L’Apparition et le
phénomène
L’apparition (le phénomène comme phénomène) n’est pas
un phénomène « Le phénomène comme
phénomène n’est pas un phénomène » Commentaire de Descombes (Le consensus humain…) Commentaire de Searle It’s parallelism, stupid ! L’amer Locke. L’esprit a-t-il un trou du cul ? La
matière et les forces ne sont pas des choses mais des abstractions
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Index du site :
phénomène
Qu’allait-il
faire en Ethiopie ? L’enjeu
de ce monde est très simple Réponse
à la chienlit gauchiste Réponse
à l’auteur de « Marx envers et contre Marx » |
Le 19 juin 1959, je suis parvenu à ce à quoi Husserl souhaitait ardemment « parvenir », « un fonds d’évidence absolu » (MD, Intr., p. 45, PUF) : l’apparition n’apparaît pas, l’apparition ne peut pas apparaître, l’apparition ne paraît jamais. C’est la seule certitude absolue dont il est impossible de douter. Quand vous avez saisi cela (saisi dans le monde, les idées sont saisies dans le monde. NB : la saisie d’une idée peut durer vingt ans. Elle peut aussi ne jamais aboutir) vous devenez instantanément un fanatique : vous avez une foi invincible (Husserl recherche une « foi inébranlable ») et vous défiez le monde. La foi n’est rien d’autre qu’un fonds d’évidence absolu. Amen. Ce qui se conçoit bien s’énonce clairement et les mots pour le dire viennent facilement paraît-il. Je n’ai jamais vu énoncé plus clair : « le supra sensible est le phénomène comme phénoméne (c’est à dire l’apparition — ne pas confondre apparition et apparaissant. Apparition = phénomène en tant que phénomène ; apparaissant = phénomène) ». Quant à la facilité de la venue des mots, elle est totale, puisque ce n’est pas moi qui les ai fournis mais Hegel, mal traduit qui plus est. Plus facile, tu meurs. à ces fatigués de naissance qui me demandent ce qu’est l’esprit, je répondrai : c’est ça. L’apparition est un miracle et quiconque l’ignore est un impie, une merde, un « triste sac » plein de caca et de pipi. C’est pourquoi je comprends la colère de l’Arabe. Ne vous méprenez pas, cependant, sur ce « vous défiez le monde ». Je ne veux pas dire que vous bombardez New York, ni même que vous y songez. Je veux dire, et je le dis donc, que vous défiez les sortilèges et les menaces du monde, ses miasmes, ses bombardements de conneries et, qui plus est (last but not least) vous devenez invisible (Ainsi, Debord ne m’a pas vu, il n’a pas vu à qui il avait à faire, il n’a pas vu que l’on ne pouvait pas m’intimider. Cet ivrogne n’a pas reconnu l’anche tu pizarre). Médicalement dit, vous êtes vacciné, vous vous mouvez librement dans les miasmes mortels (pour l’esprit). Notamment, lorsque je commençai à lire Marx, en 1963, malgré la beauté du début du Capital (c’est aussi beau que le début de La Chartreuse de Parme), je sentis immédiatement qu’il manquait quelque chose. Marx ne parlait que d’êtres collectifs, d’individus collectifs, de collectivité sans jamais faire aucune référence à l’apparence. Évidemment, ce que je viens de dire là, je ne pouvais pas le dire alors, mais j’étais vacciné et je sus tout de suite que quelque chose n’allait pas et cela malgré tout ce que j’appris grâce à cette lecture. L’être de
l’apparition est de ne pas en avoir, ce qui nous met à l’abri de toute
déception quant à cet être. Est-ce à dire qu’elle n’existe pas. Non, et
Parménide sera satisfait : la première phrase du seconde livre de la Grande
Logique « L’essence » n’est-elle pas : « L’essence
doit nécessairement apparaître » ? L’apparition confère l’existence
à l’essence. L’apparition est la mère de toutes les existences, c’est à dire,
pour parler comme Husserl, la mère universelle des existences.
