Le
knock-blot de M. Ripley
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Arabesques
Toynbee : L’Occhident et l’Islam
Toynbee : La complète responsabilité des peuples anglo-saxons (de defensa)
Toynbee : 1989, l’enivrement de la victoire
De defensa : L’empire de l’information
Fourquet : l’économie n’existe pas
Descombes, la querelle de l’humanisme
Descombes, un itinéraire philosophique
Ian Hacking : l’argent est une institution, l’économie n’est pas une institution
Le canard du doute, aux lèvres de vermouth
Le nihilisme jubilatoire du major Megadeaths
Propos d’un avorton
virtualiste
Jorion : Le mathématicien
et sa magie
Searle : Langage, conscience,
rationalité : une philosophie naturelle
Hayek : La paille et la poutre
Aux chiottes le structuralisme
des french sixties
La G4G et la fin de la globalisation
Sœur sourire est
de retour (suite)
President Sarkozy of France was accused last night of trying to
reintroduce protectionism into Europe’s internal market after he urged the
removal of its 50-year-old commitment to “undistorted competition” from the
aims of the EU.
In
the original Constitution, one of the EU’s main objectives was listed as “an
internal market where competition is free and undistorted”.
Mr Sarkozy
admitted that it was France who persuaded the German EU presidency to drop that
phrase in the proposed new reform treaty. “I had to take account of the 55 per
cent of the French people who voted No,” he said, in a reference to the
referendum in 2005 that rejected the Constitution.
Mr
Sarkozy has said previously that the EU must protect its citizens and not act
as a Trojan Horse for globalisation.
Opinion
was divided last night over the impact of the change. British officials said
that they viewed it as largely presentational, so that Mr Sarkozy could avoid a
rerun of the referendum by arguing that he had made the new treaty more
committed to social aims.
Times, de Defensa
Il crève oui ou merde ce Libéramerde. Le charabiateur Marcelle censuré ! Bien fait. Vive la crise ! Qui c’est qui commande ici ? Cloportes, cafards, rien ne vaut un bon petit bombardement.
Les États-Unis aussi auraient leur plan B, nom de code « Victoire en Irak », encore pire que le plan R, nom de code FGD135. L’Europe, avant même que d’exister, est déjà une salope, pute et soumise : elle a contribué à affamer les Palestiniens, occupés et bizuthés depuis cinquante ans, et maintenant elle va en gaver une moitié au détriment de l’autre. Aux chiottes les trous-du-cul, les chiottes, c’est la place des trous-du-cul.
Le
Canard déchaîné, ce bouffeur de curées, a mangé du mouton hallali
Il est loin (été 2002) le temps où une source à la Maison-Blanche pouvait dire avec une certitude vaniteuse à l’auteur Ron Susskind, lui donnant ainsi une définition du virtualisme : «“That’s not the way the world really works anymore,” he continued. “We’re an empire now, and when we act, we create our own reality. And while you’re studying that reality — judiciously, as you will — we’ll act again, creating other new realities, which you can study too, and that’s how things will sort out. We’re history’s actors . . . and you, all of you, will be left to just study what we do.”» Certains continuent à penser comme cela mais il y a déjà beau temps que l’Histoire a pris sa revanche. S’ils veulent remettre ça avec l’Iran, d’autres sont prêts à recueillir les fruits de cette action et l’essoufflement de cette énorme et monstrueuse caricature d’Empire, de cet artefact anti-historique, pourrait alors bien ressembler, par les conséquences de l’acte au niveau intérieur washingtonien, au spasme ultime. |
Préparation à la lecture de Jorion.
Je lis un texte très intéressant que je commenterai plus tard, mais je relève d’abord ceci : les auteurs censés s’interroger sur la signification (le mot signification est très emmerdant car il signifie ! aussi bien « sens » que « désignation ») du mot économie, non nommés, non cités, ne sont pas très nombreux parce que, à ma connaissance, ils ne sont que deux : Fourquet et Heil Myself ! Mais là n’est pas la question. La question est que ces auteurs, non nommés, non cités, ne trouvent pas du tout judicieux de s’interroger aujourd’hui sur la signification (au sens de sens) du mot « économie » (la prétendue chose) pour la simple raison que ce mot est parfaitement défini dans les dictionnaires (depuis 1960 seulement notez bien. Avant pas de définition dans les dictionnaires mais seulement une utilisation par les spécialistes dont Weber). Les deux auteurs en question, non nommés, non cités, ne s’interrogent pas sur la signification (au sens de sens) du mot « économie », mais sur l’existence de l’objet signifié (dénoté, désigné) par ce mot(la prétendue chose). Pour ces deux auteurs, non nommés, non cités, l’objet désigné par le mot « économie » (la prétendue chose) n’est pas un objet réel (n’est pas une chose). L’objet de n’importe quelle doctrine est nécessairement « ce dont parle cette doctrine ». Oui, c’est certain, du temps des auteurs anciens, la prétendue science économique qui n’existait pas encore (encore une invention de Say) « parlait des richesses, de ce qui constitue la fortune » ; elle en parle toujours et c’est d’ailleurs cela qui est repris dans la définition des dictionnaires. Mais ce qui est nouveau c’est que la prétendue science économique parle aussi d’un objet nommé « l’économie » ; elle le fait très exactement depuis 1818, après que le crétin Say le fit pour la première fois. Évidemment Adam Smith, auteur plus ancien s’il en est, ne pouvait le faire puisque le crétin Say fut l’inventeur de cet usage. Que ce soit Fourquet ou Heil Myself, nous dénions, pour des raisons différentes (historiques et … économiques selon Fourquet, logique selon Heil Myself), toute réalité à l’objet désigné (signifié) par le mot « économie ». Autrement dit : selon ces deux auteurs, non nommés, non cités, l’objet désigné par le mot « l’économie » n’est pas un objet réel (la prétendue science économique est un objet réel, hélas). Les deux auteurs, non nommés, non cités, ne prétendent pas que l’« on ne saurait pas exactement de quoi parle la science économique », ils prétendent seulement que ceux qui prétendent savoir de quoi parle la science économique quand elle utilise le terme « l’économie » ne savent pas de quoi ils parlent : ils confondent un objet réel avec une classe de faits. C’est seulement dans ce cas que les deux auteurs, non nommés, non cités, prétendent que l’« on » (on est un cochon) ne sait pas exactement de quoi parle la science économique. Mais les deux auteurs, non nommés, non cités, prétendent chacun savoir très bien, eux, de quoi parle la science économique dans ce cas : très exactement, dans ce cas, la science économique parle d’une classe de fait. Fourquet dit littéralement : « il s’agit d’un classement ». Une propriété de la langue, néfaste pour la fiabilité de l’action de penser, est sa propension à créer des noms propres auxquels nul objet ne correspond. (…) Ainsi, une grande part du travail du philosophe consiste — ou devrait du moins consister — en un combat avec la langue. Frege. Écrits posthumes Enfin, ce n’est pas principalement les doctrines économiques et les doctes économistes qui parlent de « l’économie », mais, massivement, depuis 1960 (selon Ian Hacking), la presse, la radio, la télévision et les piliers de bistrots. Ce Jorion serait-il lui aussi un téléologue ? Quand on ne veut pas comprendre, on ne comprend pas, ce qui ne signifie pas, hélas, qu’il suffise de vouloir comprendre pour comprendre ; ce serait trop beau. Notons enfin que Fourquet a consacré vingt ans à la question, a publié un livre épais et documenté, publia une dizaine d’articles dans le revue du MAUSS depuis 1989 et que donc il est peu probable que Jorion puisse ignorer son existence. * * * Funny : dans la suite du texte Jorion cite Fourquet, mais sans aucune référence à l’irréalité de l’économie, alors que Jorion lui-même est en train d’exposer une thèse sur l’irréalité de la valeur, sur l’inexistence d’une valeur-substance (« La valeur n’est pas une substance. » Voyer, 1976). Il ne cite Fourquet que pour une remarque sur l’origine historique du concept de valeur et du double renversement d’une réalité en fiction et d’une fiction en réalité, les prix (la réalité) n’étant conçus que comme l’ombre portée par la forme platonicienne de la valeur (« La valeur comme “idée platonicienne” »). De toute façon, c’est très intéressant tout ça. Également dans La Revue du Mauss permanente (Quelle aubaine : mieux vaut une revue permanente qu’une révolution permanente. Vive Internet, vive le Département de l’Attaque (DoA) nouvelle doctrine) un alléchant article de Lordon et Orléan sur l’institutionnalisation de la monnaie, la monnaie comme institution (et la valeur comme rien du tout, ce qui recoupe l’article de Jorion). |
L’exercice auquel Gödel va se livrer va consister en ceci : construire un système unique se composant à la fois de l’arithmétique et du discours méta-mathématique relatif à l’arithmétique. Le moyen de le faire consiste à coder les propositions méta-mathématiques sous forme de propositions mathématiques et à effectuer ensuite sur celles-ci des opérations arithmétiques. On conçoit qu’à partir de là il devienne possible de produire en particulier une formule arithmétique telle qu’elle est à la fois, d’un côté, en tant que message codé dans une expression arithmétique, un énoncé métamathématique posant un jugement sur la démontrabilité d’une proposition, et d’un autre côté, cette proposition elle-même en qui le commentaire métamathématique a été codé. On aura obtenu ainsi, selon les termes qu’utilisera Gödel, une formule qui « dit quelque chose d’elle-même ». L’objectif est de lier indissolublement à l’intérieur d’une formule unique, une proposition arithmétique et un commentaire méta-mathématique qui s’applique à elle. Opérer un tel codage est bien entendu extrêmement difficile et la plus grande partie de la « démonstration » du théorème consistera pour son auteur à mettre en place les conditions qui autoriseront un encryptage aussi spécial. Gödel sera obligé en particulier de faire intervenir la notion de « classe récursive » qu’il traitera comme une composante légitime de l’arithmétique. Ce faisant il opère un saut que tous les mathématiciens ne sont pas prêts à faire. Daval et Guilbaud en particulier considèrent au contraire que la récursion est elle-même une notion métamathématique et non arithmétique : « S’il y a une métamathématique, elle est constamment menacée d’expropriation par la mathématique. L’induction (récurrence) est-elle autre chose qu’un constat métamathématique ? » (Daval & Guilbaud, Le Raisonnement mathématique, PUF, 1945 : 144) . Sans entrer dans les détails trop techniques, la nécessité pour Gödel de manipuler des classes récursives est due au fait que ceci lui permet de lier encore davantage les notions de démontrabilité et de vérité. On a vu qu’une proposition mathématique démontrable est vraie. La définition d’une « classe récursive » à partir d’une fonction récursive lui permet de faire un pas supplémentaire : lorsqu’une instance d’une telle classe n’est pas démontrable — lorsqu’on ne peut pas la prouver vraie — alors sa négation l’est automatiquement. Une fonction récursive permet d’engendrer des nombres en les envisageant au sein de séries. De manière banale, les nombres naturels peuvent être générés à partir du principe de consécution suivant : « un nombre est égal au nombre précédent plus un ". On produit ainsi la suite 1, 2, 3, … Deux formules seulement suffisent pour engendrer la totalité des nombres naturels : celle que je viens de dire, que j’écrirai sous forme symbolique comme an = an-1 + 1, et une forme initiale qui vaut pour le premier terme, celui qui n’a pas de « précédent » : a0 = 0. Voici un ensemble de deux formules du même type qui permettent d’engendrer la suite des carrés : an = an-1 + n + (n - 1) ; a0 = 0. On peut vérifier pour an le carré de 1 : le carré du nombre précédent est 0, auquel on ajoute n qui est ici 1 et (n - 1) qui est zéro. On a « carré de 1 » égale 0 + 1 + 0. De même pour le carré de 4, par exemple de 4 :, le carré du nombre précédent 3 est 9, auquel on ajoute 4 lui-même et (4 - 1) égale 3. Le résultat est 9 + 4 + 3 = 16. Pourquoi certains, dont Daval et
Guilbaud, considèrent-ils qu’une définition récursive (également appelée par
« induction complète ») est d’ordre méta-mathématique, autrement
dit qu’il s’agit d’un commentaire, plutôt que d’une propriété d’ordre
mathématique, et qu’elle ne peut en conséquence être considérée comme un
moyen de démonstration ? La réponse fut apportée au début du XXe siècle par Henri
Poincaré qui n’était pas seulement un grand mathématicien et un grand
logicien, mais aussi un philosophe des sciences de premier rang. Il écrivait
dans La Science et l’Hypothèse : « Le
jugement sur lequel repose le raisonnement par récurrence peut être mis sous
d’autres formes ; on peut dire par exemple que dans une collection
infinie de nombres entiers différents, il y en a toujours un qui est plus
petit que tous les autres. On pourra passer facilement d’un énoncé à l’autre
et se donner ainsi l’illusion qu’on a démontré la légitimité du raisonnement
par récurrence. Mais on sera toujours arrêté, on arrivera toujours à un
axiome indémontrable qui ne sera au fond que la proposition à démontrer
traduite dans un autre langage. On ne peut donc se soustraire à cette
conclusion que le raisonnement par récurrence est irréductible au principe de
contradiction. Cette règle ne peut non plus nous venir de l’expérience ;
ce que l’expérience pourrait nous apprendre, c’est que la règle est vraie
pour les dix, pour les cent premiers nombres par exemple, elle ne peut
atteindre la suite indéfinie des nombres, mais seulement une portion plus ou
moins longue mais toujours limitée de cette suite » (Poincaré, La
Science et l’hypothèse [1906]). |
Norman Podhoretz s’interrogeait, dans un article du New York Post du 25 juillet, à propos de la guerre au Liban : « Est-ce que les démocraties libérales n’ont pas évolué à un point où elles ne peuvent plus mener de guerres efficaces à cause du niveau de leurs préoccupations humanitaires pour les autres… ? » Et il poursuivait : « Et si notre erreur tactique en Irak était que nous n’avions pas tué assez de sunnites au début de notre intervention pour les intimider et leur faire tellement peur qu’ils accepteraient n’importe quoi ? Est-ce que ce n’est pas la survie des hommes sunnites entre 15 et 35 ans qui est la raison de l’insurrection et la cause fondamentale de la violence confessionnelle actuelle ? » (Nouvelles d’Orient) |
(…) J’ai proposé depuis (dans La redécouverte de l’esprit) un nouvel argument. La distinction la plus profonde qu’on puisse effectuer n’est pas entre l’esprit et la matière, mais entre deux aspects du monde : ceux qui existent indépendamment d’un observateur, et que j’appelle intrinsèques, et ceux qui sont relatifs à l’interprétation d’un observateur ♦. (…)
|
Je trouve dans Wikipédia cette citation de Hayek sur les mots-belettes (les mots Élie Wiesel). Ainsi, le mot « social » serait un mot-belette (je suis bien d’accord) mais non pas les mots « économie » et « économique » qui sont employés uniquement pour faire savant. Elle est bien bonne. Notamment, la réalité économique n’est aucune réalité. Quand Hayek dit « économie de marché » le mot « économie » est là pour dissimuler qu’il dit en fait « marché libre ». Effectivement, comment le marché libre pourrait-il être social puisqu’il est l’anti-société, l’anti-civilisation ?
Le 6 février 1979 à l’université de Fribourg, Hayek développa avec la notion américaine du « weasel word » (qui signifie mot-belette ou encore mot ambigu). De même qu’une belette aurait la capacité de vider un œuf en le suçant sans en abîmer la coquille, de même il existerait des mots qui pareillement à cette belette viderait de sens tous les termes auxquels ils sont associés. Selon Hayek, le « mot-belette » par excellence serait le mot « social » : « Personne ne sait vraiment ce qu’il signifie. En revanche, ce que l’on sait, c’est qu’une économie sociale de marché n’est pas une économie de marché, qu’un État social de droit n’est pas un État de droit, qu’une conscience sociale n’est pas une conscience, que la justice sociale n’est pas la justice — et je crains aussi qu’une démocratie sociale ne soit pas une démocratie. » |
On peut qualifier de sémiotiques
toutes les théories qui, de Locke jusqu’à la sémiologie française des années
1960, tirent leurs procédures analytiques d’une définition générale du signe,
d’une réponse à la question de la nature du signe en général. Or il faut se
demander si le fait de chercher à donner une définition du signe en général,
une définition de la nature du signe comme tel, ne revenait pas à perpétuer
le préjugé atomiste qui conduit à déclarer possible l’existence d’un signe
unique. (…) Dans
Le Discours et le Symbole, Ortigues
se référait à Saussure, mais il se séparait du point de vue sémiotique (si
l’on entend par là l’idée d’une théorie des signes qui serait fondée sur le
seul principe d’une définition générale du signe ou de l’unité de sens par
les différences diacritiques). On connaît le slogan : dans la langue, il n’y a que des
différences. Pourtant, l’analyse linguistique ne saurait se réduire à une
étude de la langue, puisqu’il lui faut se donner deux sortes d’unités
signifiantes, les phrases du
discours et les mots de la langue.
« Un discours ne se divise pas en mots. Il se divise en phrases »
(p. 76). Il y a donc toujours deux pôles à considérer : le pôle du
discours (qui a pour unité minimale la phrase) et le pôle de la langue (qui a
pour unité maximale le mot ou, si l’on veut, le « syntagme »). Du
point de vue structural, ou, si l’on préfère, du point de vue des règles de
formation d’un tout complexe, on doit donc éviter de parler de la structure
du signe, car ce serait confondre les conditions de la formation d’un mot et
celles de la formation d’un discours. « Toutes les règles de la langue
ne servent jamais qu’à faire des phrases […]. La phrase est donc l’ensemble
minimum que la parole individuelle puisse librement construire comme un
discours et l’ensemble maximum pour lequel la langue puisse légiférer »
(p. 77). Ainsi,
la langue ne légifère pas en matière de phrase, elle ne détermine pas quelle
phrase utiliser dans quelle circonstance (ce serait confondre une langue et
un code des bonnes manières) : elle ne fixe que les conditions
syntaxiques de la construction d’une phrase correcte. En revanche, la langue
comme lexique fournit des unités déjà
identifiées (dans le « trésor » que constitue le vocabulaire)
que le locuteur doit choisir (librement) en fonction de ce qu’il veut dire
(ou de ce qu’il veut accomplir par le fait de tenir son discours). Ces distinctions permettaient à Ortigues d’éviter
l’écueil sur lequel allait s’abîmer l’imposant vaisseau du
« structuralisme généralisé », c’est-à-dire du programme
sémiotique : prendre le système phonologique pour modèle des systèmes
idéologiques, s’imaginer qu’on pourra analyser un mythe ou de façon plus
générale les grands récits, les grandes figurations, comme si les mêmes lois
présidaient à la formation des « unités signifiantes » à tous les
niveaux (phonologique, morphologique, syntaxique, rhétorique et poétique).
Comme il l’écrira plus tard : à la différence des sciences naturelles,
les études humanistes ne peuvent pas proposer des « théories de
composition », autrement dit identifier des unités ultimes (dans un
ordre donné) au terme d’une décomposition d’un discours ou d’un
« ouvrage de l’esprit ». La psychologie du XIXe siècle croyait en avoir
trouvé une (avec les lois de l’« association des idées », en
réalité des images mentales) ♦. Mais, justement, cette psychologie associationniste ne peut
pas rendre compte des faits de signification langagière : le sens d’un
discours ne peut pas consister dans des « images » ou des
« idées » qui seraient suscitées par les mots dans l’esprit de
l’auditeur. Expliquer le sens d’un mot, ce n’est pas identifier une image,
c’est plutôt donner des exemples ou des règles d’usage (de ce mot dans des
phrases qu’on pourrait prononcer dans certaines situations).
Le commencement de la sagesse, en cette matière, est donc
de renoncer à parler de la fonction du signe en général et donc aussi de la nature du signe au singulier. En réalité, écrira même Ortigues, « les
notions de signifiant et de signifié ne rendent pas compte de la distinction
entre la langue et le discours » (La forme et le sens en psychanalyse,
1999). Ce serait une erreur de croire qu’en parlant de la structure
(morphologique) du mot et de la structure (syntaxique) de la phrase, on
applique dans l’un et l’autre cas une même notion générale de structure
signifiante. Or cette erreur a marqué le structuralisme qu’on peut qualifier
de vulgaire, ou plutôt de superficiel,
pour indiquer par là qu’il avait cru pouvoir pratiquer sa définition des
unités signifiantes par des oppositions distinctives en ne se donnant qu’un
seul niveau d’analyse (la célèbre feuille de papier, dont le recto et le
verso figurent les deux faces signifiante et signifiée du langage). Je crois
qu’on peut parler ici d’une critique
interne du structuralisme dans sa version purement
« morphologique », à savoir justement celle qui s’est imposée dans
l’opinion et qui a nourri plusieurs programmes ambitieux d’analyse des formes
culturelles, littéraires, ou encore des théories psychanalytiques de
l’inconscient. Le structuralisme
(celui qu’on doit dire superficiel) a confondu l’organisation d’un assemblage
d’unités signifiantes qu’on appellera un « syntagme » et
l’organisation des « parties du discours » qui seule peut être
qualifiée de syntaxique. Mais l’opposition
distinctive (entre deux unités de même niveau) ne suffit pas pour
l’analyse linguistique, puisqu’elle ne nous donne pas la fonction que ces
unités peuvent remplir. De
façon générale, Ortigues a proposé dans Le
Discours et le Symbole une réflexion sur les « conditions formelles
du sens » dont voici la grande leçon : « qui dit “forme” dit
“sélectivité”, qui dit “fonction” dit “hiérarchie”. Nous sommes toujours
obligés de tenir compte de ces deux types de rapports » (p. 96). On
peut aussi le dire en soulignant que la classification structurale se fait à
partir de principes, qu’elle n’en reste pas à de simples caractères
extérieurs : « toute classification des formes doit trouver sa
raison d’être dans une hiérarchie des fonctions » (p. 98). Cette
leçon me semble fournir le sens ultime de cette réhabilitation, à laquelle
travaillait tout le livre, de l’explication par la causalité formelle dans le
domaine des sciences historiques, c’est-à-dire des « sciences de
l’esprit ». Ce texte est extrait d’une communication
présentée au colloque organisé en hommage à Edmond Ortigues, et qui s’est
tenu à l’université Rennes I, les 28 et 29 mars 2003. Vincent Descombes, « Edmond Ortigues et le tournant linguistique », L’Homme, 175-176 - Vérités de la fiction, 2005 |
L’Homosexualisme,
nouvel avatar de la « libération sexuelle » par Véronique
Hervouët →
|
L’homosexualité est un phénomène aussi vieux que l’humanité et les préjugés sur elle (qui relèvent de la même prérogative phallique qui fonde la misogynie) se sont dans une large mesure effacés dans la société occidentale. Aussi peut-on s’interroger sur l’activisme en présence qui consiste à présenter l’homosexualité sur un mode victimaire alors même qu’elle est publiquement présentée comme un nouveau modèle. Car ça n’est pas une vue de l’esprit : le marketing, la pub, la mode, les compagnies d’assurance, les fictions-télé (pour enfants comme pour adultes, et plus particulièrement pour les adolescents), les campagnes politiques s’appliquent à flatter l’homosexualité, à l’instrumentaliser comme un argument de séduction et de vente. Cette promotion de l’homo n’est pas seulement le fait de la communauté homosexuelle, fut-elle sur-représentée parmi les instances médiatiques et culturelles et constituées en efficaces lobbies politiques. Elle est relayée par une large fraction de sympathisants et activistes hétérosexuels dont nombre de représentants politiques, journalistiques et culturels investis d’une foi militante, vecteurs d’un puissant prosélytisme. Prédication
et inquisition Afin de mieux cerner le socius [késaco ?] et qu’y pénètre plus profondément [C’est le mot, isn’t it ?] la promotion des nouveaux modèles, une stratégie coercitive et dialectique s’est constituée. Agissant sur un mode culpabilisateur qui se donne les gants vertueux des Droits de l’homme, elle consiste à exercer une pression idéologique ayant vocation à formater l’opinion publique et une menace sur la liberté de pensée qui tend à la paralyser et à la criminaliser. Cette stratégie s’inscrit dans la politique européenne dite de «défense des minorités » qui consiste à encourager les revendications identitaires (linguistiques, sexuelles, ethniques, religieuses, régionales, etc), à attiser leur dimension conflictuelle en accréditant leurs discours victimaires et en les mettant en concurrence au sein de dispositifs institutionnels [ la HALDE barde ] « anti-discriminatoires » spécifiquement conçus pour accueillir et gérer ces conflits. Méthode du pompier pyromane mise au service d’une stratégie impériale notoire (diviser pour régner), qui a pour fonction de dissoudre la citoyenneté, les solidarités politiques et sociales qui s’y attachent, en fragmentant le corps social en communautés consuméristes concurrentes. Forts de ces puissants soutiens politiques et institutionnels, les lobbies homosexuels ne craignent pas d’exercer ouvertement leurs menaces sur la liberté de penser, parfois même sur le mode crapuleux. Par exemple par la voie du chantage à la dénonciation (banalisé sous le terme d’outing), celle de l’homosexualité de personnalités politiques afin qu’ils se déclarent publiquement tels et manifestent leur solidarité à la cause en imposant les amendements et dispositifs institutionnels adéquats pour que s’accélère la mutation de la culture et des mœurs. Voire même sur le mode de l’agression violente : manœuvres d’intimidation sur des plateaux de télévision, pressions, violence verbale, agressions en commandos contre des auteurs critiques et leurs éditeurs. Véronique Hervouët |
Que voilà du beau monde. Notez que les homosexualistes ne sont pas nécessairement des homosexuels, de même que les féministes ne sont pas nécessairement des femmes, la réciproque étant, fort heureusement, vraie.
Holisme et
individualisme : la clarification d’une querelle →
A propos de
V. Descombes, Le complément de sujet
La G4G et la fin de la
globalisation →
|
“Brave New War” will put an end
to the Brave New World “As the title implies, this book dares to question the inevitability
of the globalist future decreed by the internationalist elites, a one-world
superstate where life is reduced to an administered satisfying of ‘wants’.” |
Polanyi a donc raison : 1) la société se défend, 2) sa défense est internationale. J’ajoute que seules les sociétés archaïques peuvent encore pour l’instant assurer cette défense parce que seules les sociétés archaïques sont encore des sociétés et non des espaces de prostitution et d’élevage de bétail. Ces sociétés archaïques (“pre-modern non-state primary loyalties”, Lind) ne sont pas, comme l’est l’Occident, pleines d’enculés.
La thèse de Robb, soutenue par Lind, est que la G4G est le principal moyen mis en œuvre pour non seulement contrer la globalisation mise en place ces dernières décennies mais également pour la détruire [ et non pas envahir ou conquérir l’Occident. Comme le signale avec insistance Ben Gourion dans sa lettre au général, les territoires des Arabes sont immenses, immenses, immenses, tandis que le million et demi de Palestiniens qui vivaient en Palestine était petit, petit, petit. Pourquoi en voudraient-ils d’autres. De toute façon, tous les Arabes du monde et même tous les musulmans du monde ne tiendraient pas une semaine dans une bataille rangée. C’est bien pourquoi ils combattent d’une autre façon. Or cette façon ne convient que pour défendre son pays et non pour envahir ou conquérir celui des autres. Personne n’a jamais vu une guérilla de conquête ]. La destruction de la globalisation est en bonne voie, de la façon la plus spectaculaire dans la période ouverte le 11 septembre par les actions terroristes et, surtout à notre sens, par les réactions des “pouvoirs”, voire des “États” qui se jugent soi-disant engagés dans la défense de la globalisation. (Les guillemets sont nécessaires tant l’ambiguïté est grande dans ces divers domaines et actions. La question de la définition de ces soi-disant “pouvoirs” et “États” est même au centre de la réflexion telle qu’elle évolue, notamment avec le livre de Robb et le commentaire de Lind.)
Ainsi donc les gens bons avaient parfaitement et immédiatement compris de quoi il s’agissait le 11 septembre : l’attaque de leur foireux « mode de vie ». C’est bien la société qui se défend contre sa négation par le marché libre. Même si Polanyi ne lisait pas le français, même si Polanyi n’avait pas lu Mauss, je suppose que Polanyi ne confondait pas « la société » et « les sociétés », de même que Frege ne confond pas les esprits et l’esprit. Par le terme extrêmement général de « la société » Polanyi veut désigner ce qui dans les sociétés est social, c’est à dire ce qui dans les sociétés est humain ; tandis que le marché libre représente ce qui est anti-humain, une fantastique attaque contre l’humanité. Les gens bons ont très bien compris de quoi il retournait. Voilà pourquoi j’ai débouché le champagne et pourquoi Nabe a vu une lueur d’espoir.
Pendant que j’y pense : le « raid » (razzia, rezzou) est une vieille tradition des Bédouins, qu’ils soient Arabes ou Touaregs. Donc il n’est pas étonnant, finalement, que la transposition du raid à l’échelle mondiale soit le fait d’Arabes (cette idée me vient en lisant l’article de Lind). D’ailleurs, si vous lisez le Coran, vous verrez facilement que c’est un livre de pasteurs et non d’agriculteurs. Le bétail et le butin y tiennent une place importante. Et combien de raids le Prophète mena-t-il contre les idolâtres ? quatre-ving douze il me semble, dont quatre-vingt dix victorieux.
On voit qu’il ne faut pas interpréter trop rapidement, dans un sens traditionaliste, les textes de Tocqueville sur l’irréligion et sur la nécessité de la religion dans une démocratie. Il me semble, c’est l’hypothèse interprétative dont je parlais tout à l’heure, qu’on pourrait traduire en termes plus contemporains la théorie de Tocqueville. L’irréligion n’est autre que la dissolution de toute opinion commune (qui prenait la forme de la religion à l’époque de Tocqueville) et la religion est l’ensemble de ces croyances communes, qui fondent les mœurs, sans lesquelles il n’y a pas de démocratie. Tocqueville le montre de manière particulièrement claire dans De la démocratie en Amérique : « on ne peut établir le règne de la liberté sans celui des mœurs, ni fonder les mœurs sans les croyances » (II, 13). L’autonomie politique repose donc, en Amérique, sur une hétéronomie : au-delà de la sphère politique, où tout est pensé comme transformable, il y a la sphère des vérités qu’on admet sans discuter (II, 47), la sphère de la croyance qui garantit les mœurs, conditions de la démocratie : « en Amérique, c’est la religion qui mène aux Lumières ; c’est l’observation des lois divines qui conduit l’homme à la liberté » (II, 45). (I. Philosophie, science politique et religion dans la théorie de la démocratie de Tocqueville, p. 18) |
Note : Richard Posner est une ordure. J’aurai fait un bon flic. Je mémorise à mon insu les noms et je m’en souviens involontairement, fut-ce trois années après. Quand je lus « Richard Posner » sous la plume de M. Champeau : « J’essaie de montrer comment l’idéalisme des théories de la démocratie délibérative a produit en retour une réaction réaliste, pessimiste, voire cynique (avec les travaux du grand juriste Richard Posner), qui insiste sur la réalité de la démocratie de masse », ça a fait tilt. Une fois de plus, je ne me suis pas trompé. Jugez-en par vous même →.
On imagine qu’il n’y a qu’un pas, du constat pessimiste de Zakaria, à l’affirmation selon laquelle la politique ne consiste pas en un échange réglé de raisons dans le cadre d’une délibération [ Ça c’est une pure connerie à la Habermas ] mais en un processus conflictuel qui débouche sur un compromis d’intérêts toujours instable. J’ai parlé, plus haut, des versions démocrates-radicales de cette idée. Je me contenterai de dire quelques mots de sa version conservatrice. Le meilleur représentant de ce courant est sans doute le grand juriste Richard Posner. Il est clair que pour lui la liberté [ La liberté de qui ? ] est plus essentielle que la démocratie : « la démocratie est illibérale et le libéralisme non démocratique (pour ma part je préfère définir le libéralisme comme un régime démocratique où les lois protègent les libertés) » (Law, Pragmatism and Democracy). Les citoyens de nos sociétés [ bétail et prostitués dans la grande majorité ] sont, selon Posner, plus attachés à disposer de garanties contre l’empiétement de l’État sur leur propre vie qu’à participer à des débats démocratiques [ Qui, quand, comment et pourquoi, à fait qu’advienne cet état des choses. Ceux qui se réclament du mal qu’ils ont fait pour en faire d’autre, comme d’habitude depuis trois siècles ]. L’essence de la démocratie représentative n’est d’ailleurs pas la délibération : sa fonction est « de gérer les conflits entre les individus qui, raisonnant la plupart du temps à partir de prémisses incompatibles, ne peuvent surmonter leurs différences par la discussion » (ibid, 112). Il arrive fréquemment que la délibération divise, déstabilise, entraîne des dysfonctionnements et des pertes de temps (112). Bref, la démocratie fonctionne bien sans délibération, elle suppose seulement le common sense des électeurs (« un garde-fou contre les projets délirants » [ par exemple enfoncer des aiguilles stérilisées sous les ongles des prévenus ]), la political ability des gouvernants et l’ordinary competence des fonctionnaires [ Et ainsi, les vaches seront bien gardées ce qui est le but poursuivi. ]. (II. Démocratie délibérative et démocratie représentative, p. 17) |
Tout en Amérique, est fondé sur la volonté. Une puissante
volonté négative semble s’opposer à toute vie spontanée, il semble n’y avoir
aucun sentiment — pas de véritable compassion et sympathie viscérales : il
n’y a que cette volonté crispée, volonté de fer, bienveillante, qui
est finalement diabolique. Comment peut-on écrire sur cela sinon avec un
esprit analytique. Frieda, tout comme vous, a toujours rêvé secrètement de
l’Amérique et de sa liberté : une liberté de ne rien ressentir. Mais
maintenant, elle commence à comprendre combien il est absolument répugnant de
vivre selon cette volonté contre la vie intérieure spontanée, en
imposant la volonté individuelle égoïste à tout ce que la vie a d’authentique
et de sacré. Bien sûr. je sais que vous allez railler en m’entendant dire
qu’il existe une vie spontanée, sacrée, avec sa fierté et son pouvoir sacré.
Je sais que, vous aussi, vous croyez que cette volonté humaine détraquée doit
dominer la vie. Moi pas. Et c’est pourquoi je pense que l’Amérique
n’est ni libre ni brave, mais est un pays de petites volontés étroites qui
résonnent comme du métal, tout le monde essayant de berner tout le monde, et un pays d’hommes dépourvus du
véritable courage qu’est la confiance, la confiance en la spontanéité sacrée
de la vie. Ils ne font pas confiance à la vie
tant qu’ils ne la dominent pas. Voilà ce qu’ils valent — les
lâches ! je vous laisse le pays de la Liberté — ce que j’en connais. Au
printemps, je veux rentrer en Europe.
D.H Lawrence. Lettre à Else Jaffe, 27 septembre 1922. |
Le château de Prague. © Petr Turyna
« J’allais faire une visite à madame la duchesse de Guiche, logée assez loin de là dans une autre partie du château ; il fallait près de dix minutes pour s’y rendre de corridor en corridor. » Chateaubriand, Mémoires.
Westernized politicians
Combinani, Laurent Mouchard, le singe Minc sont des YOUPIF des FAF. Combinani est presque Américain.
RIVAROL : Pour
vous, les Américains jouent un rôle majeur
dans le scrutin présidentiel. Pourquoi interviennent-ils dans cette
élection ? ALAIN SORAL :
Reprenons les événements dans l’ordre chronologique : il y a eu le coup
de semonce du 21 avril 2002 avec la présence de Le Pen au second tour.
