← Accueil
|
Benny Morris
La vision des choses de BM en 1999 dans Righteous
Victims.
La naissance du problème des réfugiés palestiniens
Outre l’émergence
de l’État d’Israël, la guerre de 1948 eut comme conséquence notable
l’anéantissement de la société palestinienne et la naissance du problème des
réfugiés. Environ 700 000 Arabes — ce chiffre deviendrait une pomme de
discorde, car les Israéliens parleraient officiellement de quelque 520 000
Arabes, tandis que les Palestiniens avanceraient le chiffre de 900 000 à
1 000 000 — s’enfuirent ou furent expulsés des régions qui devinrent
l’État juif et s’établirent dans les territoires connus aujourd’hui sous le nom
de « Cisjordanie » et de « bande de Gaza », ainsi qu’en
Transjordanie, en Syrie et au Liban ; certaines petites communautés se
fixèrent également en Égypte, en Irak et dans les États de la péninsule
arabique. À la fin de la guerre, moins de la moitié des Palestiniens habitaient
encore chez eux : il en restait à peine 150 000 en Israël, quelque
400 000 en Cisjordanie et 60 000 dans la bande de Gaza.
La raison de
l’exode de 700 000 personnes suscita par la suite d’âpres discussions
entre Israël et ses défenseurs d’une part, et les Arabes et leurs partisans
d’autre part. Les porte-parole israéliens — parmi lesquels des historiens et
auteurs de manuels reconnus » — soutinrent que les Arabes avaient fui
« volontairement » ou parce que les dirigeants palestiniens et ceux
des pays arabes leur avaient vivement conseillé ou ordonné de le faire, afin
d’évacuer le terrain en vue de l’invasion du 15 mai et de pouvoir ainsi
prétendre qu’ils avaient subi une expulsion systématique. Les porte-parole des
Arabes affirmèrent pour leur part qu’Israël avait planifié l’expulsion
systématique de ces Palestiniens maintenant réfugiés. Les très nombreux
documents retrouvés dans les archives israéliennes et occidentales au cours des
années quatre-vingt ont prouvé qu’aucune des versions « officielles »
n’est exacte ou suffisante.
L’apparition du
problème était presque inévitable, étant donné l’enchevêtrement géographique
des populations, l’histoire de l’antagonisme judéo-arabe
depuis 1917, le rejet par les deux parties d’une solution binationale, la
profondeur de l’animosité arabe envers les Juifs et leur crainte d’être soumis
à l’autorité sioniste.
Les faiblesses
structurelles qui caractérisaient la société palestinienne à la veille de la
guerre la prédisposaient particulièrement à la désintégration et à l’exode. Son
organisation était en effet médiocre, sa cohésion sociale et politique très
faible. De profonds clivages divisaient les populations rurale et urbaine, les
musulmans et les chrétiens et les divers clans de l’élite ; en outre, il
n’existait aucun dirigeant représentatif et aucune institution nationale
efficace.
Sous l’effet des
processus économiques et sociaux qui avaient vu le jour au milieu du XIXe siècle, une grande partie de la population
rurale se retrouva sans terre dès les années quarante. Dès lors, un flux
croissant de population se déversa régulièrement dans les bas quartiers et les
bidonvilles des zones urbaines ; ce phénomène mena, dans une certaine
mesure, à un divorce d’avec la terre, tant physique que psychologique. De plus,
quelque 70 à 80 % de la population était analphabète, ce qui, d’une
certaine manière, engendrait et reflétait un très faible degré de conscience et
d’activisme politique. La classe défavorisée des villes et la paysannerie
partageaient très peu, voire pas du tout, le « nationalisme » de
l’élite urbaine. Enfin, contrairement au Yishouv, les
Arabes de Palestine n’étaient pas parvenus à dépasser le stade d’une économie
primitive basée sur l’agriculture et à atteindre une économie préindustrielle.
Il convient aussi de souligner que dans les villes, très peu de travailleurs
arabes étaient syndiqués ; hormis les quelques Palestiniens au service du
gouvernement britannique, aucun ne bénéficiait d’une assurance contre le
chômage. Véritablement refusés d’embauche dans les entreprises et les fermes
juives lorsque les usines et les bureaux arabes fermèrent, ils perdirent dès
lors leurs moyens de subsistance. Pour certains, l’exil apparut peut-être comme
une solution séduisante, tout au moins jusqu’à ce que la situation en Palestine
s’apaise.
