ENTRETIEN 1/3


Posted by Doktor Weltfaust sur le Debord offon February 07, 2000

ENTRETIEN avec le Docteur Weltfaust.

- J.C. Herr Doktor Weltfaust, je vous remercie d'avoir accepté de me recevoir dans votre sympathique bunker. Je sais que vous êtes trés occupé et je ne vais donc pas vous importuner trop longtemps avec mes questions indiscrètes. Pour commencer, je vais vous demander - car nous autres les esthètes non-créatifs voulons en savoir plus - quelle est la signification de cette "panzermachine" que vous aviez insérée il y a quelque temps sur le forum Deboard ? Avouez que vous aviez piqué une petite crise de voyerite aiguë, comme le suggèrent plaisamment les révolutionnaires infiniment subversifs de l'O.T.

- Dr. W. Le texte "Panzerfaust" se suffit à lui-même. Les gens qui savent lirent ont parfaitement compris. Je n'ai donc rien à en dire de plus. Pour le reste, ma devise étant : "Que l'humanité se démerde sans moi.", je ne risquais pas d'avoir piqué quelque crise que ce soit.

- J.C. Soyons sérieux, Herr Doktor ! Dans votre "panzermachine" vous avez quand même insulté 27 fois en 3 pages les admirables angry young men de cet Observatoire de Téléologie incroyablement révolutionnaire, à ce qu'on dit ! N'est-ce pas un peu excessif, si j'ose dire ?

- Dr. W. Ces insultes étaient toutes sans exception, chacun a pu en être juge, fondées et argumentées.

- J.C. C'est vous qui le dites. Mais que pensez-vous alors de la puissante réponse que ces jeunes cons, dont la plupart sont plus vieux que vous, ont péniblement chié sur le forum cour des miracles Deboard ?

- Dr. W. Après trois jours de réflexion, les fonctionnaires présents de l'OT ont balancé sur ce site à 50 secondes d'intervalle deux réactions bien distinctes. Faisant ainsi sans le savoir l'illustration d'une forme particulièrement minable de dualisme, celle que pratiquent les défenseurs ou apprentis défenseurs de toute imposture qui vient d'être publiquement dénoncée.
A) La réaction officielle polie signée OT, où le bureaucrate de service faisait semblant de le prendre de haut et avec la langue de bois habituelle nous recrachait la ligne pure et dure du Politburo de la Téléologie. Sur 27 insultes, le bureaucrate en question n'en a commenté que deux : " intellos", il est tellement niais qu'il a cru que c'était un compliment et " bureaucrates " car là, il se sentait spécialement visé. Il s'est tu sur le reste et a fait semblant de parler d'autre chose car il lui était impossible de réfuter l'argumentation sur laquelle sont basées les 25 autres insultes, qui donc se trouvent par là authentifiées.
B) La réaction parallèle "nervi" signée n'importe quoi. Il s'agissait de lâcher l'ivrogne du coin qui allait tenter de me couvrir de ses crachats et de son vomi dégueulasse. Le kapo Kader ne sait pas encore que toute insulte non fondée est sans aucune portée et se retourne toujours contre celui qui la profère. Je suppose qu'il essaiera de faire mieux la prochaine fois. J'ai beaucoup ri avec la sourate de Hegel sur le mauvais infini qu'il ânonne très bien dans le texte, il fait ça presque aussi bien que le chien des Bidochon avec Kant. Je tiens à remercier ce tocard par avance pour ses futures réparties et plaisanteries, ça permettra de bien mesurer la différence de calibre - si l'on peut dire - entre eux et moi. Je recommande donc chaudement à quiconque la lecture de "Pas beaucoup de couilles par ici " et de l'impérissable "Ma nuit avec Papy Panzerfrust ".

- J.C. Ne soyez pas inutilement cruel. Ils n'ont pas votre culture infinie et votre vécu incroyable. C'était quand même normal qu'ils réagissent ainsi puisque vous leur avez tiré dessus sans sommation et que vous les avez traités de tous les noms.

