Comment peut-on écrire autant de sottises
en si peu de lignes
et oser signer Spinoza ?


Le texte publié le 8 mai 2000 sur le Debord off, par un pseudo Spinoza (il y en a qui ne doutent de rien), où la mauvaise foi le dispute à la stupidité (très satisfaite d'elle-même comme à son habitude), a servi de point de départ à la rédaction de Négation de l'économie. Mes remarques sont entre crochets.


A propos d'une contradiction de M. Voyer

Posted by Spinoza on May 08, 2000

"Enfin, dernier paradoxe : l'économie n'existe pas. Comment, l'économie dont la bonne pensée nous parle tous les jours dans ses journaux, ses télévisions, ses radios, ses livres, l'économie n'existerait pas ! Quel toupet." (J.-P. Voyer à A. Solneman, 28 juin 1991)

"Le principal tort de Marx est justement d'avoir critiqué l'économie, comme si celle-ci était quelque chose de critiquable. Car l'économie est un pur mensonge. On ne critique pas un mensonge. On le réfute. Marx n'a jamais réfuté l'économie." (J.-P. Voyer à G. Lebovici, 30 août 1978)

[Le sens d'économie, dans le premier passage, est évidemment celui d'economy en anglais. Le sens d'économie dans le second est évidemment celui d'économie politique (economics en anglais). Où est la contradiction ? La puissante intelligence de ce Spinoza là n'est pas capable de saisir cette distinction.]

Et pour cause, M. Voyer ! On ne réfute pas quelque chose qui n'existe pas. On réfute un raisonnement parce qu'il est faux. Or vous ne réfutez ni ne critiquez l'économie, M. Voyer, vous la niez.

[Il faudrait être un imbécile pour réfuter quelque chose qui n'existe pas. Je nie l'existence d'economy. De quelque chose qui n'existe pas, on ne peut que nier son existence (ou l'affirmer). On ne peut que nier l'existence de Dieu, on ne peut le critiquer ou le réfuter. Mais on peut parfaitement critiquer et réfuter la croyance en son existence, croyance qui existe bien, elle. Et l'on peut critiquer et réfuter le mensonge ou la croyance qui consistent à prétendre que l'économie (economy) existe. Ce mensonge ne se limite pas à l'économie politique d'ailleurs, c'est une croyance répandue largement dans le monde chez des gens qui n'ont même jamais entendu parler d'économie politique mais qui écoutent la radio, regardent la télévision et lisent les journaux où ça matraque sec. Le mot économie (au sens d'economy) y est constamment prononcé ou écrit. Autrement dit, le marxisme domine totalement le discours médiatique. Ces gens font du marxisme comme M. Jourdain faisait de la prose. Voilà la cinquième colonne.]

L'économie existe bel et bien,

[Qu'est-ce que je vous disais ? Ce prétendu Spinoza lit les journaux.]

ne serait-ce qu'en tant que mensonge.

[L'économie qui existe en tant que mensonge, mensonge qui prétend notamment que l'économie (economy) existe, est l'économie politique (economics) et non la prétendue chose économie (economy). La puissante intelligence de ce Spinoza là n'est pas capable de saisir cette distinction. Cette puissante intelligence est incapable de saisir la différence entre un mensonge et l'objet de ce mensonge, entre une croyance et l'objet de cette croyance. Le mensonge existe, son objet non, c'est précisément en cela que le mensonge est un mensonge. Ceci dit, l'objet d'une croyance peut très bien exister. Certaines croyances se révèlent fondées. Ce n'est pas l'économie qui existe en tant que mensonge mais l'économie politique et, plus généralement, le discours médiatique qui a le monopole du mensonge (qu'un célèbre imbécile confondit avec le monopole de l'apparence). On voit tout de suite ceux qui rêvent de lui disputer ce monopole.]

Plus de deux cents ans après la Révolution Française, la religion existe encore, c'est bien la preuve qu'elle ne peut être ni critiquée, ni réfutée, encore moins niée.