L’année suivante, les Français refusent de participer à la seconde guerre
d’Irak, de sorte que les Américains doivent y aller sans le tampon de l’ONU,
et donc à leurs frais (au lieu des 30 % payés lors de la première guerre du
Golfe en 1991, ils doivent verser 100 %, ce qui est beaucoup plus cher). Dès lors, commencent à
paraître des écrits néo-conservateurs dans lesquels la France est présentée
comme LE problème en Europe, c’est-à-dire comme l’obstacle majeur à la
domination de l’Europe par les Américains. Puis le vrai moment
décisif, c’est en 2005 le non à la Constitution européenne. Chirac organise
un référendum parce qu’il est convaincu qu’avec la puissance médiatique la
victoire du oui est assurée. Le non l’emporte en France puis aux Pays-Bas à
la grande fureur des États-Unis car l’Europe de Monnet et Cassin est depuis
1945 un projet américain. Le pouvoir US voyant se profiler la présidentielle de
2007 craint cette continuation de l’incontrôlable. Les États-Unis décident
alors à leur manière, maladroite et brutale, de changer le jeu électoral
français. Puisque c’est à cause de la multiplicité des petits candidats qu’en
2002 Le Pen s’est hissé au second tour, il faut assurer en 2007 la finale
avec les deux duettistes pré-sélectionnés et sous contrôle. D’où le
financement massif des deux candidats du système UMPS dans une logique
démocrates contre républicains, Kerry contre Bush, bonnet blanc, blanc
bonnet. Deux candidats proposant exactement la même gestion avec quelques
nuances sociétales pour masquer que ces choix se situent toujours en dehors
du sérieux que sont la question des peuples et le rapport capital-travail. Rivarol :
Mais comment, concrètement, les États-Unis pilotent-ils ces élections ? Alain Soral : La société de communication
démocrate qui soutenait Clinton aide à la création du phénomène Ségolène,
création qui, dans la logique américaine, va jusqu’au remodelage
chirurgical ! Tout cela a été planifié, fait suffisamment tôt pour qu’on
ait aujourd’hui une Royal à la mâchoire modifiée, aux dents blanchies, à la
peau retendue. Tout ça dans le silence assourdissant des grands media, alors
que ces modifications assez visibles auraient pu faire d’excellents
sujets... ce qui prouve leur complicité. Quant à Sarkozy, est-il besoin d’y insister, c’est un pur
agent néo-conservateur, le candidat des républicains en partie financé par de
puissants lobbies américains. N’est-il pas allé à New York rencontrer les
dirigeants de l’AIPAC (American-Israël Political Action Committee) et de l’American
Jewish Committee ? Rappelons aussi qu’aussitôt élu à la tête de l’ UMP,
il a fait entonner “La Marseillaise” par la chanteuse Shirel, qui a choisi la
nationalité israélienne, en duo c’est vrai avec une beurette fille de harkie,
quel beau symbole ! Son premier voyage officiel après cette prise de
pouvoir fut aussi pour l’Etat d’Israël. Sans compter les nominations
récurrentes du très légitime et très crédible Arno Klarsfeld, lui-même
réserviste dans l’armée israélienne ! Avec Sarko et Royal, les démocrates d’un côté et les
néo-conservateurs américains de l’autre ont mis en œuvre à peu près la même
stratégie qu’ils avaient employée pour faire réélire Eltsine en Russie :
compenser la médiocrité objective de ces candidats — aucun des deux n’ayant
la stature de chef d’État — par beaucoup d’argent et de paillettes !
Mais pour que cette opération réussisse, il fallait aussi empêcher les petits
candidats d’ obtenir leurs cinq cents parrainages. Il existe ainsi des
témoignages de plusieurs prétendants à qui l’on a volé des promesses de
signatures, des ordinateurs qui ont été victimes de piratages informatiques,
probablement avec le relais d’officines proches d’un certain ministère... Il
fallait abolir le premier tour de deux manières : d’une part réserver la
qualification à quatre ou cinq candidats sous contrôle et, pour compenser l’
appauvrissement du spectacle, instituer dans les deux grands partis des
primaires. Aussi le PS a-t-il organisé des primaires à l’américaine, aussi
spectaculaires qu’inutiles, avec la juxtaposition de trois monologues, sans
aucun affrontement entre Ségolène et deux faire-valoir, Strauss-Kahn et
Fabius. Ce qui est amusant, c’est que Ségolène, qui est adoubée
en externe par les démocrates américains, a été promue en interne par quelques
milliers de retraités de l’enseignement public, lesquels ont voulu porter une
femme au pouvoir parce qu’ils pensent que c’est moderne, alors que cette
idée, phare il y a 20 ans, est aujourd’hui totalement périmée. Les gens,
face à la crise de l’ordre, voulant au contraire de l’autorité, du phallus.
C’est dire la totale ringardise des militants socialistes ! |
Avant que je ne lise Polanyi, je pensais que La Grande transformation était celle survenue après 1840 et l’abolition des lois sur les pauvres et sur les grains en Angleterre. Or il n’en est rien. Pour Polanyi, la grande transformation a lieu depuis 1929 après l’échec général du marché libre et de l’étalon or. Après lecture, je continue à penser que la véritable grande transformation est celle de 1840 : la chute de l’humanité dans le besoin à partir du foyer d’infection anglais. L’humanité est toujours plongée dans le besoin — c’est-à-dire dans l’inhumanité — plus que jamais ; elle le sera peut-être toujours. C’est pourquoi sa disparition ne serait pas une grande perte. |
J’ai gardé trois opinions sur l’Orient
depuis l’époque où j’écrivis ce Mémoire : 1° Si la Turquie d’Europe doit être dépecée, nous devons avoir un lot dans ce morcellement par un agrandissement de territoire sur nos frontières et par la possession de quelque point militaire dans l’Archipel. Comparer le partage de la Turquie au partage de la Pologne est une absurdité. 2° Considérer la Turquie telle qu’elle était au règne de François Ier, comme une puissance utile à notre politique, c’est retrancher trois siècles de l’histoire. 3° Prétendre civiliser la Turquie en lui donnant des bateaux à vapeur et des chemins de fer, en disciplinant ses armées, en lui apprenant à manœuvrer ses flottes, ce n’est pas étendre la civilisation en Orient, c’est introduire la barbarie en Occident : des Ibrahim [fils aîné de Mehemet Ali] futurs pourront amener l’avenir au temps de Charles Martel, ou au temps du siège de Vienne, quand l’Europe fut sauvée par cette héroïque Pologne sur laquelle pèse l’ingratitude des rois. Je dois remarquer que j’ai été le seul, avec Benjamin Constant, à signaler l’imprévoyance des gouvernements chrétiens : un peuple dont l’ordre social est fondé sur l’esclavage et la polygamie est un peuple qu’il faut renvoyer aux steppes des Mongols. En dernier résultat, la Turquie d’Europe, devenue vassale de la Russie en vertu du traité d’Unkiar Skelessi n’existe plus : si la question doit se décider immédiatement, ce dont je doute, il serait peut-être mieux qu’un empire indépendant eût son siège à Constantinople et fît un tout de la Grèce. Cela est-il possible ? je l’ignore. Quant à Méhémet-Ali, fermier et douanier impitoyable, l’Égypte, dans l’intérêt de la France, est mieux gardée par lui qu’elle ne le serait par les Anglais. Mais je m’évertue à démontrer l’honneur de la Restauration ; eh ! qui s’inquiète de ce qu’elle a fait, surtout qui s’en inquiétera dans quelques années ? Autant vaudrait m’échauffer pour les intérêts de Tyr et d’Ecbatane : ce monde passé n’est plus et ne sera plus. Après Alexandre, commença le pouvoir romain ; après César, le christianisme changea le monde ; après Charlemagne, la nuit féodale engendra une nouvelle société ; après Napoléon, néant : on ne voit venir ni empire, ni religion, ni barbares. La civilisation est montée à son plus haut point, mais civilisation matérielle, inféconde, qui ne peut rien produire, car on ne saurait donner la vie que par la morale ; on n’arrive à la création des peuples que par les routes du ciel : les chemins de fer nous conduiront seulement avec plus de rapidité à l’abîme. (Mémoires, L. XXIX, C. 12) |
Le général de
l’USAF Hayden, directeur de la CIA
Conclusion pour le
XXIème
siècle (15-07-2006) Rumsfeld avait-il raison le 10 septembre 2001 ? Nous n’avons jamais cessé de le croire. Il est vrai que le processus bureaucratique constitue le cancer structurel des temps modernistes. (Il n’est pas sûr que Rumsfeld le dénonça dans cet esprit et avec cette conscience mais la dénonciation est là.) Il représente parfaitement ce que la démarche moderniste offre en matière de perversion en organisant l’irresponsabilité puisqu’il marie la puissance et l’illégitimité. Le processus bureaucratique impose une situation qui est une attaque directe contre la légitimité du pouvoir, par conséquent une attaque contre la souveraineté et contre l’identité. Derrière son apparence structurée, la bureaucratie est profondément déstructurante parce qu’elle propose une évolution structurelle qui est une entropie du pouvoir par organisation systémique de l’irresponsabilité. (D’où la facilité avec laquelle des bureaucraties transnationales et supranationales se mettent en place : elles sont naturellement bien placées pour une situation qui est par essence un déni de souveraineté et d’identité.) Si l’on considère qu’il est un mal inévitable (plus qu’un mal nécessaire) dû aux caractères de nos sociétés, le processus bureaucratique ne peut être efficacement combattu et contenu que par la légitimité du pouvoir politique, — lorsque ce pouvoir politique représente la souveraineté et l’identité par un caractère régalien absolument nécessaire, et à cette condition sine qua non. Le système américaniste n’a aucune de ces choses : il n’est pas régalien, il ne représente aucune identité et n’exerce aucune souveraineté fondamentale, il n’a pas de légitimité régalienne. Quel que soit l’homme, quels que soient ses fautes et ses vices, quelle que soit sa responsabilité dans les malheurs qui nous accablent depuis le 11 septembre 2001, il faut reconnaître que Rumsfeld avait identifié et dénoncé le grand, le véritable danger du XXIème siècle, — lequel, dans les conditions actuelles où ce danger est totalement laissé à lui-même, pourrait être un “court XXIème siècle” tant la prolifération bureaucratique précipite la crise générale. Il faut également admettre qu’il (Rumsfeld) avait partie perdue d’avance.
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Ce livre a l’air enthousiasmant. Que ne l’ai-je lu plus tôt ? Demain je mettrais en ligne l’enthousiasmante préface de Dumont. Dans l’immédiat, je vous livre ceci qui est plutôt malvenu. Je lis dans les annexes :
Engels et Marx n’ont pas étudié la loi sur les pauvres. On peut imaginer que rien ne leur aurait mieux convenu que de montrer le caractère pseudo-humanitaire d’un système qui avait la réputation de flatter bassement les caprices des pauvres, alors qu’il faisait en réalité tomber leurs salaires au-dessous du niveau de subsistance (puissamment aidé en cela par une loi antisyndicale) et donnait l’argent public aux riches pour les aider à tirer plus de revenu des pauvres. Mais, à leur époque, l’ennemi, c’était la nouvelle loi sur les pauvres, et Cobbett et les chartistes avaient tendance à idéaliser l’ancienne. En outre, Engels et Marx étaient convaincus, à juste titre, que si le capitalisme devait arriver, la réforme de la loi sur les pauvres était inévitable. C’est ainsi que leur échappèrent, non seulement certaines matières à controverse de premier ordre, mais encore l’argument par lequel Speenhamland renforçait leur système théorique, à savoir que le capitalisme est incapable de fonctionner sans un marché libre du travail.
Alors, et ça, qu’est-ce que c’est :
A la fin du XVIIIe siècle et pendant les vingt premières années du XIXe les fermiers et les landlords anglais rivalisèrent d’efforts pour faire descendre le salaire à son minimum absolu. A cet effet on payait moins que le minimum sous forme de salaire et on compensait le déficit par l’assistance paroissiale. Dans ce bon temps, ces ruraux anglais avaient encore le privilège d’octroyer un tarif légal au travail agricole, et voici un exemple de l’humour bouffon dont ils s’y prenaient : « Quand les squires fixèrent, en 1795, le taux des salaires pour le Speenhamland, ils avaient fort bien dîné et pensaient évidemment que les travailleurs n’avaient pas besoin de faire de même... Ils décidèrent donc que le salaire hebdomadaire serait de trois shillings par homme, tant que la miche de pain de huit livres onze onces coûterait un shilling, et qu’il s’élèverait régulièrement jusqu’à ce que le pain coûtât un shilling cinq pence. Ce prix une fois dépassé, le salaire devait diminuer progressivement jusqu’à ce que le pain coûtât deux shillings, et alors la nourriture de chaque homme serait d’un cinquième moindre qu’auparavant. »
En 1814, un comité d’enquête de la Chambre des lords posa la question suivante à un certain A. Bennet, grand fermier, magistrat, administrateur d’un workhouse (maison de pauvres) et régulateur officiel des salaires agricoles : « Est ce qu’on observe une proportion quelconque entre la valeur du travail journalier et l’assistance paroissiale ? Mais oui, répondit l’illustre Bennet; la recette hebdomadaire de chaque famille est complétée au delà de son salaire nominal jusqu’à concurrence d’une miche de pain de huit livres onze onces et de trois pence par tête... Nous supposons qu’une telle miche suffit pour l’entretien hebdomadaire de chaque membre de la famille, et les trois pence sont pour les vêtements. S’il plaît à la paroisse de les fournir en nature, elle déduit les trois pence. Cette pratique règne non seulement dans tout l’ouest du Wiltshire, mais encore, je pense, dans tout le pays. »
C’est ainsi, s’écrie un écrivain bourgeois de cette époque, « que pendant nombre d’années les fermiers ont dégradé une classe respectable de leurs compatriotes, en les forçant à chercher un refuge dans le workhouse... Le fermier a augmenté ses propres bénéfices en empêchant ses ouvriers d’accumuler le fonds de consommation le plus indispensable ». L’exemple du travail dit à domicile nous a déjà montré quel rôle ce vol, commis sur la consommation nécessaire du travailleur, joue aujourd’hui dans la formation de la plus-value et, par conséquent, dans l’accumulation du capital. On trouvera de plus amples détails à ce sujet dans le chapitre suivant.
Le Capital - Livre premier, VIIe section, Chapitre XXIV. Effectivement, ce n’est pas ce qu’on peut appeler « une étude »
Ce que l’Occident est en train de faire à l’Islam, il le fait en même temps aux autres civilisations survivantes — chrétiens orthodoxes, Indiens, monde extrême-oriental — et aux sociétés primitives survivantes qui sont actuellement aux abois, même dans leurs ultimes réduits d’Afrique tropicale. Ainsi, la rencontre contemporaine entre l’Islam et l’Occident n’est pas seulement plus active et plus intime qu’en aucune autre période de leur contact dans le passé : elle est également remarquable du fait qu’elle ne constitue qu’un incident dans une entreprise de l’homme occidental pour « occidentaliser » le monde — entreprise qui comptera peut-être comme la plus considérable, et presque certainement comme le fait le plus intéressant de l’histoire, même pour une génération qui aura vécu les deux guerres mondiales. Une fois de plus, l’Islam, le dos au mur, fait donc face à l’Occident ; mais cette fois, sa situation est beaucoup plus grave qu’elle ne l’était au moment le plus critique des Croisades, car l’Occident moderne ne lui est pas supérieur que par les armes, il le domine aussi par la technique de la vie économique dont dépend en dernière analyse la science militaire, et pardessus tout par sa culture spirituelle — la force intérieure qui, seule crée et soutient les manifestations extérieures de ce qu’on appelle civilisation. Chaque fois qu’une société civilisée se trouve dans cette dangereuse situation vis-à-vis d’une autre, deux voies s’offrent à elle pour répondre à cette menace : et nous pouvons voir de clairs exemples de ces deux genres de réponse dans la réaction de l’Islam à la pression actuelle de l’Occident. Il est aussi légitime que commode d’appliquer à la présente situation certaines expressions qui furent forgées quand se présenta une situation similaire, lors de la rencontre entre les civilisations antiques de la Grèce et de la Syrie. Sous le choc de l’hellénisme au cours des siècles qui précédèrent et suivirent immédiatement le commencement (le l’ère chrétienne, les Juifs (et nous pourrions ajouter les Iraniens et les Égyptiens) se scindèrent en deux fractions. Les uns devinrent « zélotes » et les autres « hérodiens ». Le « zélote » est l’homme qui de l’inconnu se réfugie dans le familier ; lorsqu’il est aux prises avec un étranger qui pratique une tactique supérieure et emploie des armes formidables, d’invention nouvelle, il riposte en pratiquant son art traditionnel de la guerre avec une exactitude anormalement scrupuleuse. On peut, en fait, définir le « zélotisme » comme un archaïsme suscité par une pression extérieure ; et ses représentants les plus remarquables dans l’Islam contemporain sont des « puritains » comme les Senoussis de l’Afrique du Nord et les Wahhabites de l’Arabie centrale. La première chose à noter au sujet des « zélotes » de l’Islam est que leurs bastions se trouvent en des régions stériles, peuplées de façon sporadique, éloignées des principales lignes de communication internationales du monde moderne, et, jusqu’à l’aube récente de l’âge du pétrole, négligées par l’esprit d’entreprise occidental. L’exception, confirmant la règle jusqu’à présent, est le mouvement mahdiste qui domina le Soudan oriental de 1883 à 1898. Le mahdi soudanais, Mohamed Ahmad, s’établit à cheval sur la voie fluviale du Haut-Nil après l’entreprise occidentale d’« ouverture de l’Afrique ». Dans cette fâcheuse situation géographique, le khalife des mahdis soudanais se heurta à une puissance occidentale et — opposant des armes archaïques à des modernes — fut complètement submergé. Nous pouvons comparer la carrière du Mahdi à l’éphémère triomphe des Macchabées pendant le court relâchement de pression de l’hellénisme, dont profitèrent les juifs après que les Romains eurent abattu le pouvoir des Séleucides, et avant qu’ils n’aient pris leur place ; et nous pouvons en inférer que, de même que les Romains avaient écrasé les juifs « Zélotes » aux Ie et IIe siècles de l’ère chrétienne, de même, une grande puissance quelconque du monde occidental d’aujourd’hui — disons les États-Unis — pourrait maintenant, quand elle le voudrait, écraser les Wahhabites si le « zélotisme » wahhabite devenait gênant au point de valoir la peine qu’on le supprimât. [funny !] Nous pouvons supposer par exemple, que le gouvernement arabe Saudi, sous la pression de ses fanatiques partisans, exige des conditions exorbitantes pour les concessions de pétrole ou se dispose à interdire tout à fait l’exploitation de ses ressources pétrolières. [Ah ! la vie est toujours verte et, aujourd’hui, la mort aussi] La découverte récente de ces ressources cachées dans son sol aride est décidément une menace à l’indépendance de l’Arabie ; car l’Occident a maintenant appris à vaincre le désert en mettant dans le jeu ses inventions techniques — chemins de fer et autos blindées, tracteurs qui peuvent ramper comme des mille-pattes sur les dunes de sable, et avions qui peuvent les survoler comme des vautours. Effectivement, dans le Rif marocain, dans l’Atlas, et sur la frontière Nord-Ouest de l’Inde, l’Occident a montré entre les deux guerres qu’il était capable de terrasser des « zélotes » musulmans bien plus formidables à combattre que les habitants du désert. [funny !] Dans ces bastions montagneux, les Français et les Britanniques ont rencontré et vaincu des montagnards qui s’étaient procuré des armes légères occidentales modernes et qui avaient appris à merveille à en tirer le plus grand avantage sur leur propre terrain. Mais il va de soi que le « zélote » armé d’un fusil a tir rapide sans fumée, cesse d’être un « zélote » pur et sans tache, car dès l’instant qu’il a adopté l’arme de l’Occidental, il a mis les pieds sur un terrain qui n’est plus un sol consacré. Certainement, si jamais il y pense — chose peu probable, le tempérament « zélote » étant essentiellement irrationnel et instinctif — il se dit dans son cœur qu’il ira jusque-là, mais pas plus loin ; et qu’ayant adopté juste assez de technique militaire occidentale pour tenir à portée de fusil n’importe quelle puissance agressive occidentale, il consacre sa liberté ainsi préservée à « respecter la loi » sous tous les autres égards et continuera par là-même à mériter les bénédictions de Dieu pour lui et pour sa postérité. [Plus loin il est question d’une vieille connaissance, cette crapule de Dr John Bowring : « Le free trade, c’est Jésus-Christ, Jésus-Christ, c’est le free-trade », auteur d’un rapport sur l’État de l’Égypte en 1839 ] (…) L’« hérodien » est l’homme qui agit en appliquant le principe suivant : la meilleure façon de se défendre contre l’inconnu est d’en maîtriser le secret. Et quand il est placé dans le cas difficile, d’affronter un adversaire plus entraîné et mieux armé, il riposte en abandonnant son art militaire traditionnel et en apprenant à combattre avec la tactique et les armes de son ennemi. Si le « zélotisme » est une forme d’archaïsme suscitée par une pression étrangère, l’« hérodianisme » est une forme de cosmopolitisme suscitée, précisément, par le même agent extérieur ; et tandis que les réduits du « zélotisme » musulman moderne se trouvent dans les steppes et oasis inhospitalières du Najd et du Sahara, ce n’est pas par accident que l’« hérodianisme » musulman moderne — lequel est né des mêmes forces et a peu près à la même époque, il y a un peu plus d’un siècle et demi — s’est concentré à Constantinople et au Caire depuis le temps de Sélim III et de Méhémet Ali. Géographiquement, Constantinople et le Caire sont à l’extrême opposé, dans l’Islam moderne, de la capitale wahhabites de Riyad dans les steppes du Najd et du bastion senoussi de Koufra. Les oasis qui ont fait la force du « zélotisme » sont des moins accessibles ; les villes qui ont été les berceaux de l’« hérodianisme » musulman sont situées sur les grandes voies internationales naturelles des détroits de la mer Noire et de l’isthme de Suez, ou à leur proximité immédiate ; et pour cette raison, aussi bien que par suite de l’importance stratégique et des ressources économiques des deux pays dont elles ont été capitales respectives. Le Caire et Constantinople ont toujours exercé une attraction considérable sur l’esprit d’entreprise occidental depuis que l’Occident moderne a commencé à resserrer son filet autour de la citadelle de l’Islam. Il va de soi que l’« hérodianisme » est de beaucoup la plus efficace des deux ripostes utilisables par une société acculée à la défensive par le choc d’une force étrangère de puissance supérieure. Le « zélote » essaie de trouver un abri dans le passé, comme l’autruche qui enterre sa tête dans le sable pour se dérober à ses poursuivants ; l’« hérodien » affronte courageusement le présent et explore l’avenir. Le « zélote » agit par instinct, l’« hérodien » par raison. En fait l’« hérodien » doit faire un double effort d’intelligence et de volonté pour surmonter l’impulsion « zélote » qui est la première réaction normale et spontanée de la nature humaine à la menace à la fois dirigée contre le « zélote » et l’« hérodien ». Être devenu « hérodien » est en soi une preuve de caractère (pas nécessairement d’aimable caractère) ; et il est à remarquer que les japonais, qui de tous les peuples défiés par l’Occident moderne ont peut-être été jusqu’à présent les représentants les moins heureux du monde, de l’« hérodianisme », avaient été auparavant les plus brillants « zélotistes » de 1630 à 1860. Grâce à leur force de caractère, les Japonais tirèrent le meilleur parti possible de la réponse « zélote » ; et pour la même raison, quand la dureté des faits finit par les convaincre que persévérer dans cette voie les conduirait à un désastre, délibérément, ils firent virer leur navire pour tirer une bordée dans le sens de l’« hérodianisme ». L’« hérodianisme » cependant, tout en constituant une réponse incomparablement plus efficace que le « zélotisme » à l’inexorable « question occidentale » posée à tout le monde contemporain, n’offre pas une vraie solution. Sous certain rapport, c’est un jeu dangereux ; et pour prendre une autre métaphore, c’est comme de changer de cheval en traversant un fleuve, le cavalier qui n’arrive pas à enfourcher sa nouvelle selle est poussé par le courant â une mort aussi certaine que celle qui attend le « zélote » quand celui-ci charge contre une mitrailleuse avec sa lance et son bouclier. Le passage est périlleux et beaucoup y laissent leur vie. En Égypte et en Turquie par exemple — les deux pays qui ont servi de champ d’expérience aux pionniers musulmans de l’« hérodianisme » — les épigones se sont révélés inférieurs à la tâche extraordinairement difficile que les « anciens hommes d’État » leur avaient léguée. Le résultat fut que dans les deux pays, moins de cent ans après son début, le mouvement « hérodien » buta sur un insuccès, c’est-à-dire dans les premières années du dernier quart du XIXe siècle ; et les retards, les effets de stérilité consécutifs â cet échec, sont encore péniblement ressentis, à bien des égards, dans la vie des deux pays. Deux autres faiblesses de l’« hérodianisme », encore plus graves parce que congénitales, apparaissent dans la Turquie d’aujourd’hui. Après avoir surmonté l’échec hamidien par un héroïque tour de force, ses dirigeants ont conduit l’« hérodianisme » à sa conclusion logique â travers une révolution qui, par son caractère impitoyable et absolu, repousse dans l’ombre même, les deux révolutions japonaises classiques des XVIIe et XIXe siècles. Ici, en Turquie, il s’agit d’une révolution qui, au lieu de se confiner sur un plan unique, comme nos successives révolutions économique, politique, esthétique et religieuse, s’est placée sur tous ces plans â la fois, et a, par conséquent, bouleversé toute la vie du peuple turc, du haut en bas de son activité et de son expérience sociales. Les Turcs ne se sont pas contentés de changer leur constitution. (ce qui était une affaire relativement simple, au moins quant aux formes) ; cette République novice a en outre déposé le Défenseur de la Foi de l’Islam et aboli sa charge, le califat ; elle a ôté le voile du visage des femmes, en répudiant tout ce qu’impliquait ce voile ; elle a obligé les hommes à se confondre avec les incroyants en portant des chapeaux à bord qui empêchent d’accomplir le rite traditionnel de l’Islam, consistant à toucher le sol de la mosquée du front ; elle a proprement balayé la loi de l’Islam en traduisant en turc le code civil suisse mot pour mot et le code pénal italien avec des adaptations, et en leur donnant force de loi par un vote de l’Assemblée Nationale ; elle a échangé les caractères arabes pour les latins, changement qui ne pouvait s’opérer sans jeter par dessus bord la plus grande part du vieux patrimoine littéraire ottoman. Enfin, changement plus radical et plus audacieux encore, ces révolutionnaires « hamidiens » de Turquie ont imposé à leur peuple un idéal social nouveau — les invitant à se détourner de la vie du laboureur, du guerrier ou du seigneur, pour entrer dans le commerce et l’industrie et prouver ainsi qu’ils étaient capables de rivaliser avec les Occidentaux aussi bien qu’avec les Grecs occidentalisés, les Arméniens ou les Juifs, dans des activités qui, traditionnellement, leur paraissaient méprisables et indignes d’un effort de compétition. Cette révolution « hérodienne » de Turquie a été opérée dans cet esprit avec des handicaps si sérieux et contre de telles difficultés que tout observateur généreusement disposé lui pardonnera ses bévues, voire ses crimes, et lui souhaitera de mener à bien sa tâche formidable. Tantus labor non sit cassus — et il serait particulièrement inconvenant pour un observateur occidental de railler ; car, après tout, ces Turcs « hérodiens » avaient commencé par essayer d’orienter leur peuple et leur pays vers quelque chose que, depuis la rencontre de l’Islam et de l’Occident, nous leur avions toujours dénoncée comme contraire à la nature ; c’est alors qu’ils ont essayé, sur le tard, de produire chez eux la réplique d’une nation occidentale et d’un État occidental. Et nous, à peine en avons-nous clairement aperçu le but, que nous ne pouvons nous empêcher de nous demander si tous ces efforts dépensés pour l’atteindre en valent réellement la peine. Certainement nous n’aimions pas le Turc « zélote » outrageusement démodé, qui se gaussait de nous, dans la posture du pharisien remerciant Dieu chaque jour de n’être pas ce que sont les autres hommes. Tant qu’il se faisait gloire d’être un peuple à part, nous rabaissions son orgueil en déclarant ce particularisme odieux à force de l’appeler l’« ineffable Turc », nous avons réussi à percer son armure psychologique et à l’exciter à cette révolution « hérodienne » qu’il a maintenant consommée sous nos yeux. A présent que, sous l’aiguillon de nos critiques, il a changé son fusil d’épaule, à présent qu’il cherche par tous les moyens à ce qu’on ne puisse plus le distinguer des nations qui l’entourent, nous voilà embarrassés et même enclins à l’indignation — comme l’était Samuel quand les Israélites avouaient la vulgarité des motifs leur faisant demander un roi. Nos critiques actuelles des Turcs sont donc fort déplacées, c’est le moins qu’on puisse dire. Et la victime de notre censure pourrait nous rétorquer que, quoi qu’elle fasse, elle ne trouve jamais grâce à nos yeux ; elle pourrait en appeler contre nous à ce passage de nos Écritures : « Nous avons joué de la flûte pour vous, et vous n’avez pas dansé ; nous avons pris le deuil pour vous et vous n’avez pas pleuré. » Du fait que nos critiques soient inélégantes, il ne s’ensuit cependant pas qu’elles soient absolument captieuses, qu’elles passent très loin du but. Car après tout, en quoi le patrimoine de la civilisation sera-t-il accru si ces efforts ne se révèlent pas vains et si l’objectif de ces Turcs « hérodiens » et outranciers est atteint dans la plus grande mesure possible ? C’est ici qu’apparaissent les deux faiblesses inhérentes à l’« hérodianisme ». La première réside en ceci, que l’« hérodianisme », par hypothèse, est mimétique et non créateur, si bien que, même dans sa réussite, il n’est apte qu’à augmenter la quantité de produits mécaniquement fabriqués par imitation d’une société étrangère, au lieu de libérer dans les âmes humaines des énergies créatrices nouvelles. La seconde de ces faiblesses est que ce succès, stérile en fait d’inspiration nouvelle, et qui est ce que l’« hérodianisme » a de mieux à offrir, ne peut apporter le salut — salut d’ailleurs purement terrestre — qu’à une faible minorité de cette communauté qui s’engage sur le chemin de l’« hérodianisme ». La majorité, les autres, ne peuvent même pas espérer devenir des membres passifs de la civilisation imitée. Mussolini fit un jour cette remarque perçante qu’il y a des nations prolétaires aussi bien que des classes et des individus prolétaires ; et c’est bien la catégorie dans laquelle entreront probablement les peuples non-occidentaux, même si par un tour de force de l’« hérodianisme », ils réussissent apparemment à transformer leurs pays en États souverains indépendants sur le modèle occidental et s’associent avec leurs frères occidentaux en tant que membres nominalement libres et égaux d’une société internationale embrassant la totalité du monde. Par conséquent, et pour ce qui est de notre sujet — l’influence que la rencontre entre Islam et Occident peut avoir sur l’avenir de l’humanité — nous pouvons négliger à la fois les « zélotes » et les « hérodiens » musulmans, dans la mesure où leurs réactions sont vouées à l’insuccès : et le succès extrême qu’ils puissent espérer est une réalisation négative, une survivance matérielle. Le rare « zélote » qui puisse échapper à l’extermination devient le fossile d’une civilisation éteinte en tant que force vivante ; l’« hérodien », plutôt moins rare, qui échappe à la destruction, devient un mime de la civilisation vivante à laquelle il s’assimile. Ni l’un ni l’autre ne sont en mesure d’apporter la moindre contribution créatrice à une croissance ultérieure de cette civilisation vivante. Nous pouvons incidemment noter que, dans la rencontre moderne entre Islam et Occident, les réactions « hérodiennes » et « zélotes » se sont effectivement heurtées plusieurs fois et se sont jusqu’à un certain point annulées réciproquement. La première utilisation que Méhérnet Ali fit de son armée « occidentalisée » consista â attaquer les Wahhabites et à réprimer les premières explosions de leur zèle. Deux générations plus tard, ce fut le soulèvement du Mahdi contre le régime égyptien en Soudan oriental qui donna le coup de grâce au premier effort « hérodien » pour faire de l’Égypte une puissance capable de se tenir politiquement sur ses pieds « au milieu des âpres conditions du monde moderne »; ce fut cela qui confirma l’occupation militaire britannique de 1882, avec toutes les conséquences politiques qui en ont découlé depuis. Autre exemple contemporain la décision du dernier roi d’Afghanistan de rompre avec une tradition « zélote » qui avait été le trait dominant de la politique afghane depuis la première guerre anglo-afghane de 1838-42; cette décision a probablement fixé le destin des tribus « zélotes » le long de la frontière nord-ouest de l’Inde. En effet, bien que l’impatience du roi Amanullah n’ait pas tardé à lui coûter son trône et à provoquer une réaction « zélote » parmi ses anciens sujets, on peut prédire à coup sûr que ses successeurs — et d’une façon d’autant plus sûre qu’elle sera plus lente — vont suivre la même voie « hérodienne ». Et le progrès de l’« hérodianisme » en Afghanistan signifie la condamnation de ces tribus. Tant que celles-ci avaient derrière elles un Afghanistan pratiquant contre la pression de l’Occident cette politique de réaction qu’elles avaient elles-mêmes adoptée d’instinct, elles pouvaient continuer à suivre impunément le chemin du « zélotisme ». Maintenant qu’elles sont prises entre deux feux — d’un côté l’Inde comme précédemment [ vive le Pakistan et les Pakistanais ], et, de l’autre, l’Afghanistan qui s’est engagé dans la voie de l’« hérodianisme », ces tribus semblent tôt ou tard appelées à choisir entre le conformisme et l’extermination [ pour l’instant elles tiennent les Américains par les couilles après avoir tenu celles des Anglais, il y a plus d’un siècle ]. Notons au passage que l’« hérodien », s’il vient à se heurter à son compatriote « zélote », est capable de le traiter de façon bien plus impitoyable que ne le ferait l’Occidental. L’Occidental châtie le « zélote » musulman avec le fouet ; l’« hérodien » musulman le châtie avec des scorpions. L’effroyable rigueur avec laquelle le roi Amanullah réprima sa révolte des Pathans en 1924, et le président Mustapha Kémal sa révolte kurde en 1925, offre un contraste frappant avec les méthodes plus humaines par lesquelles, précisément à la même époque, d’autres Kurdes récalcitrants furent domptés dans l’Irak, ainsi que d’autres Pathans à la province frontière nord-ouest de ce qui était l’Inde britannique. A quelle conclusion cette enquête nous conduit-elle ? Allons-nous, pour les besoins de notre cause, et du fait que nous ne tenons compte ni des « hérodiens » ni des « zélotes » musulmans ayant réussi, allons-nous conclure que la présente rencontre Islam-Occident n’aura aucune influence sur l’avenir de l’humanité ? En aucune façon; en refusant de prendre en considération ces heureux « hérodiens » et « zélotes », nous n’avons mis de côté qu’une faible minorité des membres de la société musulmane. Le destin de la majorité, comme je l’ai déjà indiqué, n’est pas d’être exterminé, ni fossilisé, ni assimilé, il est d’être enrôlé dans ce vaste, cosmopolite et omniprésent prolétariat qui est un des plus sordides sous-produits de l’« occidentalisation » du monde. En première analyse, il pourrait sembler qu’en envisageant ainsi l’avenir de la plupart des musulmans dans un monde « occidentalisé », nous avons complété la réponse à notre question et dans le même sens que précédemment. Si nous convainquons de stérilité l’« hérodien » et le « zélote » musulmans, ne devons-nous pas accuser aussi de la même tare le « prolétaire » musulman ? En vérité, quelqu’un refusera-t-il de souscrire de prime abord à ce verdict ? Nous pouvons imaginer que des archi-hérodiens comme feu le président Mustapha Kemal Ataturk et des archi-zélotes comme le grand Senoussi tomberaient d’accord avec des coloniaux d’Occident, des administrateurs éclairés comme Lord Cromer ou le général Lyautey, pour s’écrier « Peut-on attendre du fellah égyptien ou du hammal de Constantinople la moindre contribution créatrice à la civilisation future ? » Exactement de la même façon, aux premières années de l’ère chrétienne, lorsque la pression de la Grèce se faisait sentir sur la Syrie, Hérode Antipas, Gamaliel et ces zélés Théodas et Judas qui, dans la mémoire de Gamaliel, avaient péri par l’épée, se seraient certainement rencontrés avec un poète grec in partibus orientalium comme Méléagre de Gandara ou avec un Romain gouverneur de province comme Gallius, pour demander sur le même ton ironique « Quelque chose de bon peut-il sortir de Nazareth ? » Si la question est posée sous cette forme historique, nous ne doutons pas de la réponse, parce que les civilisations grecque et syrienne ont toutes deux accompli leur carrière et que nous connaissons du commencement à la fin l’histoire de leurs relations. Et cette réponse nous est si familière qu’il nous faut un certain effort d’imagination pour réaliser combien ce verdict particulier de l’histoire aurait été surprenant, voire choquant pour des Grecs, Romains, Iduméens ou juifs intelligents du temps où cette question fut originellement posée. Car, encore que de leurs points de vue profondément différents, ils eussent pu se mettre d’accord sur bien d’autres sujets, presque certainement, à cette question particulière, ils auraient répondu avec ensemble par un « non » emphatique et méprisant. A la lumière de l’histoire, nous pouvons taxer leur réponse d’erreur ridicule si nous prenons comme critérium du bien la manifestation de la puissance créatrice. Dans ce vaste brassage consécutif à l’intrusion de la civilisation grecque dans les civilisations de la Syrie, de l’Iran, de l’Egypte, de la Babylonie et de l’Inde, la stérilité proverbiale des hybrides semble avoir atteint la classe dominante de la société grecque aussi bien que les Orientaux qui suivirent jusqu’au bout l’une des deux voies « hérodienne » ou « zélote ». Le seul milieu de cette société cosmopolite gréco-orientale qui ait incontestablement échappé à ce destin fut le monde inférieur du prolétariat oriental dont Nazareth fut un exemple et un symbole; et de ce monde inférieur, en des conditions apparemment adverses, jaillit une des plus puissantes créations jamais accomplies par l’esprit humain : une floraison de grandes religions. Leurs paroles se sont répandues par toute la terre et résonnent encore à nos oreilles. Leurs noms sont des noms de puissance Christianisme, et Mithraisme, et Manichéisme; l’adoration de la Mère et de son époux-fils mourant et renaissant sous les noms alternés de Cybèle-Isis et d’Attis-Osiris; l’adoration des corps célestes ; et l’école Mahayana du Bouddhisme qui — se transformant de philosophie en religion au cours de sa progression sous les influences iranienne et syrienne — fit rayonner en Extrême-Orient une pensée indienne incarnée dans un art nouveau d’inspiration grecque. Si ces précédents ont à nos yeux une signification quelconque — et ce sont les seuls rayons de lumière que nous puissions projeter dans la nuit qui cache notre avenir, — ils font présager que l’Islam, en pénétrant dans ce monde prolétarien, dans cette couche inférieure de notre actuelle civilisation occidentale, pourra finalement entrer en ligne avec l’Inde, l’Extrême-Orient et la Russie pour leur disputer leur influence sur l’avenir par des moyens qui passent peut-être notre entendement. En vérité, le choc de l’Occident ébranle déjà l’Islam en ses profondeurs, et, même en ces jours prématurés, nous pouvons distinguer certains mouvements spirituels qui pourraient bien devenir les embryons de nouvelles grandes religions. Les mouvements Baha’i et Ahmadi, qui d’Acre et de Lahore ont commencé â envoyer leurs missionnaires en Europe et en Amérique, vont se signaler à l’attention des observateurs contemporains occidentaux; mais arrivés â ce point de nos pronostics, nous avons atteint les Colonnes d’Hercule, l’explorateur prudent doit s’arrêter là et se garder de faire voile vers l’océan des temps futurs, océan dans lequel il ne peut relever que quelques points d’ordre très général. Si nous pouvons nous livrer avec profit à des spéculations sur la forme générale des choses à venir, nous ne pouvons distinguer avec précision qu’à très petite distance les ombres des événements particuliers qui se préparent en avant de nous; et les précédents historiques que nous avons interrogés comme des phares, nous apprennent que les religions nées des chocs entre civilisations mettent plusieurs siècles pour arriver à maturité, et que dans une course qui s’attarde tant, c’est souvent le mauvais cheval qui gagne. Six siècles et demi séparent l’année en laquelle Constantin donna son patronage officiel au christianisme de l’année où Alexandre le Grand avait franchi l’Hellespont; et cinq siècles et demi les premiers pèlerinages chinois à la Terre Sainte bouddhiste du Bihar, de Ménandre, le souverain grec de l’Hindoustan, qui avait posé aux sages bouddhistes indiens la question « Qu’est-ce que la vérité ? » Le heurt actuel de l’Occident sur l’Islam, précédé par une pression qui avait commencé à se faire sentir il y a un peu plus de cent cinquante ans, a évidemment peu de chances, dans ces conditions, de produire des effets comparables en un laps de temps ne dépassant pas la portée de notre faculté de prévoir avec précision; et tout essai de prédire des effets de ce genre pourrait donc n’être qu’un stérile exercice d’imagination. Nous pouvons cependant distinguer certains principes de l’Islam qui, s’ils agissaient sur la vie sociale du nouveau prolétariat cosmopolite, pourraient exercer des effets salutaires sur « la grande société » dans un proche avenir. |
La Civilisation à l’épreuve,
« L’Islam, l’Occident et l’avenir » NRF, 1951, disponible d’occasion sur Amazon.