-Dr W. Je reconnais que mon objectif en ce qui concerne cette officine n'est pas le dialogue ou la contradiction comme ils feignent stoïquement de le croire après avoir reçu 27 coups de pied au cul, mais bien l'anéantissement théorique pur et simple. Je suis certain de pouvoir y parvenir dans un délai raisonnable.

- J.C. Là, vous rêvez complètement, Herr Doktor. Vous oubliez que ces gringos sont des professionnels de la branlette théorique. Il va falloir sortir la grosse Bertha pour les dégommer définitivement. D'ailleurs tout le monde a bien vu, qu'à défaut de pouvoir réfuter votre subtile et "substantielle" argumentation, tant le cave que le morveux ont fait des efforts méritoires, ils ont essayé de la minimiser ou de la ridiculiser. Kolossale finesse !

- Dr. W. Ils ont essayé mais n'ont pas pu. Chacun a pu constater avec quelle touchante obstination les deux fétichistes se sont frénétiquement agrippés à leur dada anti-infinitiste et même ont essayé de se justifier. On apprend maintenant, après 10 ans de petite branlette semi-quantitative, qu'il avait toujours été question pour eux " bien sûr " d'infinité qualitative. Faire cette simple distinction ne leur était jamais venu à l'esprit. Et pour cause, elle est la ruine instantanée de leur dérisoire discours. Que reste-t-il de cet épouvantail honni, si on n'en considère que l'aspect qualitatif ? Je pose la question, en toute innocence. A noter enfin que tant le bureaucrate que le nervi sont totalement obsédé par leur Obergourou, et dans leur risible paranoïa croient le reconnaitre et le débusquer derrière la signature de tout message hostile dénotant un Q.I. supérieur à 50. Ils étaient méprisables, après ça ils me font pitié.

- J.C. Vous faites allusion - je suppose - au fait que même maintenant, deux mois après, ils s'imaginent que Voyer aurait pu être l'auteur de "Panzerfaust".

- Dr. W. Tout a fait. C'est me faire involontairement beaucoup d'honneur que d'imaginer que Voyer ait pu être l'auteur de mon texte. C'est insulter grossièrement Voyer et se ridiculiser pour l'éternité que de supposer qu'il ait pu sous un pseudonyme quelconque et dans un même élan faire l'éloge de sa personne et de sa théorie et jeter aux orties la communication comme principe du monde. Après une réaction aussi consternante, j'ai estimé que l'objectif de " Panzerfaust " était atteint et je l'ai dit dans "Salut les eunuques ! ". Je précise pour les incontinents de l'O.T. qu'il s'agit là de mes deux seules interventions sur ce forum.

- J.C.Oui, mais alors qu'est-ce qui vous décide, maintenant, à réapparaître sur ce forum ?

- Dr. W. Lisez et vous le verrez bien. Disons que comme le célèbre agitateur Jacques Dutronc, j'ai décidé de faire ma propre publicité.

- J.C. Vous m'en direz tant ! Mais pourquoi alors s'acharner sur Abracadabra et ses copains ? Ce sont de simples artistes incompris et puis il y a des abrutis et des prétentieux de la même espèce qui sont pire qu'eux ! Pourquoi tant de haine, mon cher Papa Schultz ?

- Dr W. Le sort de la partie en cours se joue pour le moment entiérement au niveau de la " théorie ". Il peut y avoir 36650 émeutes par an, ça ne changera rien à la situation et ça ne fera pas avancer la solution du problème d'un pouce. Comme toujours, tout va se jouer dans la tête de quelques personnes averties et instruites qui seront capables - ou pas - de tout comprendre et de tout dire. Jusqu'à preuve du contraire, cette totalité - insuffisamment comprise et dite - est en partie contenue dans la théorie contemporaine de Voyer. En ce sens, la critique de Voyer, bien que n'étant pas en soi la critique totale et définitive dont je parle, est un moment nécessaire de celle-ci. Et d'ailleurs ....

