1° ♦ Bon ordre dans
la conduite et l'administration de tout établissement qui s'alimente par la
production et la consommation. « L'économie est le jugement appliqué aux
consommations » J. B. SAY. Traité, 1841,
p. 455. « L'économie ne veut rien consommer en vain ;
l'avarice ne veut rien consommer du tout » J. B. SAY. ib. ♦ Économie domestique ou privée,
administration d'un ménage privé, d'une maison. « C'est une erreur dans l'économie domestique, ainsi que
dans la civile, que... » J. J. ROUSS. Hél. IV, 10. « L'économie privée nous enseigne à régler
convenablement les consommations de la famille » J. B. SAY, Traité, 1841, p. 453. ♦ Économie rurale, l'ensemble des
règles et des moyens qui font obtenir de la terre la plus grande somme de
produits, aux moindres frais, et pendant un temps indéterminé, ainsi que les
principes qui doivent guider dans l'emploi de ces produits. Économie politique, science qui traite de la production, de la
distribution et de la consommation des richesses. Traité d'économie
politique. « Il a quitté la théologie pour l'histoire, comme
vous pour l'économie politique » VOLT. Lett. Morellet, 14 juillet 1769. « L'économie politique regarde les intérêts de quelque
nation que ce soit, ou de la société en général » J. B. SAY, Cours, 1840, t. II, p. 510. « L'économie politique n'est pas autre chose que
l'économie de la société » J. B. SAY, ib. t. I, p. 1. « L'économie politique paraît avoir désigné
anciennement la politique théorique, ce qui a rapport à la constitution
intérieure et extérieure des États » Traité d'économie politique, par A. DE MONT-CHRESTIEN, Rouen,
1615. ♦ Économie publique ou nationale,
observations et règles qui concernent les intérêts d'une nation considérée en
particulier. Économie sociale, l'ensemble des
conditions morales et matérielles des sociétés. Se dit aussi pour économie
politique. Économie industrielle, l'ensemble des
moyens et des règles de la production industrielle. « L'économie industrielle, qui n'est que
l'application de l'économie politique aux choses qui tiennent à l'industrie » J. B. SAY, Cours, 1840, t. I, p. 34. |
♦ Économie charitable, étude des règles pratiques de la charité et
de l'organisation des institutions de bienfaisance.
2° ♦ Fig. Bon emploi d'une chose quelconque.
« Ce n'est pas assez d'avoir de grandes qualités ; il faut en
avoir l'économie » LA ROCHEF. Réflex. 159.
« On met dans les finances un vieux prodigue qui, en sa
jeunesse, a fait cession de biens, mais qui parle admirablement de
l'économie » BALZ. Arist. ou de la cour, Disc. 2.
« Je le trouve original sur l'économie » SÉV. 317.
« Une grosse chère, une petite économie » HAMILT. Gramm. 2.
« Comme la perte au jeu allait à des sommes assez fortes, elle
déplut à l'économie de M. Colbert, qui en parla au roi, même avec quelque
soupçon » FONTEN. Dangeau.
« J'appellerais volontiers l'économie
la seconde providence du genre humain » MIRABEAU, Collection, t. V, p. 410.
« Les biens qu'acquiert une utile industrie, Ou ceux que la
vertu doit à l'économie » M. J. CHÉN. Gracques, II, 3.
« Mais vivre en tout d'économie, Moins prodiguer et mieux
jouir.... Mes amis, ce n'est pas vieillir » BÉRANG. Vieillesse.
♦ Économie de
bouts de chandelle, voy. CHANDELLE. Construire, exécuter des travaux par économie, construire sans
l'intervention d'un entrepreneur, en traitant directement avec les ouvriers et
les fournisseurs. Le résultat de l'épargne,
l'argent mis de côté. Faire des économies.
4° ♦Arrangement réciproque et concourant des parties d'un ensemble,
soit matériel, soit intellectuel.
« Il n'est pas juste que tout un corps souffre et que son
économie soit troublée pour mettre quelqu'un de ses membres plus à son aise que
les autres » VAUBAN, Dîme, p. 107.
« L'économie d'une pièce de théâtre » RAC. Déd. de Britann.
« Rien ne vous est caché de l'économie des corps » LA BRUY. XIV.
« Tout est disposé dans l'univers avec une économie digne de
l'auteur de la nature » MASS. Carême, Prosp.
« Ce qu'on admire dans Démosthène, c'est le plan, la suite,
l'économie du discours » ROLLIN, Traité des Ét. liv. IV, ch. 1.
« Je ne connais d'erreurs capitales en physique que celles qui
nous donnent une fausse économie de la nature » VOLT. Mém. sur un ouv. de phys.
« La division de l'Église universelle en diverses sections ou
diocèses est une économie d'ordre et de police ecclésiastique » MIRABEAU, Collection, t. IV, p. 342.
♦ L'économie présente, le monde tel qu'il
est constitué.
« L'âne est placé dans l'économie présente bien au-dessus de l'araignée,
et il conservera dans un autre état la prééminence qu'il a sur elle » BONNET, Palingénés. 14e part. ch 3.
« L'ancienne économie, s'est dit
quelquefois pour l'ancienne loi, l'ancien testament. Il
y avait eu sous l'ancienne économie des miracles ou des signes d'une très
grande publicité » BONNET, ib. 19e part. ch. 7.
5° ♦ Ensemble des parties qui
constituent l'homme ou les animaux ; l'ensemble des lois qui régissent
l'organisation des animaux et des végétaux.
« Le moindre vaisseau qui se rompt ou qui se bouche,
interrompant le cours du sang et des humeurs, ruine l'économie de tout le corps » NICOLE, Ess. de mor. 1er traité,
ch. 4.
« L'étude profonde, que M. Duhamel avait faite de l'économie
végétale, lui avait montré entre les plantes et les animaux une foule
d'analogies frappantes » CONDORCET, Duhamel.
« Yconomie est art de gouverner ung hostel et les
appartenances pour acquerir richesses » ORESME, Eth. 11.
« Semences ne se manient mie, L'homme n'en sçait oeconomie » Traité
d'alchim. 832.
« Feraulez, qui sentoit poiser sur
ses espaules l'importunité de l'oeconomie, ainsi qu'elle faict à moy » MONT. I, 317.
Lat. œconomia, en
grec (voy. ÉCONOME).