Un autre facteur
décisif fut la tendance parmi les dirigeants du Yishouv
à considérer le transfert comme une solution légitime au « problème
arabe ». Des documents sionistes récemment déclassifiés démontrent qu’un
consensus presque parfait s’était formé parmi les dirigeants sionistes :
dans le sillage des recommandations de
Il resta sur ses positions — bien qu’il eût conscience de la nécessité
de rester discret, pour des raisons tactiques. En 1944, au cours d’une
réunion de l’Exécutif de l’Agence juive consacrée à la ligne de conduite qu’il
convenait d’adopter face à la décision du Parti travailliste britannique de
recommander le transfert des Arabes de Palestine, Ben Gourion
déclara :
Lorsque j’ai
appris cette décision… il m’a fallu réfléchir longuement et sérieusement à la
question. … [mais] j’en suis arrivé à la conclusion [qu’il vaudrait mieux]
que cette idée reste [dans le programme du Parti travailliste]. … Si l’on me
demandait ce que serait notre programme, il ne me viendrait pas à l’esprit de
parler de transfert… parce qu’en parler pourrait [nous] faire du tort... dans
l’opinion internationale; cela risquerait en effet de donner l’impression
qu’il ne peut y avoir de place sur |
Il ajouta :
Transférer des Arabes
est plus facile qu’avec n’importe quel autre [peuple]. Il y a d’autres États
arabes tout autour. ... Et il est clair que si les Arabes [de Palestine] sont
transférés, leur situation n’en sera que meilleure. |
Aucun membre de l’Exécutif ne s’opposa à ce
point de vue ni ne douta de cette affirmation ; la plupart se prononcèrent
même en faveur de cette ligne de conduite. Moshé Sharett,
directeur du Département politique de l’Agence juive, déclara :
« Le transfert pourrait constituer
l’ultime réalisation, le stade final du déploiement de [notre] politique,
mais certainement pas en être le point de départ. En [en parlant publiquement
et prématurément] nous mobiliserions de vastes forces contre ce scénario et,
d’emblée, le mènerions tout droit à l’échec. » |
Et de poursuivre :
Lorsque l’État juif sera établi... le
résultat pourrait fort bien en être le transfert des Arabes. |
Le 7 février 1948, trois mois après le
début de la guerre, Ben Gourion dit au Comité central du Mapaï
que, dans les quartiers ouest de Jérusalem, d’où les Arabes avaient fui ou
avaient été expulsés, il n’avait vu
aucun étranger
[arabe]. Jérusalem n’a plus été aussi juive depuis sa destruction au temps des
Romains. ... Je présume que cela ne changera pas. ... Et ce qui s’est
passé à Jérusalem... pourrait bien survenir ailleurs dans le pays... si nous
tenons bon, il est tout à fait possible que dans les six, huit ou dix mois de
guerre à venir, d’importants changements se produisent. ... Il y aura
certainement de grands bouleversements dans la composition de la population
du pays. |
Ces
« importants changements » se déroulèrent en quatre étapes. La première eut lieu
entre décembre 1947 et mars 1948, lorsque le Yishouv
était encore dans sa phase défensive et que les Arabes des classes moyennes et
dirigeantes — jusqu’à soixante-quinze mille peut-être — s’enfuirent,
principalement des villes à population mixte, ou envoyèrent leur famille en
Cisjordanie, au Liban, en Égypte, en Syrie ou en Transjordanie. Dans ce
contexte, on ne soulignera jamais assez l’effet néfaste que produisit sur le
moral des Arabes la série d’attentats à la bombe perpétrés par l’Irgoun et le Lehi dans les grandes villes.