- J.C. Excusez-moi de vous interrompre, mais ce que vous dites est proprement blasphèmatoire, voire ridicule ! Imaginez les spasmes de mépris et de joie malsaine qui vont secouer certains néo-journalistes radicaux spécialistes des émeutes faites par d'autres. Songez au dégoût que vous allez inspirer à certains dévôts qui collectionnent comme de puissants gris-gris certaines coupures de presse. Ne voyez-vous pas que tout est lié ? Il y a des émeutes, un négatif pratique à l'oeuvre et il y a la théorie de ces émeutes ou mieux cette même négativité qui envahit la théorie elle-même. Je vous avertis et je vous en conjure, Herr Doktor, si vous persistez dans cette voie de garage complétement solipsiste, c'est sûr que l'humanité va continuer à se démerder sans vous, comme elle l'a fait jusqu'à maintenant !

- Dr. W. Vous dissociez théorie et pratique comme huile et eau ! Ce sont de vieilles vessies usées, directement héritées de Marx et que chaque génération depuis essaie maladroitement de critiquer mais continue à utiliser faute de mieux. Personne ne comprend rien au moment actuel. De toute façon, les meilleurs dans la " théorie" sont les meilleurs dans la " pratique ", je sais de quoi je parle. Les tenants de la pratique sans théorie sont des trous du culs acéphales. Malheur aux vaincus ! Voilà tout. La substance humaine est un fleuve majestueux qui est totalement indifférent, pour l'instant, à la nature des roues qu'il fait tourner. N'oubliez pas aussi que nous sommes tous des individualisations de cette substance. Tout est lié, mais pas de la façon que vous pensez.

- J.C. C'est cela, oui. Vous êtes pire que ces connards de néo-téléologues, ma parole ! Vous avez tout compris et les autres rien. Cada loco con su tema. Chacun son dada.

- Dr. W. Je ne cherche pas à vous convaincre, ni à discuter avec personne. Je ne fais pas comme les néo-connards : " Voici ma question centrale que c'est moi que je l'ai posée en premier ". Je me démerde trés bien tout seul. Je n'ai rien à reprocher à aucun émeutier ni à aucune tentative théorique, pourvu qu'elle soit et reste de bonne foi.Chacun fait ce qu'il peut avec ce qu'il a. Je n'ai parlé de ces messieurs de l'O.T. que parce qu'ils prétendaient mensongèrement avoir critiqué la théorie de Voyer et qu'en plus ils l'insultaient à tort, et que personne dans ce foutu forum - à part le hardi Cojonel Bueno - ne daignait flanquer à ces cabrones les coups de pied au cul qu'ils ont amplement mérités. Ce que je reproche à Abracadabra, ainsi qu'aux arbeitsunfähig de l'ex-Bibliothèque des Eunuques aussi aberrants puissent-ils devenir, c'est seulement de ne pas être à la hauteur de leurs prétentions.

- J.C. Bon, peut-être. Mais tout ça, c'est du blabla. Il n'empêche qu' il y quand même cette putain de falsification ! L'affreux Karl von Nicht n'a pas publié la deuxième lettre du gentil et poli Abracadabra dans laquelle il trouait le cul de Voyer à ce qu'il raconte. C'est un fait que vous ne pouvez pas réfuter, car les faits sont irréfutables précisément. Là, vous êtes bel et bien coincés tous tant que vous êtes. Avouez-le !