Vous pouvez lire
la suite dans la longue citation du même ouvrage
que fait M. de Defensa sur « l’extinction de la haine de race qui est un
des accomplissements moraux les plus considérables de l’Islam »
Pour ma part, je
tiens, comme je l’ai déjà exposé, l’Islam pour le conservateur de la foi (ce
qui désole beaucoup M. Naipaul). C’est ce seul principe, la foi, c’est à
dire la confiance, qui contredit « la vie sociale » de « la
grande société » de l’enculisme généralisé, c’est à dire pas de vie
sociale du tout, désert, crapuleux désert.
A propos de
« vie sociale de la grande société » et d’enculisme : sévère bizutage
chez
Renault : trois morts. Les prostitués sont traités comme ils le méritent.
Bien fait veautants. Et ce n’est qu’un début. C’est partout Abou Graïb.
Pendant ce temps,
le Pantalon frénétique et la Culotte souriante se livrent une impitoyable
bataille de polochons.
Toynbee Guerre et civilisation « l’Enivrement de la victoire »
Idées-Gallimard, 1973, disponible sur Amazon pour la modique somme de 18 francs.
L’une des formes les plus générales qu’affecte le drame des « excès », des « outrages » et du « désastre » est celle de l’enivrement de la victoire, que la lutte où fut remporté le funeste succès ait été la guerre par les armes ou un conflit de forces spirituelles. Ces deux variantes du même drame trouvent leur illustration dans l’histoire de Rome : l’enivrement de la victoire militaire, par l’effondrement de la République au second siècle av. J.-C. et l’enivrement de la victoire spirituelle, par l’effondrement de la papauté au IIIe siècle de l’ère chrétienne. La
démoralisation, à laquelle succomba la classe dirigeante de la République
romaine au bout du demi-siècle de guerres titanesques (220-168
av. J.-C.) qui débuta par la terrible épreuve de la guerre d’Annibal et
se termina par la conquête du monde, a été décrite d’une façon piquante par un observateur grec contemporain qui en fut
une des victimes.
Tel est l’abîme moral dans lequel avait été jetée la classe dirigeante romaine par la victoire écrasante échue à la République après des années d’angoisse où elle avait chancelé au bord d’un précipice. La première réaction de la génération qui avait vécu cette stupéfiante aventure fut de s’imaginer que l’irrésistible puissance matérielle du vainqueur offrait la clé de tous les problèmes humains, et que la seule fin concevable de l’homme résidait dans la jouissance effrénée des plaisirs les plus grossiers que cette puissance pouvait lui procurer. Les vainqueurs ne comprirent pas que cet état d’esprit même était la preuve de la défaite morale que le vaincu des armes, Annibal, avait réussi à leur infliger. Ils ne s’aperçurent pas que le monde dans lequel ils passaient pour victorieux était en ruines et que leur République romaine, ostensiblement triomphante, était le plus gravement affligé de tous les Etats accablés dont il était formé. Du fait de cette aberration morale, ils s’égarèrent dans la confusion pendant plus de cent ans, siècle terrible au cours duquel ils infligèrent calamité sur calamité à un univers que la victoire avait mis à leur merci — et les plus graves de toutes à eux-mêmes. Même militairement, dans la
monnaie de leur choix, leur faillite devint bientôt manifeste. Les triomphes
chèrement acquis sur un Annibal et un Percée furent suivis d’une série de
revers humiliants en présence d’adversaires bien inférieurs à Rome au point
de vue militaire… 1. POLYBE : Histoire oecuménique, livre XXXI, ch. 25. |
Voilà ce qu’il fallait dire à Munich en 1938.
L’hypothèse que nous émettons est bien que notre civilisation usurpe le terme de civilisation, et même, pire encore, qu’elle ne devrait plus être là, à sa place de civilisation triomphante. A part le fondement intellectuel qu’on peut lui trouver, cette hypothèse a-t-elle quelque cohérence historique ? C’est là où nous voulons en venir, et nous développerons pour cela la substance de l’argumentation étayant notre hypothèse. C’est là où nous nous tournons vers Arnold Toynbee. (de Defensa, 27 juillet 2002)
C’est exactement ce que j’entendais par : « Pour qu’il y ait choc des civilisations, encore faut-il qu’il y ait deux civilisations » et, à mon humble avis, c’est également ce que voulaient signifier l’émir Ben Laden and his followers par leurs messages sans paroles : qu’elle usurpe le terme de civilisation et qu’elle ne devrait plus être là. C’est ce que j’ai essayé de dire dans ma Diatribe : on peut être athée sans être impie. Sursum corda.
Un passage particulièrement intéressant, encore une fois à la lumière pressante de nos événements présents et du torrent virtualiste qui les caractérise, concerne le rôle du racisme dans ces événements de type “choc des civilisations”. L’appréciation de Toynbee, mesurée dans la forme, respectueuse des nuances, n’en constitue pas moins une surprise pour la pensée conformiste post-moderne qui triomphe aujourd’hui. ♦ Les principaux accusés de racisme se trouvent être « les peuples de langue anglaise ». Le constat est d’autant plus intéressant qu’il vient d’un historien anglais, et de la renommée de Toynbee. ♦ Si un frein n’est pas mis à l’affirmation de ces conceptions et de ces comportements racistes des « les peuples de langue anglaise », Toynbee craint le pire. Cette idée pourrait tout aussi bien s’appliquer complètement aux événements auxquels nous assistons aujourd’hui (« Au point où en sont les choses, les champions de l’intolérance raciale sont dans leur phase ascendante, et si leur attitude à l’égard de la question raciale devrait prévaloir, cela pourrait finalement provoquer une catastrophe générale »). ♦ Toynbee continue pourtant à espérer dans « les forces qui défendent la tolérance raciale », dans lesquelles il met, — encore des surprises pour aujourd’hui, — l’Islam et, d’une certaine façon, les Français si la fortune de leurs entreprises de colonisation leur avait permis de prendre le dessus sur « les peuples de langue anglaise ». Nous publions ce long passage, des pages 222 et 223 de La Civilisation à l’épreuve. Il prend tout son sens à être lu aujourd’hui, en juin 2002.
La Civilisation à l’épreuve, NRF Bibliothèque des Idées, Paris 1951 |
De defensa, 19 juin 2002.
C’est bien
ce qui me semblait : les bédouins bombardiers avaient de sérieux motifs
pour agir comme ils l’ont fait. Bombarder les bobardeurs.
Ces brèves
citations auraient pu être intégrées à la série en cours de
« fragments... » - mais même si l’un des principes qui sous-tendent
l’élaboration de ceux-ci pourrait être la tautologie « tout est dans
tout et réciproquement », on ne cherche pas à y aborder tous les sujets.
Simplement, ces quelques lignes de François Fourquet, publiées en 1997 in La revue du MAUSS me semblent
une bonne introduction au vaste sujet de la négation de l’économie. (AMG) « Mon
but est de suggérer que l’économie
et le capitalisme n’existent pas. En tout cas, pas comme une partie de la réalité sociale existant
en soi et pourvue d’une sorte d’autonomie, de capacité d’autodétermination,
obéissant à des lois de fonctionnement et de développement propres. Il existe
certes des institutions, des groupes, des flux qui font l’objet d’un ensemble
disparate et souvent conflictuel de politiques économiques. La résultante de
ces politiques est un ensemble nouveau, irréductible, imprévisible, même par
les Etats majeurs de la planète : l’économie mondiale. (...) L’enjeu
épistémologique, mais aussi pratique, est simple : seul existe le tout ; et le tout est
immédiatement planétaire. Mais il est aussi multiple et polyvalent. Les
activités, institutions ou flux qu’on sélectionne, qu’on rassemble et qu’on
fait entrer de force dans un
récipient verbal appelé “économie” n’ont aucune sorte d’intelligibilité
propre en dehors de leur relation au tout, puisqu’ils n’existent pas de
manière séparée. Les
institutions économiques, certes, les entreprises par exemple, sont des
quasi-sujets qui disposent d’une relative capacité de décision. Rien n’est mécanique du moment
que la subjectivité humaine est en cause. Mais de l’autonomie relative des
groupes et institutions, on ne peut nullement inférer l’existence d’un ordre
économique autonome et articulé avec les autres ordres. “Capitalisme”
est le nom donné à l’immense mouvement d’unification des civilisations
accéléré depuis la fin du Moyen Age. La “mondialisation” qui se déroule sous
nos yeux est l’accélération d’une accélération. » (François Fourquet, Comment
peut-on être anticapitaliste ? MAUSS semestriel n° 9, 1997) |
Aux USA, « le peuple est gouverné, pas gouvernant, et certainement pas constituant ». Il n’y a pas de peuple, il n’y a pas de nation (il n’y a pas eu d’histoire, la constitution fut écrite from scratch), il n’y a que des individus. Jefferson affirmait que la liberté n’est possible qu’en l’absence de souveraineté. Le résultat c’est qu’une fois élu, l’exécutif est comme un missile de croisière : personne ne peut le rappeler. La seule solution qui reste est de l’abattre en plein vol. Air Force One est le parfait symbole de cette situation.
En faisant semblant de
fragmenter le pouvoir, Jefferson et ses amis ont abouti à ce qu’il soit tout
entier dans la présidence et ont confisqué la souveraineté nationale. Je veux
bien leur laisser le bénéfice du doute, le résultat pervers n’en reste pas
moins le même. Car Jean-Jacques avait finalement raison : même dans un système
représentatif (qu’il refusait), la volonté souveraine ne peut s’exprimer que
d’une seule et même voix, par-delà une séparation formelle des pouvoirs. En
Europe, ce sont les urnes et le parlement qui disent la Loi : aux Etats-Unis,
ce sont la Constitution et le président. Nous ne sommes pas dans le même corpus
de valeurs. (Jean-Philippe Immarigeon)
Voir, plus bas, Chomsky et Yockey
Nous nous proposions au début de nos études, surtout de comprendre des institutions, c’est-à-dire des règles publiques d’action et de pensée. Dans le sacrifice, le caractère public de l’institution, collectif de l’acte et des représentations est bien clair. La magie dont les actes sont aussi peu publics que possible, nous fournit une occasion de pousser plus loin notre analyse sociologique. Il importait avant tout de savoir dans quelle mesure et comment ces faits étaient sociaux. Autrement dit : quelle est l’attitude de l’individu dans le phénomène social ? Quelle est la part de la société dans la conscience de l’individu ? Lorsque des individus se rassemblent, lorsqu’ils conforment leurs gestes à un rituel, leurs idées à un dogme, sont-ils mus par des mobiles purement individuels ou par des mobiles dont la présence dans leur conscience ne s’explique que par la présence de la société ? Puisque la société se compose d’individus organiquement rassemblés, nous avions à chercher ce qu’ils apportent d’eux-mêmes et ce qu’ils reçoivent d’elle et comment ils le reçoivent. Nous croyons avoir dégagé ce processus et montré comment, dans la magie, l’individu ne pense, n’agit que dirigé par la tradition, ou poussé par une suggestion collective, ou tout au moins par une suggestion qu’il se donne lui-même sous la pression de la collectivité.
Notre théorie se trouvant ainsi vérifiée, même pour le cas difficile de la magie, où les actes de l’individu sont aussi laïcs et personnels que possible, nous sommes bien sûrs de nos principes en ce qui concerne le sacrifice, la prière, les mythes. On ne doit donc pas nous opposer a nous-mêmes si, parfois, nous parlons de magiciens en renom qui mettent des pratiques en vogue, ou de fortes personnalités religieuses qui fondent des sectes et des religions. Car, d’abord, c’est toujours la société qui parle par leur bouche et, s’ils ont quelque intérêt historique, c’est parce qu’ils agissent sur ses sociétés. [ ça ne vous rappelle rien ? ]
Version
imprimable (60 pages Verdana corps 10)
M. du S. :
Les petits-bourgeois ne passent pas leurs vacances à Saint-Tropez !
Ils n’en ont pas les moyens !
R. C. :
Ils ne passent pas leurs vacances à Saint-Tropez parce qu’ils n’en ont pas les
moyens ! Ils vont un peu voir, tout de même. Et c’est là qu’ils passeraient
leurs vacances s’ils en avaient les moyens. C’est là qu’ils passent leurs
vacances quand ils en ont les moyens, quand ils sont princesses de Galles,
présidents de société, "artistes", maffieux, ministres, président de
Conseil régional ou membres de la "jet-set", à un titre ou un autre.
La "jet-set", c’est vraiment une invention ou une réinvention typique
de la petite bourgeoisie au pouvoir : une sorte de faux ailleurs, de négation frénétique et
gâteuse de l’ailleurs, de l’altérité sociale et de l’extérieur culturel ;
une espèce de super petite bourgeoisie un peu pégreuse, disposant de tous les
moyens et pouvant accomplir tous ses rêves, mais n’ayant de passions et de
rêves que petits-bourgeois, des goûts de charcutier-traiteur milliardaire, une
vision totalement petite-bourgeoise du monde, et comme telle parfaitement
rassurante pour la petite bourgeoisie. Nous ne ratons rien, peuvent se dire les
petits-bourgeois – ou bien si, nous ratons quelque chose, mais ça ne
tient pas à nous, c’est seulement une question d’argent, pas une question
d’éducation, de transmission, de culture : l’argent suffirait pour que
nous puissions être pleinement nous-mêmes, c’est-à-dire exactement
semblables à ce que nous sommes déjà, avec les mêmes goûts, les mêmes curiosités,
les mêmes manières, mais riches à millions
M. du S. :
Nous nous égarons un peu, et vous voilà repris par les plus durs à cuire de vos
vieux dadas, que tous vos lecteurs connaissent bien.
R. C. : Peut-être un peu trop, vous avez raison. L’idée que j’essayais d’exprimer, c’est qu’une société petite-bourgeoise est une société où les différences de classe tendent à n’être plus qu’économiques ; où les riches ne sont plus que des pauvres avec de l’argent. Pardon si j’ai fait un peu dévier la ligne de l’échange, et l’ai ramenée à des exemples éculés. Mais cet entretien vise à une sorte de synthèse, n’est-ce pas, de panorama, d’état des lieux, de récapitulation - plus qu’au défrichement de terres nouvelles, non ? Où en étions-nous ?
J’entends dans le poste l’animateur de l’émission Du Grain à moudre opposer que « le scandale, c’est la pauvreté » à l’un des intervenants qui prétendait que « le scandale, c’est la richesse ». Deux demi-vérités, c’est à dire deux erreurs. Le scandale, tel que le relève Renaud Camus, c’est la pauvreté de la richesse. Les riches ne sont que des pauvres avec de l’argent. Vers 1860 le camarade Karl (Marx) disait déjà que l’argent n’apporte aucune qualité à l’individu.
Mais la proposition de M. Camus est aussi une demi-vérité car la différence entre les pauvres et les riches est que les premiers ne travaillent pas tandis que les seconds si : ils doivent se prostituer pour survivre. Je lis sous la plume de M. Soral qu’il voudrait un partage de la richesse et du travail. Or ce partage est déjà effectué : les riches se partagent la richesse et les pauvres se partagent le travail. Regardez les sauvages, s’il en reste. Chez eux il n’y a ni richesse ni travail. Chez eux « la production », aimerait à dire M. Soral, est une affaire collective. Ils ne savent pas ce que c’est que d’avoir des besoins et donc de les satisfaire.
Durkheim dit que la division sociale du travail produit la solidarité. C’est une grossière erreur. La solidarité existe fondamentalement chez les sauvages à tel point qu’ils l’ignorent puisqu’ils vivent dedans. Ce que produit la division sociale du travail, ce n’est pas la solidarité, c’est la séparation. Grâce à la division sociale du travail telle que nous la connaissons aujourd’hui, les hommes sont totalement solidaires (ils vont peut-être étouffer dans leurs pets y compris ceux qui n’ont jamais pété, bien fait) mais totalement séparés. Ici aussi « la production » est une affaire collective mais elle se fait au prix de la séparation totale. Vous êtes totalement séparé de votre boucher ; de plus, sa main, bien visible, ne quitte jamais le couteau à désosser.
Une autre erreur de M. Camus, c’est que l’argent aux mains des riches n’est pas l’argent que les pauvres dépensent, c’est l’humanité même : les riches demeurent des pauvres mais ils disposent, et eux seuls, de l’humanité. L’aliénation c’est ça. C’est l’humanité aux mains des riches, c’est à dire dans de mauvaises mains, des mains de pauvres (qu’as tu fait de ton talent ?). Le prix de l’argent ce n’est pas l’intérêt, c’est l’aliénation de l’humanité, l’humanité dans de mauvaises mains. Le prix de l’argent c’est la privation de l’humanité pour tous, y compris pour les riches qui ne sont plus que de petits bourgeois (M. Camus est optimiste, les bourgeois ont toujours été petits — pas du temps d’Henry IV évidemment mais du temps de Guizot —. Mes sources : Tocqueville, Balzac, Flaubert, Baudelaire).
Enfin, M. Camus soutient qu’ailleurs n’existe plus, qu’il n’y a plus d’ailleurs. Mais si, mais si puisqu’il existe un émir de l’extérieur et que New York fut bombardée. Les musulmans ne sont pas encore des petits bourgeois, du moins pas tous. La terre de l’extérieur existe et les WASP s’appliquent à l’anéantir. Les protestants voudraient que les musulmans deviennent de petits bourgeois. La démocrachie partout.
Chomsky et Yockey sont d’accord (et moi avec eux) : les maîtres des USA ont toujours eu horreur de la démocratie, Jefferson y compris.
Je lis de defensa et il me vient l’idée suivante : le crime de ce monde est qu’il est dirigé par la psychologie et non par la raison, quoi que prétende le crétin Weber. Qu’il crève donc, ce monde. Ce n’est pas à l’égoïsme de son boucher qu’Adam Smith fait appel, mais, ce faisant, à sa psychologie. La psychologie des bouchers ne peut mener qu’à la boucherie. Isn’t it ? Bien fait, monde crapuleux.
Version lisible.
Merde à la fin. Pourquoi ne pas imprimer blanc sur blanc ?
http://www.davduf.net/article.php3?id_article=300
http://www.strategie.gouv.fr/IMG/pdf/EtudeAulnaysousbois.pdf
http://www.strategie.gouv.fr/IMG/pdf/EtudeStDenis.pdf
http://www.strategie.gouv.fr/IMG/pdf/communique291106.pdf
Dieu n’existe pas, ce qui ne l’empêche pas de bombarder New York le plus tranquillement du monde. Le grand pompeur a beau frapper le sol de son pied, cela ne changera rien. La religion est sainte.
ISBN 2-9527705-0-6
ISBN 978-2-9527705-0-7
Éditions de la Belle Gabrielle
Cette description fait comprendre l’importance formidable de la dimension psychologique, l’importance qu’a acquise cette dimension psychologique dans le débat politique. Comme d’habitude, il est simple de citer le développement des communications et de l’information comme cause principale, peut-être même fondamentale, du phénomène. Il n’empêche que sa répétition systématique, le remplacement des “événements réels” par la force plus ou moins grande de la “représentation des événements réels”, finissent par créer des conditions complètement différentes, nouvelles et sans précédent.
Essayons-nous
à une identification de ces changements, par le biais d’expressions inédites
qui ont avec elles la force même du langage lorsqu’il exprime une vérité
fondamentale, un bouleversement historique. Nous dirions alors qu’il nous
semble que nous sommes passés de l’ère géopolitique classique des XIXème et XXème siècles à l’ère
“psychopolitique”, — de la
politique sous l’influence de la géographie à la politique sous l’influence de
la psychologie. La politique était influencée par la géographie parce
que le développement du machinisme et, par conséquent, des moyens de transport
(y compris le transport des bombes), y invitait impérativement. La politique
est désormais influencée par la psychologie car l’époque a créé des outils
fondamentaux de pression sur cette psychologie, par le moyen de la
communication et de la circulation de l’information.
Qu’est-ce que la puissance
aujourd’hui ? Qui est capable de répondre à cette question devant l’effondrement
de références qui, justement, mesuraient le zénith de la puissance, — devant l’effondrement
de la puissance américaniste en Irak, qui est le signe le plus convaincant de
ce qu’on doit décrire comme un changement fondamental du paradigme ? Mais
qui, à Washington, peut accepter cela: l’effondrement de la puissance
américaniste en Irak ? Aucune psychologie n’y résisterait... Alors, les
mesures qui s’imposent sont prises. Nous vivons dans un monde post-orwellien. Pfaff écrit : “It is not Orwellian
because the creators of this cartoon-like conceptual world have themselves
become actors in the virtual universe their ideas and actions have made. They
have left reality behind — or they simply ignore it, as they did in invading
Iraq”
L’essentiel du dynamisme des choses humaines, aujourd’hui, dépend de l’interprétation qu’en donnent l’information qu’on en a et les communications qui la transportent. L’information n’est plus un constat, un témoignage, ni même une manipulation (désinformation) ; c’est une dynamique, une « chose en soi », qui n’a plus de rapport obligé avec l’objet ou la situation qu’elle prétend décrire, mais qui crée l’objet ou la situation qu’elle prétend décrire pour justifier son existence, puis pour manifester sa puissance. Mais cela, — cette puissance — n’est jamais suffisant pour réduire la réalité. Le rapport entre les deux — virtualisme et réalité — n’est pas décroissant (de plus en plus de virtualisme réduit la réalité jusqu’à la tuer et à la remplacer) ; comme l’Irak l’a montré, ce rapport est antagoniste : de plus en plus de virtualisme exacerbe la réalité et suscite sa « concurrence »... On irait jusqu’à croire, jusqu’à penser que le virtualisme, en même temps que l’exacerber, pousse la réalité à se régénérer elle-même pour réaffirmer sa puissance. Notre psychologie est au centre de tout cela. C’est elle qui manipule, qui conçoit, qui exacerbe le virtualisme ; c’est elle qui essuie les effets de ses échecs, de sa confrontation avec la réalité. Notre psychologie est aujourd’hui le centre de notre puissance et elle est aussi, juste à côté, presque à se confondre, une pathologie conduite jusqu’à la marge de la plus grave crise possible. L’ère de la psychopolitique qui remplace la géopolitique nous transporte au cœur de crises inconnues, que nous continuons à jauger avec le regard et l’esprit du siècle d’avant. Le postmodernisme, qui croit au virtualisme jusqu’à croire qu’il a transformé la réalité, continue à observer le monde fabriqué comme s’il s’agissait du monde réel.
Nous n’appréhendons plus les événements. Nous les voyons venir avec un regard de myope, nous les mesurons faussement, nous nous préparons à leur choc en en confondant les effets, pour nous retrouver confrontés à des choses complètement inconnues. Notre savoir est si assuré et si faussé qu’il nous prépare absolument à des mondes qui n’existeront jamais. Un bouleversement électoral annoncé, que nous croyions maîtrisé d’avance, nous bouleverse comme nous n’imaginions pas qu’il soit possible, puis nous en oublions aussitôt la leçon centrale pour nous replonger dans la réalité fabriquée qui nous avait si complètement trompés précédemment. Nous touchons au cœur de notre crise fondamentale.
En quelque sorte, la réalité se lève à l’appel du virtualisme. Debout etc…
* * *
L’industrie de l’entertainment est devenue la première des industrie américaines. Par entertainement, on pourrait comprendre "spectacle" (au sens où l’entendait le Guy Debord de La société du spectacle) : tout ce qui charrie une information, soit écrite, soit parlée, soit visuelle, et sans préjuger de la véracité, de la justesse, de la moralité, de l’orientation et de la destination de cette information. William Pfaff rapportait en octobre 1996 : « John Kenneth Galbraith [...] fait une observation frappante et préoccupante sur l’économie américaine. Il y a 75 ans, elle reposait sur l’agriculture, il y a 50 ans sur l’industrie manufacturière, aujourd’hui elle repose sur "l’industrie du spectacle" [entertainment]. L’agriculture et l’industrie sont liées à la réalité fondamentale de l’activité humaine. L’industrie du spectacle implique l’évasion de la réalité. On en apprend beaucoup sur les États-Unis aujourd’hui si l’on admet que nous fonctionnons désormais, au niveau national, moins en réaction à la réalité qu’en réaction aux images de la réalité fabriquées par l’industrie américaine du spectacle, principale force de l’économie américaine. »
Ce voyage de 1831-32 avait d’abord un but professionnel. Tocqueville et son compagnon de Beaumont étaient chargés par les autorités françaises d’une mission d’étude du système carcéral américain. Ils visitèrent longuement les prisons d’Auburn et de Sing-Sing. Ils constatèrent combien le système carcéral américain pouvait être considéré comme un reflet précis de la société américaine. Kroker, Kroker & Cook notent ceci : alors que « l’Europe aurait pu être appréciée comme “un musée sans les murs” (où la force de l’ensemble social est distribuée par les résidus de culture qui forment un système guidant le déplacement des touristes, des artistes, et, de plus en plus, des capitalistes et de leurs gouvernements), [...] pour Tocqueville, l’Amérique était “une prison sans murs”, [... où] la puissance reposerait sur la quotidienneté technologique de la reproduction sociale, dans laquelle les deux pôles de la discipline et de la détente se nourriraient alternativement l’un à l’autre. »
Les auteurs interprètent les premiers constats de Tocqueville en appréciant que l’Europe a son organisation sociale bâtie sur une organisation des traditions et des valeurs, exprimée par la hiérarchie en place ; de façon très différente, l’Amérique organise sa puissance sur la vitesse et la densité des échanges au sein du corps social, ces échanges allant de la tension de la discipline à l’apaisement de la détente, pour mieux recommencer le cycle, et tout cela fournissant un effet (une obligation) fondamentale d’émulation dans un cadre strictement contrôlé, et avec comme conséquence le renforcement constant de la puissance (généralement économique) générée par le corps social.
En Amérique, au contraire [de l’Europe], le processus social ne dispose comme cause fondamentale pour justifier son activité que du seul perfectionnement de son fonctionnement (la cause fondamentale de l’existence et du développement du système serait hors du processus historique et donc du corps social, qu’elle se nomme Dieu, la Destinée manifeste ou la Constitution qu’on peut amender mais qu’il est hors de question de remplacer) ; on n’a pas à accepter ou ne pas accepter, parce que le fonctionnement du processus social est une donnée axiomatique de l’organisation générale : si le fonctionnement cesse, l’Amérique disparaît. L’Europe est une civilisation de choix, l’Amérique est une civilisation d’acquiescement.
Pour définir l’Amérique, Kroker, Kroker & Cook proposent l’expression “empire de l’information” ; elle convient à ravir ; elle n’a rien à voir avec telle ou telle révolution, le cinéma, la télévision, l’informatique ; elle précède toutes ces révolutions et ces révolutions ne sont rien d’autres, en un peu plus fortes, que des actes exemplaires de cette « renaissance permanente » dont parle Tocqueville. L’information est le fondement et l’essence de l’Amérique ; et l’“empire de l’information”, par la nécessité où il se trouve de faire circuler toujours plus vite cette information comme à la fois aliment et moyen de contrôle (incitation et discipline) de la cohésion sociale, s’est logiquement orienté vers la situation d’"empire de la communication" où on le voit aujourd’hui, avec sa puissance économique désormais fondée pour une part majoritaire sur ce que Galbraith nomme « industry of entertainment ». Nous sommes dans une situation (subjective) de nécessité structurelle, et non dans une situation (objective) de fatalité économique.
En ce sens, la légitimation historique de l’Amérique (l’Amérique légitimée par l’histoire), qui n’existe pas puisque l’Amérique n’est pas née de l’histoire et n’entend pas s’y référer (tout système historique est un système d’autorité née des traditions et dispensée par une hiérarchie), a été remplacée par une légitimation par la “vertu” née du mouvement de l’information qui l’anime et lui donne sa puissance. La puissance de l’Amérique, qui n’est qu’un produit de forces sans légitimité, devient une légitimité dès lors qu’elle a elle-même paru être transmutée en vertu.
Rapprocher de ce que dit Descombes à propos de la hiérarchie.
Polanyi : la société se défend. Ce n’est pas une affaire de classe.
L’américanisation a largement touché l’Europe, notamment les élites européennes qui ne sont plus intellectuelles mais informationnelles-médiatiques, et qui ont absolument accepté l’approche américaine de la légitimation (refus de la légitimité historique, donc de la hiérarchie comme système créateur d’autorité et de puissance). A contrario, montrant que la situation n’est pas explicable par les thèses sur la xénophobie et le nationalisme, et toutes ces pulsions émotionnelles agitées comme épouvantails par le système, certaines couches en Amérique sont touchées par le sens historique de la conception européenne initiale, notamment comme moyen de lutter contre le système de l’information-communication. D’où des alliances surprenantes, et des alliances anti-idéologiques. On ne s’étonne pas que ce mot de l’éditeur américain progressiste et d’origine française André Schiffrin, revenu en France, ait si fortement choqué les milieux libéraux bien-pensants de l’édition parisienne : « Certaines forces archaïques, comme le nationalisme et l’esprit de clocher, si éloignées qu’elles soient de l’idéal démocratique, peuvent être d’utiles alliés [des forces progressistes.] » Le système du progrès américain par l’information et la communication semble rencontrer ses limites, du fait de son propre fonctionnement. La raison en est qu’il est déstabilisant de nature : l’information et la communication comme ciments sociaux, sans hiérarchie ni auto- rité, sécrètent désordre et déstabilisation.