J’abonde dans le sens de Parménide : ce qui n’existe pas, il ne faut pas
en parler… sauf pour dénoncer les charlatans qui ne cessent d’en causer dans
le poste. C’est la philosophie négative, la philosophie à coups de ciseaux
(Husserl parle « d’évidences négatives »). Je généralise : il
n’y a d’évidences apodictiques (non soumises au doute) que négatives. Sartre a parfaitement raison : le prétendu « pur ego des cogitationes » ou « ego des pures cogitationes » est soit un objet aussi douteux que les autres, soit aucun objet, une chimère de professeur. L’objet intentionnel n’est aucun objet. Transcendantal mon cul. Transcendant, si. Transcendantal, no. Cependant, Husserl c’est du sérieux et il écrit clairement (du moins dans les Ideen et dans les Méditations), ce qui signifie que l’on peut espérer apprendre quelque chose en le lisant, notamment y déceler ces « erreurs séduisantes » qui, selon lui, ont détourné Descartes et ses successeurs du droit chemin et, finalement, Husserl lui-même. Ce n’est ni du des Rides À., ni du Là Quand, ni du Heildegger, Husserl n’est pas un faiseur. On peut lire parmi le charabia de la page 95 de La Grammatologie, (Minuit, 1967) : « La différence inouïe entre l’apparaissant et l’apparaître (entre le “monde” et le “vécu”)… ». Cette différence est effectivement inouïe, 1) d’une part parce que l’apparaissant apparaît (ce qui est la moindre des choses) tandis que l’apparaître n’apparaît pas. On ne saurait faire plus différent, n’est-ce pas ? Il s’ensuit, notamment, que l’apparaître ne saurait être “un vécu”. Ces « vécus » sont des objets comme les autres, aussi incertains, mais pas moins, que les autres. 2) D’autre part, parce qu’il me semble que personne n’a (indicatif svp) jamais entendu parler de cette différence. De toute ma vie, jamais je n’ai rencontré une personne qui en eût entendu parler et Sartre ne parvient pas à ce résultat. Une machine, jamais, n’abolira l’apparition.
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Quel est le sujet ? Je compare ci-dessous une
traduction anglaise et une traduction française d’un passage de « Force
et entendement » de la Phénoménologie de l’Esprit. L’Anglais
étant, par la force des choses, Saxon, comprend la grammaire allemande. Il ne
traduit pas Erscheinung par phénomène. |
147. The inner world, or
supersensible beyond, has, however, come into
being : it comes from the
world of appearance which has mediated it ; in other words, appearance is
its essence and, in fact, its filling. The supersensible is the sensuous and
the perceived posited as it is in truth; but
the truth of the sensuous and the
perceived is to be appearance. The supersensible is therefore appearance qua appearance ♦. We completely misunderstand
this if we think that the supersensible world is therefore the sensuous world, or the world as it exists for
immediate sense-certainty and perception; for the world of appearance is, on
the contrary, not the world of
sense-knowledge and perception as a world that positively is, but this world
posited as superseded, or as in truth an inner
world. It is often said that the supersensible world is not appearance; but what is here
understood by appearance is not appearance, but rather the sensuous world as itself the really actuel. (fac
similé)
/79/
Das Innere oder das übersinnliche Jenseits ist aber entstanden, es kommt
aus der Erscheinung her, und sie ist seine Vermittlung; oder die
Erscheinung ist sein Wesen, und in der Tat seine Erfüllung. Das
Übersinnliche ist das Sinnliche und Wahrgenommene gesetzt, wie es in Wahrheit
ist; die Wahrheit des Sinnlichen und Wahrgenommenen aber
ist, Erscheinung zu sein. Das Übersinnliche ist also die Erscheinung als Erscheinung.
