JE VOUS AI COMPRIS


Posted by Doktor Weltfaust sur le Debord off on June 30, 2000


JE VOUS AI COMPRIS. Doktor Weltfaust.

Réponse à Mr. F.C. qui demandait aimablement si le Dr. Weltfaust avait des couilles.

1) Cher monsieur F.C. ce n'est pas pour vous que je dis ça : certains nostalgiques veulent encore du spectacle, malgré tout ce qu’ont pu en écrire l’inventeur et ensuite le pourfendeur de la chose. Je les ai compris et donc je vais leur en donner. Après avoir pris soin de lire toutes vos interventions sur ce forum, j’en conclu que vous ne le faites pas exprès et donc que vous êtes de bonne foi. Ce qui est une qualité rare, par les temps qui courent.
En plus, vous faites appel à mon " aimabilité " comme on dit dans le 93, je suis donc obligé de " cumplir " comme on dit en Castilla-La Mancha. Etant très occupé, avec mon fidèle assistant Jackie Chan, à la fabrication d’une sorte de " super-panzerfaust " de deuxième génération ( ce que vous savez si vous avez pris la peine de lire mon " Entretien " ), vous comprendrez et excuserez - je l’espère - ma lenteur à vous répondre. L’accord avec soi-même est bien plus important que la soif de reconnaissance, qui - Shri Aurobindo ne raconte pas que des conneries - est vraiment ridicule quand on y songe.

2) " Développé en 1942 par H. Langweiter, le Panzerfaust est une arme de combat anti-char à courte portée. Le premier modèle pouvait être employé à une distance maximale de 30 m ! Ce qui signifiait pour son servant une certaine dose de sang-froid ... Par la suite, on développa des modèles pouvant être employés jusqu'à 80 m. (...) La version initiale ( Panzerfaust 30 ) tirait une roquette à charge creuse propulsée à une vitesse initiale de 30 m/s et capable de perforer 140 mm d’acier. Avec la version suivante ( Panzerfaust 60 ) la vitesse initiale atteignait 45 m/s et la capacité de perforation était porté à 200 mm. " Extrait de CIBLE, le n°1 des revues d’armes et de tir, que je recommande à quiconque. Eux au moins n’écrivent pas pour ne rien dire.

3) J’avais parlé ailleurs de la stupidité du langage machiste. Quand on a un petit panzerfaust, cela signifie pour son servant qu'il doit avoir des couilles. Mais quand on a un superpanzerfaust, la question ne se pose plus ainsi.
Aujourd’hui c’est shabbat pour les théoriciens substansu donc, cher monsieur F.C. je " profite de cette communication " (comme a dit " Qui vous savez " ) pour faire à l’intention de mes ouailles quelques disgressions sur les attributs masculins qui seront comme une première réponse indirecte à la question-sommation que vous m’aviez posée. Cela intéressera certainement Cécile et peut être même Sylviane et Arielle, qui comme tant d’autres doivent lire ce forum branché entre tous. Pensez, ma chère ! Il y a la crème des debordistes, des pro-situs et même des néo-pro-situs. Le salonnard Sollers l’a bien compris, lui. En plus : de temps en temps " Le sturmer décadent " daigne y apparaître en personne, armé de son glaive vengeur, pour y perforer, en direct live, la cuirasse de Debord et exploser la tronche des derniers grognards du dernier carré prositu. Il en a le droit, puisque 20 ans après, il y a encore des imbéciles ou des ignorants pour faire comme s’il n’avait rien critiqué et il est le seul qui ait le droit d’insulter Debord parce qu’il est le premier à avoir essayé de le critiquer ( après, c’est tellement facile ! ) et qu’il s’est quand même pris, à cause de ça, un coup de poignard lebovicieux dans le dos en 1978. C’est peut-être de l’histoire ancienne, mais quand même ! Souviens-toi, la putain de ta race, du vase de Soissons !

4) A propos des couilles et de la bite, qui précisons-le ne sont pas pour moi des attributs homologués de la substance universelle.
a) Le caractère bandant de la critique critique.
Dans son " Précis de récupération ", le regretté Jaime S. avait cité Lichtenberg qui parlait d’un homme ressentant, chaque fois qu’il fabriquait une critique, de violentes érections.
Si cela existe, déjà il ne faut pas que l’instrument ait des proportions déraisonnables, c’est le cas de le dire, car c’est autant de sang qui n’arrive plus au cerveau, et un cerveau mal irrigué ne peut rien donner de bon, on en conviendra, surtout en matière de critique, art difficile entre tous. En déduire alors que la puissance d’une critique est une fonction inverse des dimensions de l’instrument dont la nature a pourvu l’auteur de cette critique serait certainement une inférence abusive et un commode alibi qu’utiliseraient tous les petits machos de mes deux qui n’ont jamais rien su critiquer. En plus, avec ce genre d’humour balourd, on circonscrit (si l’on peut dire ainsi ) le débat critique à l’intérieur de la moitié masculine de notre singulière espèce et cela explique en partie que certains puissent ensuite se laisser aller à de surprenantes considérations prépuciéres. On comprend facilement alors que l’autre moitié féminine exclue de l’effectif total de l’humanité critique ne puisse juger tout cela qu’avec sévérité, consternation et agacement.