Voilà qui explique le choix de Soral. Où y a-t-il des forces progressistes en France ? je ne vois que pantalons et culottes. D’ailleurs, Dieu me garde des forces progressistes. Autres exemples : le colonel Poutine et l’émir Ben Laden, ennemis en principe, défendent chacun « leur » société (évidemment, le colonel Poutine ne défend pas la société de l’émir Ben Laden et réciproquement ; il tente même de l’anéantir en Tchétchènie et réciproquement de la part de l’émir en Afghanistan , c’est de tradition ; déjà, dans Hadji Mourat, nous voyons Tolstoï, sous le nom de Butler, combattre le Tchétchène qui le lui rend bien)) ; le parti des musulmans de France appelle à voter Le Pen etc…
L’Empire de l’information. — Version imprimable →
Il est regrettable que ces
derniers temps, l’équipe au pouvoir a voulu ouvrir à nouveau le dossier de la
guerre de juillet et août, faisant porter la responsabilité de la guerre et les
destructions au Hizbullah. Il semble qu’il y ait une note générale adressée à
tous. Je fais personnellement partie de ceux qui ont toujours voulu remettre à
plus tard les paroles sur ce dossier, pour l’intérêt des Libanais, mais puisque
vous insistez,
écoutez.
Concernant la guerre : je
réclame la constitution d’une commission juridique libanaise, composée de juges
équitables, ou d’une commission arabe, pour ouvrir une enquête sur la dernière
guerre. Ils nous accusent, mais aujourd’hui, en toute franchise, je vais les
accuser. Celui qui a demandé aux Etats-Unis, à George Bush et Dick Cheney,
officiellement, de faire la guerre contre le Liban, à cause des armes de la
résistance, et parce que l’armée libanaise est une armée patriotique qui refuse
l’affrontement avec la résistance, ceux qui ont demandé aux Américains
qu’Israël lance sa guerre contre nous, savent qui ils sont, je les connais et
je souhaite que ne vienne pas un jour où je serai contraint de les citer
publiquement.
Ils avaient prévu une
prison dans une colonie au nord de la Palestine occupée, Roshbina, qui est une
base militaire, aérienne, qui peut contenir environ 10.000 prisonniers. Est-ce
que ces prisonniers seraient seulement du Hizbullah ? Non, ils auraient pu être de tous
ceux qui sont opposés à l’équipe au pouvoir au Liban.
Ceux qui portent la responsabilité de la guerre au mois de juillet n’est pas la résistance, puisque le communiqué du gouvernement lui reconnaît explicitement le droit d’agir pour libérer la terre et les prisonniers. Celui qui porte la responsabilité de la guerre et de la destruction est celui qui a demandé aux Etats-Unis et à Israël de prendre cette opération pour prétexte pour lancer sa guerre contre le Liban, et j’accepte un tribunal neutre et une commission d’enquête neutre.
C’est un coup de maître. Bravo ! Le plus odieux dans l’UMPS c’est encore le PS car l’UMP n’a pas de prétentions émancipatrices ; il s’avance clairement comme le parti de l’ordre, la parti du Kärcher et de la schlague, quoiqu’il soit incapable de maintenir l’ordre dans les écoles.
Ce texte anonyme (signé non pas Furax mais Beaucoup de gens du public) sur le site de Nabe, devenant illisible si l’on veut l’imprimer (corps infra soviétique), je me fais un plaisir d’en donner une version lisible et imprimable ici même.
Photographie Françoise
Verdenne
D. R.
IGN
Les
jolies colonies de vacance de Marcel Boussac. Merci Marcel, merci Marcel.
Eh ! oui, j’ai raclé le parquet Versailles de la salle à manger avec mes
galoches cloutées
Cliquez
sur la photo pour entendre un peu de musique
et ici le Grand
Mamamouchi.
La définition de la folie c’est de faire la même chose et de s’attendre à un résultat différent. (Einstein, il me semble)
L’unité d’action de la résistance pour l’indépendance, les libertés et les besoins sociaux est d’une importance si capitale, que mieux vaut la forger pendant qu’il est encore temps. Les barbares le savent souvent mieux que nous. Ils perçoivent l’union patriotique et démocratique des peuples comme la menace suprême contre leurs plans hégémoniques.
Est-ce un hasard si, après avoir longtemps joué les divisions des Palestiniens et des Libanais, ils ont décidé d’engager les moyens de guerre extrêmes et les plus illégitimes au moment où commençaient à se dessiner les grandes lignes d’un accord entre le Hamas et le Fath en Palestine, entre le Hizboullah et les autres formations politiques au Liban ?
S’ils se sont permis cette réaction violente et calculée contre ces deux petits pays, c’est qu’ils ont estimé que le processus de cohésion nationale est loin d’être réalisé dans les autres pays du monde arabe, réduits ainsi à l’incapacité d’intervenir en solidarité et qu’il fallait en profiter. C’est l’un des calculs qui ont motivé le timing des va-t-en guerre. Après avoir longtemps joué du prétexte de l’absence d’interlocuteur arabe uni en Palestine et au Liban, il leur fallait prendre de vitesse le processus de rapprochement entre les courants de résistance, court-circuiter toute évolution démocratique endogène, dissuader les forces de liberté dans les autres pays de réaliser à grande échelle cette haute exigence dans la région.
Ce matin (5 décembre 2006) j’apprends que madame Royale a refusé de serrer la main de madame de Panafieu pour la raison que celle-ci a dégoisé sur celle-là. Madame Royale baisse sa culotte mais… elle a des couilles.
Ce n’est pas le cas de son mari, M. Loyal, qui s’est
permis de déclarer : « Le Hezbollah a tenu des propos, comme d’habitude,
provocateurs, insultants, elle y a réagi, comme elle devait y réagir. »
Disant cela, il discrédite sa femme qui souhaiterait donc rencontrer des gens
qui tiennent, à leur habitude, des propos provocateurs et insultants, de
véritables voyous. Il prononce en moins drôle le célèbre : qu’allait-elle
faire dans cette galère, avec tous ces galériens démocratiquement élus !
Toujours autant d’à propos. Je n’ai pas oublié son incroyable aveu « si
Chirac avait mis en jeu son mandat, le
PS aurait naturellement appelé à voter NON ». Pantalonnade. Canailles,
maladroites de surcroît. La chasse aux suffrages est ouverte. Ça canarde sec
dans le marécage. M. Ammar fut avisé. Il a su employer a bon escient le
mot mazique. Il s’est préservé, lui et
son parti, d’un ridicule : par la suite, madame Royale s’est révélée une
parfaite blablateuse, promettant ici telle chose et ailleurs le contraire. Le
pantalon lui va bien. Je suis content de constater qu’on ne peut blablater avec
le Hezbollah,
ni dans les salons, ni sur le terrain. Ça nous change des perpétuelles
pantalonnades françaises. A part ça, M. Ammar avait tort sur le
fond : les Israéliens ne se sont pas comportés comme des nazis au Liban mais comme des Américains. Voilà
ce qu’aurait pu répondre madame Royale.
Je réfléchis sur la grossièreté des propos de M. Ammar qui m’étonnent étant donné la finesse et la retenue des déclarations habituelles du Hezbollah. Je pense que c’est concerté. C’est un message, d’un genre déjà utilisé par les situationnistes, celui-ci : nul ne peut se prévaloir de faire bla bla gentiment et impunément, c’est à dire médiatiquement, avec le Hezbollah. Quiconque prétend haut et fort, devant les caméras, vouloir parler avec les représentants du Hezbollah doit s’attendre à entendre le mot « nazi », Il sera jugé sur sa réaction dans cette rude épreuve. C’est le prix à payer. Honni soit qui mal y pense.
Les journalistes français qui ont entendu clairement le mot « nazya » dans une allocution de vingt minutes en arabe n’ont aucun mérite car le mot « nazi » est le seul qu’ils comprennent en français, ça et les coups de pieds au cul. Valsez valetaille. Et c’est pourquoi M. Ammar l’a employé. Parlant à une dame, il s’est abstenu des coups de pied.
Si madame Royale était venue pour se faire une réputation de grande âme démocratique généreuse (il m’est permis de l’envisager, vu la suite des évènements), qui cause avec les représentants élus du Hezbollah, c’est raté. Ces hommes qui ont conquis de haute lutte leur respectabilité ne vont pas la mettre en jeu avec une médiatique en quête de notoriété sans lui imposer auparavant une épreuve. Ce n’est pas aux vieux singes qu’on apprend à faire des grimaces. Ces gens veulent bien causer, mais sérieusement de choses sérieuses. Ils ont horreur de la frivolité. Ils cirent leurs souliers avant de combattre. Ils ont horreur des pantalonnades. Le Liban n’est pas un plateau de télévision. M. Ammar n’est pas homme à se laisser couper la parole par un insolent valet de télévision. Une diatribe, sinon rien. Madame Royale a bien passé l’épreuve d’anti-américanisme. Elle a échoué à l’épreuve d’anti-nazisme.
Enfin, Dieudonné et Soral ont fait le bon choix. Il faut serrer la main de M. Le Pen… pour les mêmes raisons. C’est la seule manière de traiter la pantalonnade vertueuse tant celle des pantalons blancs que celle des blancs pantalons. M. Le Pen aussi sait utiliser le mot mazique, celui qui met en rage les pantalons de vertu. C’est un plaisir de voir les pudiques pantalons se tirebouchonner de fureur. Ils sont tout froissés. Il va falloir leur donner un coup de fer.
Aux chiottes les pantalons. Ça suffit les pantalonnades. C’était le message de M. Ammar.
Les vermisseaux de la gauche radicale sont très mignons. Enfoirés.
What is the cause of the impending
collapse of the U.S. position across the Middle East? We put democratist
ideology ahead of national interests. We projected our ideas of what is right,
true, and inevitable onto people who do not share them. We tried to impose our
will with our military power, which is more effective at killing Arab enemies
than winning Arab hearts.
America is failing in the Middle East
because our leaders of both parties will not look at the region through Arab
eyes. What Bush saw as a glorious liberation of Iraq, Arabs saw as an invasion.
Where Bush sees in Israel a model of democracy, Arabs see a pampered agent of
U.S. imperialism, persecuting and dispossessing the Palestinian people.
“For 60 years, my country, the United
States, pursued stability at the expense of democracy in … the Middle East, and
we achieved neither. Now, we are taking a different course. We are supporting
the democratic aspirations of all the people”
So Condi Rice hubristically declared in
Cairo in 2005.
FUNNY
12 octobre 2006
« La défaite du
Hezbollah
serait une grosse perte pour l’Iran non seulement du point de vue
psychologique, mais aussi du point de vue stratégique. L’Iran perdrait son relais
au Liban. Il perdrait ses principaux moyens de déstabiliser et de s’introduire
au cœur du Moyen-Orient. L’événement apporterait la démonstration que l’Iran
est allé au-delà de ses capacités en essayant de s’affirmer comme la
superpuissance de la région. Les États-Unis ont fait beaucoup pour permettre à
Israël de triompher et pour que tout cela ait lieu. Ils ont compté sur la
capacité d’Israël à remplir cette tâche et ont été déçus. Le Premier Ministre
Ehud Olmert n’a su montrer ni fermeté ni détermination dans sa direction des
événements... Sa recherche d’une victoire à bon compte a mis en danger non
seulement l’opération au Liban mais aussi la confiance de l’Amérique en
Israël. »
Charles Krauthammer, Washington Post, 4 août 2006
« Mais le
gouvernement doit maintenant admettre ce que quiconque, moi-même compris, qui a
cru en l’importance de réussir en Irak doit admettre : qu’il s’agisse de
raisons liées à Bush ou aux Arabes, ce succès n’a pas eu lieu et nous ne
pouvons plus continuer à sacrifier de nouvelles vies... Mais l’autre meilleure
option est de quitter l’Irak. Parce que la pire option, celle que chérit
l’Iran, c’est que nous restions en Irak, en continuant à saigner et à nous
exposer au risque d’une attaque de l’Iran au cas où nous frapperions ses
installations nucléaires... Il nous faut traiter avec l’Iran et la Syrie à
partir d’une position de force et pour cela nous avons besoin de constituer une
coalition large. Plus longtemps nous maintiendrons une stratégie unilatérale
qui ne fonctionne pas en Irak, plus difficile sera la construction d’une telle
coalition, et plus forts deviendront les ennemis de la liberté. »
Thomas Friedman, New York Times, 4 août 2006
Très intéressante analyse de la stratégie iranienne. Pas de doute, les maîtres de l’Iran sont tout sauf des imbéciles. Il faut être « la Grosse Binet » Adler pour traiter l’élégant président Armani Nedjad d’imbécile.
Lundi
4 décembre 2006
Les pantalons socialistes s’agitent. Tous aux abris. Sauve qui peut. Rampe ! rampe ! Suck ! suck ! Lèche ! lèche ! Pantalons ! pantalons ! Le trostskar Dray chie dans son… pantalon ! Je viens d’apprendre que pour ce dernier, en Cisjordanie il n’y a pas d’occupés, il n’y a pas d’occupants et sans doute pas de bizutage carabiné et permanent. C’est original. La stealth independence de madame Royal n’en est que plus appréciable. Elle a duré ce que dure une rose. Mignonne allons voir… à Jérusalem.
A défaut de « parler avec tout le monde » madame Royale baisse sa culotte devant tout le monde :
Mardi 05 Décembre 2006 | 5:00 | Beyrouth
À Jérusalem, Royal justifie les survols israéliens au
Liban-Sud
Déjà empêtrée dans le bourbier proche-oriental depuis
sa rencontre avec un député du Hezbollah, la candidate socialiste pour la
présidentielle, Ségolène Royal, s’est un peu plus enfoncée hier soir, alors
qu’elle achevait sa tournée en Israël. À l’issue d’une rencontre avec le
Premier ministre, Ehud Olmert, Mme Royal a en effet justifié les survols
israéliens au Liban-Sud, région où se trouvent notamment les positions
françaises de la Finul. Selon la candidate socialiste, « les survols qui
subsistent sont liés à un certain nombre de faits ou d’événements qui les
justifient (...) ». Vendredi, au cours d’une visite au quartier général de
la Finul à Naqoura, Mme Royal avait pourtant critiqué la fréquence de ces
survols. Hier, elle a déclaré savoir « que ces survols sont liés à la
défense de la sécurité d’Israël ».
Également critiquée pour avoir suggéré, il y a quelques jours seulement, qu’elle pourrait rencontrer des membres du Hamas, Mme Royal a affirmé hier que « dans l’état actuel des choses, il n’est pas question de discuter avec les dirigeants » du mouvement islamiste.
Elle avait également déclaré que personne ne l’empêcherait de parler avec des représentants démocratiquement élus, ce qui était louable et remarquable, un beau geste. Mais il y a loin de la croupe aux lèvres au pays des pantalons. Les pantalons sarkozistes (en tôle Arcilor à l’épreuve des balles) se trémoussent de joie. J’avais oublié celle-ci : l’hôpital (le docteur Douste, alias Mickey d’Orsay, alias Condorcet, qui s’étonnait qu’il n’y eut pas eu de Juifs déportés depuis l’Angleterre) donne des conseils de subtilité à l’infirmerie (l’infirmière Ségolène, gironde, ma foi). Pantalons ! Pantalons ! La seule chose à faire, c’est d’en rire et attendant la der des der.
Ils sont chou !
Je comprends encore mieux les précautions oratoires de M. Ammar.
Il ne voulait pas figurer lui aussi
dans l’album de la comtesse
Il a une réputation à défendre.
Si le Hezbollah
faisait rire, où irait-on ?
En un
mot : la bluette rose est compromettante pour un député du Hezbollah
et non l’inverse
« Le Hezbollah a exprimé son point de vue, madame
Royal l’a écouté »
Rencontre avec Ali Ammar, le député
islamiste qui dit avoir comparé devant la candidate socialiste l’occupation
israélienne au Liban au nazisme.
Par Isabelle Dellerba
LIBERATION.FR : lundi 4 décembre 2006
Beyrouth, de notre correspondante
(…)
Pensez-vous que Madame Royal a entendu
tout ce que vous lui disiez ?
Il y avait un traducteur.
Ces propos signifient-t-il que vous
comparez
Israël à l’Allemagne nazie ?
Bien sûr. Le nazisme contre lequel nous nous
battons au Liban est encore plus cruel que celui contre lequel vous vous êtes
battus en France. Israël a tué beaucoup de femmes et d’enfants dans cette
région ces 50 dernières années. Je ne cherche pas à comparer les chiffres. Ce
n’est pas une question de nombre de morts. Tout parti qui commet des crimes
organisés contre l’humanité est une entité nazie.
Nous ne voyons pas de différence entre une forme de nazisme et une autre
M. Ali Ammar dit qu’il l’a dit. Très bien, je m’incline, je ne puis plus rien pour madame Royale. Cela ne retire rien à la pertinence de mon analyse du texte de M. Loup Blanc qui met en lumière le fonctionnement de la gent médiatique de Radio Paris Ment :
* * *
Dimanche 3 décembre 2006
Des journalistes français qui ne comprennent pas l’Arabe ont cependant entendu, dans une allocation de vingt minutes, par deux fois, le mot nazya. Il faut le faire quand même. Le mot « nazya » est pour eux ce qu’est la truffe pour le cochon. Ils n’en ratent pas un, ils en sont friands, ils en raffolent, les voilà tout émoustillés. Groin, groin, groin... Mais là n’est pas la question. Ils ont entendu par deux fois le mot « nazya » et ils bâtissent un roman qui fait aussitôt le tour du monde vu la grégarité de cette engeance. Aucun des témoins libanais présents, dont plusieurs journalistes, qui ont aussi entendu le mot « nazya » — mais tout le reste aussi parce qu’eux comprennent l’arabe — n’a entendu la phrase imaginée par les journalistes français, mais une autre dont ils ont d’ailleurs fait état dans leurs journaux avant même que n’éclate la pantalonnade franco-française. La France est le pays de la pantalonnade. Cela n’a aucune importance. C’est une bonne année pour les truffes.
Résumons :
A) L’Orient-Le Jour du 1er décembre : « [Ali
Ammar] a observé que “les Libanais sont
fiers de leur amitié avec la France et que la résistance du Hezbollah
s’inspire de la résistance française contre le nazisme.” »
Le Figaro du 1er décembre :
« [Ali Ammar] a comparé l’intervention israélienne au Liban à l’occupation
de la France par les nazis, et le combat du Hezbollah à la Résistance
française. »
Donc Ali Ammar compare 1) l’intervention israélienne au
Liban à l’occupation de la France par les Nazi ; 2) La résistance du Hezbollah
contre les Israéliens à la résistance des Français contre les nazis.
Il a comparé deux occupations et deux résistances. Il aurait pu aussi bien
ajouter l’occupation de l’Amérique par les anciens colons anglais et la
résistance des Indiens, ce qu’il aurait fait s’il avait reçu Ward Churchill au
lieu de Mme Royale. Il n’a pas dit que les Israéliens étaient des Nazis.
Il a dit que les occupants étaient des occupants et les résistants des
résistants. Ça vaut aussi bien pour les Romains et Massada. Tous les matins,
sur Radio Paris on entend : « les opposants
pro-syrien… » ce qui est gentil pour le général Aoun et pas
seulement pour lui. Tous les jours sur Radio Paris on entend :
« le conflit israélo-palestinien… ».
B) Le
Figaro du 2 décembre : « Ali Ammar, a déclaré en langue
arabe : “Le nazisme qui a versé notre sang
et qui a usurpé notre indépendance et notre souveraineté n’est pas moins
mauvais que le nazisme qui a occupé la France.” »
Sur la foi de quoi ? Sur la fois de ceci :
« Le mot “nazya”, prononcé deux
fois en langue arabe, a été clairement entendu par les journalistes. »
Fantastique ! Quelle extrapolation !
Comment le Figaro du 2 décembre partant de
l’affirmation « Le mot “nazya”,
prononcé deux fois en langue arabe, a été clairement entendu par les
journalistes. » parvient-il à l’affirmation : « Ali Ammar, a
déclaré en langue arabe : “Le
nazisme qui a versé notre sang et qui a
usurpé notre indépendance et notre souveraineté n’est pas moins mauvais que le
nazisme qui a occupé la France.” »
en langue arabe s’il vous plait. Comment d’un mot entendu deux fois peut-il
reconstituer un longue phrase complète et complexe. L’arabe doit être une
langue merveilleuse. Rien d’étonnant au Pays des tapis maziques.
Remarquons encore, s’il vous plaît, que l’expression
« qui a usurpé notre indépendance et notre souveraineté » est du
charabia quelle que soit la langue. On n’usurpe pas une indépendance, que ce
soit en arabe ou en français ou même en allemand. On l’anéanti ou on la réduit.
De même on n’usurpe pas une souveraineté. On l’annihile où on la limite. Les
représentants du Hezbollah, ainsi que le souligne à juste titre
M. Loup Blanc ne parlent pas le charabia de journaliste. Ils se
distinguent par leur finesse et leur précision. Par contre, on usurpe une
identité. C’est du fabriqué dans les bureaux de la Kommandantur. C’est
du faux papier.
Radio Paris ment, Radio Paris ment, Radio Paris est allemand.
* * *
Voici ce qu’il en est de l’opposition
pro-syrienne, pantalons : La présence aouniste, un des principaux moteurs du
mouvement de protestation. Il ne fait aucun doute que l’Orient-Le Jour
doit être un journal aouniste, complètement inféodé au général, pour tenir de
tels propos. Ce journal prétend aussi que sur les cinq mille personnes de
permanence dans les tentes sont présents deux mille cinq cent chrétiens et deux
mille cinq cent musulmans. Quelle précision ! En fait cette volonté
affichée d’égalité explique aussi pourquoi les journalistes d’Orient-Le Jour
présents lors de la visite de madame Royale qui, parlant l’arabe, avaient
parfaitement compris les propos de M. Ammar, ne les ont pas relatés dans
leur journal. Ils ne voulaient pas souffler sur les braises. Dans le même
esprit, le général Aoun a demandé que ses portraits soient tous retirés des
rues et des lieux public. On retient son souffle. On n’ose y croire.
Je lis au hasard : « Aussi Marx est-il amené à penser que les conditions économiques et matérielles déterminent l’anatomie d’une société. Et ce n’est pas la conscience des hommes qui détermine la réalité, mais c’est la réalité sociale qui détermine leur conscience. » Oui, c’est excellent à ceci près que la réalité sociale n’est ni économique, ni matérielle et les conditions économiques et matérielles ne sont aucune condition. La conscience des hommes est une affaire collective, mais personne n’a jamais avancé d’un chouilla sur cette question.
« L’indépendance c’est très simple, claironnait July : il faut que ça marche, il faut gagner de l’argent. »
La valeur n’est pas une égalité.
La valeur n’est pas une fonction.
La valeur n’est pas une identité.
La valeur n’est pas une proportion.
La valeur n’est pas un rapport.
La valeur n’est pas une grandeur.
La valeur n’est pas une dimension.
La valeur n’est pas une mesure.
La valeur n’est pas un nombre.
La valeur n’est pas une quantité.
L’expression « il vaut mieux… » n’a rien à voir avec la valeur. Elle signifie : « il est préférable de… »
J’ai fait ce petit récapitulatif parce que j’ai lu un extrait de Bastiat qui disait qu’on ne pouvait pas additionner ou soustraire de valeur etc. Je fus bien surpris puisque je ne disais rien d’autre dans le § 19 de mon Enquête de 1976. Quelle raison Bastiat donnait-il à cela : on ne pouvait additionner ou soustraire de valeur parce que la valeur était un rapport. Je compris le terme rapport au sens de Lebesgue, c’est à dire de mesure. Pour Lebesgue une mesure est le rapport de deux grandeurs et ce rapport est un nombre. Il condamne la distinction faites par les professeurs de son époque entre rapport et nombre. Donc, qu’est-ce qui empêche d’additionner deux valeurs si elles sont des rapports, c’est à dire des nombres ? Les nombres sont fait précisément pour ça, être additionnés et soustraits ce que sait très bien le fabriquant parce qu’il calcule ses prix de revient par addition. Mais le gaillard ne l’entendait pas comme ça. Il faut lire ce genre d’imbécile vertigineux qui fit les délices de Hayek, Reagan, Thatcher. Il faut lire les textes, même les textes des imbéciles.
Au café du commerce. La forte pensée d’un commis voyageur de l’individualisme et du libre échange
« Ce mode de guerre sauvage et criminel, qui n’était rien de plus qu’un système de raids [à pied et à cheval à cette époque, en avion aujourd’hui], n’eut aucun résultat positif pour les Français. Dès que l’armée se fut retirée, les habitants de Tlemcen se dressèrent contre la garnison française dont les convois furent coupés, et le général d’Arlanges, commandant en second, reçut l’ordre d’établir un camp fortifié sur la Tafna dans le but de couvrir Tlemcen et de garder libres les voies de communication entre ce poste et les endroits favorables aux Français. Il avança avec 3.000 hommes tandis qu’une autre division de 4.000 hommes était envoyée par mer. » Engels touchait sa bille sur ces questions. C’est son plan qui fut adopté par les Yankees, après des années d’atermoiements, lors de la Guerre de sécession. OK (Zero Killed). Cette expression date de la Guerre de sécession. On comprend que la guerre OK soit un idéal pour les Américains.
Etonnants articles de notre tandem bien-aimé, Karl und Friedrich.
Toutes les occurrences
du terme « économie » dans l’œuvre de
Marx
Manque le
Livre II du Capital : — Band II. Der Zirkulationsprozeß des Kapitals →
Il est bien dommage que Marx n’ait pas pu lire Valeurs et monnaies de Turgot, et pour cause. Voici tout ce que j’ai trouvé comme références de Marx à Turgot et c’est bien peu :
Recherche sur : site:http://www.marxists.org/francais/marx/works Turgot
Le
Capital, livre I, 3e section, chapitre 7, note 5
Le moyen de travail est
une chose ou un ensemble de choses que l’homme interpose entre lui et l’objet
de son travail comme constructeurs de son action. Il se sert des propriétés
mécaniques, physiques, chimiques de certaines choses pour les faire agir comme
forces sur d’autres choses, conformément à son but [3].
Si nous laissons de côté la prise de possession de subsistances toutes trouvées
la cueillette des fruits par exemple, où ce sont les organes de l’homme qui lui
servent d’instrument, nous voyons que le travailleur s’empare immédiatement,
non pas de l’objet, mais du moyen de son travail. Il convertit ainsi des choses
extérieures en organes de sa propre activité, organes qu’il ajoute aux siens de
manière à allonger, en dépit de la Bible, sa stature naturelle. Comme la terre
est son magasin de vivres primitif, elle est aussi l’arsenal primitif de ses
moyens de travail. Elle lui fournit, par exemple, la pierre dont il se sert
pour frotter, trancher, presser, lancer, etc. La terre elle-même devient moyen
de travail, mais ne commence pas à fonctionner comme tel dans l’agriculture,
sans que toute une série d’autres moyens de travail soit préalablement donnée [4].
Dès qu’il est tant soit peu développé, le travail ne saurait se passer de
moyens déjà travaillés. Dans les plus anciennes cavernes on trouve des
instruments et des armes de pierre. A côté des coquillages, des pierres, des
bois et des os façonnés, on voit figurer au premier rang parmi les moyens de
travail primitifs l’animal dompté et apprivoisé, c’est à dire déjà
modifié par le travail [5].
L’emploi et la création de moyens de travail, quoiqu’ils se trouvent en germe
chez
quelques espèces animales, caractérisent éminemment le travail humain. Aussi
Franklin donne t il cette définition de l’homme : l’homme est un
animal fabricateur d’outils « a toolmaking animal ». Les débris des
anciens moyens de travail ont pour l’étude des formes économiques des sociétés
disparues la même importance que la structure des os fossiles pour la
connaissance de l’organisation des races éteintes. Ce qui distingue une époque
économique d’une autre, c’est moins ce que l’on fabrique, que la manière de
fabriquer, les moyens de travail par lesquels on fabrique [6].
Les moyens de travail sont les gradimètres du développement du travailleur, et
les exposants des rapports sociaux dans lesquels il travaille. Cependant les
moyens mécaniques, dont l’ensemble peut être nommé le système osseux et musculaire
de la production, offrent des caractères bien plus distinctifs d’une époque
économique que les moyens qui ne servent qu’à recevoir et à conserver les
objets ou produits du travail, et dont l’ensemble forme comme le système
vasculaire de la production, tels que, par exemple, vases, corbeilles, pots et
cruches, etc. Ce n’est que dans la fabrication chimique qu’ils commencent à
jouer un rôle plus important.
___________________
5. Dans ses Réflexions
sur la formation et la distribution des richesses, 1776, Turgot fait parfaitement ressortir
l’importance de l’animal apprivoisé et dompté pour les commencements de la
culture.
Quelques écrivains, les
uns comme défenseurs de la propriété foncière contre les attaques des
économistes bourgeois, les autres, tels que Carey, dans le but de substituer
aux antagonismes de la production capitaliste un système d’« harmonies », ont
essayé d’identifier la rente, l’expression économique de la propriété foncière,
avec l’intérêt ; par là se serait apaisée l’opposition entre les propriétaires
fonciers et les capitalistes. Le procédé inverse fut suivi au début de la
production capitaliste. A cette époque la propriété foncière représentait
encore, dans la conception populaire, la forme primitive de la propriété
privée, tandis que l’intérêt du capital était méprisé et considéré comme un
produit de l’usure. C’est alors que Dudley North, Locke et d’autres intervinrent
et assimilèrent l’intérêt du capital à la rente foncière, en même temps que Turgot se basait sur l’existence
de cette dernière pour justifier l’intérêt. Les écrivains modernes oublient, —
sans compter que la rente foncière peut exister et existe pure, sans addition
de l’intérêt du capital incorporé à la terre — que le propriétaire foncier qui
profite de ce capital, non seulement prélève l’intérêt d’une avance qui ne lui
a rien coûté, mais devient gratuitement propriétaire de ce capital lui-même.
Le Capital,
« Un Chapitre inédit », note 4
Comme on l’a vu, la valeur
d’échange de la force de travail est payée en même temps que le prix des
moyens de subsistance nécessaires, étant données les habitudes de chaque
société, afin que l’ouvrier exerce en général sa capacité de travail avec le
degré adéquat de force, de santé et de vitalité, et perpétue sa race [4].
___________________
4. Petty détermine la
valeur du salaire journalier d’après la valeur de ce dont l’ouvrier a besoin
« pour vivre, travailler et se reproduire ». Cf. Political
Anatomy of Ireland, édit. de Londres, 1672, p. 69. Cité d’après Dureau
de la Malle.
« Le prix du travail
se compose toujours du prix des choses absolument nécessaires à la vie ».
Le travailleur n’obtient pas un salaire suffisant « toutes les fois que le
prix des denrées nécessaires est tel que son salaire ne lui permet pas d’élever
conformément à son humble rang une famille telle qu’il semble que ce
soit le lot de la plupart d’entre eux d’en avoir. » Cf. Jacob Vanderlint, Money Answers all
Things, Londres, 1743, p. 19.
« Le simple ouvrier,
qui n’a que ses bras et son industrie, n’a rien qu’autant qu’il parvient
à vendre à d’autres sa peine... En tout genre de travail, il doit arriver, et
il arrive en effet, que le salaire de l’ouvrier se borne à ce qui lui est
nécessaire pour lui procurer sa subsistance. » Cf. Turgot, Réflexions sur la formation et la
distribution des richesses, 1766, Œuvres, édit. Daire, tome I, p. 10.
« Le prix des
subsistances nécessaires à la vie est en réalité ce que coûte le travail productif. »
Cf. Malthus, An Inquiry
into the nature of Rent, etc. Londres, 1815, p. 48 note. [Cette
partie de la note se retrouve dans le livre I du Capital, tome IL
p. 81.]
« D’une étude
comparée des prix du blé et des salaires depuis le règne d’Edouard III,
c’est-à-dire depuis 500 ans, il ressort que, dans ce pays, le revenu
quotidien de l’ouvrier s’est tenu plus souvent au-dessous qu’au-dessus d’une
mesure de blé d’un quart de boisseau. Cette mesure de blé forme une sorte de
moyenne, et plutôt supérieure, autour de laquelle les salaires exprimés en blé
oscillent selon l’offre et la demande. » Cf. Malthus, Principles of Political
Economy, 2° édit., Londres, 1836, p. 254.
« Le prix naturel de
n’importe quel objet est celui... que l’on donne à sa production... Le prix
naturel du travail consiste en une quantité de denrées nécessaires à la vie et
de moyens de jouissance telle que la requièrent la nature du climat et les
habitudes du pays pour entretenir le travailleur et le mettre en état d’élever
une famille, pour que le nombre des travailleurs demandés sur le marché
n’éprouve pas de diminution... Le prix naturel du travail, bien qu’il varie
sous des climats différents et en fonction des niveaux variables de la
progression nationale, peut, en n’importe quel moment et lieu donnés, être
considérés comme pratiquement stationnaire. »
Cf. Torrens, An Essay of the external Corn
Trade, Londres, 1815, p. 62. [Le lecteur retrouvera une partie
de cette dernière citation au livre I du Capital, tome I,
pp. 174-175 note.]
A cela, il faut ajouter, Le Capital, Livre II :
Livre II, tome IV,
Édition socialiniennes
/175/ La différence entre les deux genres d’avances apparaît seulement quand l’argent avancé se trouve converti en éléments du capital productif. C’est une différence qui existe uniquement au sein du capital productif. Aussi Quesnay n’a-t-il pas l’idée de ranger l’argent ni parmi les avances primitives ni parmi les avances annuelles. En tant qu’avances de la production, — c’est-à-dire en tant que capital productif, — les unes et les autres s’opposent aussi bien à l’argent qu’aux marchandises qui se trouvent sur le marché. De plus, Quesnay ramène correctement la différence entre ces deux éléments du capital productif à leur manière différente d’entrer dans la valeur du produit fini, donc à la manière différente dont leur valeur est mise en circulation avec le produit, donc à la manière différente dont s’opère leur remplacement ou leur reproduction, la valeur de l’un se remplaçant en entier tous les ans, celle de l’autre dans des périodes plus longues et par fractions1.
___________________
1. Voir, pour QUESNAY, l’Analyse du Tableau économique (Physiocrates, Édition Daire, 1re partie, Paris, 1846). On y lit, par exemple « Les avances annuelles consistent dans les dépenses qui se font annuellement pour le travail de la culture ; ces avances doivent être distinguées des avances primitives qui forment le fonds de l’établissement de la culture » (p. 59). Chez les physiocrates plus récents, les avances sont parfois désignées déjà franchement comme capital : « Capital ou avances » DUPONT DE NEMOURS : Maximes du Dr Quesnay, etc. (DAIRE, Physiocrates, 1re partie, p. 391) ; puis Le TROSNE : « Au moyen de la durée plus ou moins grande /176/ des ouvrages de main-d’œuvre, une nation possède un fonds considérable de richesses Indépendant de sa reproduction annuelle, qui forme un capital accumulé de longue main et originairement payé avec les productions, qui s’entretient et s’augmente toujours. » (DAIRE, 2e partie, p. 928). Turgot emploie déjà plus régulièrement le mot capital au lieu d’avances et identifie encore davantage les avances des manufacturiers avec celles des fermiers (TURGOT : Réflexions sur la formation et la distribution des richesses, 1766).
* * *
/317/ En dehors de cela, le cycle de l’argent, — c’est-à-dire son retour à son point de départ, — pour autant qu’il forme un facteur de la rotation du capital, constitue, par rapport à la circulation de l’argent, un phénomène tout à fait différent, voire opposé 3 : la circulation /318/ exprime seulement qu’en passant d’une main à l’autre, l’argent s’éloigne de plus en plus de son point de départ. Cependant l’accélération de la rotation implique par le fait même celle de la circulation.
