En ces temps troublés, un peu de gaieté
avec Camille Flammarion et Arago

Inspiré par les facéties de la circumnavigation de la Lune
au dessus de tilleuls centenaires.

On rencontre quelquefois aux examens de la Sorbonne des professeurs qui prennent un malin plaisir à embarrasser les élèves, et qui se donnent la victoire facile d'accabler de mauvaises notes les candidats auxquels ils ont adressé les questions les plus arbitraires. La complication des mouvements de la Lune a souvent servi de piège. Mais les examinateurs n'ont pas toujours le dessus. Arago raconte qu'à l'école Polytechnique le professeur Hassenfratz avait perdu toute espèce de considération par suite de son caractère et de son insuffisance, et qu'un jour, bien préparé à embarrasser un élève, il l'avait appelé au tableau sur un air qui ne promettait rien de bon. Mais l'élève (c'était M. Leboullenger) se tenait sur ses gardes, et savait qu'il importait de couper nette la réplique pour ne pas être convaincu.

« M. Leboullenger, lui dit le professeur, vous avez vu la Lune ?
- Non Monsieur !
- Comment !... vous dites que vous n'avez jamais vu la Lune ?
- Je ne puis que répéter ma réponse : Non, monsieur. » 

Hors de lui, et voyant sa proie lui échapper à cause de cette réplique inattendue, M. Hassenfratz s'adresse à l'inspecteur chargé ce jour-là de la police : « Monsieur, voilà M. Leboullenger qui prétend n'avoir jamais vu la Lune. - Que voulez-vous que j'y fasse ? » répond stoïquement celui-ci. Repoussé de ce côté, le professeur se retourne encore une fois vers M. Leboullenger, qui restait calme et sérieux au milieu de la gaieté indicible de tout l'amphithéâtre, et s'écrie avec une colère non déguisée : « Vous persistez à soutenir que vous n'avez jamais vu la Lune ? - Monsieur, reprit l'élève, je vous tromperais si je vous disais que je n'en ai jamais entendu parler, mais je ne l'ai jamais vue ! - Monsieur, retournez à votre place. » 

Après cette petite comédie, Hassenfratz n'était plus professeur que de nom, son enseignement ne pouvait plus avoir aucune utilité.

Cette petite scène nous distrait un instant de l'analyse si compliquée des mouvements de la Lune. (En effet, 80 ou 90 anomalies, périodiques, heureusement. Cependant, tout ça finira mal).  

_______________________________________

Grâce à Camille Flammarion, j'ai retrouvé comment calculer la vitesse de libération (ce qui s'impose avec Ben Laden et Dieudonné), en trois lignes, sans connaître la constante universelle. Pourquoi compliquer inutilement les choses.

Flammarion, Astronomie populaire.

M. Ripley s'amuse