Ces familles
avaient les moyens de s’installer confortablement au Caire, à Naplouse, à Amman
ou à Beyrouth, et la plupart considéraient en tout cas cet exil comme
temporaire. Comme lors de l’exode de 1936-1939, tous pensaient rentrer chez eux
à la fin des hostilités. Beaucoup de grandes familles craignaient également et
supportaient mal l’idée d’une domination des Husseini et, de fait,
appréhendaient peut-être autant l’avenir dans une Palestine dirigée par les
Husseini que sous la coupe des Juifs. C’est à ce moment que la plupart des
dirigeants politiques et/ou leur famille quittèrent le pays ; ce fut
notamment le cas de presque tous les membres du HCA [Haut Comité Arabe] et du Comité national de Haïfa. Les hostilités entre
Juifs et Arabes ne constituaient en réalité qu’un aspect de l’effondrement
général de l’ordre public depuis la résolution des Nations unies adoptant le
plan de partage de
Les Arabes
abandonnèrent aussi un certain nombre de villages dans les régions à majorité
juive destinées à l’État juif, telles que la plaine côtière. Dans les villages
à la périphérie des centres urbains hébreux, ce fut la crainte des Juifs,
combinée à une réelle intimidation (principalement l’œuvre de l’Irgoun et du Lehi), qui provoqua la fuite. Dans un cas au moins, il y
eut aussi expulsion pure et simple par
La fuite des
classes moyennes et dirigeantes entraîna la fermeture des écoles, des cliniques
et des hôpitaux, celle des entreprises et des bureaux, qui à son tour engendra
chômage et appauvrissement. Telle fut la toile de fond de la deuxième phase,
l’exode massif des quartiers urbains et des régions rurales envahis par les forces
juives au printemps 1948. La fuite précoce de l’élite avait sapé le moral de la
population et fait figure d’exemple.
Les attaques
militaires juives, ou la crainte de tels assauts, constituèrent la cause
première de l’exode massif d’avril à juin 1948. Dans presque tous les cas —
qu’il s’agisse de l’exode frappant Haïfa du 21 avril au 1er mai, de celui de Jaffa fin avril et début mai, de Tibériade
les 17 et 18 avril ou de Safed le 10 mai — l’exode fut la
conséquence directe et immédiate d’attaques lancées contre des quartiers et
villes arabes ainsi que de leur conquête. Jamais la population palestinienne
n’abandonna ses maisons avant qu’une attaque ait eu lieu ; dans la très
grande majorité des cas, elle le fit le jour même de l’attaque et au cours des quelques
jours suivants. Et la fuite s’avéra contagieuse. La chute des grandes villes,
telles Haïfa et Jaffa, et l’hémorragie humaine qui s’ensuivit contaminèrent les
villages voisins, rapidement frappés du même pessimisme et du même désespoir.
Dans les campagnes, la fuite d’un clan mena à celle des clans voisins, la fuite
d’un village, à celle des villages proches.
Les documents de
Dans certaines
régions, les commandants arabes ordonnèrent l’évacuation des villageois pour
laisser le champ libre à l’une ou l’autre intervention militaire ou pour éviter
toute reddition. Plus d’une demi-douzaine
de villages [sur 418
détruits] — aux abords nord de Jérusalem et en basse Galilée — furent
abandonnés durant ces mois de guerre à la suite de tels ordres. Ailleurs, à
Jérusalem-Est et dans de nombreux villages du pays, il arriva aussi que les
commandants décrètent la mise à l’écart des vieillards, des femmes et des
enfants pour leur propre sécurité. En effet, les Arabes avaient commencé dès
1946-1947 à se préparer psychologiquement à évacuer leurs familles des champs
de bataille, puisque le HCA et
Durant la première phase, il n’y
eut, chez les sionistes, aucune politique d’expulsion ou d’intimidation dans le
but de se débarrasser des Arabes, bien que beaucoup de Juifs, parmi lesquels
Ben Gourion, se soient réjouis d’assister à une fuite
qu’ils espéraient la plus massive possible. Toutefois, les mesures de rétorsion
exercées par les Juifs, qu’il s’agisse de
Au cours de la seconde phase, en
l’absence de toute politique globale d’expulsion [en petit comité, ils ne parlaient que de ça depuis 1930],
le plan D de
Du côté arabe,
une grande confusion régnait à ce moment quant à l’exode et à ses péripéties.
Les gouvernements semblaient simplement ne pas comprendre ce qui était en train
de se produire [comme
d’habitude] et, au début, ne firent rien pour s’y opposer. En effet, les
représentants du HCA enjoignirent à la population de Haïfa de continuer à fuir,
après que le mouvement eut déjà commencé. Mais cet exode, à en juger par les
documents, ne fut pas amorcé par un ordre émanant du HCA, contrairement à ce
que les porte-parole juifs affirmèrent par la suite. Il est tout à fait
possible que les dirigeants palestiniens et ceux des États arabes aient été
heureux d’assister à ce phénomène, car il leur fournissait un prétexte pour
justifier une intervention dès le départ des Britanniques. Toutefois, dès le
début du mois de mai, le HCA et certains États arabes commencèrent à réagir. À
plusieurs reprises,
L’invasion
panarabe [c’est beaucoup dire,
étant donné, notamment, l’accord secret avec le roi Abdallah] du
15 mai affermit sans aucun doute la résolution israélienne quant au sort
des populations civiles palestiniennes, pour des raisons militaires et
politiques bien compréhensibles. Sans passer par un vote formel, le Cabinet décida
le 16 juin d’interdire le retour des réfugiés. L’état-major général des
FDI ordonna à ses unités d’écarter les réfugiés qui tenteraient de revenir par
des tirs à balles réelles [après
la destruction systématique des villages, voici le tir à balles réelles sur des
gens qui fuyaient d’eux-mêmes prétendument et subissait une psychose de
fuite ! Les voilà affublés d’une psychose de retour].
