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Posted by Voyer on March 08, 1997 at 08:26:52
AM EST:
Depuis le 27 février, la société créée par Gérard Lebovici est en liquidation judiciaire. État des lieux d'une société sinistrée...
Sophie Dacbert.
AAA, c'est fini ! Après de longs mois d'inactivité, la société que dirigeait
Norbert Chalon a été contrainte de se déclarer en cessation de paiement le 10
février dernier auprès du greffe de Paris. Quinze jours plus tard, une
procédure de liquidation judiciaire était ouverte au niveau de la maison mère
Simar Films, sous patrimoine commun aux sociétés Selena Audiovisuel, SADP et
Soprofilms, dont AAA était la marque de distribution. Du coup, les treize
personnes qui constituaient l'équipe restante de AAA, en grande partie
attachées à la structure depuis sa création, ont été officiellement licenciées
économiques. Et si quatre d'entre elles ont vite réussi à offrir leur compétence
à d'autres sociétés de production et de distribution, toute l'équipe de AAA
n'en reste pas moins amère.
Une ardoise de plus de 30 MF
Et elle n'est pas la seule.
Car ils sont nombreux les créanciers de AAA, dont l'ardoise s'élèverait à 30
MF, au bas mot: outre l'équipe maison dont les salaires n'ont pas été versés
depuis décembre dernier, il y a tous les fournisseurs habituels des
distributeurs (laboratoires, afficheurs, régies publicitaires, etc...)
Une fin bien misérable pour une société qui a connu ses heures de gloire et
conservé une aura dans le monde du cinéma, bien après la mort en mars 1984 de
son créateur Gérard Lebovici. Celui-ci en avait fait l'une des sociétés les
plus prometteuses du paysage de la distribution dès son premier film, La Balance,de
Bob Swaim qui avait réalisé lors de sa sortie en 1982 plus de 4 millions
d'entrées France. AAA avait poursuivi son ascension au point de se hisser à la
première place du box-office distributeurs sur la saison 85-86, devant
Warner-Columbia, grâce à Trois hommes et un couffin de Coline Serreau
(plus de 10 millions d'entrées France), Highlander (5 millions
d'entrées) et Tenue de soirée.
En fait, il semble que c'est à partir de la reprise par le duo franco-canadien
(Malicom du côté français, société appartenant à Gilles Assouline qui se serait
ouverte au fil du temps à d'autres partenaires mystérieux, et Transfilm du côté
canadien), dernier propriétaire en date, que les choses ont pris une tournure
inquiétante. Car très vite, l'acquisition de films s'est faite rare pour ne
devenir qu'un vieux souvenir. " Apparemment, les repreneurs n'ont jamais
eu l'intention d'investir dans AAA, pour que persiste l'activité. Pourtant la
société était dans un état encore tout à fait correct lorsque Pierre-Alain Blum
l'a cédée à Gilles Assouline. Alors pourquoi les nouveaux propriétaires ont-ils
continué de faire croire dans l'avenir de AAA, si ce n'est pour spéculer sur le
nom de l'entreprise pour des raisons fiscales ? ", s'interroge un
observateur. Exsangue depuis de longs mois, AAA continuait pourtant à battre
pavillon et, en septembre dernier, son Pdg Norbert Chalon laissait envisager
encore une restructuration financière. Celle-ci n'a donc pas eu lieu. Et de
AAA, il ne reste rien aujourd'hui que des cendres.
(Le Film français, 31 mars 1995.)