[Le système de Ptolémée régna mille ans et Copernic n'avait aucune preuve quand il affirma le sien, basé sur sa simple croyance en la beauté et la simplicité des choses crées par Dieu. Les deux systèmes rendaient également compte des faits observés mais l'un d'eux avec une grande simplicité et l'autre avec une grande complication. Il fallut attendre un siècle et quelques bûchers (ou non seulement plusieurs bûches mais plusieurs hommes brûlèrent ensemble) encore avant que les preuves ne se manifestent. Ce Spinoza là n'a sans doute jamais entendu parler de la restauration non plus. Que la religion existe toujours est plutôt la preuve que la restauration a existé. Puisque la religion existe, il faudrait être un imbécile pour nier son existence, ou un ironiste comme celui qui réfuta brièvement le temps. Cela n'empêche nullement qu'elle soit critiquée et critiquable. Le fait qu'elle existe encore cent ans après la mort de Marx n'est pas la preuve qu'on ne peut ni la critiquer ni la réfuter mais la preuve qu'on n'a pu encore la nier (ou la preuve de l'insuffisance de la révolution), c'est à dire l'anéantir, même si l'on peut en une seule nuit occire quelques milliers de huguenots ou en quelques années quelque millions de Juifs. Visiblement, ce n'était pas la bonne méthode. Nier une chose existante, c'est l'anéantir et non pas seulement la critiquer ou nier qu'elle existe. Et quand cette chose est une croyance, la nier n'est pas seulement nier son objet. On peut nier l'objet de la croyance sans nier la croyance. Nier une croyance suppose le changement d'un monde, cela suppose l'anéantissement des causes qui la rendent nécessaire (ce que manifestement la révolution française n'a pas fait, bien au contraire). De même, le fait que le stalinisme survécut cinquante ans aux témoignages de Ciliga, de Souvarine et de quelques autres serait sans doute, à en croire ce faux Spinoza, la preuve qu'on ne pouvait ni critiquer ni réfuter le mensonge stalinien. Cela permit à une foule de salopards et d'imbéciles de nier ce mensonge, de proclamer son inexistence.]

Plus de cent ans après la mort de Marx, l'économie existe encore, c'est bien la preuve qu'elle ne peut être ni critiquée (fondamentalement), ni réfutée (fondamentalement), encore moins niée.

[L'économie (economy), qui n'existe pas ne peut donc exister cent ans après la mort de Marx. La croyance en son existence, qui est récente puisque pratiquement elle date de Marx qui en fut l'initiateur, existe toujours. (D'ailleurs pourquoi cent ans après la mort de Marx la croyance à l'existence de l'économie devrait-elle avoir disparu puisque Marx fut pratiquement l'initiateur de cette croyance ou du moins un de ses sectateurs ? Que cette croyance existe toujours prouve plutôt que Marx n'avait pas pour but de l'anéantir, bien au contraire ; de même que la Révolution française n'avait pas pour but effectif d'abolir la religion, pas même l'esclavage ! La raison d'être est un résultat.) Cette croyance peut être critiquée ou réfutée (ce qui est déclarer son objet inexistant). Mais puisqu'elle existe, la nier c'est l'anéantir et non seulement la déclarer inexistante. Nier Dieu, qui n'existe pas, c'est seulement le déclarer inexistant (ce qui fut suffisant pour vous envoyer sur le bûcher), nier la religion, qui existe, c'est l'anéantir c'est à dire anéantir le monde qui l'a rendue nécessaire. Et manifestement cet anéantissement d'un monde n'a pas encore eu lieu. Pourquoi alors les anciennes croyances devraient-elles avoir disparu puisque le monde qui les rend nécessaires n'a pas disparu ?]

Faites attention, M. Voyer, après nous avoir dit que l'économie n'existe pas, vous allez nous faire croire que les camps de la mort n'ont pas existé.

[Ordure, trou de Val, suppôt de Daeninckx, sournois imbécile.]