___________________
3. Tout en confondant encore les deux phénomènes, les physiocrates sont
les premiers a souligner le
retour de l’argent à son point de départ comme forme essentielle de la
circulation du capital, comme forme de la circulation servant d’intermédiaire à
la reproduction. « Jetez les yeux sur le Tableau économique,
vous verrez
que la classe productive donne l’argent avec lequel les autres classes viennent
lui acheter des productions, et qu’elles lui rendent cet argent en revenant
l’année suivante faire chez elle les mêmes achats... Vous ne voyez donc
ici d’autre cercle que celui de la dépense suivie de la
reproduction, et de la reproduction suivie de la dépense ; cercle qui est
parcouru par la circulation de l’argent qui mesure la dépense et la
reproduction. » /318/ (QUESNAY
: Problèmes économiques, chez Daire : Physiocrates, I, p.
208). — « C’est
cette avance et cette rentrée continuelle des capitaux qu’on doit appeler la
circulation de l’argent, cette circulation utile et féconde qui anime tous les
travaux de la société, qui entretient le mouvement et la vie dans le corps
politique et qu’on a grande raison de comparer à la circulation du sang dans le
corps animal. » (TURGOT : Réflexions, etc.,
Éd. Daire, I, p. 45.)
Livre II, tome V,
Édition socialiniennes
/16/ Dans l’analyse
du procès de reproduction, Adam Smith1 fait un pas en arrière. C’est
d’autant plus frappant que, d’ordinaire, il ne se borne pas à développer des
analyses justes de Quesnay, par exemple ses « avances primitives » et
« avances annuelles » qu’il généralise en capital « fixe »
et capital « circulant »2, il
retombe même par endroits tout à fait dans les erreurs des physiocrates. Pour
démontrer par exemple que le fermier produit plus de valeur que n’importe
quelle autre espèce de capitalistes, il dit : « Il n’est pas de
capital qui, à grandeur égale, mette en mouvement une plus grande quantité de
travail productif que celui du fermier. Non seulement ses domestiques, mais
ses bêtes de travail aussi sont des ouvriers productifs. [Joli compliment pour
les domestiques !] En agriculture, la nature travaille aussi, à
côté des hommes ; et quoique son travail ne coûte aucune dépense, ce
qu’elle produit n’en a pas moins sa valeur propre, aussi /17/…
______________________
2. Sur ce point aussi, quelques physiocrates, surtout Turgot, lui avaient frayé la voie. Celui-ci emploie déjà plus fréquemment que Quesnay et les autres physiocrates le mot de capital pour avances et assimile encore plus les avances ou capitaux des manufacturiers à ceux des fermiers. Par exemple : « Comme eux [les entrepreneurs de fabrique], ils [les fermiers, c’est-à-dire les fermiers capitalistes] doivent recueillir, outre la rentrée de leurs capitaux, etc. » (TURGOT, (Œuvres, Édition Daire, Paris, 1844, t. I, p. 40.)
La querelle de l’humanisme
Il est impossible de s’expliquer l’intensité du débat autour du structuralisme, dans la classe intellectuelle, si l’on y voit une simple controverse sur la méthode dans les sciences sociales : des « questions de méthode », comme disait Sartre en 1961.
Et il faut même avouer qu’à première vue le structuralisme semble bien peu fait pour le rôle qu’il va jouer pendant dix ans : évangile bouleversant, vérité subversive, percée audacieuse, première mise en échec du logos occidental et de son ethnocentrisme... Loin de poser au cavalier de l’Apocalypse, le structuralisme s’est d’abord présenté lui-même, plus modestement, comme un rationalisme élargi. Tel est le but que se reconnaît Lévi-Strauss : « une sorte de super-rationalisme [Tristes tropiques, Plon, 1955, p. 50.] » (expression d’ailleurs ambiguë, puisqu’on ne sait pas s’il veut dire « rationalisme plus puissant encore » ou bien « quelque chose comme un surréalisme de la science »). C’est là ce qu’en retenait Merleau-Ponty en 1959, dans un article où il commentait les travaux de Lévi-Strauss « La tâche est donc d’élargir notre raison pour la rendre capable de comprendre ce qui en nous et dans les autres précède et excède la raison » [Signes, p. 154]. On l’a vu, c’est exactement ce que Merleau-Ponty attendait, en 1946, d’une interprétation de Hegel.
La mission d’une raison élargie est de comprendre l’irrationnel, lequel s’offre à nous principalement sous deux espèces : parmi nous, le fou (qui « excède la raison ») et hors de chez nous le sauvage (qui la « précède »). D’où l’attention privilégiée dont bénéficient la psychanalyse (qui, avec /125/ son concept d’inconscient, a installé la déraison chez ceux qui se croyaient sains d’esprit) et l’anthropologie sociale (qui étudie les comportements archaïques des « primitifs »). Si ces sciences peuvent nous faire comprendre l’irrationnel du rêve, du délire, de la magie ou du tabou, la raison du mâle adulte occidental subit une défaite, mais c’est au profit d’une raison plus universelle. Rien de plus conforme à ce perpétuel dépassement de la raison par elle-même que le structuralisme, ce dernier étant finalement la recherche d’invariants universels. Le structuraliste n’est pas autre chose que le représentant, dans le domaine anthropologique, des exigences de la science : de même que la science du mouvement (la physique) est la connaissance de ce qui, dans un changement, ne change pas, à savoir les rapports invariants entre les variations de la position du mobile dans l’espace et de la date de ces positions dans le temps, de même la science de l’homme est la connaissance de ce qui reste constant dans toute variation possible, la variation correspondant ici au dépaysement, au voyage dans l’exotique ou dans l’archaïque.
Où voit-on, en tout ceci, matière à querelle ? C’est que, derrière ce qui semble être une controverse savante sur les vertus de telle ou telle méthode, il y a un enjeu politique, non pas certes pour le pays tout entier, mais pour la classe intellectuelle.
La sémiologie, comme on l’a vu, déplace toutes les
questions vers l’analyse des discours, et elle fait venir au premier plan la
relation de l’émetteur au code, ou, comme disent les lacaniens, du sujet au
signifiant. Il en résultait que l’origine du sens ne pouvait plus être placée
là où le phénoménologue croyait la trouver — dans l’auteur du discours, dans
l’individu qui croit s’exprimer — mais qu’elle était dans le langage lui-même
[Frege avait déjà répondu : dans le monde, les
pensées sont saisies dans le monde]. Soit un récit mythique : le
sens de ce mythe n’est pas à chercher dans le « vécu » du récitant,
et il ne faut pas le lire comme l’expression d’une « conscience
mythique ». Le mythe est un récit : la forme narrative de cette
histoire n’est pas inventée par le narrateur, mais elle préexiste à la
narration et peut être considérée comme un code permettant d’émettre des
messages mythiques. Pour déterminer le sens du mythe, il faut donc le comparer
aux autres mythes circulant dans le même ensemble culturel et en reconstituer
le code. Le narrateur subit les contraintes de ce /126/ code,
son récit ne doit pas grand-chose à sa fantaisie. C’est ainsi que le sens de
ses personnages et de leurs aventures est déterminé à l’avance par la grammaire
du récit dans sa province culturelle : et si, par exemple, des oppositions
telles que « géant/nain » ou « princesse/bergère » sont
reçues comme significatives dans ce code, la taille et la profession des
personnages ne sont plus libres. Par conséquent, le récitant du mythe ne fait
qu’actualiser des possibilités inhérentes au code, au système signifiant auquel
il se soumet pour parler, et c’est bien en fin de compte la structure qui
décide de ce qui peut — et parfois de ce qui doit — être dit en telle occasion.
Les structures décident et
non l’homme ! L’homme n’est plus rien ! Telle est la leçon que l’opinion a retenue des recherches de
l’anthropologie structurale : du moins, si on lisait les commentaires
scandalisés des ci-devant « humanistes ». L’essentiel, toutefois, est ailleurs.
On sait que dans son livre Psychologie des foules et
analyse du moi, Freud consacre un
chapitre à deux institutions qu’il appelle « foules
artificielles » : l’Eglise catholique et l’armée. Comment expliquer,
se demande Freud, la cohésion de ces associations qui résistent aux épreuves du
temps (persécutions, défaites, etc.) ? Chacun sait, bien entendu, où les
organisations de masse puisent leur force : comme le veut l’adage,
« la discipline fait la force des armées ». Mais ce qui étonne Freud
est la docilité des individus qui se soumettent à cette discipline, sacrifiant
leur indépendance et parfois leur vie. Il estime que l’amour est la seule puissance capable d’amener
l’individu à mépriser ainsi ses intérêts personnels : la cohésion des
« foules artificielles » serait donc libidinale. Les soldats et les
fidèles aiment leurs chefs et fraternisent dans cette passion qui leur est
commune.
Lacan, qui a plusieurs fois commenté ces pages, a fait observer que ce
lien d’amour entre les fidèles de l’Eglise ou les camarades du champ de
bataille était institué par le discours [Voir « Situation de la psychanalyse en 1956 », Ecrits,
p. 475.]. Le
lien est symbolique : les
institutions — Eglises, armées — se maintiennent dans l’exacte mesure où elles
maintiennent les symboles qui les fondent, c’est-à-dire un système signifiant.
Dans ces communautés organisées, l’orthodoxie /127/ équivaut à
l’observance stricte des formes : on doit parler d’une certaine façon,
employer les mots « consacrés ». En toute orthodoxie, décisive est
l’identité des signifiants : après cela, chacun est bien libre de les
entendre comme il peut.
Ainsi, comme le pensait Mallarmé, toucher au langage, aux formes
signifiantes, ce serait subvertir la communauté [« On a touché au vers » (La Musique et les Lettres).] Lacan
dira, dans son séminaire de 1970,
que le discours fonde le lien
social. Cette formule est sans doute la meilleure expression qui ait été donnée
de ce qui se jouait dans les débats structuralistes.
Car on remarquera ceci : en 1921, Freud citait en
exemple l’armée allemande et l’Eglise romaine ; ces exemples étaient à
l’époque les plus naturels (bien que Freud y suggère que les organisations
politiques, telles le « parti socialiste », pourraient remplacer dans
l’avenir les organisations religieuses) ; mais, dans la France de 1960, les « foules artificielles » auxquelles un intellectuel peut
avoir affaire seraient plutôt le parti communiste (ou encore les petits groupes
d’extrême gauche qui rêvent de lui ravir sa position de « direction
révolutionnaire du prolétariat ») et les différentes sociétés de
psychanalyse.
La thèse principale des sémiologues acquiert, dans ce contexte, une signification politique. Elle met en cause les pouvoirs qu’exercent ces institutions sur leurs sujets. S’il est vrai que le signifiant soit extérieur au sujet, alors les discours politiques de la société industrielle sont analogues aux récits mythiques des prétendus, primitifs. Dans les deux cas, un langage précède les individus et soutient la communauté, il permet à chacun de raconter ce qui lui arrive, non pas sans doute tel que cela est arrivé, mais tel que les autres peuvent l’entendre. La satisfaction que le militant éprouve à entendre les allocutions de ses chefs ou à lire le quotidien communiste l’Humanité est comparable au soulagement que ressent l’Indien malade soigné par le shaman de la tribu que cite Lévi-Strauss dans son article sur « l’efficacité symbolique [Anthropologie structurale, I, ch. X] ». Dans les deux cas, il s’agit pour un individu d’être réintégré dans sa communauté par les effets du symbole. Lévi-Strauss, /128/ qui de son côté compare le shaman indien au psychanalyste des sociétés occidentales, conclut en ces termes :
« Le shaman fournit à sa malade un langage, dans lequel peuvent
s’exprimer immédiatement des états informulés, et autrement informulables. Et
c’est le passage à cette expression verbale (qui permet, en même temps, de
vivre sous une forme ordonnée et intelligible une expérience actuelle, mais,
sans cela, anarchique et ineffable) qui provoque le déblocage du processus
physiologique, c’est-à-dire la réorganisation, dans un sens favorable, de la
séquence dont la malade subit le déroulement » [Ibid.,
p. 218].
Le théorème sémiologique sur l’extériorité du
signifiant a donc un corollaire politique : les « idéologies
politiques », comme elles se désignent elles-mêmes, de nos sociétés sont
très exactement des mythes ; et leur
efficacité symbolique (confiance des fidèles, adhésion des masses) ne garantit
nullement leur adéquation à la réalité dont elles prétendent parler.
Lévi-Strauss a explicitement tiré cette conséquence : « Rien ne
ressemble plus à la pensée mythique que l’idéologie politique [Ibid., p. 231] ». Un mythe est le récit d’un événement
fondateur, d’un épisode privilégié qui est à la fois dans un certain temps (les
origines) et de tout temps (car les jours de fête sont consacrés à les
répéter). Telle est justement, comme l’observe Lévi-Strauss, la place que tient
en France un événement tel que la révolution française : dans l’idéologie
politique générale, aussi bien que dans la pensée, par exemple, de Sartre
telle qu’on la trouve dans la Critique de la raison dialectique. Aussi
cet ouvrage est-il « un document ethnographique de premier ordre, dont
l’étude est indispensable si l’on veut comprendre la mythologie de notre
temps » [La pensée sauvage,
p. 330.]
La notion même d’un
« sens de l’histoire » s’obscurcit avec la sémiologie. Merleau-Ponty
avait parlé, non sans nostalgie, de ces « points sublimes », de ces
« moments /129/ parfaits » où chaque individu est initialement
accordé au cours du monde, éprouve l’histoire universelle comme son histoire [Les Aventures de la dialectique, p. 99
et 122].
L’ethnologue n’a pas de
peine à reconnaître dans ces instants privilégiés d’effervescence collective
l’équivalent du temps de fête pendant lequel les communautés archaïques
ravivent leur unanimité dans une répétition rituelle du mythe fondateur.
Lévi-Strauss conclut que le sens vécu de l’histoire est inévitablement son sens
mythique [La pensée sauvage,
p. 338].
Ainsi, mettant à jour l’hétérogénéité du
signifiant à l’expérience vécue, la sémiologie impliquait une leçon politique.
Elle montrait que l’emprise des institutions sur les individus se ramène à la
domination d’un langage. Elle anticipait, à sa façon, sur les émeutes de mai 68
en montrant qu’un discours dominant n’impose pas tant certaines vérités (des
dogmes, des « signifiés ») qu’un langage commun (des formules, des
« signifiants ») par lequel l’opposant lui-même doit passer pour
faire état de son opposition. Un épisode tel que celui de la guérison d’un
malade par un sorcier, ou d’une hystérique par un psychanalyste, montre que
les questions essentielles se jouent aux frontières du langage dominant. D’une
part, le malade que soigne le sorcier croit aux mythes et aux traditions de sa
tribu. Mais, d’autre part, il éprouve dans son corps une souffrance intolérable
et incongrue. Le problème que le sorcier est chargé par la communauté de résoudre
est posé par ce désaccord entre le discours de la communauté (mythe) et
l’expérience de l’individu. La douleur est ici cet élément rebelle, insensé,
inacceptable, dont le malade ne sait que faire et par lequel il est exclu de la
vie commune, « mais que, par l’appel au mythe, le shaman va replacer, dans
un ensemble où tout se tient [Anthropologie structurale, I,
p. 218] ».
Apprivoiser l’élément
brutal de l’existence, assimiler l’hétérogène, donner sens à l’insensé,
rationaliser l’incongru, bref, traduire l’autre dans la langue du même, c’est donc
là ce qu’opèrent les mythes et les idéologies. La sémiologie ouvre ainsi la
voie à une étude critique des discours dominants en Occident pour y retrouver,
sous les solutions apaisantes et les allures rationnelles « où tout se
tient », les /130/ conflits indicibles. Le langage commun, les
formes à prétention universalisante, les communautés unanimes sont
mensongères. La génération de 1960 renonce aux idéaux d’un « nouveau
classicisme » et d’une « civilisation organique » que
Merleau-Ponty défendait en 1946. Elle ne croit plus que la tâche du siècle soit
d’intégrer l’irrationnel à une raison élargie. La tâche maintenant est la
déconstruction de ce qui se montre au principe du langage dominant l’Occident
(la logique de l’identité) et la critique de l’histoire considérée désormais
comme un mythe, c’est-à-dire une solution efficace, mais sans vérité, du
conflit entre le même et l’autre. Il est commode de distinguer ces deux
aspects : la critique de l’histoire, la critique de l’identité. Bien que
les têtes politiques soient plus à l’aise dans le premier genre, et les têtes
métaphysiques dans le second, il va de soi que la plupart des écrits notables
de la période que je vais maintenant considérer contiennent en proportion
diverse des éléments appartenant à l’un et l’autre genre.
C’est étonnant. Quand Descombes en parle, c’est plein de sens, je dirais même plein de bon sens. Avec ça on est à pied d’œuvre. Le terme « économie » est un signifiant flottant au même titre que « manitou ». Elles souffrent les pauvres bêtes et elle ne peuvent même plus nommer leur souffrance (un thème des situationnistes). Les shah men en costard de la télévision leur psalmodient un signifiant flottant (un mot vide de sens, c’est à dire sans référent — le référent n’est pas le sens mais il en est la condition nécessaire : pas de référent, pas de sens ; le signifiant flotte, il ne sait où se poser) afin qu’elles puissent nommer leur souffrance. C’est un cadeau empoisonné. Le but est que les ignorants continuent d’ignorer qu’ils sont ignorants. Ils croient qu’ils savent au lieu de savoir qu’ils ignorent. Cela dit, la langue, contrairement aux si vils, est innocente. Elle oppresse aussi peu que l’eau n’oppresse le poisson. Nous vivons dans un savoir, ainsi que le voulait Hegel. L’oppression a lieu dans le savoir mais la libération aussi. Les inventions ont lieu dans la langue. C’est bien d’inventer que furent incapable les charlatans de la structure. L’un d’eux proféra, jadis, que la langue était fasciste. « Fasciste » est aussi un signifiant flottant au même titre que « Le Pen ». Les shah men lâchent ces bouts de gras aux foules canines. Je l’avais bien vu : Nabe en 1985 était en légitime défense. Il ne voulait pas mordre dans le bout de gras du jour avec le reste de la foule canine. La télévision, la TSF sont un bombardement permanent de signifiants flottants. Avec ce ramdam, on ne s’entend plus penser. Je comprend en lisant Descombes que ces fumiers de charlatans de la structure ont chié sur quelque chose de très intéressant et l’ont neutralisé — en service commandé. Comme le note Descombes dans un ouvrage plus récent, ils proclamaient comme des bouleversement mondiaux (la fin de l’homme, la fin du sujet) de simple aménagements conceptuels, foireux qui plus est.
Dans le film État de guerre (cinquante-sixième minute, trente-troisième seconde, séquence traitant de la sainte trinité américaniste Wiesel, Havel, Kouchner) nous entendons, à la cantine de Saint-Germain-des-Prés (située juste en face de la buvette, avec sa fontaine de dom pérignon, ce qui est bien pratique), le farouche missionnaire Kouchner, brûlant de ferveur démocratique, s’exclamer depuis sa banquette de moleskine : « Ça vaut toujours la peine de se débarrasser d’un salaud ! ». La peine de qui ? Quelle peine pour le docteur Moleskine ? Voilà un homme qui veut donner des leçons de civilisation (manu militari) à de lointaines peuplades alors qu’il habite un pays qui ne peut plus faire respecter l’ordre dans ses banlieues et dans ses écoles.
Contrairement à la notion de spectacle, la notion de virtualisme est parfaitement claire : il n’y a pas de monde ou de société virtualiste, il n’y a que des individus virtualistes. Le virtualisme ne se présente pas comme le monde-même, ni comme une partie du monde, ni comme un instrument d’unification car le virtualisme est une notion de psychologie. C’est ce qui explique que le virtualiste passe d’un virtualisme à l’autre, du maoïsme à l’américanisme. C’est pourquoi : Maoïste un jour, virtualiste toujours. La devise du maoïste était : Tout le pouvoir au peuple. La devise de l’américaniste est donc : La démocrachie partout. N’est-ce pas ce qui a lieu ?
Recherches philosophiques, in 4°, tome 6 (1936-1937)
/211/… « La
vérité qu’offrait le savoir de la théorie révolutionnaire n’était qu’un idéal.
Elle n’était donc pas du tout la
vérité, mais seulement l’expression d’un désir de vérité. Elle procédait de la même croyance en la
vérité que la religion*.
» Arrivés en ce
point, nous voudrions pouvoir interrompre un instant Lyotard et lui dire :
Peut-être était-ce cette vérité du militant qui était mal fondée ; un
désir lui a fait recevoir les énoncés marxistes comme vrais, mais peut-être, tout
simplement, n’étaient-ils pas vrais. Hélas ! Il ne nous entend pas, déjà
sa course l’a porté plus loin, il poursuit de plus belle et franchit d’un seul
bond toute la distance qui sépare sa désillusion d’une polémique contre la
vérité comme telle. De l’observation : cette vérité n’était que
l’expression d’un désir, il passe à l’interprétation : le désir qui
s’exprimait dans cette prétendue « vérité », était le désir de
vérité. Nous demandons à voir... Mais il en résulte ceci : s’il y avait
une vérité, elle serait donc hégélienne ou, si l’on préfère, marxiste. Si le
marxisme n’est pas vrai, ce n’est pas parce qu’il est faux, mais parce que rien
n’est vrai. »
*. Lyotard. Economie libidinale, « Le désir nommé Marx ».
Ce qui est étonnant, c’est que lorsque Descombes parle du galimatias de ces charlatans, c’est très clair et très bref.
Passage intéressant sur Merleau-Ponty :
/89/ Dans sa leçon inaugurale au Collège de
France, en 1953, Merleau-Ponty
disait : « La théorie du signe, telle que la linguistique
l’élabore, implique peut-être une théorie du sens historique qui passe outre
à l’alternative des choses et des consciences. (...) Saussure
pourrait bien avoir esquissé une nouvelle philosophie de l’histoire » 28. Merleau-Ponty est probablement le premier à avoir été
demander une philosophie au Cours de linguistique générale. Il en
invoque ici le structuralisme contre le dualisme sartrien. Dix ans plus tard,
d’autres se réclameront de Saussure pour signifier son congé à la
phénoménologie : la « nouvelle philosophie de l’histoire »
tirée du Cours ne sera pas phénoménologique. De cet imbroglio
phénoménologico-structuraliste, on retiendra ceci : Merleau-Ponty
mobilise au service de son projet d’une phénoménologie de l’histoire les
autorités mêmes qui seront invoquées, après 1960, contre toute phénoménologie. Ses alliés sont,
dans les années 1950, la
linguistique saussurienne, l’anthropologie structurale de Lévi-Strauss. Tout
se passe comme si ces alliés dans la résistance contre l’activisme sartrien s’étaient
changés, après la mort de Merleau-Ponty, en 1961, en adversaires de la phénoménologie en général,
formant le camp hétéroclite baptisé « structuralisme ». /90/ Dans les aventures de la dialectique, Merleau-Ponty
reproche à Sartre d’ignorer l’« intermonde » : « La question est de savoir si, comme le dit
Sartre, il n’y a que des hommes et des choses, ou bien aussi
cet intermonde que nous appelons histoire, symbolisme, vérité à faire » 29. Si la dichotomie sujet-objet était vraie, tout le sens viendrait
des hommes, et tout le sens pour moi viendrait de moi. Un tel
solipsisme ne peut envisager l’histoire sans rendre chacun, à chaque instant,
responsable du fardeau de l’histoire universelle, et cela dans chacune de ses
décisions. Le bonhomme ne peut pas dire « je veux » sans décider,
qu’il le veuille ou non, du sens qu’ont le prix du pain, la politique du
gouvernement, l’avenir de l’humanité, et aussi le passé, la civilisation
romaine, les danses des Indiens, etc. La
solution est donc qu’il y ait du sens, non en dehors de l’humanité en
général, mais en dehors des consciences, à savoir entre elles, dans
les symboles. Le sens est alors hors de moi, en tant qu’il est
pour nous, ce « nous » comprenant les personnes présentes
(capables de dire « nous voulons « ) et le fond anonyme de l’humanité.
Merleau-Ponty parle ici de « symbolisme » en référence aux travaux
de Lévi-Strauss (dont je dirai un mot dans le prochain chapitre). Mais, en
fait, son concept de « symbolisme » est plus proche de l’esprit
objectif hégélien que de l’anthropologie structurale. Dans sa Leçon, il
demandait : « Depuis qu’on s’était ôté la ressource de
l’Esprit objectif hégélien, comment éviter le dilemme de l’existence comme
chose et de l’existence comme conscience, comment comprendre ce sens généralisé qui traîne dans
les formes historiques et dans l’histoire tout entière, qui n’est la pensée
d’aucun cogito et qui les sollicite tous ? » 30. Ce sont les structures du structuralisme qui fournissent la réponse à ce « comment ? ». /91/ « Présente hors de nous dans les systèmes
naturels et sociaux, et en nous comme fonction symbolique, la structure
indique un chemin hors de la corrélation sujet-objet qui domine la
philosophie de Descartes à Hegel » 31. En 1942, Merleau-Ponty disait cela de la Gestalttheorie.
Le structuralisme est enrôlé par lui, vingt ans après, dans la même
croisade contre l’antithèse de la nature et de l’esprit. Ce qui revient à
dire que Merleau-Ponty entend les « structures » du structuralisme
au sens où lui-même parlait de « structure » dans La structure
du comportement : il les confond avec des Gestalten.
Il est vrai qu’il n’est pas le seul à commettre cette erreur. Le
symbolisme est de l’ordre du langage. La possibilité de l’histoire repose
donc sur le langage. La philosophie de l’histoire de Merleau-Ponty (sa
philosophie politique) est donc sa philosophie du langage. Or le langage doit
être compris, pense-t-il, à partir de l’unité de l’âme et du corps telle
qu’elle est donnée dans le geste. Un geste, quel qu’il soit, est
toujours expressif. On reconnaît un style d’écriture,
une façon de marcher, d’allumer sa cigarette. Puisqu’il y a expression, il y
a apparition d’un sens. Ce sens gestuel, bien entendu, n’est pas encore une
signification explicite et intentionnelle, à moins qu’il n’obéisse à un code
(par exemple, des signes secrets convenus entre des espions). C’est, dit
Merleau-Ponty, un sens en train de naître, « à l’état naissant » .
Le geste serait donc l’« institution » du sens, ce qui veut dire
qu’il produit le sens 32. Or, dans une philosophie qui s’inspire
de Husserl, l’histoire
est justement l’histoire de la vérité ou du sens, dans la mesure où
elle est assimilée à une tradition et que la seule chose que l’on
puisse indéfiniment transmettre est le sens 33. /92/ Merleau-Ponty écrit donc : « Nous avons dans l’exercice de notre corps et
de nos sens, en tant qu’ils nous insèrent dans le monde, de quoi comprendre
notre gesticulation culturelle en tant qu’elle nous insère dans
l’histoire »
34. Le langage explique l’histoire, puisque le sens de l’histoire est d’être l’histoire du sens. L’« être au monde », ou le « corps propre » , nous placent à l’origine du langage dans la mesure où l’exercice du corps est expressif. Voilà donc comment la phénoménologie de la perception, par ces intermédiaires, se traduit en philosophie de la praxis : philosophie de l’histoire ou philosophie politique. Nous le voyons, la thèse linguistique (la parole, geste expressif) et la thèse politique (la praxis, lieu du sens de l’histoire) sont indissociables. Aussi les deux axes de la sémiologie (la théorie du signe) et de la théorie de l’histoire vont-ils définir le plan sur lequel se traceront les évolutions ultérieures du discours de la philosophie française. Ces coordonnées nous permettront, dans ce qui suit, d’apprécier les positions respectives des uns et des autres. _____________ 28. Éloge de la
philosophie, p. 74-75. 29. Les Aventures de
la dialectique, p. 269. 30. Éloge de la
philosophie, p. 73. 31. Signes, « De Mauss à Claude Lévi-Strauss », p.
155. Cet article est de 1959. 32. Le cours de Merleau-Ponty au Collège de France de
l’année 1954-55 s’intitulait « L’"institution" dans l’histoire
personnelle et publique » Le résumé du cours indique que la notion
d’institution, « remède aux difficultés de la conscience », devrait
permettre « le développement de la phénoménologie en métaphysique de
l’histoire » (cf. M. Merleau-Ponty, Résumés de cours, Gallimard,
1968, p. 59 et 65). 33. Voir L’origine de
la géométrie de Husserl, et l’importante introduction de Derrida à sa
traduction française de ce texte, introduction dont il sera question plus
loin. |
III. EXEMPLE. L’antinomie de l’individuel et de l’universel tire son origine du langage. Le mot arbre désigne en effet indifféremment tous les arbres, en tant qu’il suppose sa propre signification universelle au lieu des arbres singuliers ineffables (terminus supponit signifcatum pro re). Il transforme, autrement dit, les singularités en membres d’une classe, dont le sens définit la propriété commune (la condition d’appartenance). La fortune de la théorie des ensembles dans la logique moderne est due au fait que la définition de l’ensemble est simplement la définition de la signification linguistique. La Zusammenfassung en un tout M des objets singuliers distincts m, n’est autre que le nom. D’où les paradoxes inextricables des classes, qu’aucune « inepte théorie des types » ne peut prétendre résoudre. Les paradoxes définissent, en effet, le lieu de l’être linguistique. Celui-ci est une classe qui appartient et, en même temps, n’appartient pas à elle-même, et la classe de toutes les classes qui ne s’appartiennent pas à elles-mêmes est la langue. Puisque l’être linguistique (l’être-dit) est un ensemble (l’arbre) qui est, en même temps, une singularité (l’arbre, un arbre, cet arbre) et la médiation du sens, exprimée par le symbole ε ne peut en aucune manière combler le hiatus où seul l’article réussit à se déplacer avec désinvolture.
Un concept qui échappe à l’antinomie de l’universel et du particulier nous est depuis toujours familier : c’est l’exemple. Quel que soit le contexte où il fait valoir sa force, ce qui caractérise l’exemple c’est qu’il vaut pour tous les cas du même genre et, en même temps, il est inclus en eux. Il constitue une singularité parmi d’autres, pouvant cependant se substituer à chacun d’elles, il vaut pour toutes. D’où la prégnance du terme qui, en grec, exprime l’exemple : para-deigma, ce qui se montre à côté (comme l’allemand Bei-spiel, ce qui joue à côté). Car le lieu propre de l’exemple est toujours à côté de soi-même, dans l’espace vide où se déroule sa vie inqualifiable et inoubliable. Cette vie est la vie purement linguistique. Inqualifiable et inoubliable est uniquement la vie dans la parole. L’être exemplaire est l’être purement linguistique. Exemplaire est ce qui n’est défini par aucune propriété, sauf l’être-dit. Non pas l’être-rouge, mais l’être-dit-rouge ; non l’être Jakob, mais l’être-dit Jakob définit l’exemple. D’où son ambiguïté, dès que l’on décide de le prendre vraiment au sérieux. L’être-dit - la propriété qui fonde toutes les appartenances possibles (l’être-dit italien, chien, communiste) ε est, en effet, également ce qui peut les remettre toutes radicalement en question. Il est le Plus Commun, qui scinde toute communauté réelle. D’où l’impuissante omnivalence de l’être quelconque. Il ne s’agit ni d’apathie ni de promiscuité ou de résignation. Ces singularités pures ne communiquent que dans l’espace vide de l’exemple, sans être rattachées à aucune propriété commune, à aucune identité. Elles se sont expropriées de toute identité, pour s’approprier de l’appartenance même, du signe ε. Tricksters ou fainéants, aides ou toons, ils sont le modèle de la communauté qui s’annonce.
Ce n’est pas le mot « arbre » qui désigne indifféremment tous les arbres mais la locution « L’arbre ». Le terme « arbre » ne va jamais seul. Avec l’article indéfini, c’est un concept (anciennement nom commu), le concept …un arbre. « L’arbre » est un nom propre. Il désigne donc un objet. Cet objet est la classe des individus qui tombent sous le concept …un arbre. Ce n’est pas le nom de la classe qui transforme les individus en éléments d’une classe, c’est le concept quand la proposition (formule à une place libre) complétée désigne le vrai. La classe consiste dans le concept. Cependant, le mot « arbre » ne désigne pas tous les arbres, car le concept ne désigne rien. Désigner est le privilège des noms propres qui désignent un objet ou des propositions complètes qui désignent le vrai ou le faux (objets aussi selon Frege). « Un arbre » désigne un individu quelconque. « L’arbre de Jessé » est un nom propre et désigne donc un objet ; mais cet objet n’est plus une classe mais un individu. Ce n’est pas l’article qui se déplace avec désinvolture mais le crétin Agamben. Baratineur, tchatcheur, blablateur. Salaud, téléologue. L’emploi du signe ε pour désigner l’attribution, qu’il faut distinguer de l’appartenance (Î), est dû à Schröder.
« Pour moi, la rencontre [avec Dumont] date de son livre sur Marx, Homo Aequalis (1977). J’avais à l’époque déposé un sujet de thèse sur la naissance de la sociologie, avec l’idée d’étudier le conflit entre le concept de société tel qu’il était introduit par les fondateurs de la sociologie, à partir d’Auguste Comte, et puis le concept ordinaire de société, celui des économistes*. Quand j’ai découvert le livre de Dumont, j’ai constaté que tout mon sujet était déjà traité beaucoup mieux que je n’aurais pu le faire. La grande thèse de ce livre c’est qu’il faut, contrairement à l’opinion commune, mettre Marx du côté du concept individualiste de la société, et pas du côté sociologique. Le marxisme se veut fondé sur une “critique de l’économie politique”, mais ce n’est pas une critique pleinement sociologique des présupposés individualistes de l’économie politique. À certains égards, Marx porte à son comble le principe de l’idéologie économique, c’est-à-dire de la conception individualiste du social. Son analyse de l’idéologie moderne devait conduire Dumont à une nouvelle lecture de l’histoire politique postrévolutionnaire, en particulier à une autre interprétation des phénomènes nationaux et des guerres. Et c’est ce que j’avais pressenti, comme le suggérait le titre de mon compte rendu : “Pour elle un Français doit mourir.” (Critique, n° 366, novembre 1977) Le problème qui a occupé sa pensée jusqu’à la fin, c’est précisément la crise européenne du XXesiècle, les guerres et leurs suites totalitaires, ce qu’il appelle les “malheurs de la démocratie” ».
* Qu’est ce que ce concept de société des économistes ? Eh bien ! c’est la fameuse économie qui n’est, fort heureusement, qu’un concept, au sens de vue de l’esprit. Ce concept fut porté à son summum par Marx et Staline tenta de le réaliser.
« Par ailleurs, la pensée politique de Castoriadis culminait dans une critique du capitalisme et des régimes libéraux qui, je crois, n’a rien perdu de son actualité. Dans les années 1990, son diagnostic sur ce qu’il tenait à appeler une crise des régimes de démocratie libérale est devenu plus sombre. C’était selon lui une erreur capitale de minimiser la gravité de ce qu’il appelait “la montée de l’insignifiance” ou d’y voir comme un régime normal de croisière pour une société fondée sur la seule définition de “libertés négatives” et de “règles procédurales” pour la vie commune. Castoriadis jugeait, me semble-t-il, que la grande contradiction du système était désormais dans les conditions de sa reproduction. Le capitalisme, qui avait été un système reposant sur les vertus de l’entrepreneur et de l’innovateur, n’était plus animé que par un projet de maîtrise illimitée des ressources disponibles en vue d’une consommation elle aussi illimitée. Ce système tend, disait-il, à détruire les fondements humains de sa propre reproduction. De même que notre mode de vie nous amène à dépenser les ressources naturelles que nous ne renouvelons pas, de même le système politico-économique qui a succédé au capitalisme classique se reproduit grâce à des “types anthropologiques” qui viennent d’époques plus anciennes. Le système se reproduit pour autant qu’il peut compter sur des gens dont les valeurs ne sont pas celles du système et s’expriment dans des vertus désuètes [qualifiées de moisies par l’américano-parisianisme] du point de vue de ce système : intégrité, amour du travail bien fait, sens des responsabilités historiques à long terme, etc. »
Tout occupé à brutaliser ses « ressources humaines », le système détruit les ressources de paléo-humanité qui existent encore et qui seules, permettent au système de fonctionner. Cela s’appelle scier la branche sur laquelle on est assis. Déjà de féroces Arabes bombardent New York et des Touaregs razzient Paris.