- Dr. W. D'abord, cette affaire ne me concerne pas directement, mais c'est sûr il est impossible de la considérer comme une querelle privée. J'avais lu tout cela en 1992, bien avant que j'apprenne l'existence du fameux recueil sur " L'Imbécile de Paris " qui a été pour les eunuques une occasion de hurler à la falsification post festum. Il s'agit d'une accusation particulièrement vicieuse qui était un élément nécessaire à la démonstration du fait qu'il y avait eu critique effective de la théorie de Voyer. Or, il n'y a pas eu critique de Voyer, mais double branlette d'un scribouillard impuissant et insolent. De l'autre côté, il y a eu peut-être de la part de Voyer mépris total face à cette deuxième lettre dans laquelle Abracadabra se repaluchait de plus belle avec sa communication finie à finir au plus vite. On a vu que là, effectivement la communication a été très vite finie. De toute façon, il faut bien que vous compreniez que je ne cherche pas à défendre Voyer ni même Von Nicht dans cette affaire. Les correspondances Voyer/Abracadabra et Von Nicht / Von eunuques sont disponibles sur ce forum, qui a au moins ainsi une utilité. Grâce à la diligence des néo-connards, chacun peut juger de la terrible falsification dont ils ont été victimes et en quoi tout cela montre l'ignominie de Voyer et la puissance dévastatrice de la prose eunuquienne.

- J.C. Ne persiflez pas, Herr Doktor. Dites- moi plutôt, vous qui avez compris la substance humaine et tout le reste - de omni re scibili, et quibusdam aliis, j'ai trouvé votre vraie devise - comment vous interprétez ce surprenant comportement de Voyer ?

-Dr. W. Vous tenez vraiment à le savoir ? Ce n'est pas bien compliqué ! Il faudrait que les groupies arrêtent de faire chier les génies. On travaille, nous ! Si vous avez une critique à faire, faites-là et publiez-la et ne venez pas nous emmerder avec vos chiures de mouche inachevées ou non abouties. Quand on est con, il faut éviter de réfléchir à haute voix. Tout le problème est là. Pour l'instant, Voyer fait partie des trois ou quatre personnes vivantes qui peuvent se permettrent de réfléchir à haute voix sans être instantanémment ridicules. Et ne venez pas me ressortir la vessie habituelle du "débat du monde sur le monde". C'est de la foutaise ! Regardez un peu le monde et l'histoire !
On comprend parfaitement pourquoi Voyer parle de préhistoire. Toutes les avancées théorico-pratiques majeures ont été le fait de quelques rares individus qui ont réussi à s'abstraire du jacassement ambiant et à laisser parler l'Esprit en eux. En ce qui me concerne, et ce n'est pas pour me vanter, je ne discute qu'avec des morts : messieurs Hegel, Spinoza et quelques autres, triés sur le volet. Ils sont plus vivants que 1000 millions de chinois ou que trois panzerdivisionen de néo-téléologues. Et ne me parlez pas des albanais ou, tiens donc, des iraniens, vous me feriez plaisir !

- J.C. N'importe quoi ! Là, monsieur le génie nécrophile, vous me décevez. C'est tout ce que vous avez trouvé pour justifier ce comportement ! A moins qu'il ne s'agisse d'une provocation ? C'est ce fameux humour ironique ! Attention, le nervi Kader Rouillé Samère va vous emplafonner, mon pauvre petit Papa Schultz ! De plus, votre conception cyniquement élitiste du travail théorique est proprement scandaleuse !

- Dr. W. Mais elle est vraie. Les choses se passent toujours ainsi. Je pense que pour le reste, le kapo Kader va longuement sucer son stylo et se faire aider par tous ses petits copains de la néo-Scientologie avant de tenter de répondre quoi que ce soit qui tienne la route face à ce que je viens de dire et à la suite car je suis loin d'en avoir fini, croyez-moi .

- J.C. Néo-Scientologie, encore une calomnie ! Là, vous exagérez. Retirez ça immédiatement.

- Dr. W. D'accord, je retire. C'était juste parce que ça rimait. En réalité, je pensais aux témoins de Jéhova qui viennent vous faire chier à domicile, avec leur fin du monde qui approche, et qui restent imperturbables face aux injures et aux portes claquées aux nez. Ils sont tellement persuadés de la véracité du message dont ils sont porteurs qu'ils finissent par en être touchants.