b) Les couilles ou cojones ou balls.
Là aussi, au sens propre il vaut mieux être dans un juste milieu. Et je ferai bref en disant, comme le regretté Rafael P. que les hispanophones savent faire la distinction entre un capon et un huevon. Ils savent faire aussi d’autres distinctions, inédites. Un des rares survivants de la collectivité aragonaise de Calanda, réprimée par les staliniens et massacrée ensuite par les franquistes, a fini par penser que tout est un " problème de conscience sociale et de formation ". C'est banal, mais Reich disait cela aussi. Le caractère n’est donc pas un effet de la valeur mais tout aussi bien l’inverse. N'en déplaise à l’auteur de " Reich, mode d`emploi ", c’est une vraie circularité. Inruinable. Même lors des tremblements de terre ou des pannes d’électricité. C’est la raison pour laquelle cette misérable préhistoire n’en finit pas de finir et qu’il a pu, par exemple, s’écouler 29 ans sans que personne ne sache rien faire de ce qu’il avait écrit et qui pourtant n’était pas rien.

5) La révolution était belle du temps de Durruti parce que ceux qui allaient mourir à Madrid ou à Belchite étaient totalement "désintéressés ". Ils avaient pourtant du caractère. Mais pour eux, la valeur avait gardé sa première signification, strictement individuelle. Ce qui ne les empêchaient pas de bien faire la distinction entre les collectivistes et les "individualistes", qu’ils méprisaient. Il y en a eu d’autres depuis, presque partout ailleurs dans le vaste monde. Ils ont préféré, eux aussi et comme tant d’autres dans les siècles des siècles, se faire tuer sur place plutôt que de prendre, comme n’importe quel petit boutiquier ou employé de bureau apeuré, cette ridicule histoire de hiérarchie divine et de valeur marchande au sérieux. Il arrive, mais c’est du cinéma, que les méchants soient punis. A la fin de "Vera Cruz" ( version française ), si vous vous souvenez, le valeureux Gary Cooper dit au vilain Burt Lancaster, quelques secondes avant de le flinguer à la loyale, qu’il n’aurait pas dû prendre l’histoire de Gégéne au sérieux.
Tout cela n’est effectivement pas sérieux mais tout le monde continue à faire semblant. Comment faire autrement, n’est-ce pas ? Pourtant, le monde est toujours et plus que jamais à la merci d’une indiscrétion. Ce n’est pas moi qui ai eu cette idée géniale.

6) Cette fierté tranchante qui est en même temps toujours reconnaissance de l’autre ( homme ou femme, Colonne de Fer ou pas Colonne de Fer) et dont savait encore parler Orwell et un peu aussi Debord, serait en voie de disparition. Il n’y aurait plus d’individus valeureux parce qu’il n’y aurait plus d’individus tout court. Même le sturmer Voyer, qui pourtant avait écrit que la production du genre étant achevée, celle de l’individu était imminente, nous parle maintenant de " prétendus individus de la société moderne ". Où que se pose mon regard, je ne vois que des individus, évidemment certains sont dans un triste état, mais ce sont quand même des individus. Simplement, le genre d’opération qu’ils effectuent, et qui les auto-constitue en tant que tel, n’est pas encore tout à fait humain. Personne ne les oblige à faire ainsi ( si, quand même un peu ) mais les peuples s'aperçoivent qu'ils sont las quelques temps avant que de savoir pourquoi ils le sont. Je n’insiste pas davantage. Marcuse n’était qu’un malheureux universitaire fatigué et l’individu est tridimensionnel, comme je l’ai dit ailleurs. Ce n’est pas si difficile que ça à comprendre. La théorie de la publicité n’a pas eu la publicité et donc la critique qu’elle méritait. L’époque - une telle chose est-elle possible ? - avait produit un auteur mais pas ses lecteurs.

