légendaire. Qualité qui, ceci explique cela, fait cruellement défaut aux bureaucrates tatillons de l'Observatoire. De quoi ? La communication serait éternelle ? Merde alors ! Mais bon sang, mais c'est bien sûr ! D'ailleurs Voyer emploie à diverses reprises l'expression " de toute éternité ". On peut interpréter cela comme un effet de style. C'est de l'humour. On peut aussi, si l'on est très bête et que l'on manque d'humour, le prendre au pied de la lettre. C'est sur cette mince ambiguïté, qui n'était qu'un prétexte, que les néo-journalistes de la Bibliothèques des Eunuques ont bâti leur carrière et allant jusqu'au bout de leur logique spéciale se sont achevés, finis et vérifiés, en tant que bouffons accomplis dans Téléologie. Orgue.

2) Les néo-téléologues errent dans la théorie de Voyer en enfants perdus.
Ces messieurs prétendaient récemment que "l'ensemble" de ce qu'a écrit Voyer aurait été critiqué "de fond en comble". Le scribouillard Abracadabra Seulement se rengorgeait déjà de cette même façon indécente en 1991. Eternelle forfanterie et jobardise masculine. Ils seraient les auteurs méconnus de cette critique inexistante et en prime les victimes d'une falsification imaginaire commanditée par leur gourou involontaire. Selon eux, la "communication" de Voyer est creuse, vaine parce qu'infinie. Leur avantageuse néo-conception de la communication finie ou à finir, est malheureusement un tissu de conneries. Il ne leur vient jamais à l'esprit que si la puissante théorie de Voyer est "fausse" - non pas en vertu de cette ridicule histoire d'infini quantitatif, mais à cause du dualisme intrinsèque de cette théorie - alors cela implique nécessairement que son concept de l'essence humaine est faux et donc que la communication, infinie ou finie, n'est tout bonnement pas le principe du monde. Tous les animaux sexués communiquent, cela ne signifie pas que les animaux sont humains dans ce rapport, comme l'affirmait Voyer dans "Introduction" / thèse 47 page 52 et 53, cela signifie que la communication n'est pas l'essence humaine, n'est pas le principe du monde. Voilà tout.

3) Me cago en Dios !
Si les attributs de Dieu sont en réalité les attributs de la substance humaine pensés comme étant ceux d'une entité supérieure fictive, comme le démontrait patiemment l'excellent Feuerbach dans son "Essence du christianisme" et même déjà Hegel l'Antéchrist, faut-il en conclure que Dieu n'est qu'un cas particulier de la croyance en l'existence ou en la réalité de l'un ou l'autre des attributs en question ? Et donc qu'il ne faut pas "croire" infinie, ubique, toute puissante, parfaite et miséricordieuse la substance universelle devenant humaine ? Déjà, il faut être complètement à côté de la plaque, et patauger dans ses propres déjections, pour parler en terme de "croyance" alors que tout le monde agit en terme de cash, y compris les ultra-orthodoxes juifs, musulmans ou Opus Dei.
Les philosophes d'opérette de l'Observatoire manquent d'humour - on l'a déjà dit - ils n'ont pas compris toute l'ironie involontaire du fameux "In God we trust". De toute façon, tout ça leur passe très au dessus de la chéchia. C'est seulement leur notion fétiche d'infini quantitatif incroyable qui les tracasse et les titille et avec laquelle ils se "paluchent" sans mollir depuis déjà 10 ans en tentant d'attirer notre attention et surtout ( lisez trois lignes de monsieur Crétin Franc et vous verrez que c'est plus important que tout ) en posant aux théoriciens à la redresse qui toisent Hegel, Marx, Stirner, Debord, Voyer et même Mesrine qui est mis à contribution bien malgré lui. Tout cela pour se dissimuler à eux-mêmes - étonnante plasticité de la substance humaine ! - leurs prosaïques existences de caves et de morveux. Je t'en foutrai des questions centrales ! On pourrait facilement fonder des téléologies bis, ter, etc. Chacune de ces officines s'occuperait d'un attribut de la substance et nous emmerderait pendant dix ou vingt ans en chiant de l'encre à n'en plus finir, car c'est la seule chose pour l'instant que ces foutriquets se soient montrés capables de faire.

4) La pensée de Voyer n'a jamais été critiquée.
Le seul point fort de ces messieurs, mais évidemment ils n'y sont strictement pour rien, c'est que la théorie de Voyer aussi impressionnante soit-elle est indéniablement insuffisante et critiquable. On peut même dire qu'elle souffre d'une insuffisance fondamentale. Un peu comme les théories de Marx et de Hegel, donc. Voyer lui-même, dans sa modestie de savant, n'a jamais cessé d'en appeler à la critique, comme l'attestent tous ses écrits. Personne, jusqu'à aujourd'hui n'a pu aller au delà des points fondamentaux de cette pensée, telle qu'elle fut livrée au monde dans un effort titanesque et ininterrompu de 1971 à 1982.
Les encyclopédistes ( pas des apparences, des nuisances) voulaient, mais ne pouvaient pas. Le sous-commandant des néo-jésuites Semprun, habituellement plus prolixe, a tenté à plusieurs reprises de snober Voyer et de se le payer en trois lignes. Les téléologistes sont encore plus forts, ils prétendent avoir pu et en avoir fini avec Voyer. Certains devinrent ministres, d'autres de la poussière devant Madrid ou en Aragon. Quelle belle phrase ! Certains devinrent encyclopédistes ou téléologistes, d'autres du bétail consumériste ou émeutier sur lequel ils peuvent pérorer en toute impunité. Depuis vingt ans comme depuis vingt siècles ce sont les commerçants, et donc en un sens leurs clients, qui ont l'initiative. Ce sont eux qui sont en train de révolutionner la planète et de finir une époque. L'argent a bien comme caractéristique apparente cette infinité qualitative qui faisait défaut à la puissance hiérarchique archaïque.
Après la déflagration théorique de 1975, on pouvait dire : Hegel, Marx, Voyer. On pouvait déjà sauter sans problème l'Internationale si tu as la sinusite et le guide de bord du poker menteur. On a pu observer à propos de Voyer une conspiration du silence encore plus systématique et ignoble que celle qu'avait eu à subir l'I.S. du temps de sa splendeur. C'est normal, c'est la rançon de la gloire secrète. Le faux-cul Abracadabra Seulement, toujours lui et toujours en 1991, feignait de craindre que la théorie de Voyer soit trop facilement récupérable et utilisable par les vilains journalistes, d'où l'urgence de surenchérir dans la jobardise. Il n'en restera rien. Lui et ses petits copains devront se re-relooker en Trou du cul.Org, par exemple, pour aller brasser du vent ailleurs et enculer les mouches sous un autre déguisement. Jedem das seine!
Tout le monde avait sans doute constaté depuis longtemps que ces imbéciles n'avaient ( pour reprendre leur stupide langage machiste) ni bite ni couilles. Encore fallait-il que ce soit dit. C'est maintenant chose faite. Il existe des cas où la critique doit être faite au panzerfaust, certains risquent donc de nous reprocher d'avoir insulté longuement des gens qui n'en méritaient pas tant. C'était juste une occasion de remettre les pendules à l'heure voyeriste, n'en déplaise à monsieur Bueno. Les autres auront compris que le but principal de ce texte est l'éloge de la pensée de Voyer et donc l'affirmation de la nécessité de sa critique.
A ce qu'il faut croire, la théorie, c'est travailler beaucoup et longtemps. Weltfaust.





M. Ripley s'amuse