Parallèlement, l’armée, les colonies et le Département de la terre du Fonds
national juif prirent une série de mesures destinées à prévenir le retour des
réfugiés [le crime de
déplacement de population est donc caractérisé]. Les villages abandonnés
[parce que leurs habitants
furent expulsés. Il y a là un sévère problème chronologique] furent
rasés, minés ou repeuplés de nouveaux immigrants juifs, à l’instar des
quartiers urbains abandonnés [après
trois semaines de siège, comme à Jaffa ?] ; des champs furent
brûlés et les propriétaires encore présents furent poussés à vendre et à s’en
aller ; de nouvelles implantations furent établies sur les terres des
Arabes, et leurs habitants commencèrent à cultiver les champs abandonnés.
Lors de la troisième et de la quatrième
vague de l’exode palestinien, en juillet et pendant les mois d’octobre
et de novembre 1948, environ trois cent mille réfugiés vinrent s’ajouter à la
liste, en ce compris les soixante mille habitants de Lydda [avec massacre ; la routine,
quoi !] et Ramleh, expulsés par les troupes des FDI. Cependant, la
plupart des Arabes de Nazareth furent autorisés à rester, vraisemblablement
pour éviter toute réaction négative de la part des États chrétiens d’Occident [exactement ,
comme
je le relate, preuves à l’appui. Ben Gourion faisait ses coups en douce et envoyait des lettres
pleurnichardes au général De Gaulle. Pourquoi d’ailleurs, qu’avait-t-il à
craindre alors ? Était-ce sa mauvaise conscience (Lady Macbeth !)
Mais non, cet homme n’a jamais eu mauvaise conscience de sa vie. A part ça, il
était d’une grande compétence dans ses entreprises criminelles, hélas !
Bien plus compétent que Hitler. Hitler était un hystérique, ce que n’était pas
Ben Gourion. Ben Gourion a
toujours fait preuve d’un parfait à propos].
L’empressement
israélien à expulser les Arabes fut, dans une certaine mesure, contrebalancé
par la volonté nouvellement affichée par ces derniers de rester en place. Dès
le mois d’octobre, les villageois de Galilée avaient eu vent de la misère et du
manque de logements dont souffraient ceux qui étaient déjà partis, et ils
comprirent que leur retour était loin d’être imminent. Ainsi, au cours de la
seconde moitié de la guerre, les fuites « spontanées » se firent
beaucoup plus rares. Des causes claires et directes, telles que les expulsions
brutales et le harcèlement délibéré, furent à l’origine de la plupart des
départs enregistrés à cette période.
De toute évidence, Ben Gourion
voulait que demeurent à l’intérieur de l’État juif le moins d’Arabes possible [ça,
c’est certain ! Le seul principe de Ben Gourion
était : le plus de terre possible avec le moins de rats possible. D’où
sa déception en 1953 à Nazareth]. Mais il n’y avait
toujours pas de politique systématique d’expulsion [il n’y a aucunement besoin d’une politique puisqu’on vient
de nous apprendre qu’il y avait un con sans suce pour l’expulsion. Les choses
se font tout seules, comme par enchantement. C’est l’enchantement du con sans
suce. Le con sans suce rend la politique inutile, comme au USA, par exemple] ;
pour autant que nous sachions, jamais le Cabinet ni l’état-major général des
FDI ne discutèrent ni ne décidèrent d’une telle politique lors de leurs
réunions [cela dit, Pappé montre
le contraire. Pendant les moments épineux de la discussion, ces messieurs
demandaient aux sténographes de prendre un peu de café à la cafétéria].