« Si maintenant on pose la même question au niveau de la société tout entière, le recours à l’autoposition a quelque chose d’inquiétant ou de mystificateur. On nous dit qu’une société libre est celle qui opère une autoposition, donc une position de soi instantanée. Mais quelle forme pourrait prendre cette autopunition ? Une réunion du peuple souverain, qui, d’un seul Fiat, se donnerait le pouvoir de se réunir et de se constituer ? Une telle version de l’autoposition serait la négation de l’histoire, et conceptuellement elle est aberrante. En revanche, si la “création social-historique” est comprise comme une sorte d’auto-éducation, alors il s’agit plutôt de l’auto-institution humaine, laquelle est un fait anthropologique capital. C’est ce que j’ai essayé de développer, à la fin du Complément de sujet, en m’appuyant sur Wittgenstein et sa réflexion sur les règles. Les règles sont une œuvre humaine, elles ne sont pas extraites de la Nature, mais on ne peut pas penser leur surgissement comme l’effet d’un acte souverain explicite, accompli en un instant. Ce n’est jamais la première fois qu’on applique les règles. D’ailleurs Castoriadis le dit lui-même nous pouvons aujourd’hui inventer une nouvelle institution, mais nous n’avons jamais à inventer l’idée même d’institution. Et la même chose vaut pour l’humanité empirique. Les groupes historiques peuvent inventer, développer des initiatives, exercer une imagination instituante, mais toujours en s’appuyant sur de l’institué. »
Nous pouvons inventer des règles, mais nous n’avons pas à inventer l’idée de règle.
« Ce qu’a bien noté aussi Durkheim, c’est que plus les affaires sociales deviendront flexibles, négociables, contractuelles, plus il faudra par ailleurs de garanties et de règlements, ce qui veut dire que chaque avancée individualiste exige une intervention accrue des instances sociales. Comme il le dit, tout n’est pas contractuel dans le contrat ! On ne saurait mieux marquer l’écart entre la représentation individualiste des choses et la réalité institutionnelle dans laquelle l’individualisme est concevable. Le discours actuel, qui prétend qu’il n’y a plus de société, plus d’institutions, que tout est devenu flexible, mouvant, etc., est une vieille rengaine, et il fait preuve d’une grande myopie. Que des gens puissent se trouver en face les uns des autres et faire surgir ensemble non pas la guerre, ni le chaos ou la folie, mais simplement des rapports plus informels, cela montre à quel point ils sont déjà modelés, éduqués, socialisés en vue de pouvoir avoir ces rapports informels... »
« Les gens qui
pensent que l’on peut effacer le social pour le remplacer par des accords
contractuels sont en fait des spencériens attardés : il n’y aurait plus de
statuts, mais simplement des contrats d’un bout à l’autre de qu’il ne faudrait
plus appeler la vie sociale, mais peut être des “réseaux” d’interaction entre
des particules humaines [dont Michel “prends l’oseille et tire toi” nous a
déjà donné un avant-goût].
» Quant à l’idée selon laquelle les institutions ont perdu leur fonction normative, cette vue repose sur une erreur philosophique, qui est d’assimiler les institutions à des interdits. Or, cette erreur majeure se retrouve dans des théories opposées, celles qui appellent à liquider les codes rigides du passé, mais aussi celles qui voudraient résister à cette liquidation au nom d’un ordre symbolique. En effet, on nous explique que cet ordre symbolique est construit sur des interdits, qu’il consiste essentiellement dans de grands interdits fondateurs opposés aux désirs indéfinis. Or, justement, les institutions les plus fondamentales ne sont pas des interdits : dans la construction d’une réalité sociale, les interdits et les permissions viennent forcément en second. Ils ne peuvent pas être formulés tant qu’on n’a pas distingué plusieurs espaces : le profane et le sacré, cette famille et les autres, etc. Tout cela doit être déjà identifié, séparé, nommé, par des institutions dont le rôle le plus primitif n’est pas d’interdire, mais de définir.
» Définition
et interdiction
» J’applique ici au
droit, et plus généralement aux institutions, ce que Wittgenstein dit en
prenant l’exemple des règles du jeu : il ne faut pas dire, “au tennis il
n’est pas permis de marquer des buts », mais “au tennis il n’existe pas de
buts”. Si l’on disait “on ne doit pas le faire, ce n’est pas autorisé”, on
suggérerait inévitablement que c’est là une chose concevable, une chose qu’on
pourrait faire, mais que ce ne serait pas bien de le faire. Quelqu’un pourrait
très bien demander : pourquoi ne pas essayer ? où est le mal ?
qui cela dérange-t-il ? Alors qu’en réalité, on ne peut pas le faire
puisque ça n’existe pas. Il n’y a rien qu’on puisse imaginer qui
consisterait marquer un but au tennis. Les levées de tabous évoquées dans les
débats contemporains, et notamment dans le domaine de l’éducation ou de la
famille, sont présentées comme des audaces, des contestations élevées contre
des prescriptions immémoriales. Effectivement, si c’était vraiment d’interdits
qu’il s’agissait, on pourrait avoir cette posture critique, ce discours
émancipateur. Pourtant,
les règles qui sont ici mises en cause ne sont pas des “Tu ne dois pas... ”, ce
sont des définitions. Comme le dit Wittgenstein, vous pouvez bien
entendu changer les règles du jeu, mais alors vous changez de jeu. Ce qui n’est pas
possible, c’est de vouloir jouer au tennis tout en protestant parce que dans ce
jeu, on n’a pas le droit de marquer des buts. Il faut donc demander à ces
pensées superficielles de définir les nouvelles règles du jeu, donc de définir
un jeu qui sera nouveau pour tout le monde et qui devra donc convenir à tout le
monde — que veut-on créer ? Et c’est à ce moment que l’idée se révèle
inconsistante : on veut le tennis, celui que nous connaissons, mais on
veut y marquer des buts, on veut la vie de famille, mais sans l’institution, on
veut la politique et la dignité du citoyen, mais sans les devoirs du citoyen, sans
les nécessités de la cité…
(…)
» Nous sommes certainement ici devant un point capital pour une pensée de l’autonomie, et c’est pourquoi j’ai terminé le
Complément du sujet par une réflexion sur l’humanité des règles. Il est
clair que c’est nous qui posons ou du moins reproduisons ces définitions fondamentales
dont naissent la vie de famille, le calendrier des travaux et les jours, les
idées du droit et du juste... Elles dépendent de nous, en ce sens qu’il nous
est possible de les reprendre telles que nous les avons reçues ou
bien de les modifier. Ou encore de les reprendre en leur donnant des
applications nouvelles et inattendues. Mais, en réalité, notre pouvoir de
définition n’est pas infini. Vous
pouvons certes annoncer que nous
voulons inventer une nouvelle règle du jeu, mais le sens que prendra notre acte
législatif n’est certainement pas celui que nous annonçons et que nous pouvons
contrôler, c’est un sens social
qui lui viendra de ses
conséquences multiples dans nos vies et celles de nos descendants en raison de
l’interdépendance de toutes les parties du social.
» La leçon commune au philosophe et au sociologue, ici, c’est
qu’il faut faire preuve d’une certaine modestie : on ne peut renouveler
d’un seul coup l’ensemble des institutions. Si elles n’étaient que des tabous ou des interdits, ce
serait concevable. En réalité certaines d’entre elles sont des
définitions, et c’est pourquoi, si on enlève ces définitions, ce qui se produit
n’est pas la fête, ce n’est pas la transgression fondatrice, mais c’est le
chaos conceptuel. Pas le chaos moral, pas la guerre et la violence, comme le
voudraient beaucoup de philosophes politiques qui restent sur ce point trop
marqués par l’individualisme sociologique, mais la paralysie,
l’incompréhension, la stupeur. La tour de Babel, puisque plus personne ne se
comprend, plutôt que la guerre civile, car une guerre civile suppose un haut
degré de connivence intellectuelle entre les camps qui s’affrontent. »
Ben Laden raisonnait ainsi lorsqu’il déclarait que les américains étaient des ennemis qu’ils portassent le fusil ou qu’ils payassent des impôts. C’est pourquoi il détruisit trois mille happy tax payers afin de semer la terreur et l’effroi chez l’ennemi.
Un épisode de la vie municipale qui serait seulement comique s’il n’était pas le révélateur de l’esprit et de la méthode qui prévalent à l’Hôtel de Ville. (Le Perroquet libéré)
» En novembre 2002, quelques élus et des associations de défense des animaux ont fait part de leur émotion devant la volonté de la mairie d’acheter pour la coquette somme de 210.000 euros [1.377.510 francs] une œuvre de l’artiste surréaliste [ en effet ] belge Marcel Broodthaers destinée à enrichir la collection du musée d’art moderne. Il s’agissait d’une installation présentant un perroquet vivant enfermé dans une cage entre deux palmiers et bercé par un magnétophone répétant sans cesse “Moi je dis...Moi je dis”.
» Fort légitimement interrogé sur l’opportunité de cette acquisition, et notamment sur son coût exorbitant, l’adjoint à la culture, Christophe Girard a préféré monter sur ses petits poneys en dénonçant dans ces questions à l’encontre de sa gestion “la porte ouverte au fascisme”.
» Le plus pathétique dans cette affaire, c’est que c’est un élu Vert qui se faisait ainsi le tortionnaire d’un malheureux perroquet gris du Gabon condamné à finir ses jours dans ce sinistre assemblage.
» Malgré la polémique suscitée par cette initiative, l’achat de l’œuvre fut voté par la quasi-totalité des élus du Conseil de Paris, de droite comme de gauche.
» Un perroquet gris du Gabon devint ainsi le symbole vivant des gaspillages, de l’arrogance et de l’idéologie caractérisant la pratique politique du nouveau maire de Paris et de la lâcheté de ses opposants. Pour porter haut ce symbole, Paris s’éveille rebaptisa son bulletin Le Perroquet enchaîné.
» Or, très vite, la mairie dut annoncer qu’elle suspendait le processus d’acquisition de cette oeuvre dont elle ne parvenait pas à se faire certifier l’authenticité... Le malheureux volatile obtenait ainsi un sursis de quelques mois.
» Finalement, juste avant l’été 2003, la mairie dut piteusement avouer qu’elle renonçait à son projet devant la persistance des doutes relatifs à l’origine de l’œuvre mais aussi la persistance des défenseurs de cet innocent volatile à dénoncer son emprisonnement. Pour célébrer cette victoire éclatante sur l’arrogance et le fanatisme, Le Perroquet enchaîné prit alors le nom de Perroquet libéré, bien décidé à poursuivre son oeuvre d’information et de réhabilitation du débat démocratique.
» Moralité : La bêtise et la naïveté conduisent plus sûrement au fascisme que le contrôle des dépenses publiques... »
Ça donne envie de bombarder. Il y a un aéroport au Touquet-Paris-Plage, à vingt minutes de vol de Youpiville.
« La lettre du CRIF de ce jour annonce qu’un grand meeting de soutien à Robert Redeker est organisé à l’initiative de Ni Putes Ni Soumises, Les Temps modernes, La Règle du jeu, Le Meilleur des Mondes, la Licra, le CRIF, Le club des 1000, Le Cercle Léon Blum, Sos-Racisme… »
« Les
néo-conservateurs, idoles d’une civilisation bourgeoise
» Ce dernier point comparé à l’effet objectif de la démarche est une marque de l’imbroglio washingtonien actuel, — autant dans les faits que dans l’interprétation des faits : certains “neocons” craindraient le pouvoir d’enquête type “mccarthyste” d’un Congrès démocrate, alors qu’ils contribuent objectivement à la venue d’un Congrès démocrates par leurs déclarations à Vanity Fair… Cette sorte de contradiction est dans la logique des temps. (Mais aussi, qui doute de la victoire démocrate ? Alors, un coup de pouce de plus ne changera pas grand’chose.)
» Peu importe et passons outre.
» La seule réalité est que la débâcle est totale, aussi bien à Washington qu’à Bagdad. L’élection du 7 novembre et ce qui suivra sera l’occasion de nombreux règlements de compte. D’un point de vue général, observons sans originalité particulière que le chaos se poursuit et s’accentue.
» Tout cela va contribuer surtout à réduire plus encore l’influence américaniste dans le monde. On a vu ce que vaut la puissance militaire américaniste. On voit aujourd’hui ce que valent ces “écoles de pensée” auxquelles le Monde consacrait pompeusement des pages d’analyse et que des experts européens bardés de diplômes ont habillée de l’allure d’une révolution politique (et démocratique, cela va sans dire) de première grandeur. Une simple bagarre pour le privilèges, les bonnes places, avec ici et là quelques allumés notoires, et au bout du compte les règlements de compte personnels.
» Les néo-conservateurs ne sont pas seuls en cause. Il fut un temps (il y a trois ans, ce n’est pas si loin) où tout le monde ne jurait que par eux, et alors leurs admirateurs étaient encore plus responsables qu’eux-mêmes. C’était le temps où le néo-conservatisme “épatait le bourgeois” comme on disait au siècle dernier (le XIXème ou le XXème, au choix), tant la brutalité de la guerre bruyamment exposée comme une vertu cardinale par ceux qui ne se battent pas fait aisément office d’originalité de pensée dans une civilisation absolument embourgeoisée, qui vit et survit en bourgeoise, avec tous les caractères de petitesse, de conformisme et d’hypocrisie qui vont avec.
» Cela n’empêche rien de survenir ni n’empêchera personne de retourner sa veste pour la nième fois (ils ont tous des vestes réversibles). Les néo-conservateurs restent partisans d’une attaque contre l’Iran et si GW Bush s’y décidait, il lui serait beaucoup pardonné. Effectivement, pourquoi pas une attaque contre l’Iran ? Ce serait comme un grand bol d’air frais et divin, doit penser le 43ème président des Etats-Unis. »
« Ces primates absolus de la pensée humaine finiront effectivement par faire de Saddam, qui a grapillé, lui, un peu de dignité par son attitude de défi devant le tribunal des fantôches habituels à ces circonstances, — ils finiront par faire de lui, ces crétins, un martyr de la cause islamiste. (Saddam islamiste !) On aura tout, absolument tout vu. »
BOLZANO
Introduction à la Théorie des
grandeurs
(1830-1833)
Wissenschaftslehre
(1837)
[zBolzano]
Les textes de Bolzano [onze pages],
extraits de la Wissenschaftslehre (Bolzano
1837) et de l’Introduction à la Grössenlehre
(Bolzano 1833, composée
entre 1830 et 1833, revue dans les années 1840, mais publiée seulement en 1976)
contiennent l’essentiel de ses découvertes logiques
— la notion de
proposition et de représentation en soi ;
— l’idée de la
variation (substitution de représentations à d’autres
représentations dans une proposition) ;
— les concepts de
degré de validité et d’analyticité ;
— les définitions des
relations logiques les plus importantes entre les propositions (compatibilité,
déductibilité, équivalence, incompatibilité).
A la base de la logique de
Bolzano
se trouvent les propositions en soi (Sätze
an sich). Ce sont des entités de nature intensionnelle [par opposition à extensionnelles], caractérisées
par deux propriétés essentielles : elles n’appartiennent pas au monde réel
(elles ne sont pas localisables dans le temps ou dans l’espace) et elles sont
soumises à la bivalence (elles sont vraies ou fausses). D’où la
différence aussi bien par rapport aux jugements (actes psychiques qui sont des
événements réels) que par rapport aux énoncés (suites de signes, également
réelles). Les propositions en soi sont logiquement antérieures et aux jugements
dont elles forment la matière ou contenu, et aux énoncés
dont elles constituent le sens.
Les représentations en soi (Vorstelluntgen
an sich) qui correspondent à ce qu’on
nomme traditionnellement idées ou concepts (mais qui englobent également des
intuitions), sont dérivées des propositions en soi : elles sont définies
comme parties des propositions qui ne sont pas à leur tour
des propositions entières.
Le rapport entre les
propositions et les représentations (en soi) est donc inverse : au lieu
d’être une combinaison d’idées, une proposition est une entité primitive dont
on obtient les constituants par l’analyse.
Le concept clef de la
méthode de Bolzano
en logique est celui de variation. Par variation, Bolzano entend la substitution de
certaines représentations à d’autres représentations, qui sont « considérées
comme variables » dans une proposition donnée (sous condition de respecter
les catégories sémantiques au cours de la substitution). Cette manière de
parler ne doit pas être prise à la lettre puisqu’on ne peut rien varier dans
une proposition en soi. Elle revient en fait à considérer une classe de
propositions semblables à la proposition donnée, sauf que celles-ci contiennent
d’autres représentations là où la proposition donnée contient les représentations
sur lesquelles on a opéré des « substitutions ». Par la méthode de
variation, une proposition engendre donc une classe de propositions que Bolzano
représente parfois par une forme propositionnelle. Nous appellerons ici les
propositions obtenues par la méthode de variation des variantes de la proposition
donnée. Les variantes sont relatives au choix des représentations considérées
comme variables dans une proposition.
La méthode de variation
permet de définir les concepts logiques les plus importants, compte tenu de la
vérité ou de la fausseté des propositions obtenues. C’est d’abord le concept de
degré de validité d’une proposition, défini comme le rapport du nombre
de variantes vraies au nombre de toutes les variantes de la proposition
initiale. Le degré de validité est un nombre réel de l’intervalle fermé [0, 1].
S’il est égal à 1, toutes les variantes d’une proposition sont vraies et
la proposition elle-même est universellement valide (relativement aux
représentations considérées comme variables) ; si le degré est nul, la
proposition est universellement contravalide ; s’il est strictement
compris entre 0 et 1, la proposition a une probabilité déterminée par
ce nombre.
L’analyticité correspond à
la deuxième étape, intermédiaire, de la construction bolzanienne : une proposition
est analytique si elle contient au moins une représentation qui, considérée
comme variable, donne lieu aux variantes qui ont toutes la même valeur de
vérité. Autrement dit, une proposition analytique contient au moins une
représentation « variable » telle que les propositions obtenues par
la méthode de variation sont ou bien toutes vraies ou bien toutes fausses.
Plus importante est la troisième étape de cette
construction par laquelle on accède au niveau logique proprement dit et qui
aboutit à la notion d’analyticité logique et aux relations logiques entre les
propositions. Une proposition est logico-analytique si toutes ses
variantes ont la même valeur de vérité lorsque toutes les
représentations non logiques qui y figurent sont considérées comme variables.
Toutefois, Bolzano
observe que « le domaine des concepts qui appartiennent à la logique n’est
pas délimité de manière si nette que jamais là-dessus aucune controverse ne
puisse s’élever ». Dans les remarques au § 148, il ajoute que les
propositions qui peuvent se réduire aux (logico-) analytiques par substitution
de la définition au défini sont également (logico-) analytiques.
Bolzano peut appliquer maintenant sa
méthode pour décrire les relations logiques. La compatibilité
(Verträglichkeit) entre deux
classes de propositions A et M (relativement
aux « représentations variables » choisies) sera définie par
l’existence d’au moins un système (Inbegriff) de
représentations qui, substitué aux représentations « variables »
correspondantes dans A et dans M, rend
toutes les propositions de A et de M vraies. De
manière semblable, Bolzano obtient la relation logique la plus
importante, à savoir la déductibilité (Ableitbarkeit) entre deux
classes de propositions, qui correspond à la conséquence logique : la
classe M est déductible de la classe A si chaque
système de représentations qui, substitué aux variables dans les propositions
de la classe A, les rend toutes vraies, rend également vraies
toutes les propositions de la classe M. Il est à
noter que la déductibilité bolzanienne est un cas particulier de la
compatibilité ; cette clause permet d’une part d’affaiblir la
déductibilité en relation de probabilité d’une proposition M relativement
à une classe d’hypothèses A, d’autre part de considérer la
déductibilité comme cas limite de la probabilité.
J. SEBESTIK
*
* *
Propositions et représentations en soi
(Bolzano, Introduction à la Théorie des grandeurs, 1833, II, §2)
1) On comprendra ce que j’entends par proposition dès que je remarque que ce n’est pas pour moi ce que les grammairiens appellent une proposition, à savoir l’expression verbale, mais uniquement le sens de cette expression, lequel, nécessairement et toujours, ne peut être que vrai ou faux : une proposition en soi ou une proposition objective. J’accorde bien l’existence à la conception d’une proposition dans l’esprit d’un être pensant, je l’accorde bien aux propositions pensées et aux jugements qu’on porte, à savoir l’existence dans l’esprit de celui qui pense ces propositions et qui porte ces jugements. Mais les pures propositions en soi, ou les propositions objectives, je les compte parmi une espèce de choses qui ne sont absolument en rien des existants, et qui ne pourront non plus jamais le devenir. Que nous pensions à une proposition, que nous jugions qu’une chose soit ainsi ou autrement, cela est quelque chose de réel, qui est apparu en un temps déterminé et qui cessera aussi en un temps déterminé ; les signes écrits, par lesquels nous couchons quelque part de telles propositions, sont de même quelque chose qui appartient à la réalité ; mais les propositions mêmes n’appartiennent à aucun temps et à aucun lieu.
2) Si, comme je l’espère, on peut comprendre d’après ce qui vient d’être dit, ce que j’entends par propositions en soi ou proposition objective, on comprendra également ce que j’appelle une représentation en soi ou représentation objective. Dans chaque proposition peuvent, en effet, être distinguées plusieurs parties et si celles-ci ne sont pas à leur tour des propositions entières, je les appelle représentations ou (en tenant compte d’une différence qui doit être expliquée par la suite), parfois aussi concepts. Ainsi, la proposition : Dieu a l’omniscience, se compose de parties : Dieu, a et omniscience ; je les appelle par conséquent représentations. De même qu’une proposition en soi n’a pas de réalité (Wirklichkeit), de même ses parties, i.e. les représentations ou concepts en soi n’ont pas de réalité. Une représentation en soi doit par conséquent être nettement distinguée de sa conception dans l’esprit d’un être pensant (d’une représentation subjective, pensée). Car à cette dernière appartient évidemment la réalité. Si je suis en train de penser maintenant à une montagne d’or, la représentation: montagne d’or, représentation subjective, existant dans mon esprit, a bien entendu la réalité, à savoir pendant le temps qu’elle existe dans mon esprit. En revanche, la représentation objective qui est à la base de cette représentation subjective (celle-ci n’est qu’une conception de celle-là), la pure représentation en soi, n’est et ne saurait absolument pas être quelque chose d’existant. Non certes, parce que — comme c’est le cas seulement dans cet exemple — il n’y a pas de montagne d’or, mais parce que si les représentations en soi étaient quelque chose de réel, a leur tour les propositions en soi, dans lesquelles ces représentations figurent comme parties, devraient être quelque chose d’existant.
3) Pour saisir la différence qui vient d’être décrite entre les propositions et les représentations encore plus complètement, il sera utile de mentionner une propriété par laquelle les représentations et les propositions se distinguent de manière caractéristique. Toute proposition, toute proposition complète est toujours l’un des deux seulement : ou bien vraie ou bien fausse ; en revanche, ni la vérité ni la fausseté n’appartient aux représentations seules. Par exemple, la proposition : toute ligne est divisible, doit être qualifiée de vraie; la proposition : tout point est divisible, de fausse. S’il semble bien que certaines représentations, par exemple « montagne d’or », « rectangle rond », peuvent être appelées fausses, c’est seulement dans la mesure où nous supposons que quelqu’un affirme les propositions : il y a une montagne d’or, il peut y avoir des rectangles ronds, et semblables. C’est de cette manière seulement que nous le comprenons lorsque nous parlons de concepts faux et de représentations fausses.
« Les choses seront totalement différentes de ce qu’elles ont été. » Le fripé avait déjà proclamé : « Inventer demain. » Pantalons. Bavards. Nullards. Ces pantalons eussent-ils été au pouvoir, ils auraient suivi le président Bush, par veulerie. Depuis un siècle, depuis le bavard Jaurès (La Belle France), la gauche a exécuté toutes les basses besognes que la droite n’osait même pas faire. Vive la crise ! (on ne crachera jamais assez sur la tombe de Montand — un portrait de Montand ici, dans un texte remarquable). Le colonel Chirac (ex-lieutenant en Algérie) est un vrai gaulliste : la « politique » intérieure (la pantalonnade) l’emmerde (il préfère la tête de veau), mais il fait merveille en politique étrangère, malgré les faibles moyens dont il dispose. Il a connu le feu. Il connaît la guerre coloniale. Hélas ! Hariri était son ami et il a aussi de la constance en amitié, comme tout homme qui se respecte. Tous les Français aiment le colonel Chirac exception faite de l’ordure degauche.
Doctor Newsweek and Mister Hide
Manneville, propriété des Turgot depuis 1613
« Pasolini nous avait déjà livré la raison profonde de ce ralliement : “Qu’est ce qui à mes yeux est commun à une dame fasciste, un extraparlementaire, un intellectuel de gauche, un garçon de passe ? C’est un désir anxieux, terrible et invincible de se conformer.” (Lettres Luthériennes). »
« Pourtant, du fond de la Sierra Madre, on entend les mots d’une autre légende populaire, Ernesto Guevara, à la Tricontinentale, en 1967 : “la haine intransigeante de l’ennemi, qui donne une ardeur au delà des limites naturelles de l’être humain et le transforme en machine à tuer, efficace, violente, sélective et froide. Nos soldats doivent être ainsi ; un peuple sans haine ne peut triompher d’un ennemi brutal. Il faut porter la guerre jusqu’où l’ennemi la porte ; jusqu’à sa maison, ses lieux de plaisir, la rendre totale.” C’était avant sa deuxième mort. Avant qu’il ne devienne le Che, un logo publicitaire pour une île des Caraïbes et une figure de l’Amour qu’on arbore sur des vêtements à la mode. »
De toute façon on voit bien qui fait quoi, qui a fait
quoi, depuis… un siècle au moins, un siècle de “but carry a big stick”, so
the chickens come home to roost. De toute façon : retour à l’envoyeur.
Good final flight,
everybody.
Étrange situation. Les Occidentaux, — l’OTAN en l’occurrence, — partis en guerre en Afghanistan pour liquider les oppresseurs déjà liquidés une fois et revigorés par les fautes américanistes initiales, se retrouveraient eux-mêmes perçus puis combattus comme oppresseurs par une population que nos dirigeants politiques et nos intellectuels ne cessent de libérer en paroles depuis cinq ans, depuis leurs cafés de Saint-Germain-des-Près et leurs studios de Hollywood. Tout cela ressemble à une fable grotesque qui semble aujourd’hui la principale production possible de nos entreprises conquérantes. (de defensa)
Le péché d’hypostasie consiste à prétendre que l’idée d’économie est l’idée d’un objet réel. L’idée d’économie n’est qu’une idée dans la pensée bourgeoise et cette idée n’est pas l’idée d’un objet réel, contrairement à ce que tout le monde croit…
(tout le monde car, aujourd’hui, je ne connais que deux auteurs qui le sachent, strictement parlant, le surintendant Fourquet et moi, ne vous en déplaise).
L’idée d’économie satisfait la précondition (0) de
Hacking :
« (0) : “Dans l’état actuel des choses, X est tenu pour acquis ; X apparaît
comme inévitable.” » A tel point que même les Fidjiens
vivaient, paraît-il, dans une économie de chasse et de cueillette. La condition
(0) est parfaitement remplie : il existe des sociétés sans argent, il
n’existe pas de sociétés sans économie (cf
ci-dessous le cas de Marx), c’est inévitable, il ne saurait en être
autrement, c’est indiscutable. C’est toujours ce qui me fut rétorqué, le
mot inévitable du virtualisme est employé : « c’est indiscutable »,
il ne saurait en être autrement. Fureur du conformisme. Convention is general conforming. Meuh ! Bêêê !
Hi ! Han ! L’idée d’économie fait
donc parfaitement « état d’une précondition pour qu’il existe une thèse de constructionnisme social à propos de » l’idée d’économie. C’est un cas idéal pour
soutenir une thèse constructionniste. Or, c’est très amusant, la racaille
déconstructiviste et constructionniste (blancs bonnets et bonnets blancs) a
soigneusement évité ce cas parfait. Seul Hacking, à ma connaissance, remarque
sa possibilité.
Enfin Hacking termine ce chapitre ainsi : « Dans ce qui suit,
j’insisterai énormément sur la
distinction difficile entre
l’objet et l’idée. Le point de départ (0) ne vaut pas pour des objets (le
déficit ou l’économie). Il est clair que notre économie et notre
déficit actuels ne sont pas inévitables. Ils sont le résultat contingent
d’événements historiques. Le point de départ (0) vaut par contre pour les idées de
l’économie et du déficit ; ces idées, avec la plupart de
leurs connotations, semblent inévitables. »
Effectivement la distinction entre l’idée et l’objet est difficile
puisque Hacking n’a pas remarqué que l’idée d’économie n’est pas l’idée
d’un objet réel puisqu’il écrit : « Le point de départ (0) ne vaut pas pour des objets (le déficit ou l’économie). Il est clair que notre économie et notre déficit actuels ne sont pas inévitables. » Il est comme de
Dr Latouche. Hacking serait bien capable de nous parler de l’économie de chasse
et de cueillette des fidjiens. Mais rendons lui cette justice : il déclare
ne pas vouloir employer le terme construction.
Ma thèse sera donc, à propos de la
construction : Il y a construction quand et seulement quand l’idée d’un
objet n’est pas l’idée d’un objet réel. Hacking dit lui-même qu’il ne peut pas
y avoir construction sociale d’un objet (réel) mais seulement construction
sociale d’une idée.
Voici un exemple d’un tel objet : quel est
le nom de l’objet qui provoque une
coupure dans l’ensemble des nombres rationnels telle que cet ensemble est coupé
en deux sous-ensembles, a et b, tels que tout élément de a
est strictement inférieur à tout élément de b et que tout élément
de b est strictement supérieur à tout élément de a ;
le strictement impliquant que l’ensemble a n’a pas de plus grand
élément et que l’ensemble b n’a pas de plus petit élément ? Cette
dernière propriété, dans les cas où elle est démontrable, signifie que la
coupure n’est pas produite par un nombre rationnel car l’objet qui produit la coupure
n’appartient ni à a ni à b. Le mystérieux objet qui résulte de la
construction de la coupure est un nombre irrationnel. La construction est due à
Dedekind :
« Chaque fois que nous sommes en présence d’une coupure (a,b)
non produite par un nombre rationnel nous créons un nombre nouveau, irrationnel
x, que nous considérons comme parfaitement déterminé par cette coupure (a,b) ;
nous dirons que le nombre x correspond à cette coupure ou qu’il engendre cette
coupure. » Ça nous change un peu du nombre « trois » que je
choisis toujours comme exemple en mémoire de J-S Mill dont les recherches sur
les nonnettes s’arrêtèrent là, en évitant soigneusement le cas du zéro
et du « un » qui furent résolus par Frege. Toutes les choses sont des
objets mais tous les objets ne sont pas des choses.
La construction de l’économie ne concerne pas
seulement la construction de l’idée d’économie mais aussi bien (de façon
inséparable) la construction de l’objet « économie ». L’objet
« économie » n’est pas un objet réel mais seulement l’objet d’une
croyance.
Plus précisément : ce qui est socialement
construit ici, ce n’est pas l’économie, qui n’existe pas, mais la croyance en
l’existence de l’économie.
Ce qui échappe à Hacking, c’est que dans le cas de l’économie ce n’est pas (page 37, Degrés d’engagement constructionnistes) (1) que X soit non inévitable, (2) que X soit une mauvaise chose, (3) que le monde serait bien meilleur sans X ; c’est que X n’existe pas. Seule la croyance en l’existence de X existe et elle est très datée comme le souligne parfaitement Hacking étant donné que c’est lui qui m’a donné la date de son déferlement ; de même que le surintendant Fourquet m’a donné le nom de son inventeur et la date précise de son invention ainsi que les raisons de cette invention. La construction de l’objet ne se distingue pas de la construction historique de la croyance puisque l’objet n’existe pas. L’objet consiste dans la croyance et seulement dans la croyance. L’objet consiste dans le péché d’hypostasie et l’objet d’étude n’est pas l’objet X mais cet objet réel Y qu’est la croyance en X, cet objet réel qu’est le péché d’hypostasie. Le signor Latouche croit qu’il suffit de croire (« Pour que la vie économique existe, il faut et il suffit qu’elle soit pensée. » MIRACLE !) à l’existence de l’économie pour que l’économie existe. Dans ce cas, c’est seulement la croyance en l’existence de l’économie qui existe et non la vie économique. La croyance est le seul objet réel dans cette affaire ; c’est elle et elle seule qui a des conséquences dans le monde et non pas l’objet prétendument réel de la croyance. Ces conséquences ne sont pas économiques, évidemment mais de conformation. La principale conséquence de la croyance est de produire et entretenir la sottise, de justifier et conforter l’impuissance et la passion du conformisme. Vous avez la main invisible au cul et vous aimez ça. Pendant ce temps, les choses vont leur train sans rien demander à personne. C’est la croyance et non pas son objet prétendument réel qui satisfait au critère de réalité de Lévi-Strauss. Et, enfin, c’est évidemment une affaire collective : on ne croit pas tout seul que l’économie existe. D’aucuns croient à la vie économique comme d’autres croient à la vie éternelle.
L’économie est un objet construit qui a la particularité de ne pas exister hors de la croyance en son existence. La construction de cet objet ne se distingue donc pas de la construction de sa croyance. Plutôt, c’est une idée qui est construite et l’objet de cette idée est pris pour un objet réel.
Je cite désormais la fin du chapitre Degrés d’engagement :
« Rappelons-nous l’économie. Comment nous serait-il possible de penser au monde industriel sans penser à l’économie ? C’est là où notre constructionniste social ironique, voire dénonciateur, pourrait entrer en scène. L’ironiste montre comment l’idée d’économie s’est établie si fermement ; cela pouvait ne pas être, mais maintenant elle fait si intimement partie de notre manière de penser que nous ne pouvons y échapper. Le dénonciateur exhibe les idéologies qui sous-tendent l’idée d’économie et révèle les fonctions extrathéoriques et les intérêts qu’elle sert. Jadis, il y avait des militants qui seraient passés à la rébellion et même à la révolution sur cette question de l’économie. Leur tâche devient de plus en plus difficile avec l’hégémonie du système mondial. Ce qui fut à un certain moment considéré comme contingent est envisagé à présent comme constitutif de l’esprit humain. Il suffit d’un peu de détermination pour devenir un constructionniste rebelle sur la question du déficit. Mais peut-être que la seule manière de devenir constructionniste quant à l’économie est de passer directement de l’ironie à la révolution. »
Ce n’est pas seulement le monde
industriel qui est pensé sans qu’il soit possible, prétendument, de ne pas se
référer à l’objet économie mais tous les mondes, notamment celui des
Fidjiens qui se retrouvent affublés, eux aussi, d’une économie de chasse et de
cueillette. L’idée d’économie s’est établie fermement, certes, mais ce
n’est pas seulement l’idée mais l’objet de l’idée puisqu’il n’est pas un
objet réel. Hors de l’idée d’économie, il n’est rien, nulle chose. « L’économie
est seulement une idée dans la pensée bourgeoise. » Quand des
militants passèrent à la révolution sur la question de l’économie, à la suite
de leur mentors Marx et Lénine, ce fut pour traiter pratiquement d’un objet
inexistant. C’est ça le stalinisme avec les résultats que l’on sait.