- J.C. Bon, Herr Doktor, vous allez arrêter de déconner maintenant. Vous allez étayer vos raisonnements car je ne me contenterai plus de vos assertions, aussi brillantes soient-elles.

- Dr W. Effectivement, je vais étayer. Le tort de Voyer - si l'on peut dire - est que sa théorie est insuffisante et donc en un sens "fausse". Il en est conscient et l'a exprimé à plusieurs reprises dans ses écrits successifs. J'ai tenté d'expliquer succinctement la chose dans "Panzerfaust". Pour moi la question posée est celle de la critique de la théorie en général. C'est un peu comme pour Marx, selon lui l'économie est bien la réalité du monde mais la conception bourgeoise de l'économie est fausse...

- J.C. Excusez-moi de vous interrompre en pleine envolée lyrique mais - je rêve ou quoi, là - je ne vois pas le rapport que tout ça a avec cette falsification ignoble ! Vous cherchez à m'embrouiller et à m'endormir. Hein, Herr Doktor de mes deux ? Voyer enculé ! Voyer falsificateur ! Weltfaust complice ! Weltfaust démission !

- Dr. W. Bon, écoute-moi Bamboula ! Tu vas te calmer et tu vas me laisser finir mes phrases. Porter une accusation de ce genre est facile parce que le gentil Karl von Nicht s'est effectivement piégé tout seul, mais de là à affirmer que le méchant Voyer a commandité tout cela, il y a un sacré pas que seuls les tartuffes de la néo-téléologie ont franchi sans aucun scrupule. Mon objectif précis, ici, est la destruction totale des néo-connards du Saint-Office de l'antivoyerisme débile.

- J.C. Ce n'est pas ce que vous disiez dans votre "panzermachine" pourrie! Vous faisiez semblant de les mépriser, de les considérer comme un simple support inessentiel vous servant à cirer les pompes de votre chouchou, alors que vous les insultiez 27 fois quand même. Excusez du peu, comme dirait l'autre ! Vous ne seriez pas un provoyeriste de la pire espèce, des fois ? Un " homme-sandwich " de la théorie de Voyer, putain ! ça c'est bien trouvé ! Pas vrai, Herr machin chose ?

- Dr. W. Comme il est facile d'être de mauvaise foi ! Comme il faut de la patience avec les perroquets, les mal comprenants et les jobards ! C'est pour ça que la préhistoire humaine dure depuis si longtemps. C'est une constante universelle supplémentaire méconnue. Il y a G la constante newtonienne, k celle de Boltzmann, h celle de Planck et c celle de Einstein. Il manque d qui est la constante débilité, quasi génétique, avec laquelle les misérables créatures que vous êtes - à qui ont été donné gratuitement la conscience, la parole et la puissance d'abstraction - se satisfont de raisonnements superficiels et d'explications qui ne sont pas des explications. Je vais donc répéter. En cela, je ressemble à Voyer qui répète depuis 20 ans mais rassurez-vous je ne suis pas Voyer.

- J.C. Hum ! Il y a quelques retardataires qui doutent encore ! Bon, allez-y, ne faites pas attention à moi !

- Dr. W. Pour moi, l'objectif final est la critique et le dépassement de ce que j'appelle le dualisme et dont la théorie de Voyer est la forme ultime intenable. Il est donc impératif que je nettoie le terrain de toutes les ordures qui traînent à droite et à gauche pour bien cibler cette théorie qui est une des choses à abattre. Bien sûr le véritable nettoyage aura lieu positivement quand sera rendue publique cette critique. Pour l'instant, je fais donc dans le négatif pur, en réduisant en charpie les charlatans de la néo-machinchose. Pourquoi Abracadabra seulement ? Pourquoi eux seulement ? Parce qu'ils sont les seuls à prétendre avoir critiqué Voyer. Or, moi qui suis un spécialiste de la question, je sais pertinemment que leur critique est nulle et non avenue. Ils en prennent donc plein la tronche pour pas un rond. La théorie c'est travailler beaucoup, mais on rigole quand même un peu de temps en temps.