En tout cas, au cours des « Dix jours » de juillet et pendant les
opérations « Yoav » et Hiram » au mois
d’octobre et de novembre 1948, les troupes israéliennes s’avérèrent bien plus
enclines à expulser des Palestiniens qu’elles ne l’avaient été au cours de la
première moitié de la guerre [non
de Dieu ! qu’est-ce que cela devait être alors !]. Pendant
l’opération « Yoav », Ygal
Allon prit soin de ne laisser quasiment aucune
communauté arabe derrière lui. Dans le nord, lors de l’opération
« Hiram », alors que les forces israéliennes étaient commandées par
Moshé Carmel, la situation apparut confuse et ambivalente. Malgré la directive
donnée par Carmel le 31 octobre « d’assister les Arabes dans leur
exil », certaines unités expulsèrent les villageois, tandis que d’autres
leur permettaient de rester. Et alors qu’en règle générale, c’est envers les
villages musulmans que l’attitude s’avérait la plus sévère, on assista à des
expulsions et des massacres de chrétiens, tandis que de nombreux villageois
musulmans étaient autorisés à rester, comme ce fut le cas à Majd
al-Kouroum. Au mois de novembre, lorsque les Forces de défense d’Israël dégagèrent une
bande large de cinq à quinze kilomètres le long de la frontière libanaise pour
des raisons de sécurité [peu
importe les raisons : il y a déplacement de population et destruction de
leur maison pour interdire leur retour], chrétiens et musulmans furent
transférés sans distinction.
Néanmoins, s’il
est vrai que les attaques militaires et les expulsions constituèrent le principal
catalyseur de la fuite des Palestiniens, l’exode fut plus généralement le
résultat d’un processus cumulatif et d’une série de facteurs. Les marchands de
Haïfa ne partirent pas seulement en raison des mois passés sous les tirs des
snipers et les bombes ; ils ne partirent pas uniquement parce que leur
commerce périclitait ; ni simplement parce qu’ils voyaient leurs voisins
fuir ; et pas exclusivement non plus en raison des extorsions pratiquées
par les irréguliers arabes ou de l’effondrement de l’ordre public, ou encore du
retrait progressif des Britanniques, des attaques de
À partir d’avril
1948, le Yishouv subit des pressions afin de permettre
le retour des réfugiés. Des dirigeants arabes et des porte-parole issus de
divers groupes (les habitants de Jaffa, les maronites de Galilée, par exemple)
exigèrent le rapatriement, au même titre que certaines personnalités
internationales, tel le
comte Bernadotte, et que les États-Unis et
Les pressions
occidentales aboutirent à deux offres israéliennes qui auraient permis
certaines mesures de rapatriement dans le cadre d’un accord de paix global. En
juillet 1949, Israël se déclara prêt à accepter le retour de
« 100 000 » réfugiés (en réalité 65 000, en déduisant ceux
qui étaient déjà rentrés chez eux ou étaient en train de le faire), si de leur
côté, les pays arabes acceptaient d’intégrer le reste sur leur propre sol [donc, il s’agit bien d’un déplacement
de population, ce qui, en 1948, constituait un crime. Nous ne sommes plus à
l’époque des grandes invasions. Le but de
tout cela était bien un déplacement de population] et de conclure un
accord de paix. L’État juif proposa aussi, comme solution alternative,
d’incorporer la bande de Gaza à son territoire et d’en absorber la population,
soit 60 000 habitants autochtones et 200 000 réfugiés. De cette
manière, l’État hébreu aurait rempli plus que sa part [!] d’obligations dans la recherche d’une solution
au problème — dont il n’était pas responsable, comme s’évertuaient à le répéter
ses représentants. (Ou
encore, comme Ben Gourion se plaisait à dire à ses
interlocuteurs occidentaux, « Israël n’a pas expulsé un seul
Arabe. ») [l’auteur
est-il ironique ? Je ne suis plus bien le fil : se moque-t-il de Ben Gourion ou se moque-t-il de moi ?]
Les Arabes
estimèrent l’offre tout à fait insuffisante [tu m’étonnes !], et la plupart des pays arabes
insistèrent sur le fait qu’Israël devait réintégrer la totalité des réfugiés.
L’Égypte n’avait pas l’intention de céder la bande de Gaza — son seul butin de
guerre —, même si une telle mesure aurait déchargé Le Caire du fardeau
constitué par cette importante population, appauvrie et subversive. Au cours
des années suivantes, les réfugiés eux-mêmes ignorèrent tous les efforts
accomplis pour tenter de les réinstaller dans les pays arabes [c’est la moindre des
chose ! ils se foutent bien des pays arabes : ils veulent rentrer
chez eux. Point final !]. Ils voulaient « rentrer chez
eux » [quelle
outrecuidance !] et, à l’exception de