Aujourd’hui, il n’est pas besoin de révolution mais seulement de logique pour
montrer que l’idée d’économie n’est pas l’idée d’un objet réel. Le dictionnaire
et l’apport de Frege et Bolzano suffisent. Ce n’est pas le rôle de la
philosophie de mettre fin au régime bétailler qui est celui de l’humanité dans
le système des besoins [ des besoins
réciproques dit Turgot ]. Les musulmans fanatiques se sont attelés à
ce travail d’une brutale manière qui est la réponse à deux siècles de
brutalité. The chickens
comme home to roost.
Le monde dit libre, dont la liberté se résume à la liberté de chier
partout et sur quiconque, est l’héritier de Staline, c’est un stalinisme sans
Staline mais avec beaucoup de staliniens, c’est à dire d’adorateurs de
« cette splendide idole » qu’est le prétendu objet réel économie.
Ce n’est plus Big Brother,
c’est Big Oil.
C’est pourquoi les altermondialistes ne sont que des idem-mondialistes, c’est à dire des staliniens comme les autres. Il ne faudrait pas croire, non plus, que l’économisme consiste à donner trop d’importance au prétendu objet réel économie. Il consiste à donner trop d’importance aux économistes et à leurs prétentions. S’il existait un objet réel qui serait l’économie, on ne saurait lui donner trop d’importance, on ne saurait donner trop d’importance à ce qui est réel. Les idem-mondialistes sont des économistes comme les autres, peut-être pire encore.
Enfin, il est encore un cas parfait de construction sociale, c’est celui de l’attitude « avoir des besoins ». Il est inévitable que les sauvages aient eu des besoins, il est impensable qu’ils n’en n’aient pas eu, ces sauvages qui vivent dans une économie de chasse et de cueillette. Même Polanyi s’y laisse prendre. Or « avoir des besoins » est une attitude qui présuppose l’existence d’un système des besoins, ce qui n’est pas le cas chez les sauvages. Les sauvages jardinent et pêchent collectivement. Chez eux se nourrir est une affaire collective qui inclut d’ailleurs « la nature », ce qu’elle n’est plus chez nous. La grosse affaire dans cette affaire collective, ce qui passionne les sauvages, c’est la magie. Il n’y avait pas de système des besoins avant 1665, date à laquelle est apparue la locution. « Avoir des besoins » était une attitude inconnue au moyen-âge et dans l’Antiquité. On peut y être « dans le besoin », « avoir besoin de… » mais on ne peut y « avoir des besoins ». « Avoir des besoins » est un objet très récent : trois siècles. C’est à quoi est réduit le bétail contemporain. Il s’épuise dans la « satisfaction de besoins » autre objet très récent. La satisfaction de besoins coïncide avec la désertion de l’esprit. C’est l’homme réduit au « triste sac » et ses deux orifices.
« Il s’ensuit que la réalité est devenue un combat. Nous sommes au stade suprême de l’idéologie, lorsque l’idéologie se confond avec une mise en cause absolue de la réalité. Il se trouve, mais sans la moindre surprise en vérité, que ce sont les compagnons-frères, — le capitalisme et la modernité mariés dans une liturgie nouvelle baptisée post-modernité, — qui sont les représentants, complices et substantifique moelle de ce “stade suprême de l’idéologie”. Le virtualisme est l’expression globalisante et totalitaire, le résumé “pour faire court” du stade ultime ; elle est idéologie pure, sans substance, sans contenu, forme pure de négation de la réalité.
» Le reste est à mesure. Capitalisme dans sa forme extrême et modernité sont devenus poussée déstructurante pure. L’ordre du jour est le “désordre créateur”, et l’on se fout de plus en plus du qualificatif, et pour cause! Le désordre suffit, et il vient par la déstructuration. Là-dessus, le virtualisme proliférera, — ou, dans tous les cas, il aurait du proliférer. La façon dont cette poussée se fait, de catastrophe en catastrophe, est une confirmation du processus : le virtualisme qui a voulu s’installer et qui, chaque jour, ne cesse de se casser les dents sur la réalité… le virtualisme a beau être bien pourvus, il n’a que 32 dents, comme vous et moi à l’origine, avant le temps des prothèses dentaires.
» 9/11 est bien notre événement fondateur à tous, notre référence. “Sortez vos mouchoirs” et “attachez vos ceintures”. Ce n’est qu’un début, tant il est vrai que nous n’avons pas fini de ricaner joyeusement, nous autres sur les réseaux dissidents. Internet est un don de Dieu, au contraire de 9/11 [ qui est un Non de Dieu, quel qu’en soit l’auteur puisqu’il a fait porter le chapeau à Dieu. Tu n’invoqueras pas le Non de Dieu en vain ]. » (de defensa)
The megastone age
Everything is mega and stoned here
« A l’été 1997, nous avions relevé un texte du major Ralph Peters, de l’U.S. Army, publié dans la revue Parameters, qui est une revue doctrinale de l’U.S. Army où s’expriment diverses opinions. Même s’il s’agissait d’un type de pensée assez extrémiste aux États-Unis (on pourrait en juger peut-être très différemment aujourd’hui), nous avions considéré que son contenu ne nous en donnait pas moins des indications précieuses et bien significatives sur un état d’esprit qui existait dans certains cercles aux États-Unis. Nous pensons que ce texte mérite largement d’être relu aujourd’hui, à la lumière des événements actuels. Il y a des causes conjoncturelles dans ce choix, puisque Peters parle des islamistes, des talibans, etc, comme étant parmi ceux (conjointement avec toute une partie de la population américaine, ce qui ne manque ni de sel ni de signification profonde) qui seront irrésistiblement balayés par la culture américaine. On comprend aussitôt qu’il y a là une approche qui doit apparaître comme significative d’un climat dont la logique et l’enchaînement mènent notamment aux attentats du 11 septembre 2001. » (de defensa)
Donc, le 11 septembre fut bien la réponse du leucocyte à la bergère. Ainsi que je le disais, en français, il y a peu de temps (et, il y a fort longtemps, le Dr Bowring) : “The flag follows trade”. Pendant la vente, le crime continue, “burgers precede bullets”. Cependant, la Wall-Mart n’a pu prendre pied au pays de la Wehrmarcht. Qu’en est-il d’ailleurs des human rights pour le million d’esclaves-prostitués-domestiques de la Wall-Mart ?
Le jugement de M. de Defensa : « Et ainsi
Peters décrit-il l’avenir brillant des forces armées américaines, mais dans des
termes qui parfois dévoilent les faiblesses cachées d’un Système qui s’est
totalement investi dans les moyens sans plus se préoccuper des fins,
c’est-à-dire de l’esprit
des choses. » [ Par exemple, une
paire de souliers cirés. Que d’esprit dans une paire de souliers cirés. ]
« Ici, nous tirerons une première conclusion, qui place déjà les gesticulations de Peters dans une perspective historique typiquement américaine : ce formidable besoin de conquête à fort caractère nihiliste, cette affirmation de volonté de puissance d’un nietzschéisme complètement dénaturé et trahi est une constante de l’américanisme. L’attitude relève à notre sens d’une pathologie collective caractérisée par l’absence de dessein ou de projet civilisateur historique par absence de référence historique passée, et qui est fortement signalée par un malaise de tous temps présent dans la substance même du paradoxal Projet américain (paradoxal bien sûr parce que Projet théorique et mythique, sans projet au strict sens historique du terme ...) Ce que nous désignons comme une pathologie par rapport aux réalités historiques implique que le dessein de l’avancement sans fin et sans retenue de la puissance américaine est laissé à l’intervention divine, au caractère divin de la destinée (évidemment “manifeste”) de l’Amérique. » (de defensa) La "guerre culturelle" telle qu’elle se dessine n’est pas la guerre d’une culture contre une autre. Il ne peut vraiment y avoir de "guerre" d’une culture contre une autre : il y a des rapports, des échanges, des influences, et le résultat peut être effectivement qu’une culture décline (mais plus souvent elle se transforme). Il s’agit d’un processus somme toute naturel, et surtout exempt d’agressivité prédatrice. Ce n’est pas ce que Peters nous propose. Il suggère l’agression caractérisée, la destruction programmée, l’empoisonnement des autres cultures.
» L’essentiel à considérer est ce que cette sorte de réflexion suppose de malaise et de mal-être cachés. Elle rejoint une crise plus générale, que l’Amérique exprime bien plus que n’importe quel autre pays, mais qui affecte d’une façon ou l’autre toutes les nations et tous les systèmes, et qui ne présente aucune cohérence puisqu’elle prévoit aussi bien de s’attaquer à une partie de soi-même. Cette crise est la menace de mort portée contre l’identité, c’est-à-dire l’être soi-même. Ainsi chemine-t-on au milieu des signes de ce qui est non pas une crise de civilisation, mais la crise de la civilisation tout court. « Ils ne mouraient pas tous, mais tous étaient frappés » : c’est en tout cas l’actuel état du monde. » (de defensa)
Il ne fait aucun doute que
l’article de 2006 est un excellent article surtout quand on sait qui l’a écrit
pour avoir lu ceux de 1997 et de 2003. Le major Megadeaths a dû faire une
mauvaise rencontre sur le chemin de Damas : “belief is our enemy’s ultimate order of battle.”
Or seule la foi peut faire obstacle à la foi. “The hallmark of our age is the failure of belief systems and a subsequent
flight back to primitive fundamentalism — and the phenomenon isn’t limited to
the Middle East. Faith revived is running roughshod over science and civilization. Secular societies appear increasingly fragmented, if not fragile.
The angry gods are back. And they will not be defeated with cruise missiles or
computer codes.” Eradiquer la religion n’est pas critiquer la religion. Eradiquer la
religion laisse un grand vide. “A
paradox of our time is that the overwhelmingly secular global media — a collection of natural-born
religion-haters — have become the crucial accomplices of the suicide
bomber fueled by rabid faith.” Ah ! ah ! trous du
cul laïcars de Charlie-Hebdo, “religion-haters”. “What if Darwin was right conceptually, but failed to grasp that homo
sapiens’ most powerful evolutionary strategy is faith?” Ce n’est
pas Durkheim qui parle mais un militaire américaniste chevroné. “Both the suicide bomber and the “world intellectual” with
his reflexive hatred of America exist in emotional realms that our rational
models of analysis cannot explain. The modern age’s methods for interpreting
humanity are played out.” Pauvres gens bons qui se
découvrent haïs. Ce furent les premiers mots du président Bush après le
11 septembre : “Pourtant, nous sommes bons.” Ce brave homme est comme
Adam Smitn (et Weber), il confond raisonnable et rationnel. Il ne sait que
faire appel à l’égoïsme de son butcher tandis que d’autres sont des
bouchers fous de générosité. La générosité est bannie du monde raisonnable. La
place pour les angry gods est prête. La foi a horreur du vide de foi. La
collective madness n’est pas là où la voit le major Megadeaths. Le
vigneron ne sait pas que son vin est piqué. “And it is a very rare secular mind that can comprehend religious passion —
it’s like asking a blind man to describe the colors of fire.” Durkheim
seul aurait pu aider ce pauvre homme. Durkheim disait que le savant qui veut
étudier la religion doit adopter une attitude religieuse. Be smart, gentlemen. D’ailleurs notre major
dit : “Those who feel no vital faith cannot comprehend faith’s power”
Plus de doute possible. Cet homme a subi un soul-shaking glimpse of the divine sur le
chemin de Damas. Et la vital faith est tout sauf la foi de l’épicier
telle qu’elle est pratiquée en Amérique. Il ne suffit pas de s’agenouiller pour
croire. La vital faith est la raison même. “He who has never experienced a soul-shaking glimpse of the divine
inevitably explains religion-driven suicide bombers in terms of a lack of
economic opportunity or social humiliation. But the enemies we face are burning
with belief, on fire with their vision of an immanent, angry god. Our
intelligentsia is less equipped to understand such men than our satellites are
to find them.” En effet, tout ce qu’elle sait
dire c’est islamo-fascistes. C’est malin ! “All of our technologies and comforting theories are confounded by the
strength of the soul ablaze with faith. Our
struggle with Islamist terror (other religious terrors may haunt our
descendants) has almost nothing to do with our actions in the Middle East. It’s
about a failing civilization’s embrace of a
furious god.” A failing civilization,
c’est le
mot, est jugée : quand la bise fut venue, elle se trouva fort dépourvue
(la fourmi pas la cigale suicidaire). “We are
not yet at war with Islam…” En effet pas encore avec l’Islam, mais avec l’homme
depuis plusieurs siècles, c’est à dire avec la divinité même (« Nous
sommes d’essence divine » disait Dedekind. Werke, vol. 3, p. 489 in J. Boniface, Ellipse). L’épicerie est le crime
suprême. “We are not (yet) at war
with Islam, but the extreme believers within Islam are convinced that they are
soldiers in a religious war against us. Despite their rhetoric, they are the
crusaders. Even our conceptions of the struggle are asymmetrical. Despite the horrors we have
witnessed, we have yet to take religious terrorists seriously on their own
self-evident terms. We invaded a succession of their tormented
countries, but haven’t come close to penetrating their souls. The hermetic
universe of the Islamist terrorist is immune to our reality (if not to our
bullets), but our intellectuals appear equally incapable of accepting the
religious extremist’s reality.” Ça devient beau comme du Chateaubriand. “We have no tools of persuation effective against a millenarian belief.”
C’est le moins
qu’on puisse dire, la pacotille ne marche pas, la pacotille ne marche plus, ces
gens veulent du solide. Etc. lisez donc. Et puis ça encore :
“Security-wise, we have placed our faith in things, in bright (and
expensive) material object.” Cet homme est mûr pour intégrer le monastère du
Bec-Hellouin dont le second abbé fut Anselme, l’inventeur de la preuve
ontologique. Il y trouvera un cadre adéquat pour la suite de sa réflexion.
Aoun président ! Aoun et Nasrallah, quel beau couple !
Il y a peu, j’écrivais que je fus immédiatement choqué, lors de ma première lecture du Capital, de la prétention de Marx à vouloir faire d’une partie de la société la raison de la totalité. Ce faisant, j’étais cependant étonné de ce souvenir puisqu’il me semblait également que Marx ne traite pas de cette question dans le Capital, du moins pas immédiatement. Or en recherchant les nombreuses invectives de Marx à l’encontre de Say, je tombe sur ceci : « “Les économistes ont une singulière manière de procéder. Il n’y a pour eux que deux sortes d’institutions, celles de l’art et celles de la nature. Les institutions de la féodalité sont des institutions artificielles, celles de la bourgeoisie sont des institutions naturelles.” (…) Le plus drôle est Bastiat [ c’est à dire encore plus bête que Say. Deux sites bastianistes : l’individualisme dans toute sa splendeur. L’individu est un serpent qui a pour devise « Nul ne m’emmerde impunément » (NEMo me impune Lacesset). Le monde comme nœud de vipères. Que voilà de fières vipères. A quand the adder pride. « Le libéralisme est une cybernétique de l’Action Humaine », mais le monde n’est pas un mécanisme et le libéralisme est seulement une doctrine. La cybernétique n’est qu’une branche de la mécanique. « Cybernethics is a dynamic point of view on human life », soit ! mais seulement un point de vue… d’allumé. Un point de vue sur le monde n’est pas un monde. Cela dit, d’après le Dr Petit, Iter ne s’allumera jamais ], qui se figure que les Grecs et les Romains n’ont vécu que de rapine [ Rébus : dard/1, nœud, vît, queue, 2 rats, pine ]. Mais quand on vit de rapine pendant plusieurs siècles, il faut pourtant qu’il y ait toujours quelque chose à prendre ou que l’objet des rapines continuelles se renouvelle constamment. Il faut donc croire que les Grecs et les Romains avaient leur genre de production à eux, conséquemment une économie, qui formait la base matérielle de leur société, tout comme l’économie bourgeoise forme la base de la nôtre. » (Éditions socialiniennes. Livre premier, tome I, page 92, note) Page 92 ! (quarante et unième page du texte proprement dit). Ça commençait bien ! Il y a donc, en toute société, « un genre de production », conséquemment « une économie » composée de principales bêtes féroces de la ménagerie : forces productives, rapports de production enfermées dans la cage du mode de production, et cette économie forme la base matérielle de toute société. Voilà la couleuvre que Marx essayait de me faire avaler en 1962. La ménagerie du crétin Say comprenait, elle, La Production, La Distribution, La Consommation. L’ennui, c’est que s’il y a beaucoup de choses produites, La Production ne produit rien ; s’il y a beaucoup de choses distribuées, La Distribution ne distribue rien ; s’il y a beaucoup de choses consommées, La Consommation ne consomme rien. C’est déjà du virtualisme. C’est l’opération du Saint-Esprit, et, pour les mécréants, c’est la main invisible. Il ne s’agit pas, ici, du sens tel qu’on le trouve dans le Webster de 1913, sens qui serait
admis par Fourquet : “2. Orderly arrangement and management of the internal affairs of a state or
of any establishment kept up by production and consumption; esp., such
management as directly concerns wealth; as, political economy” ;
mais bien du sens inventé par le crétin Say vers 1820. D’ailleurs, je vais encore reprendre ce début du Capital tant j’y vois de choses intéressantes, qui d’ailleurs plaident contre Marx. Il avait tout sous la main dès le début. |
Madame Royale envisagerait d’introduire dans les classes, à côté du maître, un personnage chargé d’y maintenir l’ordre ! comme c’était l’usage à l’école Polytechnique où un inspecteur était chargé de la police dans l’amphithéâtre, du temps que le professeur Hassenfratz apostrophait M. Leboullanger. Quelle grande politique. On sait que le professeur Hassenfratz perdit toute autorité à la suite de cet événement burlesque. Aujourd’hui, l’autorité est déjà perdue. Pantalon, caleçons et culottes ! Quelle réjouissante pantalonnade. Allons ! Inventons demain comme dit le Pantalon Langue. Le président Ar’mani Nedjad sourit dans sa barbe.
Mr Pantalon-Nez, quant à lui, sort tout droit d’un roman de Dickens : il veut faire surveiller les filles-mères par la police (d’ailleurs il semblerait que des hussards de Sa Majesté ont déjà commencé l’éducation des jeunes-filles sur la frontière irako-iranienne). C’est merveilleux ! Heureusement qu’il y a des gens sérieux dans ce monde merveilleux, des gens qui cirent leurs souliers avant d’aller au combat.
« Le résultat est que la vraie crise qui commence est bien celle d’Israël, le pays qui semblait assuré de ne jamais connaître de crise ontologique propre, au nom de la vision virtualiste qu’il offrait de lui-même et que nous acceptions, quasiment par pénitence. Les gémissements à cet égard se poursuivront, et les politiques occidentales à l’égard de cette région du monde continueront à être compliquées, tordues, inutilement complexes, remplies d’une rhétorique qui ne se fatigue jamais d’elle-même, et finalement sans importance et sans effets. Pour paraphraser Boris Vian, c’est “l’écume de l’Histoire”, rien d’autre. L’Histoire s’en gausse. Elle a déjà tiré ses conclusions et pris ses dispositions. La réalité est bien que l’énorme machine qui nous dévore depuis quelques décennies et plus en prétendant kidnapper l’Histoire à son profit, l’énorme machine parfaitement symbolisée et animée par le Pentagone (voir James Carroll) et dans ce cas par l’américanisation de la direction israélienne vient de prendre un rude coup de plus. Ce sont les risques du métier. »
« *
Tout le monde sait, ou devrait savoir, que la plupart des organisations
fondamentalistes musulmanes dénoncées comme “islamo-fascistes” ont été crées et
se sont développées grâce aux pays qui, aujourd’hui, les dénoncent comme
représentant le Mal sur terre. * Ces pays sont les USA, le Royaume-Uni et
Israël. * Un peu plus de documentation sur ce fait historique évident ne
peut faire de mal. * Publié le 29 août 2006, Antiwar.com, USA »
« Comment l’Islam a appris à battre l’Ouest »
Be
smart, gentlemen, don’t Bismarck
« * Andrew Bacevic
fait les comptes et conclut: l’“Islamic Way of War” a appris comment
battre l’Occident. * Le réveil (Irak, Liban) est brutal. * Analyse
percutante mais ambiguë, sur laquelle il faudra revenir: est-ce tout l’Ouest
qui est battu, ou est-ce l’”American Way of War”? * Publié le 11 septembre 2006, The American Conservative, USA. »
La religion n’a pas été critiquée puisqu’elle n’a pas été comprise. Éradiquer n’est pas critiquer (Hegel disait qu’on ne peut critiquer réellement un système qu’en partant des présupposés de ce système). Enfin, l’éradication de la religion a splendidement échoué. Le berceau du monothéisme est aussi le conservatoire de la foi, c’est à dire le conservatoire de la confiance (Le Maussade ne peut infiltrer le Hezbollah). Au contraire, l’enculisme est la généralisation de la défiance. Il repose sur la défiance.
Il y a système des besoins quand in abstracto :
1) Tous les producteurs font face aux consommateurs.
2) Tous les producteurs ne produisent pas des chaussures alors que tous les consommateurs en portent.
3) Tous les producteurs ne produisent pas du bifteck alors que tous les consommateurs en mangent.
4) Etc.
5) Cependant, tous les producteurs sont les mêmes, exactement, que tous les consommateurs.
6) Donc le prétendu producteur n’est qu’en apparence un producteur mais en fait un consommateur qui se prostitue.
7) Le producteur de chaussures ne produit qu’en apparence des chaussures mais en réalité des chaussures, du bifteck etc., chaussures, bifteck etc. qu’il a déjà achetés en pensée avec l’argent de sa passe. A quoi pense la pute pendant la passe ? A son vison blanc.
9) Le but affiché de la « science économique » est que tous les consommateurs trouvent chaussure à leur pied et bifteck à leur faim dans le plus parfait équilibre. A chacun sa chacune, à chacun ses chaussures et les vaches seront bien gardées. En fait, calculer un prix de revient est très simple, il suffit, depuis deux cents ans seulement, de savoir additionner. Ce qui est difficile pour les maîtres qui achètent l’obéissance des prostitués, c’est de savoir 1) s’ils vendront la merde produite par les prostitués pour les prostitués, b) s’ils vendront au dessus du prix de revient, c) s’ils vendront suffisamment au dessus du prix de revient. C’est la seule chose qui les intéresse. Toute la « science économique » est là.
Le problème est donc que les chaussures aillent depuis un certain endroit aux pieds auxquels elles sont destinées, ce qui est manifestement un problème de communication.
Concrètement, cette structure in abstracto est réalisée dans des institutions concrètes qui, toutes, doivent satisfaire le critère de réalité de Lévy-Strauss. Mais… cette structure n’est pas réalisée comme le serait un plan, un modèle, une maquette etc., elle est, au contraire un résultat qui n’est possible que du fait des institutions et de la logique des institutions. La logique des institutions repose dans les institutions et non dans la structure qui n’est qu’une abstraction a posteriori. La structure a posteriori n’a aucune efficacité. Cette structure n’est en fait qu’un idealtype !
C’est beau la civilisation. Bétail, tant de veaux ! tant !
Dans Libération du 1er août 2006, un sous-officier israélien de 22 ans déclare à l’envoyée spéciale : « Je ne pourrais jamais oublier ce qui s’est passé » [ à Bint Jubayl ] … La journaliste poursuit : « Il parle des “terroristes” — les combattants du Hezbollah —, qu’il découvre pour la première fois dans un corps à corps mortel : “J’ai été surpris de voir des hommes en uniforme impeccable, avec leur plaque de militaire recouverte de ruban noir pour ne pas briller dans la nuit, des chaussures cirées, une vraie armée.” »
« L’ignorance, l’inculture et même le sens de l’incivilisation de l’administration GW, cette sorte très spécifique et novatrice de barbarie postmoderniste, éclatent dans ces détails que donne Hersh sur la façon dont sont rejetées les propositions syriennes de coopération, l’interdiction faite en 2003 aux Israéliens de négocier avec la Syrie la restitution du Golan, etc. L’explication américaniste aujourd’hui tient en quelques cas très simples : une sottise crépusculaire, qui semble englober autant la pauvreté d’esprit et l’absence d’âme que l’arrogance de l’attitude, et qui est essentiellement une sottise de Fin des Temps. Cette explication vaut largement toutes celles des complots, des Grands Desseins, des neocons hystériques et des discours divers. » (de Defensa)
« Le sens des événements de ces crises postmodernes
et de ces conflits G4G est le plus
souvent imprévu
et n’a aucune cohérence nécessaire avec
l’apparence de l’événement initial »
Histoire critique du système de l’américanisme
Adams Smith à Philadelphie
Jésus Christ,
c’est le free-trade →
Mythe et mensonge
« Le conflit entre Israël et le Hezbollah est une guerre de la quatrième génération. L’étude de ce concept permet de mieux comprendre ses effets très imprévisibles, notamment sur la légitimité des acteurs du conflit. » (de Defensa)
« Description de la guerre au Liban du point de vue doctrinal, technique et opérationnel: il s’agit bien d’une “guerre de la quatrième génération”, où la victoire formelle n’a plus grand sens. » (de Defensa)* Publié le 28 juillet 2006, Antiwar.com, USA.
« William
S. Lind décrit l’évolution de la crise libanaise avec un Hezbollah
de mieux en mieux placé au milieu du désarroi général. * L’adepte de la “guerre
de la quatrième génération” constate que celle-ci ne recule devant aucun moyen,
y compris d’user des tactiques de la “guerre de troisième génération”. * Rice
réclame “un nouveau Moyen-Oreient”? Nous l’aurons, nous l’aurons... » (de Defensa)
* Publié le 29
juillet 2006, Antiwar.com, USA.
« Par conséquent, et c’est toute la beauté du virtualisme et toute sa spécificité, — s’il y a une seule activité qui soit complètement orwellienne aujourd’hui, c’est la propagande : elle convertit les propagandistes et à peu près eux seuls ; c’est-à-dire qu’elle est exactement le contraire de ce qu’elle doit être. » (de Defensa) Ah ! Ah ! Ah ! Ah ! La propagande qui ne convertit que les propagandistes, c’est à dire les nomades Attali. Ils les ont au cul les nomades, c’est à dire les bédouins.
Problème
Étant donné que l’ancien
fusilier marin du 1er
RPIMA, à gauche,
mesure, sans ses bottes, un mètre-soixante-quinze,
quel est le diamètre, mesuré à deux mètre de hauteur, du tilleul de
droite ?
[1] Mais en quoi la découverte de
l’inexistence de l’économie est-elle si importante? [2] Si tous les faits économiques
ne forment pas "l’économie" mais autre chose — qui n’est pas un
mensonge, une idéologie — alors quoi ? [3] D’autre part, la portée de
cette découverte me semble devoir être relativisée. Car quand bien même
l’économie n’existerait pas, cela n’empêche pas les faits économiques, eux,
d’exister durement. Comment Voyer baptise-t-il une délocalisation, par
exemple ? Est-ce que la baisse du pouvoir d’achat constitue un fait
économique ? La marchandise est-elle oui ou non du temps de travail
social moyen cristallisé dans un objet, et dont la valeur se sert de la
valeur d’usage pour être valorisée ? [4] Autre question : quel est le sens d’une science
de l’humanité, qui reste à fonder si j’ai bien lu Voyer ? Miss Kalhydre sur le Debordel
le 7 février 2005 [J’avais déjà répondu par avance ici
aux points 1 et 2] 1. La découverte de l’inexistence de l’économie est
une découverte négative. Elle ne dit pas ce qui est, elle dit ce qui n’est
pas. C’est là son seul mérite et c’est déjà beaucoup dans un monde
virtualiste qui nous accable d’inexistences, dans cette merveilleuse
civilisation qui chie partout. Rien n’a jamais empêché personne de le faire à
ma place, mais rien est le pire ennemi qui soit. Il est insaisissable
[Bolzano dit que la représentation « rien » est la plus étonnante
qui soit car elle n’a aucun objet : la représentation rien ne représente
rien (2013)]. L’ambition de cette découverte est justement d’aider à la
découverte de ce qui a lieu, parce que manifestement quelque chose a lieu
(quoique Berkeley soutînt que non et, ce qui mettait Leibniz en
rage, il avait réponse à tout, on ne pouvait jamais le prendre en défaut, et
Leibniz
n’était pas n’importe qui). Si ce n’est pas l’économie c’est donc autre
chose, effectivement. Là est la question. Rien ne vous empêche de vous y
atteler. J’ai oublié la phrase célèbre de Marx qui dit en substance que les
idées sur le monde ne sauraient aller au-delà du monde mais seulement au-delà
des idées sur le monde. L’ambition de cette découverte est de susciter et de
permettre de nouvelles idées. Elle n’a rien des rodomontades à la Debord qui
plaisent tant aux virtualistes. 2. Erreur : tous les faits économiques forment bien l’économie. Selon des dictionnaires : l’économie est l’ensemble des faits… bla bla bla, en fait l’ensemble des faits dits économiques. Simplement, de même que l’ensemble des arbres d’une forêt n’est pas une partie de la forêt (Descombes, Les Individus collectifs, 1992. Frege : ne pas confondre l’ensemble des arbres d’une forêt et la forêt), l’ensemble des faits économiques n’est pas une partie de la société. Un ensemble de ce que vous voudrez ne peut être partie que d’un autre ensemble. Point final. De même, la population française est soit le nombre, soit l’ensemble des Français, le nombre étant le cardinal de l’ensemble. Ainsi, la population française n’est pas une partie de la France, ce que je disais déjà dans ma Critique de la raison impure commencée en septembre 2000 et ce que Marx tente de dire dans Grundrisse. Voilà une proposition plus forte, parce que beaucoup plus précise, que : « L’économie n’existe pas ». La moindre branche du moindre arbre, à titre de partie de cet arbre, lui-même partie de la forêt, cette branche donc, est une partie de la forêt. L’ensemble des arbres de la forêt n’est pas une partie de la forêt. Le moindre franchouillard, le moindre village, sont des parties de la France, mais la population de la France n’est pas une partie de la France. Étonnant, non ? Vous n’aviez jamais pensé à ça ? Moi non plus. Il est formidable ce Descombes. Voilà de l’idéologie délirante, diraient les petits cons et avortons situ-gauchistes qui ont la science infuse (comme les petits cons maoïstes de l’ENS en 1968). C’est seulement de la logique. Mais il ne faut pas s’arrêter en si bon chemin. Voici maintenant la différence entre une nation et une forêt : les hommes d’une nation peuvent vivre ensemble, les arbres d’une forêt ne le peuvent pas (Descombes, encore, à moins que ce ne soit Lewis ou Barwise). L’ensemble des Français n’est pas une partie de la France, mais les Français vivent ensemble, ce que ne peuvent faire les arbres d’une forêt. En 1963, je fus choqué que Marx, malgré ses principes hégéliens affichés (le tout est le vrai, seul le tout a lieu), prétendît qu’une partie de la société pouvait être le fondement de la société. Cela me conduisit, treize ans plus tard, à la proposition radicale que l’économie n’était aucune partie de la société (je ne formulais pas cela en ces termes à l’époque, évidemment). Je fonde ma preuve de l’inexistence de l’économie (sa non existence à titre de partie de la société, partie de la vie en société) sur Frege et Descombes. Si vous voulez contester ma preuve il vous faudra donc contester Frege et Descombes. Cela répond aussi à la question : que doit être une science de l’humanité, que doit être une science de ce qui a lieu ? Une science de l’humanité doit être une science des parties (honteuses), une science de la société dit Mauss. 3. Les faits sont des état des choses. Les faits sont un résultat. Un fait est ce qui a eu lieu, ce qui est le cas, ce qui est arrivé. Tout fait est un fait accompli. « Fait accompli » est un pléonasme. Les juristes disent « voie de fait » et non pas « voie de fait accompli ». Selon Frege, un fait est une pensée vraie. Pour ces deux raisons, les faits ne font rien. A fortiori donc l’ensemble des faits. Exemple de fait : « La Lune est tombée sur la Terre ». Fort heureusement, le sens de cette phrase (une pensée selon Frege) est fausse, la phrase dénote le faux. Ouf ! Mais si c’était le cas, ce n’est pas le fait qui serait dur, mais la Lune et la gravitation. C’est la Lune la fautive. Le fait ne fait rien. C’est un fait que Napoléon a gagné la bataille d’Austerlitz. Mais ce n’est pas le fait qui a gagné, c’est Napoléon et sa vaillante armée fanatisée. Autre exemple de fait : « La Lune s’éloigne de la terre de quelques centimètres par an ». Ce fait est un résultat. Ce qui est important c’est de savoir pourquoi la Lune s’éloigne de la Terre. Pour le savoir, lisez le Dr Petit, il sait tout. De même, ce qui importe pour les faits classés « économiques » par les économistes, c’est de savoir ce qui les provoque et les permet et qui n’est ni l’économie, ni la gravitation. Ce qui est dur, ce n’est pas les faits économiques mais ce qui les provoque et les permet. Ce qui les provoque et les permet n’est ni économique, ni gravitationnel et demeure strictement inconnu à ce jour. Il faut appeler une délocalisation une délocalisation et ce qui est cause de dureté dans ce cas est parfaitement connu et empalable. Dire qu’elle est un fait économique n’ajoute absolument rien au fait, ni à sa connaissance. Autant ajouter Inch Allah. Je l’ai déjà dit : vous pouvez enlever l’adjectif économique partout où il paraît, le sens de la phrase ne change pas ou bien vous pouvez, grâce à une modification mineure de la phrase, éliminer l’adjectif économique, partout. Écrire l’adjectif économique est seulement un acte de prosélytisme, souvent inconscient, simple signe de soumission, la trace du collier de la fable Le Chien et le loup. Viens dans ma chapelle que je t’encule. Regarde mon beau virtualisme tout neuf. D’ailleurs, une délocalisation n’est pas un fait avant qu’elle ne soit accomplie, mais un acte qui requiert un motif (encore Descombes, c’est là la différence avec la Lune qui n’aurait, si elle tombait sur la Terre, aucun motif de le faire). Elle devient un fait quand elle est accomplie. Ensuite de donner au fait ou à l’acte le sobriquet « économique » n’ajoute rien, ni aux faits, ni aux actes. Comme le dit très bien Fourquet : c’est un classement, c’est tout. Comme le dit encore Fourquet (le surintendant Fourquet), pour s’en scandaliser, les faits économiques sont dits économiques parce que la prétendue science économique prétend les étudier. La science économique ne fait que peindre du gris sur des faits gris dirait Hegel. De même le classement des animaux n’ajoute rien aux animaux qui ne deviennent pas pour autant « zoologiques » et le classement des cartes à jouer ne fait ni froid ni chaud aux cartes qui ne deviennent pas pour autant « taxinomiques ». Tandis que la qualification de certains faits de « météorologiques » indique que ces faits ont lieu dans le ciel, la qualification d’ « économiques » n’indique pas que des faits ont lieu « dans l’économie » comme le prétendent les virtualistes mais seulement qu’ils sont étudiés par la « science économique ». L’économie n’étant pas une partie du monde, aucun fait, fut-il qualifié d’« économique », ne peut avoir lieu dans l’économie. Les faits ont lieu dans le monde, ils sont partie du monde. La prétendue science économique ne fait, pour des raisons qui lui sont propres et dont je ne parlerai pas ici, que mettre son estampille (comme Bernard Lévy, la mouche du coche des charniers de Sarajevo) sur des faits du monde. Les faits économiques sont des faits du monde avant que d’être estampillés « faits économiques ». Si les faits avaient lieu dans l’économie, ils n’auraient plus lieu dans le monde puisque l’économie n’est pas une partie du monde. De même, quand une forêt brûle totalement, ce n’est pas l’ensemble des arbres qui brûle car un ensemble de peut pas brûler. C’est aussi simple que cela. Ajouter le sobriquet « économique » c’est faire ce que faisait Eschyle ajoutant « et il perdit une petite fiole » aux vers d’Euripide afin de jeter la confusion. Dans ce monde virtualiste, on vit il y a peu un nègre américaniste agiter une petite fiole à la tribune de l’ONU dans le but de jeter le trouble, opération parfaitement réussie (le but des américanistes est la confusion, donc quand ils ratent, ils réussissent. C’est la théorie de la perfect storm). C’est un procédé vieux comme le monde. La « science économique » est l’idéologie chérie des virtualistes qui causent dans le poste d’un ton péremptoire. La réalité est le principal adversaire des virtualistes. Le but d’une science de l’humanité est de connaître ce qui se meut en lui-même, pour parler comme Hegel, dont la profondeur est infinie (comme dans la monadologie, tous les éléments se manifestent dans chaque élément sans exception, c’est une sorte d’application interne — la totalité se supprime comme apparence en direction de l’immédiateté de l’individu — qui constitue le tout en tout concret), et qui permet les états des choses (choses sociales dans ce cas). Dans quoi ont lieu les faits ? De quoi sont les faits ? Ces questions sont encore sans réponse. Résumé : celui ou celle qui dit « fait économique » ne fait que dire « fait ». Celui ou celle qui dit « Il y a des faits économiques » ne fait que dire « Il y a des faits ». Quelle surprise ! Il y a des faits. Oui et alors ? Il n’y a de faits que sociaux. Qualifier certains d’entre eux d’« économiques » n’ajoute rien à ces faits mais retranche, cela dans un but, souvent atteint, que je ne traiterai pas ici. Comme dit si bien le surintendant Fourquet, ce n’est qu’un classement. Les individus collectifs concrets ne sont pas, comme les individus collectifs pensés, telle l’économie, des ensembles. Que sont-ils ? Là est la question. Toute suggestion sera la bienvenue. Pour ma part, je n’ai réussi qu’à dire ce qu’il ne sont pas. Je suis heureux de constater que je ne suis plus seul à le faire. * * * La valeur, l’argent, sont des institutions. Il ne sert à rien de qualifier ces institutions d’« économiques », leur connaissance demeure toujours notable quantité d’importance nulle. Autant les qualifier de petites fioles. Sainte-Hélène, petite fiole ! Cependant, cette qualification n’est pas innocente, mais je ne traiterai pas ce problème ici. Les institutions ne sont pas des ensembles de faits et jamais un ensemble de faits ne fit une institution. L’économie n’est aucune institution, l’économie est seulement une classe de faits. Une classe de faits n’est aucune partie de la société, aucune partie de la vie en société. Il n’y a pas de vie économique, mais présentement, esclavage, prostitution et domesticité réciproque des prostitués, ce que Hegel, toujours bien inspiré nomma système des besoins, ou société bourgeoise (« Bürger als bourgeois » § 190, Philosophie du droit et non pas als citoyens. Chez les bourgeois — y compris les idem-mondialistes — on ne tire la chasse d’eau que pour les gros besoins. Quelle élévation d’esprit) Pour la première fois dans l’histoire, la présente société est un système des besoins. Avant 1800, il n’y eut jamais dans le monde de système des besoins : en 1800, l’idée des besoins (pluriel, apparition dans ce sens : 1665) était une idée neuve en Europe. « Avoir des besoins » est une caractéristique de l’esclave, prostitué et domestique réciproque moderne et de lui seul. Ni le serf, ni le seigneur, ni le sauvage n’avaient de besoins ; pourtant ils mangeaient, buvaient, chiaient et pissaient comme tout le monde. Cela donne envie de bombarder. Les jeunes gens nègres et bougnoules des banlieues à qui cette société ne donna pas l’immense chance d’être un esclave prostitué domestique réciproque sont donc… libres, liberté brute, évidemment, raw freedom, liberté à l’état naissant, désordre créatif. La liberté brute est brutale, que voulez-vous. Allo, maman bobo ! Je suis persuadé qu’ils apprécient leur chance. J’ai dû lutter âprement pour être libre. J’ai dû refuser toutes les merveilleuses chances qui me furent offertes (aujourd’hui, je regrette seulement de ne pas lire le grec et l’allemand. Je trouve absolument scandaleux que l’on fasse des études pour croûter. C’est insulter la sainteté de l’esprit. Il n’est pire salaud que le si vil innocent). Eux se sont seulement donné la peine de naître nègre ou bougnoule en banlieue. Après cela, vous vous étonnez qu’ils tapent la multitude des petits cons de lycéens Jospin vagissants, nés soumis, qui vivront soumis et mourront soumis, esclaves, prostitués et domestiques réciproques [ Turgot : « besoins réciproques » ] et qui vont bientôt veauter pantalon, caleçon ou culotte. La tentative qui eut lieu dans la Russie dite soviétique
ne fut rien moins qu’une tentative pour prendre en main la prétendue
institution « économie ». La suite a démontré parfaitement que l’on
ne peut pas prendre en main l’économie parce que l’économie n’est pas une
institution. On peut prendre en main une institution, on ne peut pas prendre
en main les faits d’une classe de faits qui sont, fondamentalement, sans
rapport entre eux, sans rapport autre que le classement qui leur a été
infligé par les virtualistes. Leurs rapports effectifs sont ailleurs, dans le
reste du tout qui a été négligé. Si l’on classe des faits interdépendants
(dans un but que je ne traiterai pas ici), ils demeurent interdépendants,
mais ils ne sont pas interdépendants parce qu’on les classe mais parce qu’ils
étaient déjà interdépendants avant le classement. Ce faisant, on perd de vue
la raison de leur interdépendance. C’est le virtualisme. Les Russkofs ont
appris à leurs dépens que l’on ne peut pas organiser les faits d’une classe
de faits. Marx a poussé à son extrême la stupidité du crétin
complet Say (ce n’est même pas lui l’inventeur du sucre de betterave
pendant le blocus continental, c’est Vauquelin propriétaire du magnifique
château des Giberville, 1609, rue Cateline — Catherine, scarlet empress —).