- J.C. D'accord, Herr Doktor, je veux bien vous croire. Mais, faites-moi plaisir, mettez-vous une petite seconde à la place de Abracadabra et de ses co-rédacteurs et dites-moi, vous le génie supplémentaire méconnu, comment vous auriez réagi dans cette affaire. Permettez que je résume les faits, rien que les faits. Vous écrivez le 23 juin 1991 à l'Oberbouana Voyer, qui se pavane dans les pages du torchon "L'Imbécile de Paris" de ce même mois de juin 1991 au milieu d'une brochette de momies ex-gauchistes. Dans cette lettre, vous mettez sincérement en question tout ou partie de cette théorie qui, reconnaissons-le, est figée depuis 1982 et que personne, jamais, ne s'est risqué à commenter ou à critiquer un tant soit peu. Votre lettre est publiée dans l'Imbécile suivant, le 5 septembre 1991, avec des intertitres qui ne sont pas de vous. Dans ce même numéro vous prenez connaissance de la réaction de Voyer qui répond publiquement par une lettre, dépouvue d'intertitres, datée du 28 juin et que bien sûr vous n'avez jamais reçue. Est-ce que jusque là, vous me suivez ? Est-ce que vous avez déjà un commentaire à faire ?

- Dr. W. Je vous suis très bien. Bien que je ne sois pas Abracadabra et qu'il ne me serait jamais venu à l'esprit d'apostropher Voyer avec ce genre de questions, puisque je suis réfractaire au dada anti-infinitiste, je reconnais cependant que le coup des intertitres, des dates et de la réponse indirecte ne m'aurait pas trop plu. Mais, bon on ne va pas en faire un fromage !

- J.C. Je vous remercie de ce commentaire. Je continue donc. La réponse publique de Voyer ne vous ayant pas satisfait, je passe sur le coup pas trop plaisant - c'est vous qui l'avez dit - des intertitres et des dates, vous lui écrivez à nouveau en lui rentrant dans le lard cette fois-ci, toujours très poliment, et en insistant sur les point litigieux ou incohérents de sa théorie. Vous me suivez toujours ?

- Dr. W. Je vous suis.

- J.C. Je vois que là, vous êtes moins bavard, hein, Herr Machin ? Bon, je continue. Et donc là, mystère et boulle de gomme, Voyer reste muet comme une tombe. Vous le relancez et Oberchochotte vous répond maladroitement qu'il ne veut plus vous répondre et que si vous continuer à le harceler, il en concluera que vous êtes un oppresseur.
Avouez qu'il n'y a plus là de quoi pousser 27 Heil Hegel consécutifs ! C'est Oberrézina! Déroute totale la queue entre les jambes, une main devant et une main derrière. Alors, qu'est-ce que vous en dites Herr génie des alpages ?

- Dr. W. Je connaissais parfaitement la chose grâce à l'exposition complète des faits publiée dans le Bulletin n° 4 de la BE. Je n'avais à l'époque pas été surpris par cette " limite de conversation ", puisqu'au même moment dans mon bunker laboratoire, j'étais en train de commencer à fabriquer une critique critique qui " passait très au dessus" ( ça leur a plu) de l'un et l'autre des protagonistes. Evidemment, tout ça prend du temps. Je ne déséspère pas d'y arriver bientôt. Prochainement, j'en dirai plus.

- J.C. Comme disait l'autre. Bon, je vous remercie pour " exposition complète des faits", vous auriez pu rajouter " exposition honnête " sans que ça vous arrache la gueule ! Je vois que là, vous êtes beaucoup moins insultant que d'habitude avec vos " bêtes noires " de la BE. Trés bien, et maintenant quelle conclusion en auriez vous tiré si vous aviez été à la place d'Abracadabra ?