— Wenn dabei gedacht wird, das Übersinnliche sei also die sinnliche
Welt, oder die Welt, wie sie für die unmittelbare sinnliche Gewißheit und
Wahrnehmung ist, so ist dies ein verkehrtes Verstehen; denn die
Erscheinung ist vielmehr nicht die Welt des sinnlichen Wissens und
Wahrnehmens als seiende, sondern sie als aufgehobene oder in
Wahrheit als innere gesetzt. Es pflegt gesagt zu werden, das
Übersinnliche sei nicht die Erscheinung; dabei wird aber unter der
Erscheinung nicht die Erscheinung verstanden, sondern vielmehr die sinnliche
Welt, als selbst reelle Wirklichkeit. (fac-similé) |
Traduction Hyppolite-Lefebvre
/121/ Mais l’Intérieur ou l’au-delà
supra-sensible a pris naissance, il provient du phénomène, et le phénomène est sa
médiation ou encore le phénomène est son essence, et
en fait son remplissement. Le supra-sensible est le sensible et le perçu
posés /122/ comme ils sont en vérité; mais la vérité du
sensible et du perçu est d’être phénomène.
Le
supra-sensible est donc le phénomène comme phénomène. — Si l’on voulait entendre par là que le
supra-sensible est en conséquence le monde sensible ou le monde comme
il est pour la certitude sensible immédiate et pour la perception, on
comprendrait à l’envers; car le phénomène n’est pas le monde du
savoir sensible et de la perception comme étant, mais il est le savoir
sensible et la perception posés plutôt comme dépassés et posés dans leur vérité comme intérieurs. On dit ordinairement que le supra-sensible n’est pas le phénomène,
mais c’est que sous le vocable de phénomène, ce n’est pas vraiment le
phénomène que l’on entend [c’est
à dire au sens que Hegel lui donne plus haut], mais plutôt le monde sensible
lui-même, comme réalité effective réelle.
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♦ Comme vous pouvez le constater, il n’est pas du tout question de « phénomène » dans cette traduction anglaise mais d’appearance, c’est à dire… d’apparition car, en anglais appearance signifie apparition. Merde à la fin ! (Cf. la traduction de Locke par Vienne qui confirme en note : « Appearance traduit par manifestation, pour éviter la connotation du français, apparence. ») Certes, en anglais le même mot d’appearance désigne aussi l’apparence. Mais ce n’est pas le cas en allemand ♣, ni en français. La seule chose qui soit à peu près certaine est que Hegel n’a pas écrit ni voulu écrire apparence. Donc seule demeure la question de savoir si Hegel a voulu dire apparition ou bien phénomène puisque beaucoup de dictionnaires, qu’ils soient français, anglais ou allemands, donnent ces termes comme équivalents. Littré, lui (ni l’Académie), ne s’y trompe pas : apparition = manifestation d’un phénomène. ♣. Hippolyte nous dit, I, p. 68, l. 5, qu’il traduira « Erscheinung » par manifestation, ou phénomène et « Schein » par apparence. Et Hegel nous dit : « Mais la science doit se libérer de cette apparence [Schein] » Ce plaisantin nous dit ailleurs (?) « l’apparence est une chose qui n’est aucune chose ». Dans le Langenscheidt nous trouvons : Apparence : Aussehen, Anschein, Schein (der Schein trügt, les apparences sont trompeuses), scheinbar (en apparence) et ailleurs : Erscheinungsbilde. Cf. commentaire du lexique de Lefebvre. Bourgeois, traducteur de l’Encyclopédie, nous dit (Note) : « “Die Erscheinung”. Nous préférons la traduction “l’apparition” à la traduction “le phénomène”, pour conserver en français le lien indiqué par l’allemand : “Schein-Erscheinung” (“apparence-apparition”), “scheinen-erscheinen” (“paraître-apparaître”), l’apparition (ou l’apparaître) étant le développement de l’apparence (ou du paraître). » Dans le Merriam-Webster, Phénomène
signifie : quelque chose qui apparaît ♠. En grec, un phénomène
signifie : un apparaissant ♠♠♠♠. Appearance
signifie : l’acte, le processus, l’action d’apparaître, l’acte de devenir