7) On n’est pas au café du Commerce bien sûr, mais il y a quand même 1 milliard de chinois et 1 milliard d’hindous, excusez du peu comme dirait celui dont je suis en train de copier sciemment le style. Ca complique un peu la donne. En plus il y a les blacks et les muslims ( là, on a une sacrée conscience sociale et une sacrée formation ). On n’est pas encore sorti de l’auberge, nous autres les petits blancs. Et oui ! Il a encore raison : le Volksgeist - ce qu’il en reste en tant que repli tactique vers un sentiment d’appartenance et une identité ethnico-religieuse hâtivement bricolés et que vient pilonner l’universalité négative du Coca Cola et de l’U.S. Air Force - a encore de beaux jours devant lui. De toute façon, là où règne encore la jobardise masculine, magnifiée dans le langage de tous les jours, ne peuvent resurgir du néant de la raison endormie, que la stupidité hiérarchique archaïque et le dégoûtant trafic à l’ancienne. Comme en Albanie, comme en Somalie. Ce sont des exemples, pris au hasard. To the happy few, comme disait machin. C’est hors sujet et puis je plaisante bien sûr. C’est shabbat. Il y a des peuples endormis et d’autres qui sont en train de dormir. Les hispanophones savent aussi faire la distinction entre estar dormido et estar dormiendo, car estar jodido n’est pas la même chose que estar jodiendo. C'est Don Camilo (un autre) qui disait cela.

8) Tout le monde sait ce que veut dire " avoir des couilles " ou " être un con " au sens figuré.
Ce sont des expressions tellement bêtes, quand on y pense ! On peut être un porteur de couilles et être un con. On peut aussi ne pas être une conne et donc avoir des couilles. Tout cela est très français, n’est-ce pas ?
Monsieur F.C. vous m’avez compris, en ne vous répondant pas à la lettre, ce n’est pas seulement à vous que je réponds. De même que " les situationnistes erraient dans Paris en enfants perdus " ( si vous avez lu Mac Orlan, dont Debord avait largement copié le style, vous devriez connaître le sens de cette expression ) vous errez, comme tant d’autres, dans la théorie de Voyer et vous faites ainsi partie d’une petite troupe sacrifiée aux avant-postes d’une terrible bataille dont elle ignore l’enjeu et l'issue. De toute façon, les autres qui errent dans la vie de tous les jours, avec ou sans théorie, mourront aussi. Il y a une justice.
Vous me demandiez aimablement de répondre à une question qui est cependant d’ordre strictement personnel. Je constate que vous vous obstinez et vous ingéniez à ne pas vouloir comprendre ce que dit Voyer. Toute votre énergie est employée à neutraliser ce qu’il pourrait y avoir de déflagrant dans la théorie de Voyer. Je ne puis donc vous être d’aucune aide. La théorie de Voyer contient des contradictions et a certainement des limites mais comme de nombreux autres, vous ne vous remettez jamais en question, vous lui reprochez seulement ce qui est le résultat de vos propres limitations. Voyer serait donc un imbécile. Complètement décadent, à ce qu'il paraît. Il raconte n’importe quoi, tout et son contraire. Il aurait même dit - quel con ce Voyer, quand même ! - que la communication est éternelle, en plus il ne cesse de vous foudroyer de ses oukases sommaires et de vous prendre pour un béni-oui-oui. Je n’ai pas inventé cela. Vous ne le faites pas exprès, j’en suis sûr et je n’ai donc rien à vous reprocher mais vous m’avez mêlé, monsieur, à quelque chose qui ne me concerne pas. Donc, que le Dr Weltfaust ait des couilles ou pas, qu’est-ce que ça peut bien foutre ici ?
Sur ce forum pétaudière, la seule personne depuis plusieurs mois qui a montré qu’elle avait un peu " de couilles ", en posant des questions intéressantes, est une femme. Pas de chance ! En plus une allemande. Merde ! Les résistants de la dernière heure ( vous savez à qui je fais allusion. ) voulait la tondre mais n'ont pas pu ! Cette chienne arrivée dans les caissons de la nouvelle Wehrmacht ( retour au sud de la Colonne Durruti et à l'est de la Deutsche Gedanke ) serait en fait un agent double ( une hitléro-trotskiste... plutôt une stalino-situe ) qui va coller et aligner contre un mur ces faux-FTP arrivant de la rue Lauriston. C'est la fin des haricots. Dès qu'il s'agit de rosser les cognes, tout le monde se réconcilie. " Hécatombe ", pas le livre de Jean-Pierre, mais la chanson de Georges, vous aviez deviné j'espère.

9) Comment fait-on de la théorie ? A quoi sert la théorie ? De quoi est-elle la théorie ? Personne n’a répondu. Tout le monde s’en fout ! Ou alors c’est trop compliqué.
Veuillez noter que Voyer dans ses écrits successifs a donné 5 définitions différentes et contradictoires de la théorie
( ou de la pensée ). Il se contredit, certes. Mais il est ainsi beaucoup plus riche et bien moins prétentieux que Marx ou Debord. Ce n’est pas un frimeur, il se donne tel qu’il est. C’est pour ça qu’on l’aime.