L'économie est un fait,

[Au sens d'economy ce n'est pas un fait puisque economy n'existe pas, seule la croyance en son existence est un fait. Dieu n'est pas un fait puisqu'il n'existe pas mais la croyance en Dieu est un fait puisqu'elle existe. Au sens d'economics, d'économie politique, c'est un fait.]

on peut le déplorer, on peut le critiquer mais on ne peut pas le réfuter,

[On perdrait son temps à vouloir critiquer ou réfuter quelque chose qui n'existe pas, critiquer ou réfuter Dieu alors qu'il suffisait de nier son existence pour aller droit au bûcher ou sur la roue ; mais ce n'est pas perdre son temps que de critiquer ou réfuter la croyance en son existence. Ce n'est pas perdre son temps non plus que de réfuter toutes les prétendues preuves de l'existence de Dieu, ce peut même être l'occasion de découvertes intéressantes en logique. Je me fait fort de réfuter toutes les preuves de l'existence de l'économie que l'on pourrait m'opposer. Pour l'instant on ne m'en a opposé aucune. Il faut écraser l'infâme, c'est à dire l'église et non Dieu. Quand à critiquer l'économie politique elle-même, comme le fit Marx, cela n'a aucun intérêt.]

encore moins le nier

[On ne peut que nier l'existence de quelque chose qui n'existe pas, (ou encore affirmer cette existence comme le fait chaque jour la propagande médiatique). Il est à noter que l'on peut nier également certains faits comme Galilée nia ce fait avéré qu'était l'immobilité de la terre. Il ne se contentait pas de nier ce fait, il apportait les preuves de son inexistence. Il suffisait de regarder dans sa lunette pour voir un satellite de Jupiter. La différence entre economy et l'immobilité de la terre, c'est que l'on ne peut constater economy nulle part, malgré le matraquage du discours médiatique, tandis que chacun peut constater l'immobilité de la terre à chaque instant, encore aujourd'hui, plus de cent ans après la mort de Galilée ce qui est une preuve, dirait l'imbécile, que ce fait ne peut être ni critiqué ni réfuté et encore moins nié. Ce prétendu paradoxe fut résolu par Galilée sous le nom de relativité du mouvement. Une paille. Ce principe explique la mésaventure de Tristan qui s'étant attardé sur le navire de marchands danois qui mouillaient près du rivage se trouva prisonnier de ceux-ci en haute mer. Le capitaine avait fait mettre subrepticement à la voile et Tristan ne s'était aperçu de rien. Eppur si muove ! Les poètes bretons connaissaient donc ce principe cinq cents ans avant Galilée. Enfin, tandis que Galilée pouvait nier un fait avéré, dans le cas de l'économie on ne peut nier aucun fait car l'économie n'est aucun fait, ce qui l'apparente à Dieu et rend la négation de son existence si peu efficace. Comme dirait Popper, l'économie n'étant aucun fait, elle est irréfutable, on ne peut imaginer aucune expérience qui permette de la réfuter, ce qui n'est pas le cas de l'immobilité de la terre ou du phlogistique.]

(si, on peut le nier, mais alors là on est en plein négationnisme).

[Comme Galilée, ce célèbre négationniste.]

On ne réfute pas un mensonge, on le dénonce.

[On peut dénoncer un mensonge, mais ce n'est pas suffisant. Il faut encore apporter les preuves, c'est à dire le réfuter. Jamais un imbécile n'abolira ma patience. Ciliga et Souvarine ont dénoncé, en vain, le mensonge stalinien mais c'est le monde qui le réfuta. Comme eux je suis réduit à dénoncer un mensonge mais seul un monde peut le réfuter. La preuve de l'inexistence du phlogistique et la preuve de l'inexistence de l'économie ne sont pas du même ordre puisque l'économie n'est aucun fait mais n'existe que dans une croyance qui, elle, est un fait. (Notons en passant que, tout faits qu'elles soient, les croyances ne sont pas de même nature que le fait de l'immobilité apparente de la Terre ou que le phlogistique. Disons que ce sont des faits de monde qui nécessitent pour leur réfutation l'instauration d'un nouveau monde, rien de moins.) Les preuves apportées par Souvarine et Ciliga furent inefficaces, elles ne convainquirent que les convaincus. Seul un monde peut convaincre un monde, dans le sens que vous voudrez. Avant qu'Athènes ne fut inventée, elle n'existait pas. Il fallut bien l'inventer et cette invention n'a rien à voir avec l'invention de l'oxygène et du Napalm®.]


M. Ripley s'amuse