visible, autrement dit apparition ♠♠♠ (mais aussi « a sense impression or aspect of a
thing » c’est à dire apparence ♠♠♠♠♠). Donc, si Hegel avait voulu dire « un apparaissant », « quelque chose qui apparaît », un phénomène, il aurait pu employer le terme « Phänomen », ce qu’il n’a pas fait. Hegel n’a jamais employé, dans la Phénoménologie, le terme « phänomen » comme permet de le constater une recherche électronique , sinon dans le titre. Et pourquoi seulement dans le titre ? Parce que Hegel voulait comme titre : « Étude de l’apparition de l’esprit ». « -logie » étant un suffixe grec, il était tenu d’employer « Phänomen » comme racine, il ne pouvait écrire par exemple : « Apparitiologie ». Mais, Appearance signifie aussi : le monde des phénomènes sensibles ♠♠. Donc, Hegel a-t-il voulu dire « le monde des phénomène sensible » ? Surtout pas, absolument pas, car, à peine a-t-il fini de tracer sa phrase magique qu’il précise, derrière un tiret : « Si l’on voulait entendre par là que le supra-sensible est en conséquence le monde sensible (…) on comprendrait à l’envers. » Étant donné qu’à son époque, comme en témoigne cette encyclopédie allemande de 1783 (deux ans après la parution de la première Cripure de la raison tique), on emploie indifféremment Erscheinung et Phänomen en allemand, Hegel prend bien soin d’indiquer que par apparition on entend à tort phénomène, apparaissant, monde sensible. On ne saurait être plus clair ! C’est bien parce qu’il y a une ambiguïté dont Hegel est parfaitement conscient qu’il nous met en garde. Mon cher Watson, Hegel lui-même nous apporte la preuve que nous cherchions : avec la traduction Erscheinung = phénomène d’Hyppolite et de Lefebvre, sa mise en garde est incompréhensible : quel est donc ce phénomène qui n’est pas le vrai phénomène ? Tandis que nous comprenons tout de suite qu’il s’agit de la confusion apparition = phénomène si l’on traduit Erscheinung par apparition : la vraie apparition n’est pas un phénomène et, qui plus est, selon Hegel, elle est la vérité du phénomène, vérité qui est… d’apparaître (Cf. infra). Donc, si ce n’est pas phénomène, que Hegel veut dire, c’est donc qu’il dit apparition. Ensuite, une autre preuve se manifeste maintenant. Un passage obscur (quel passage n’est pas obscur chez Hegel) s’éclaire : « la vérité du sensible et du perçu est d’être phénomène » (traduction Hyppolite) devient : « la vérité du sensible et du perçu est d’être apparition ». En effet, Erscheinung, si on l’entend comme phénomène, à tort selon Hegel, signifie alors monde sensible, perçu, apparaissant. Or la vérité de l’apparaissant est l’apparition. En effet, qu’est donc un apparaissant qui n’apparaîtrait jamais ou qui ne pourrait apparaître sinon un faux apparaissant. Le vrai apparaissant paraît, il y a apparition. L’apparition est la vérité de l’apparaissant. C’est l’apparition qui fait que l’apparaissant est un véritable apparaissant. Cela est parfaitement incompréhensible avec la traduction Hyppolite : comment le phénomène pourrait-il être la vérité du phénomène ? Donc, non, Hegel n’a pas voulu dire le monde sensible, ni quelque chose qui apparaît, ni un apparaissant, ni un phénomène. Il a dit et il a voulu dire apparition. Merde à la fin ! Ensuite il s’égare un peu dans un monde supra sensible (le jeu des forces, le calme des lois, etc.) peu m’importe. L’essentiel est dit. Et Hegel lui-même ne l’a pas compris. Frege dirait qu’il n’a pas saisi l’idée qu’il pouvait saisir dans ses propres mots, en tant que partie du monde, « un trésor était caché dedans ». Ça c’est de l’herméneutique, de l’interprétation des livres sacrés. Il faut retrouver la sainte logique qui se cache sous la grammaire profane. Maintenant, je vais faire une petite expérience : je vais remplacer ce fichu phénomène, d’abord par « l’apparaissant », ensuite par « l’apparition ».