- Dr. W. Si vous permettez, je préfère ne pas me mettre à sa place. Chacun son destin. De même que Voyer dit ne pas comprendre la dernière partie de la première lettre et est supposé - dans le scénario eunuquien - refuser le débat avec Abracadabra Seulement, de même celui-ci déjà gravement atteint par l'anti-infinitisme spongiforme ne comprend pas " l'incompréhension " de Voyer. Voyer est enfermé dans son univers théorique dont la clé de voute est l'affirmation de la communication en tant que principe du monde, avec tout ce qu'une telle affirmation implique théoriquement. Les gens de la BE, au lieu de l'attaquer frontalement - non pas bien sûr sur l'économie, comme le demandait Voyer, mais sur le dogme voyeriste central qui est la communication elle-même - le gratouillent et le chatouillent sur des points de détails internes au concept de communication, notamment l'infinitité quantitative, le présumé caractère "éternel" de la communication et de son contenu : la division " infinie " du travail.

- J.C. Attendez, Herr Doktor ! Moi aussi j'ai lu les écrits des bibliothècaires. J'en ai gardé l'impression qu'ils remettaient totalement en cause, de "fond en comble", le concept de communication. Il ne faudrait pas que vous caricaturiez leur démarche. Soyez plus précis, n'oubliez pas que de nombreuses personnes vont nous lire et que la moindre faute de raisonnement ou de logique vous sera reprochée sans aucun ménagement.

- Dr. W. J'en suis parfaitement conscient, mon cher. Je ne veux pas jouer au Debord bis mais cet entretien n'intéresse directement qu'une petite centaine de personnes qui, je suppose, ont toutes les pièces du dossier à portée de main ou chargées en mémoire vive. Quand je dis que les eunuques ne critiquent pas effectivement la théorie de Voyer, ce n'est pas une parole en l'air et j'invite quiconque à se prononcer par lui-même - si l'on peut dire - sur ce point. Donc, ce que je retiens c'est qu'ils secouent le concept de communication comme un sac à merde, si vous y tenez, mais qu'en fin de compte celui-ci reste intact. La seule " nouveauté " étant la négation et le rejet de sa supposée infinité temporelle et donc l'exigence d'une fin aussi pour la communication. Là, du coup, Voyer ne veut plus suivre et coupe court, parce qu'il a peut-être l'impression qu'il est tombé sur une bande d'illuminés .

- J.C. Damned, c'est bien ce que je disais ! Les néo-téléologues ont donc raison ! Le point de vue absolument radical qu'ils ont mis à jour bien qu' ils n'aient toujours pas "fini" de le formuler, mais cela ne saurait tarder maintenant, est tellement en rupture avec les pensées communément admises que même un "cerveau" comme Voyer est resté muet et en état de catalepsie devant cette ouverture béante pratiquée dans les soubassements de l'entendement humain. Les autres imbéciles ayant été en contact avec cet "oeil du cyclone" de la théorie critique ne peuvent que chercher à le nier et à le combattre parce qu'il est la négation instantanée de leur petite vision figée des choses et qu'il leur inspire le sentiment prémonitoire terrifiant de la dissolution prochaine de toutes leurs certitudes aussi confortables qu'étriquées.

- Dr. W. Ne me faites pas rire, j'ai la lèvre supérieure gercée. Mon cher ami, épargnez-moi à l'avenir ce genre de ridicule panégyrique. Quand les néo-téléologues seront tous morts, et nous tous aussi par la même occasion, on parlera encore de Voyer. Et on ne parlera des néo-téléologues qu'indirectement et seulement parce que moi, Docteur Weltfaust, j'ai parlé d'eux dans ce mémorable entretien.