10) Au Chemin des Dames ( ou à Omaha Beach ) plusieurs vagues d’assaut furent clouées sur place et anéanties, pour rien, cause que l’artillerie ( ou l’aviation ) aurait pas bien fait son boulot. Tant pis. C’est toujours la même histoire. Ici comme ailleurs l’artillerie depuis 1971 a fait ce qu’elle a pu.
C’est peut-être alors le Weltgeist qui nous aurait menti et raconté des histoires à dormir debout. La vie est un rêve. Guy-Ernest, donde estas ? Cette nuit finira-t-elle ? Je fais en sorte que chacun mesure bien son ignorance et son inculture. J'écris pour 20 personnes, pas plus. Et si j’enterrais Voyer, moi aussi, tant que j’y suis. Il ne peut pas avoir été meilleur que son époque. C’est impossible ! Hegel dixit. Et ensuite, j’enfile les une après les autres quelques banalités debordo-voyeristes transposées, faute de mieux. Frères humains qui après nous ... quoi ? Buvons à la santé de nos femmes et de nos chevaux. Combien de temps met un panzerfaust pour refroidir ? Tu me fends le coeur, etc. Ca fait riche. J’avais dit qu’il allait y avoir du spectacle. Il ne faut jamais décevoir le public. On n’est plus à l’époque de Balzac et de Stendhal. C’est fini tout ça. Comme il est facile maintenant, quand on a très peu d’esprit et aucune ambition ni fierté de faire de la littérature et du cinéma ! Et pire que tout, comme il est facile de s’imaginer faire de la théorie. Voyez les fiers destriers de l’écurie Champ Libre ! Et les milliers de livres et brochures pro, post, méta et néopro-situs ! A certains moments, le Weltgeist a les boules et il est obligé de se réfugier en un seul point - une individualité punctiforme - tant est grand le nombre des nécessiteux.

11) Dans ses " Mémoires d’un fasciste " le kollabo wagnérophile Lucien Rebatet ( vous connaissez sans doute la boutade Allenienne : chaque fois que j’écoute du Wagner, j’ai envie d’envahir la Pologne ) raconte l’arrivée de Céline à Sigmaringen, après un voyage à travers l’Hitlérie détruite, avec son phénoménal " Ausweis " d’un mètre cinquante de long. Quelle sinistre rigolade et quel artiste ! Je relativise ici ce que j’avais dit ailleurs pour emmerder et choquer les bigots de l’antisémitisme provoc. Quoi, le Docteur Wolfenstein n’aime pas Céline ? Merde alors ! Sieg heil quand même ! Bien sûr que j’aime bien Céline, il me fait rire autant que son fils spirituel Boudard, mais je méprise et je conchie tous les cryptocéliniens. Bande de narbonnoïdes dégénérés ! Ah, que l’antisémitisme était beau du temps de Céline ! Ah, que l`antimondialisme est beau du temps de José Bové !

12) Pour finir, tout ce que j’ai écrit est improvisé et sujet à critique et je ne reproche rien à personne, je le répète. La théorie ne sert peut-être à rien après tout et elle n'arrive pas encore à tout dire. Il faut donc éviter de prendre au pied de la lettre tout ce qui se dit, il faut transposer et interpréter. Je n'ai pas dit extrapoler.
Il est évident qu'il va falloir introduire de nouveaux concepts, mais certainement pas " Bridel " ou " Camembert ". Même mon confrère le Docteur Michel Bounan, qui pourtant dit peu comparé à tout ce qu’a dit Voyer, mérite qu’on interprète et transpose ce qu’il a à dire. Peut-on critiquer le monde et cette vie sans critiquer Voyer ? La critique pratique est à la portée de n'importe qui. Critiquer Voyer, c’est comme la peinture à l’huile. Ce n’est pas donné à tout le monde. Il semble que ce monstre a coupé l’herbe sous les pieds à plusieurs générations de critiques critiques. Hegel, lui au moins, a donné très vite un Feuerbach, un Stirner et un Marx. En faisant l'éloge de Voyer, je travaille pour la plus grande gloire de ceux qui sauront le dépasser.
Toujours cette ridicule soif de reconnaissance, sans doute ? Les extrapolations non-mathématiques sont presque toujours malveillantes.
Le monde continue et l’histoire nous emporte tous, que nous le voulions ou pas.
Cher Mr. F.C. veuillez agréer mes sincères salutations.

Doktor Weltfaust.




M. Ripley s'amuse