De tout cela j’ai conclu que l’apparition en tant qu’apparition n’apparaît pas ou si vous préférez, que l’apparition en tant qu’apparition n’est pas un apparaissant, c’est à dire n’est pas un phénomène (sans pour autant être un monde suprasensible comme le prétend Hegel). Le nœud du problème est là : ce n’est pas vraiment
l’apparition que l’on entend par apparition. Les phénomènes ne sont pas des apparitions
(contrairement à la Sainte Vierge) mais des apparaissants. L’apparition est
la vérité des apparaissants. Elle est bien le suprasensible car elle
n’apparaît pas. Par elle le suprasensible naît, c’est elle qui remplit le
suprasensible. Elle est bien l’essence du suprasensible. Ce passage de Hegel
devient parfaitement clair. Il me reste à indiquer ce que j’ai lu trois fois avant que ça ne fasse Tilt ! : étant donné que ce chapitre III, « Force et entendement » se réfère sans cesse au troisième principe de Newton : égalité de l’action et de la réaction, j’ai pensé que Hegel entendait « phénomène » au sens de Newton, et de ce fait ce passage demeurait imbitable. Je suis persuadé d’ailleurs que c’est ainsi que Hegel, épris de science, l’entendait. Cf. « Le phénomène comme phénomène n’est pas un phénomène » et le commentaire commenté du second traducteur Lefebvre |
appearance [Merriam-Webster] Pronunciation: \ə-’pir-ən(t)s\ Function : noun Date: 14th century 1 a : external show : semblance
<although hostile, he preserved an appearance of neutrality> [apparence] b : outward
aspect : look
<had a fierce appearance> [apparence] c : plural : outward
indication <trying to keep up appearances> [apparences] 2 a : ♠♠♠♠♠ a sense
impression or aspect of a thing <the blue of distant
hills is only an appearance> [apparence] b : ♠♠ the world of sensible phenomena 3 a : ♠♠♠ the act, action, or process of
appearing [Cf. apparition [de l’Anglo-Rimbaldien
apparicheune] : the act of becoming
visible ; Cf. Littré] b : the
presentation of oneself in court as a party to an action often through the
representation of an attorney 4 a : ♠ something that appears : phenomenon
[la confusion apparition =
phénomène dénoncée par Hegel est aussi présente en anglais] b : an
instance of appearing : occurrence Pronunciation: \fi-’nä-mə-ˌnän, -nən\
Function: noun Inflected Form(s) : plural
phe·nom·e·na or phe·nom·e·nons Etymology : Late
Latin phaenomenon, from Greek phainomenon,
from neuter of phainomenos, ♠♠♠♠ present participle of phainesthai
to appear [c’est
à dire un apparaissant], middle voice of phainein to
show — more at fancy [from Englo-French
fantasie, fantsy, illusion] Date: 1605 1 plural phenomena :
an observable fact or event 2 plural phenomena : a :
an object or aspect known through the senses rather than by thought or
intuition b : a
temporal or spatiotemporal object of sensory experience as distinguished from
a noumenon c : a
fact or event of scientific interest susceptible to scientific description
and explanation 3
a : a rare or significant fact or event b :
plural phenomenons : an
exceptional, unusual, or abnormal person, thing, or occurrence |
Definition
of Appearance
Definition of Apparition
Definition of Phenomenon
|
Le Littré
(a-pa-ri-sion ; en poésie,
de cinq syllabes) s. f. 1° Manifestation d’un phénomène ♦. Apparition des astres, du soleil. À
l’apparition de la nouvelle lune. 2° Action de se produire, arrivée, séjour.
Alors notre ami fit son apparition. Sa brusque apparition les surprit. Il ne
fit là qu’une courte apparition. D’Effiat ne venait presque
jamais à la cour, et encore en apparition, SAINT-SIMON, 393, 86. 3° Fig. Naissance, commencement. Le tribunat,
dont l’apparition eut lieu au milieu des guerres civiles. Dès l’apparition de
la maladie. Depuis l’apparition de la philosophie de Descartes. 4° Manifestation
d’un objet qui se rend visible. Les apparitions des dieux. Apparition
nocturne. L’apparition d’un spectre. Au plus haut point de sa
gloire, sa joie est troublée par la triste apparition de la mort, BOSSUET,
Le Tellier. Tu n’y
vécus pas seul ; sous des formes divines, Tes apparitions peuplèrent ce beau
lieu ; Tu voyais tour à tour passer sur ces collines L’esprit de la tempête
et le souffle de Dieu, LAMART.