- J.C. Oui, c'est facile à dire, c'est du pur Voyer de bas étage. Comment se fait-il alors que dans ce forum poubelle tout le monde leur crache dessus et essaie de leur foutre des bâtons dans les trous ? Alors qu' ils apportent la contradiction ! Ils veulent simplement établir un dialogue avec ceux qui pourront être à la hauteur et ce faisant ils dérangent l'ignoble conformisme ambiant. C'est en quelque sorte la preuve qu'ils sont des artistes incompris, des génies en avance sur leur temps. Je vous rappelle qu'avant leur arrivée sur ce forum poubelle le débat avait lieu entre l'arrière-garde des schtroumpfs crypto-debordistes et le chevalier blanc Voyer, en personne, qui pourfendait allègrement et à tour de bras cette piétaille retardataire. Depuis, les choses ont un peu changé, il me semble.

- Dr. W. C'est tellement facile ! Les misérables middle-class voyeuristes qui hantent ce forum chiotte ne seraient donc que des connards, des grabataires ou des débiles mentaux. Et les modestes et fiers eunuques seraient les futurs champions de la critique critique. Ou bien, sinon quoi ? Entre-temps, l'intrépide Dr Weltfaust est venu balancer un coup de panzerfaust dans ce putain de forum merdeux. Il me semble avoir commencé à répondre à la question de la critique et du dépassement de Voyer, que les eunuques esquivent en dénigrant quiconque se refuse à enfourcher leur dada anti-infinitiste. Je vous rappelle que pour la première fois a été dit que la communication, infinie ou pas, n'est pas le principe du monde. Je vous rappelle que les autistes de l'OT on été incapables de répondre sur le fond trois lignes qui tiennent debout face à mon " Panzerfaust " qui est pourtant un texte polémique volontairement léger. Je n'y dévoile aucune de mes puissantes batteries critiques, si ce n'est par simple allusion.

- J.C. La communication ne serait pas le principe du monde ???? N'importe quoi ! Vous êtes encore plus nul que les émeutophiles de bibliothèque. Vous vous prenez pour Napoléon, ou pour Hegel ?

- Dr.W. Oui, je me doute, que cela a du en choquer plus d'un. Même les antivoyeristes crasseux que sont les néo-téléologues ont été outrés par le propos. D'ailleurs on commence à assister au ralliement de toute la racaille des orphelins du situationnisme pépère, et pas seulement sur ce forum. Après 25 ans de silence hostile, Debord étant devenu infréquentable et obsolète, il est de bon ton de parler de la communication et de son "aliénation", ça me fait doucement rigoler. On pourrait imaginer que les néo-téléologues ont été créés de toute pièce pour servir de commode repoussoir, du fait de la consternante connerie de leur projet, et précipiter tout ceux qui se prétendent "radicaux" ou allons donc "révolutionnaires" dans les bras de Voyer. Je plaisante, bien sûr.

- J.C. Je me bouche les oreilles, je ne veux rien entendre de tout ça. Et puis, excusez-moi de vous ramener à la pénible réalité des choses, mais votre minuscule coup de panzermachine est passé complétement inaperçu, pauvre petit docteur de mes deux ! Tout le monde s'en fout de ce que vos pauvres mains racontent. Et puis 2 mois, à la vitesse où roulent ces champions de l'aufhebenologie motorisée c'est du passé archipassé. En attendant, j'en conclus que vous gardez une partie de vos petits bricolages théoriques à vous bien au chaud ! Je vous vois venir. Thèse, antithèse, synthèse. Vous aussi, vous êtes d'une prétention, je dirai même d'un égotisme, à peine supportable. C'est bien connu, la lecture superficielle de Hegel donne de l'esprit même à ceux qui n'en ont pas. Ecoutez-moi, après tout ça vous avez intérêt à assurer et à concrétiser. C'est pour votre bien que je dis ça. Sinon, c'est le lynchage assurée, la damnation et la honte totale ! Bon, maintenant, dites-moi ce qui vous déplait dans cette question sur la fin de tout, l'exigence ou le projet de tout finir. Ou encore dans le rejet pur et simple de l'infini, la dénonciation de cette croyance en tant que vessie retardataire servant à empêcher le passage à l'acte et à la vérification. Quelle fin ?

FIN DE LA PREMIERE PARTIE DE L'ENTRETIEN.




M. Ripley s'amuse