Le marxiste radical Lénine a fait le reste (notez cependant qu’il s’apprêtait à
faire le Chinois d’aujourd’hui (la NEP) avant que de mourir. La mort de
Lénine fut certainement un malheur pour l’humanité, lui seul était capable,
alors, de réparer le mal qu’il avait fait. Pas de chance, n’est-ce pas ?
La réalité se venge toujours cruellement. La réalité réside dans le tout. La
réalité est l’ennemie des virtualistes, qu’ils soient russes hier ou
américains aujourd’hui ; chacun son tour. La colonel Poutine est un
véritable real politiker, les Russes ont bien de la chance, et
peut-être le monde aussi. L’élégant président Armani Nedjad sourit dans sa
barbe. |
Virtualisme
Après la falsification indiscutable, voici le « baccalauréat indiscutable », voici quelques millions de bacheliers Jospin qui, dans leur grande majorité, ne savent ni lire ni écrire. M. de Defensa a raison, c’est l’effet d’un virtualisme forcené. Ces bacheliers virtuels vont désormais pouvoir entamer des études virtuelles à l’Université ; bien mieux, il vont pouvoir étudier pendant cinq ans le virtualisme même qui se manifeste sous le nom de communication (il faut dire que le virtualisme sévit jusque dans la physique quantique depuis Richard Feynman). Ces petits cons de téléologues étaient des virtualistes. Tous les petits cons engendrés par Debord sont des virtualistes. Ils pensaient que ça tomberait tout cuit, sans le moindre effort. Debord lui-même fut un virtualiste. Il inventa le spectacle virtuel, le spectacle que l’on ne voit nulle part. D’où son succès aujourd’hui. Il est la coqueluche des virtualistes qui sont, comme par hasard, presque tous des américanistes. Ce matin, à la radio, l’anthropologue Breton disait qu’il n’y avait pas d’images à la télévision, seulement des textes que l’on prétend justifier par des images. Ça c’est autre chose. Boris Vian écrivait déjà que la radio était une télévision perfectionnée dont on avait réussi à supprimer l’image. A quoi reconnaît-on le virtualisme ? A ce qu’à un moment ou à un autre du discours virtualiste le terme « indiscutable » apparaît. Ainsi, la démocratie indiscutable envahit indiscutablement l’Irak pour la raison indiscutable de l’indiscutable présence d’armes de destruction indiscutablement massive tandis qu’aujourd’hui les Irakiens jouissent enfin indiscutablement des indiscutables bienfaits de l’indiscutable démocratie. L’élégant et discutable président Armani Nedjad sourit dans sa barbe, les encercleurs sont encerclés. Selon M. de Defensa, le principal adversaire des nouveaux avions de combat américains est… la réalité !
Propos d’un avorton virtualiste « Prenons ce que Voyer considère comme sa grande
découverte “scientifique” : l’inexistence de l’économie. Au début, il
s’agissait de dénoncer l’économie comme une idéologie ; ce qui était
tout à fait pertinent. Pour ce faire, il suffisait de montrer l’économie pour
ce qu’elle est en réalité : une vision utilitariste et intéressée du
monde qui essaie de se faire passer pour vue objective et scientifique. Il se trouve qu’à l’époque où Voyer développe brillamment
cette thèse l’universitaire Louis Dumont publiait un livre où il expose la
même. » (Cap’tain Nullus, in « Une imposture intellectuelle » on:
16. December 2005 at 07:45) Cité par
Mister Toto le 25 avril 2006 « Au
début, il s’agissait de dénoncer l’économie [la science économique] comme une
idéologie ; ce qui était tout à fait pertinent. » Ce début n’eut pas lieu dans
ma vie et ne fut pas de mon fait puisque Engels en 1840, avant même que Marx
n’eût lu la moindre ligne d’économie politique, fit très bien cette
dénonciation. Ensuite, jamais je n’eus pour but de « montrer l’économie pour ce qu’elle est en
réalité : une vision utilitariste et intéressée du monde qui essaie de
se faire passer pour vue objective et scientifique. » mais bien de montrer que l’économie
[la réalité économique] n’existe pas, de montrer ce que l’économie est en
réalité, c’est à dire rien. Dès 1962, lors
de la première lecture du capital, je ne fus pas choqué par l’aspect
utilitariste de l’économie politique mais par la prétention de Marx à faire
de l’économie — prétendument une partie de la société — ce qui détermine en
dernière instance tout ce qui se passe dans la société et l’histoire de cette
société. La conclusion qui s’imposa à moi fut que l’économie ne pouvait pas
déterminer en dernière instance tout ce qui se passe dans la société et dans
l’histoire de cette société pour la bonne et simple raison que l’économie
n’existe pas. Je n’ai donc jamais développé brillamment la thèse dont parle
l’avorton. Cet avorton est aussi un imbécile (un petit imbécile), ce qui
n’est pas nouveau. Le Debordel est un repaire d’imbéciles. (A propos
d’imbéciles : vous remarquerez que lorsque je réponds publiquement à un
auteur, je prends soin de citer le texte. Cela laisse donc toute liberté à
cet auteur de modifier son texte autant qu’il le voudra sans pour autant
changer la teneur de mes propos. Qu’est-ce qu’il y a comme petits cons
quand-même. Quelle pullulation.) Conclusion : la thèse qu’expose Dumont n’est pas la même et croyez bien que je le regrette. Il a fallu que j’attende vingt ans pour trouver des auteurs qui soutinssent la même thèse. Aujourd’hui je ne suis plus seul. Je connais au moins cinq auteurs qui sont sur les mêmes positions, l’un d’eux (Fourquet) totidem verbis : « cet objet n’existe pas. Ce qui existe, c’est un discours économique qui fabrique ses propres objets et qui finit par croire à l’existence extérieure de ces êtres fantastiques qu’il a lui-même engendrés » ou encore « L’illusion de l’existence objective d’une structure sociale appelée “économie de la société” est si puissante que Marx en fit la base de la société et inventa une contradiction tout aussi illusoire entre cette base imaginaire et une prétendue superstructure politique » et encore : « Cette manière de penser transforme un classement, dont l’intellect a besoin pour démêler l’écheveau des relations empiriques, en une structure-substance historique pourvue d’une efficacité causale quasi divine. » (« idéologie délirante » n’est-ce pas, sans doute le fait d’un dément doublé d’un fanatique furieux. Amaïh Pleksy-Gladz !) — sans oublier celle-ci, de Polanyi (encore un dément), qui est bien bonne —. De plus c’est un spécialiste de comptabilité nationale (un surintendant) et des physiocrates. Il a travaillé vingt cinq ans sur la question. Remarquable travail. C’est un inappréciable bonheur de lire un économiste qui écrit froidement que l’économie n’existe pas, qu’existe un discours économique, mais que n’existe pas d’objet économique de ce discours (cependant, ce discours a un objet, je n’aborderais pas cette question ici). Je n’aurais jamais attendu ça d’un économiste, qui pourtant est le plus qualifié pour le dire et qui nous donne un livre parfaitement étoffé, ce que je suis incapable de faire. On the road, c’est difficile en effet. Pour une fois mes impôts furent bien employés. D’autre part, l’économie qu’il s’agissait de dénoncer comme une idéologie (en 1840) est l’économie politique devenue depuis science économique ou doctrine économique. Or jamais je ne me suis soucié de prouver quoi que ce soit à propos de l’économie politique, ni de la science économique. Je me suis contenté de rapporter ce que d’autres que moi avaient déjà dit de cette idéologie, Marx et Engels, les anthropologues et ethnographes, Weber, bien mieux que je n’aurais pu le faire moi-même et cela afin d’étayer ma thèse qui est que l’économie n’existe pas. L’économie dont j’ai fait l’objet de ma recherche et dont j’affirme qu’elle n’existe pas n’est pas l’économie politique (economics) mais la réalité économique (economy). C’est également cette économie-là dont Marx prétendait qu’elle était une partie de la société, qui plus est déterminante. Cet avorton est un crétin (un petit crétin). Ce que je considère comme ma grande découverte, en 1975, après treize ans d’effort, n’est pas l’inexistence de l’économie mais que « La valeur est un échange effectué en pensée ». J’ai résolu — en comprenant, pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, la grammaire du mot valeur, grammaire qui n’a jamais posé de problème dans l’usage, à travers les millénaires, mais seulement dans la… métaphysique — une question qui tourmentait déjà Aristote (ce qui fit dire, en 1976, à Pierre Balthazar de Muralt, patron et fondateur des éditions Rencontre qui permirent à Popu de lire Balzac en entier — 2.200 employés — que j’étais le nouvel Aristote. Un ancêtre de cet homme est l’inventeur de l’Ovomuraltine). L’inexistence de l’économie en découle. La grandeur de la découverte « L’économie n’existe pas » n’est pas de mon fait mais de celui de la résistance acharnée et furibonde qu’elle occasionna. C’est cette résistance qui est grande même si elle compte des avortons dans ses rangs. Pour ma part, je n’ai consacré à cette découverte que deux lignes dans mon livre de 1976. Pour moi, elle allait dorénavant de soi. Je fus le premier surpris de la résistance qu’elle provoqua. C’est d’ailleurs ce qui me permit de découvrir l’importance de ce que des milliers de petits cons nomment mon idéologie délirante. Résumé : il
ne s’est jamais agi pour moi de démontrer que l’économie politique était une
idéologie. Cela Engels et Marx l’avaient déjà fait très bien au point qu’on
emploie couramment aujourd’hui l’expression « une idéologie au sens
de Marx ». Au contraire, c’est parce que j’ai découvert que l’économie
n’existait pas que, de ce fait, existe une raison supplémentaire (donc
suffisante mais non nécessaire), nullement envisagée par Marx, pour que
l’économie politique soit une idéologie. La cécité de Marx sur ce point
implique qu’il fut la première victime de l’idéologie qu’il dénonçait. Et je
n’ai stigmatisé l’utilitarisme de cette idéologie que pour stigmatiser celui
de Marx et celui de la résistance acharnée et furibonde qu’occasionna ma
découverte dans les circonstance que l’on connaît. Ce qui a lieu d’abord,
c’est la découverte que l’économie n’existe pas (1976). Ce qui vient ensuite,
c’est la stigmatisation de l’utilitarisme de l’économie politique (après
1979). Ce n’est pas l’économie politique que j’attaque, c’est l’utilitarisme,
où qu’il soit (il est partout comme le célèbre journal collabo). Au début
(1962), il s’agissait pour moi de critiquer la prétention fantastique de Marx
à vouloir expliquer la société par une partie de la société (ce qui rappelle,
mutatis mutandis, la projet de Hilbert pour fonder les mathématiques
par une partie des mathématiques) et nullement de prouver quoi que ce soit
concernant l’économie politique : « Ce qu’il y a de plus
grossièrement faux dans la théorie de Marx consiste dans sa prétendue
critique de l’économie [politique] où il ne cesse de maintenir, sous couvert
de critique, le point de vue même de l’économie [politique]. » (Rapport
sur l’état des illusions, p. 45, 1979). Quel est ce point de vue de
l’économie politique ? Que l’économie (economy) existe, évidemment. Et
pourquoi ? Parce que c’est l’objet qu’elle étudie, preuve indiscutable
(virtualisme) de son existence (superintendant Fourquet encore : « A
la limite, pour définir la science économique, il suffira de dire qu’elle est la science
de l’économie,
et le tour sera
joué. La tautologie paraît grossière, elle
confine à la supercherie, mais Say ne fait pas autrement quand il dit
“l’économie politique est la simple exposition des lois qui président à
l’économie”. »). C’est le fait que l’économie politique croie à
l’existence d’une réalité économique (Marx a porté cette croyance jusqu’à
l’adoration) qui implique qu’elle est une idéologie utilitariste. Donc :
c’est ma découverte de l’inexistence d’une réalité économique qui met en
pleine lumière cet utilitarisme et non l’inverse. |
« La nature, c’est l’existence des
choses, en tant qu’elle est déterminée selon des lois universelles. [ Cette
nature là est donc un fait et non une chose, et encore moins les
choses en elles-mêmes : c’est un fait que l’existence des
choses est déterminée selon des lois. Kant nomme ce fait nature ;
tandis que les crétins nomment « nature » une chose qui n’est
aucune chose, ce que Kant, ailleurs, nomme apparence transcendantale et ce
que Hegel nommerait une chose qu’il faut bien appeler mauvaise puisqu’elle
n’est aucune chose ] Si
la nature devait désigner l’existence des choses en elles-mêmes, nous ne pourrions jamais la connaître, ni a priori, ni a posteriori. A priori, ce serait impossible, car comment savoir
ce qui revient aux choses en elles-mêmes ?
Cela ne saurait se faire par décomposition de nos concepts (propositions analytiques), car ce que je veux savoir, ce n’est pas ce qui est contenu dans mon concept d’une chose
(car c’est à son être logique que cela appartient), mais bien ce qui
s’ajoute à ce concept dans la réalité de la
chose, et ce qui permet à la chose d’être déterminée dans son existence
en dehors de mon concept. Mon entendement,
avec les conditions qui lui sont indispensables pour lier les déterminations
des choses en leur existence, ne prescrit aucune règle aux choses en
elles-mêmes ; ce n’est pas elles qui se règlent sur mon entendement, c’est
mon entendement qui devrait se régler sur
elles ; il faudrait donc qu’elles me
soient préalablement données pour
que j’en puisse tirer ces déterminations ; mais en ce cas, on ne les connaîtrait pas a priori. »
« Le
mot : nature prend encore un
autre sens, celui qui détermine l’objet, alors que le sens précédent signifiait seulement que les déterminations de l’existence des choses en
général sont conformes à des lois. Donc la nature,
considérée materialiter,
c’est l’ensemble [ Inbegriff.
Bolzano l’emploie
au sens de collection, ensemble. Kant considère, au second sens, la nature
comme une classe et non comme une chose. Oui, la nature est bien un
objet ; mais non, la nature n’est pas une chose. Les crétins considèrent
la nature comme une chose. Les crétins croient tout ce qu’on leur dit de
croire. La soumission rend con. La désobéissance aussi, hélas. ] de tous les objets de
l’expérience. C’est uniquement à celle-ci
que nous avons affaire ; car autrement, pour connaître en
leur nature des choses qui ne pourraient jamais devenir objet d’une
expérience, il nous faudrait recourir à des concepts dont la signification ne
pourrait jamais être donnée in
concreto (dans
quelque
exemple d’une expérience possible) ;
nous en serions donc réduits à forger, sur la nature de ces choses,
des concepts tels que nous serions tout à fait incapables de décider de
leur réalité, de dire s’ils se rapportent
réellement à des objets ou s’ils n’ont d’autre existence que mentale [ Gedankendinge : chose pensée ce qui est assez différent de « pure
existence mentale ». Je n’ai toujours pas compris ce que pouvait être une
chose mentale. Kant dit plus loin qu’est objectif ce qui est universel, je
dirais : ce qui est commun. C’est le cas du nombre trois. Ainsi le nombre
trois, qui a, à titre d’objet commun, une pleine objectivité mondiale et…
éternelle, ne serait qu’existence mentale ]. De ce qui ne peut être un objet de l’expérience, la connaissance serait hyperphysique
; ce n’est nullement à une connaissance de
ce genre que nous avons affaire ici, mais bien à la connaissance de la nature,
dont la réalité peut être confirmée par l’expérience, encore qu’elle
soit possible a priori et qu’elle précède toute expérience. »
« MANIFESTE
POUR LA VRAIE DÉMOCRATIE »
Quelques remarques en passant.
Toujours pas lu. Pas le temps
Dans le préambule, je lis une citation de Diderot : « Avoir des esclaves n’est rien, mais ce qui est intolérable, c’est d’avoir des esclaves en les appelant citoyens. » En effet, mais pas intolérable pour tout le monde, sinon, où serait le problème.
Je lis le ch. III : le suivisme. Il y
aurait des mécanismes de soumission déjà décrits par la Boétie (des
mécanismes décrits depuis tant de siècles sans que s’ensuive la moindre
conséquence !) « Les
dominés obéissent à des règles sans
qu’on le leur demande. »
Que je sache, ce qui caractérise les hommes, c’est qu’ils suivent des règles et
que sans règles il n’y a pas d’hommes. Comme tous les hommes, depuis qu’il y a
des hommes, les « dominés » suivent donc des règles. Mais ce n’est
pas parce qu’ils suivent des règles qu’ils sont dominés ; c’est parce que
les hommes doivent nécessairement suivre des règles que certains peuvent en
dominer d’autres, ce qui revient à dire que c’est parce que les hommes sont des
hommes que certains peuvent en dominer d’autres. Enfin suivre une règle est
tout ce qu’on voudra, sauf un mécanisme. Wittgenstein n’a donc jamais existé ni
rien publié. Voilà un livre qui commence mal. Ça ne pisse pas loin. Ensuite,
les dominés « se comportent
d’une manière stéréotypée en fonction de structures mentales » S’ils
font ainsi, ils ne suivent donc pas de règles. Suivre une règle n’est pas se
comporter en fonction d’une structure mentale. Ensuite, expliquer quoi que ce
soit par une structure mentale ou autre, c’est ne rien expliquer, c’est
expliquer l’opium par la vertu dormitive. Merde, bullshit. Y en a mare de ces
conneries. « Chez tous les animaux
grégaires… » Si les hommes sont des animaux grégaires alors ils seront
toujours des animaux grégaires. Je doute que les animaux grégaires suivent des
règles. Ce qui caractérise les hommes c’est qu’ils savent aussi violer les
règles (Alcibiade les a toutes violées). Des règles que l’on ne peut violer ne
sont pas des règles. Les machines ne suivent pas de règles et ne font donc pas
d’erreurs, elles se contentent d’avoir des pannes. Dès demain roulez à
contre sens sur l’autoroute comme le faisaient déjà des Espagnols il y a dix
ans, pour le fun. C’était la corrida du pauvre. Le general conforming
ne résulte ni d’un mécanisme, ni de structures mentales ou autres etc. C’est là
qu’il faut chercher, dans la logique du general conforming qui n’a rien
à voir avec le conformisme, ni les animaux grégaires, ni les mécanismes. Il
faut expliquer le conformisme. Sinon, c’est Molière et la vertu dormitive,
c’est expliquer le suivisme par la propension au suivisme.
Le fanatisme : « J’analyse le processus de mise en place du fanatisme en une succession de six phases qui aboutissent dans leur fusion permanente : 1- L’admiration : le chef, le leader, le gourou, la star, plaît, séduit, fascine, attire irrésistiblement. Le charme, le charisme, la beauté, la parole, le talent, l’énergie, l’admiration exercée sur les autres sont déterminants. » La question, la seule question, jamais résolue, est : pourquoi ce qui est admirable est admirable. Tant que cette question ne sera pas résolue, toutes les descriptions que l’on voudra, aussi précises soient-elles, seront sans effet. La seule question qui importe est : pourquoi le prestige est-il prestigieux. (Je trouve chez Kant l’emploi du mot prestige au sens primitif de sortilège.) Et ce n’est pas la psychologie qui peut expliquer cela. Selon Durkheim, seule la société peut expliquer la société. La sociologie compréhensive ne comprend rien.
Partie 3, ch
I. Tocqueville : Constitution américaine, passion de l’égalité,
qu’importe l’esclavage pourvu qu’on ait l’égalité, esclaves mais égaux. T.B.
« Certes, il y avait beaucoup d’esclaves, mais les Grecs traitaient
leurs esclaves beaucoup mieux que les
Américains et les Européens ne traitaient les leurs. » Bravo !
très bien la partie du retour aux sources.
Ch. VIII, Avant
de conclure : les hommes d’État sont « des larbins du fric ».
Certes, l’État fait le lit du commerce. Mais l’auteur semble ignorer que le
« fric » comme il l’appelle est une puissante institution, désormais
bien plus puissante que l’État. Sans les États, le commerce ne serait pas
possible, ni le « fric » ; mais comment envisager que les
féroces rentiers d’affaire laissent s’instituer une réforme purement politique
des États. Il faudra nécessairement en venir aux armes. Les musulmans le font
déjà, sans barguigner, sans compter, en toute générosité, bien qu’ils soient
rien moins que démocrates. La démocratie grecque était une démocratie en armes.
C’était guerre perpétuelle, à l’intérieur et à l’extérieur.
« En
outre, il peut exister au sein de groupes religieux réguliers ou de mouvements
politiques de véritables
structures coercitives, de véritables fonctionnements sectaires. »
Toutes les structures sociales sont coercitives, ce n’est pas une
caractéristique des sectes. Convention is general conforming. L’argent est la convention générale, l’argent
est la convention universelle et non pas l’équivalent général, expression
stupide qui n’a aucun sens. Chacun sait que chacun a confiance dans l’argent
et seulement dans l’argent. Qui a établi cette situation ? Personne. Quand
fut-elle établie ? Personne ne sait. Comment fut-elle établie ?
Personne ne sait. La connaissance de la situation est un moment de la
situation. De là résulte la coercition. Rien ne vous empêche de prendre
immédiatement l’autoroute à contre sens, pas même la peur du gendarme,
seulement la peur de la mort. Des Espagnols le font parce que les Espagnols
n’ont pas peur de la mort, certains criaient même « Vive la mort » et
leurs Anciens ont fait échec aux plus grand généraux romains, Scipion, Pompée,
César.
« Les partis
politiques peuvent ainsi être considérés comme des sectes non coercitives, mais
l’adhésion obligatoire au leader et à l’idéologie imposée, le bourrage de crâne
et la manipulation
mentale, les pressions psychologiques,
sont des formes de coercition qui ligotent les militants politiques, en
font des inconditionnels forcés, à la botte de la hiérarchie. » Pas dut
tout. Encore de la psychologie (Durkheim disait qu’il n’y a de psychologie
scientifique que la psychologie expérimentale). Consultez sur le site du père Chouard
[Je vous prie de m’excuser pour la couille, c’est à dire pour la coquille]
le message de l’inspecteur Filoche qui retrace les hauts faits démocratiques du
replet Pays-bas-du-cul)
La Rochelle, tarte force 7
El Zarquaoui est mort, le prix du pétrole baisse. Ô merveilleux monde des pédérastes compréhensibles et mariés. Soulagement prématuré.
Photographie,
page 34 du Point du 8 juin 2006 : comme saint Jean sur la
toile de Léonard de Vinci, Ségolène Royal, invoquant Thomas d’Aquin, s’entraîne
au toucher rectal. C’est ainsi qu’elle espère atteindre la France profonde.
Elle révèle aussi le fondement des choses socialistes, elle dévoile le pot aux
roses. En effet, le toucher rectal est la grande spécialité des socialistes
depuis un siècle. D’ailleurs, aujourd’hui, ils ne mettent pas seulement le
doigt, mais le bras. Ah ! ça
ira.
Page 50 de Marianne du 10 juin : un beau plateau de fromages : vacherin fripé, camembert coulant et maroilles bien mûr. L’anti-américanisme n’est pas l’anti-Amérique. D’abord, l’Amérique c’est très grand, c’est très peuplé, c’est très armé (second amendement). Ensuite, l’anti-américanisme est, comme son nom l’indique, le combat contre l’américanisme et non pas le combat contre les Américains. De nombreux Américains combattent l’américanisme. Enfin, l’américanisme est… anglais. Il est fils des enclosures. Il est né à Manchester. La devise de l’américanisme c’est : « Pendant la vente, le crime continue ».
Vive la crise
Libé moisit par la tête
Comment
le pourrait-il encore après trente ans de pourriture ?
Le lycéen aux grosses couilles doit quitter Libération (Libé, comme ils disent). Champagne ! [ après deux flûtes de blanc de blanc : ] C’est formidable le capitalisme ; vive la crise ; si je t’attrape je t’encule ; que les meilleurs gagnent ; à bas la France moisie ; NON aux méchants ; OUI au con-texte et j’en passe. Petits salauds jugés ad hominem. Les enculistes enculés ! Vive la justice immanente. Je vais boire une troisième flûte, dehors, sur la terrasse, et sans doute quelques autres encore.
La ménagerie à Locke à Loches. Allo Loches !
« Chers amis,
» J’ai besoin de votre
esprit critique.
» En marge de ma
bagarre pour faire valoir que, pour bâtir une juste démocratie, "ce
n’est pas aux hommes au pouvoir d’écrire les règles du pouvoir", (nous
devrions rendre parfaitement distincts et incompatibles le pouvoir constituant
et les pouvoirs constitués), je cherche à vérifier (avec vous, si vous le voulez
bien) une thèse économique, plutôt mal vue par la pensée unique du moment, et
pourtant fort séduisante pour nous tous :
» Ce ne serait pas,
comme on nous le serine tous les jours, le coût du travail (des actifs)
qui est trop important pour que le moteur économique tourne correctement, ni
la rigidité des employés devant la nécessaire flexibilité, mais bien le coût de l’actionnariat (des oisifs) qui
serait confiscatoire : l’inquiétante panne économique que nous vivons depuis
plus de vingt ans serait due à un assèchement
des richesses par des "parasites", exactement comme à l’époque
de Keynes qui avait déjà bien identifié le poison mortel de la rente au centre de son analyse en préconisant
finalement d’"euthanasier le rentier".
(…)
» Est-ce qu’on ne se moque pas de nous quand on prétend combattre
le chômage avec de la précarisation des salariés, des aides aux
entreprises, de la "flexibilité" des salariés, des diminutions des
impôts des plus riches, des efforts des salariés dans tous les sens pour se
serrer la ceinture depuis des décennies, alors qu’un véritable racket
s’enracine et s’amplifie impunément de l’autre côté des (soi-disant)
"facteurs de production", le "facteur" qui décide,
pas celui qui travaille ?
» Est-ce que vous avez
entendu parler du NAIRU* (Non-Accelerating-Inflation
Rate of Unemployment : "taux de chômage non accélérateur de
l’inflation"), et qu’est-ce que vous en pensez ?
(Voyez http://web.upmf-grenoble.fr/espace-europe/publication/cah_e_e/9/eisner.pdf et http://lenairu.blogspot.com/)
» Est-ce qu’on peut
accepter un cynisme pareil ? (un taux de chômage minimum
pour protéger le tas d’or des rentiers du danger de l’inflation !)
(…)
» Quel pourrait être,
quel devrait être, le rôle du droit pour permettre enfin une certaine démocratie
dans l’entreprise et, plus largement, dans toute la société tant les choix
évoqués ont de répercussions sur la vie de tous les hommes ? »
Tiens donc : « permettre enfin une certaine démocratie dans l’entreprise » ! Je croyais que c’était déjà la démocratie avec citoyens, suffrage universel, actions citoyennes, altermondialistes, pédés mariés, gouines en colère, pride de ceci et de cela et même entreprises citoyennes et commerce équitable, etc. etc. Et soudain, il faudrait enfin une certaine démocratie pour la ressource humaine dans l’entreprise, ce qui est reconnaître que dans l’entreprise il n’y a pas du tout de démocratie, mais seulement du bétail. Là, fini de rigoler, ça rampe, ça obéit, ça collabore, ça fait ce qu’on lui dit de faire. Et, les féroces rentiers d’affaires, amplement représentés à la Maison-Blanche, vont permettre une certaine démocratie dans les entreprises ? Qui va euthanasier qui, surtout si les merveilleuses armes apocalyptiques décrites par le Dr Petit existent (le générateur à compression de flux de Sakharov me plaît beaucoup) ? Ça serait bien d’euthanasier les rentiers, mais aujourd’hui seul l’émir de la guerre Ben Laden le peut s’il le veut et, évidemment, l’inflation comme Keynes l’a prouvé.
*. Marx nommait cela armée
industrielle de réserve.
Moussaoui n’a pas gagné contre l’Amérique, il a gagné contre le président Bush et ceux qu’il représente (potiche). Les douze jurés auront quelque chose à raconter à leurs petits enfants. On ne peut pas gagner contre le peuple américain, de même que l’on ne peut pas gagner contre le peuple irakien. Popu américain recommande-toi de la constitution qu’ont concoctée tes anciens. Surtout, Moussaoui va pouvoir assister, depuis sa prison, à la suite de ces passionnantes aventures du monde. J’espère que c’est la seule chose qui lui importe : « Vous n’aurez pas mon sang. » C’est le grand luxe pour lui maintenant : logé, nourri, blanchi avec une machine à écrire et un simulateur de vol. Il va pouvoir enfin apprendre à atterrir. Mon rêve ! Curiosity kill the cat, mais c’est elle aussi qui maintient le chat en vie. Que se passera-t-il demain ?
… à part ça :
Un homme qui assiste aux funérailles de Milosevic ne peut être un écrivain totalement mauvais. Il va falloir que je lise Handke. Il ne me manquait plus que ça.
Les caleçons de la liberté
Les caleçons de la gloire
Les caleçons de Navarrone
Dans le caleçon, tout est bon
Toute
cette viande ! Quel étal de boucherie ! Où est l’esprit ?(Dans
le calebar, évidemment)
Convention is
general conforming
Le roller, c’est la liberté… de se conformer
Liberté de caleçonnade (ça nous change de la pantalonnade tous ces hommes — un bien grand mot dans le cas présent : c’est des pétasses, des pétasses mâles — sans pantalon, ni chemise). Houellebecq a raison : les pédés ont l’air d’avoir une vie passionnante. Il manque un mot dans cette pub, c’est l’adverbe « seulement ». Dans ce monde la liberté se regarde seulement, que ce soit celle des aviateurs bédouins ou celle du major Carl Cross, aviateur, lui aussi. Honneur aux braves. La pink-liberté est à la liberté ce que les caricatures du Prophète sont à la religion des musulmans : une insulte. Le baron Salières est un chaud partisan de la liberté d’enculer. Le baron Salières encule en anglais. Enculer le client-roi est un plaisir de roi.
mai
2006