Harm. I, 11. Ces
apparitions sont comme les images.... TRISTAN, Mariane, I, 2. 5° Spectre, vision, fantôme. Il y a dans les
campagnes bien des gens qui croient encore aux apparitions. XVe s. Et mesmes, pour plus grant apparucion montrer, le Dauffin mist hors
ceux qui lui avoient donné ce conseil, FENIN, 1419. XVIe s. Le dit cabinet semblera estre tout d’une piece, parce qu’il n’y aura
aucune apparition [apparence] de jointures, PALISSY, 60. Ceste apparition miraculeuse.... AMYOT, Timol. 11. Apparitio, de apparere (voy. APPAROIR).
On a dit aussi apparution, qui est tombé en désuétude.
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III Deutsche Encyclopädie oder Allgemeines Real-Wörterbuch aller Künste Und Wissenchaften _______ Frankfurt
am Mayn Den
Varrentrapp Sohn und Wenner M DCC
LXX VIII – M DCCC VII Achter
Band Ei –
Erz M DCC LXXX III [795] APPARITION, PHÉNOMÈNE. Lorsque nous ne pouvons pas distinguer entre différentes choses, par exemple des petites poussières bleues et des petites poussières jaunes d’une poudre, alors l’une nous apparaît comme l’autre, la bleue cette fois-ci comme la jaune et la jaune comme la bleue. Par conséquent nous ne nous représentons pas la première telle qu’elle est réellement, et de même pas la deuxième, mais l’une comme l’autre sous une unique troisième forme, ainsi dans notre exemple le jaune non pas comme jaune, le bleu non pas comme bleu, mais l’une et l’autre d’une troisième, cette fois de la couleur verte. Les notions indistinctes sont celles que nous avons si nous ne distinguons pas la multiplicité au sein des objets (voir Begriff). Il en résulte que les notions indistinctes s’éloignent de la vraie nature des choses, auxquelles elles correspondent, de même que la vue indistincte d’un mélange pulvérulent d’une poudre bleue et d’une poudre jaune se présente à nous vert. Cette image indistincte des choses, lesquelles surgissent dans notre âme par l’intermédiaire de nos sens, dans la mesure où elles résultent de leur nature véritable, nous l’appellerons APPARITION {Erscheinungen}. Il en est ainsi de la couleur verte de la poudre dont nous venons de parler, un phénomène ou une apparition {ein Phänomen oder eine Erscheinung}. Ainsi donc, en dehors de la représentation que nous en avons, l’apparition n’a aucune réalité. Par contre, il est en outre et autrement véridique que, sous la forme adoptée, nous percevons une forme déguisée, à cause du regard confus que nous portons sur ce qui nous paraît être, informe en fait. L’apparition diffère donc très largement de la « fable » ou d’une creuse illusion qui ne correspond à rien en dehors de nous-mêmes, et quand nous appelons quelque chose une apparition, par ex. si nous appelons le corps une apparition, nous ne disons pas que c’est une simple élucubration, qui ne correspond à rien de vrai en-dehors de nous, et quand on nomme quelque chose une apparition comme nous nommerons apparition le corps par exemple, on ne dit pas que ce n’est qu’une simple chimère, rien de réel, mais on dit, dans la mesure où nos yeux sont en mesure de s’ouvrir à cette forme, que les choses telles qu’elles sont se trouveraient en état d’être visibles, contrairement aux corps, nous ne pourrions les connaître, nous ne pourrions savoir que les choses, représentées d’une manière bien connue par tout un chacun, n’ont été vues que par des yeux recouverts d’un voile ; on dit qu’il se trouve véritablement quelque chose de réel caché derrière notre représentation, sur quoi on ne peut superposer cette représentation telle qu’elle est. L’exemple dont nous nous sommes servis jusqu’à présent témoigne même que l’apparition pourrait être le contraire de ce qui est véritablement caché sous elle. Car bleu, jaune et vert sont des choses contraires… * * * [795] Erscheinung, Phänomenon. Wenn wir unterschiedene Dinge, z. B., blaue
Staübchen und gelbe Staübchen eines Pulvers nicht unterscheiden können, so
kommt uns eines vor wie das andere, das Blaue diesesmal wie das Gelbe und das
Gelbe wie das Blaue. Folglich stellen wir uns das erste nicht vor, wie es
wirklich ist, und das zweite gleichfalls nicht, sondern eins wie das andre
unter einerlei dritter Gestalt, also in unserm Beispiele das Gelbe nicht als
gelb, das blaue nicht als blau, sondern beides als von einer dritten,
diesesmal der grünen Farbe. Undeutliche Begriffe sind diejenige, die wir
haben, wenn wir das mannigfaltige in den Gegenständen nicht von einander
unterscheiden. (s. Begriff) Undeutliche Begriffe weichen daher von der wahren
Beschaffenheit der Dinge, denen sie entsprechen, ab, so wie der undeutliche
Anblick eines aus blauen und gelben Puder vermischten Pulvers es als grün
vorstellet. Diese von den Sinnen in unserer Seele hervorgebrachte undeutliche
Abbildung der Dinge, so ferne sie von deren wahrhaften Beschaffenheit
abgehen, werden Erscheinungen gennent. Solcher [796] gestalt
ist die grüne Farbe des Pulvers, wovon bis her die Rede war, ein Phänomen oder eine
Erscheinung. Die Erscheinung also hat blos in unserer Vorstellung
ausser derselben keine Wirklichkeit. Hingegen ist ausser und anders
wahrhaftig da, das aber unter der Gestalt die es hat, wahrgenommen, sondern
durch den verwirrten Anblick in das, was nicht da ist, nur da zu sein
scheinet, ungeformet, also unter verstellter Gestalt wahrgenommen wird. Die
Erscheinung ist daher von Ehimäre oder der leeren Einbildung sehr weit
unterschieden, als welcher nichts ausser uns entspricht, und wenn man etwas
eine Erscheinung nennt wie wir unter z. B. den Körper eine Erscheinung nennen
werden, so sagt man nicht, daß es ein bloses Hirngespinst, nichts wirkliches
seie, sondern man sagt, wenn uns die Augen dergestalt geöffnet werden können,
das wie die Sachen so wie sie sind, zu sehen in den Stand kömmen, so würden
wir sie z. G. die Körper gar nicht kennen, nicht wissen, das sie Dinge sind,
die uns unsre, wenn ich so sprechen darf, mit einem Flor überzogene Augen
bisher auf die jedermann bekannte Weise vorgestellt ; man sagt, es liege
wirklich etwas reeles unter unsrer Vorstellung verborgen, auf welches aber
diese Vorstellung so, wie sie ist, nicht passe, wer hingegen die confuse
Vorstellung aufzulöfen oder das in derselben verworrene zu unterscheiden
wisse, der habe den Gedanken der auf die Sache, wirklich passet. Das Exempel
dessen wir uns bisher bedienet, bezeugt sogar, das die Erscheinung dem
darunter wahrhaftig verbogenen conträr sein könne. Denn blaues, gelbes und
grünes sind conträre Dinge. Dé-gothisation et
traduction : Karl von N. |
Fac-similés
System der Wissenschaft: Erster Theil, die Phänomenologie des Geistes De Georg Wilhelm Friedrich Hegel Publié par J.A. Goebhardt, 1807 Copie
de l’exemplaire Université d’Oxford Numérisé le 15
juin 2007 765
pages |
Phenomenology
of Spirit De Georg Wilhelm Friedrich Hegel Traduit par A. V. Miller Publié
par Motilal Banarsidass Publ., 1998 ISBN 8120814738, 9788120814738 595
pages |